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La Nation N° 5946 du 14/3/2014

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Après les rencontres du chef de l’Etat avec Bruno Amoussou et les Centrales syndicales : Oser un véritable dialogue politique inclusif
Publié le mardi 25 mars 2014   |  La Nation


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat Beninois, Yayi Boni.


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Le 28 février dernier, alors que la fronde sociale s’épaississait de façon inquiétante, s’ajoutant à la crise politique insidieuse que connaît le pays depuis la présidentielle de 2011, le président Boni Yayi, dans un discours officiel, a fait une offre de «dialogue politique».

Un dialogue politique dont le décryptage de son discours incline à considérer qu’il s’en voit l’acteur principal, celui-là même qui donne le ton. Un mois après, qu’est-ce qui a bougé ?

Vendredi 28 mars prochain, cela fera exactement un mois qu’intervenait le discours du président Boni Yayi en commémoration de la date de clôture de la Conférence nationale des forces vives de février 1990.

Compte tenu de la solennité de l’occasion et au regard du climat sociopolitique qui prévaut dans le pays, un geste fort de la part du chef de l’Etat, dans le sens de la décrispation sociale et de la préservation de l’essentiel républicain, était sans doute souhaité.

Offre de dialogue, mais...

Cette annonce fut comblée, en la forme, avec l’annonce majeure de l’offre de dialogue politique; le chef de l’Etat se disant convaincu qu’« une nation qui ne parle pas avec elle-même court à sa ruine».

Mais son offre de dialogue était aussitôt assortie de conditionnalités. En effet, suggérait le président de la République, ce dialogue politique prôné «doit être au cœur d’un ensemble de pactes stratégiques faits de partenariats noués dans un esprit patriotique et de responsabilité». Pour lui, ce dialogue politique devrait être dépassionné et dépersonnalisé. Un dialogue politique qui « doit se nouer au sein de la classe politique en se démarquant des calculs d’intérêts personnels et surtout du refus de l’acceptation de l’autre dénoncé depuis des siècles…».

Depuis lors, pratiquement 30 jours après, on peut mettre principalement à l’actif du chef de l’Etat de s’être, dans une dynamique d’humilité peut-être, rendu au domicile d’un des barons de l’Opposition: Bruno Amoussou; alors même qu’il aurait pu, de sa position de président de la République, l’inviter à se rendre au palais de la présidence pour l’y rencontrer.

Cette attitude du président Boni Yayi offrait un côté charmant, surtout que son hôte, toute récrimination rangée pour la circonstance et peut-être pour l’institution qu’incarne le chef de l’Etat, s’est rendu disponible pour discuter avec lui. On signalera aussi la séance de travail du chef de l’Etat avec les leaders syndicaux en vue de trouver un accord pour mettre fin aux grèves qui paralysent l’administration.

Plus d’efforts

Mais il serait bien indiqué d’aller au-delà. Car, à la vérité, le mode de fonctionnement de certains collaborateurs du chef de l’Etat, parfois plus soucieux de préserver des espaces d’influence que de servir la nation, peut les amener à lui tresser une couronne de lauriers en soutenant que le dialogue politique prôné venait ainsi d’avoir lieu.

Exactement comme, il y a quelque temps, alors que la querelle et la méfiance étaient à leur comble avec l’Union fait la Nation, le président de la République affichait une quasi entente avec le président du Parti du Renouveau démocratique, Me Adrien Houngbédji, le recevait en audience à la présidence et posait avec lui, détendu.

Certains alors y voyaient déjà la manifestation du dialogue politique alors que ce n’était qu’une entente de façade ; la suite ayant édifié plus d’un. On aura donc bien relevé que cette démarche avait des limites. Les autres forces politiques de l’Opposition ne se sentant nullement concernées par ces échanges parcellaires. Il serait, par conséquent, souhaitable de ne pas reproduire le scénario passé.

Cela reviendrait à considérer que le chef de l’Etat, en prenant le risque d’aller chez Bruno Amoussou, s’obligerait à aller voir d’autres acteurs tout aussi importants comme Adrien Houngbédji ou Séfou Fagbohoun pour les préparer à l’idée du dialogue inclusif. Certes ceci reviendrait à prêcher des convertis, et on sait aussi que le calendrier d’un chef d’Etat ne peut vraiment s’accommoder de visites domiciliaires à des acteurs politiques. Dès lors, il est à espérer que le dialogue politique annoncé ne se limite pas à la rencontre avec Bruno Amoussou, même s’il est le leader du plus grand regroupement de l’Opposition.

Car le dialogue national inclusif souhaité par l’Opposition dans son ensemble, de même que par des acteurs sociaux majeurs, devrait s’entendre d’un rendez-vous d’envergure national, minutieusement préparé et organisé avec sérieux, où les principaux acteurs sociopolitiques se parlent, inventorient le chemin parcouru par le pays, scrutent l’horizon et dessinent son avenir. C’est dans une démarche pareille que trouveraient place la société civile et le secteur privé, les syndicats et les confessions religieuses avec lesquels le chef de l’Etat entend aussi dialoguer; pour des débats globaux qui intègrent les préoccupations nationales. En ce sens, le fait pour le chef de l’Etat de rencontrer les leaders des centrales et confédérations syndicales, peut être considéré comme une étape préparatoire même si l’objet premier était de rechercher un dégel de l’atmosphère glaciale actuelle.

Preuve s’il en est que cela n’est pas encore le dialogue souhaité, les bases ne partagent pas véritablement la volonté de leurs hiérarchies de suspendre les motions de grève et d’accorder un moratoire au gouvernement. C’est dire qu’il faudra oser aller plus loin, pour promouvoir effectivement le dialogue national à l’issue duquel les acteurs pourraient trouver un accord-cadre global qui inviterait par exemple les syndicats à rengainer pour un certain temps, l’Exécutif à satisfaire à certaines exigences; et la classe politique dans son ensemble à pacifier le débat.

Détermination et humilité

Au sortir d’un tel rendez-vous qui exalterait le patriotisme, le pays pourrait avoir tourné une page plus ou moins agitée et s’inscrire dans une nouvelle dynamique. Seulement, il faut déjà oser. Une forte détermination et un zeste d’humilité peuvent être des ingrédients utiles pour y arriver. Les uns et les autres devant se convaincre de ce qu’il s’agit bien de parler du devenir du Bénin.

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