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Supposées performances économiques:Le Fmi n’a jamais félicité le Bénin
Publié le jeudi 27 mars 2014   |  actubenin.com


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© APA par Saliou Amah
Visite d`amitié et de travail du président Yayi Boni à Abidjan
Mardi 11 Mars 2014. Abidjan. Dans le cadre de la visite d`amitié et de travail, qu`il effectue en Côte d`Ivoire, le président béninois Yayi Boni a été reçu en audience par son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Ph : Yayi Boni


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Le gouvernement ne recule plus devant rien pour communiquer. Souvent de façon mensongère et grossière. Comme s’il n’existait pas de cadres dans le pays ou si des Béninois n’ont jamais travaillé dans des institutions de Bretton Woods. Nous publions ici le communiqué qui a sanctionné la visite de la mission du Fmi. Nulle part vous ne verrez que le Bénin a été félicité pour ses performances. Nulle part. Et pourtant, la presse, comme subitement tirée de son sommeil en a fait ses choux gras avec des mots élogieux. Ça sentait de la communication à mille lieux.
« Le Fmi salue les bons résultats du Bénin », « Le Fmi salue les efforts du gouvernement Yayi », « le Fmi salue les performances économiques du Bénin »…Ce sont là quelques titres lus hier dans la presse nationale. Nous publions pour vous le communiqué intégral du Fmi. Un seul coup d’œil vous suffit : le Fmi dans son communiqué n’a jamais utilisé ces mots. Bien au contraire. Le Fonds a tiré la sonnette d’alarme en ce qui concerne l’économie béninoise et la manière peu orthodoxe avec laquelle elle est gérée. Et les quelques expressions diplomatiques utilisées ne sont que pure courtoisie.



Il faut avoir travaillé dans ces institutions pour savoir que, comme le dit un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, « lorsque vous faites bien, les institutions de Bretton Woods n’hésitent pas à vous féliciter dans plusieurs communiqués successifs. Dans tous les documents qui sortent, votre exemple est cité. Mais lorsque vous faites mal ou que vous gérez mal, ces institutions se contentent de quelques formules de politesse et vous ramène à l’ordre ». Que pensez-vous du communiqué du Fmi concernant le Bénin. L’ancien fonctionnaire international répond : « Vu les formules utilisées, le Bénin est très mal géré », conclut-il. Voici les raisons recueillies par votre journal.



1-Un communiqué du 26 février 2014

Le communiqué en question date du 26 février 2014. Il a été publié sur le site du Fmi depuis cette date : Pourquoi c’est aujourd’hui que le ministre des Finances se croit obliger de communiquer autour ? Lorsqu’on observe le ministre des Finances au cours de cette conférence, on s’aperçoit qu’il n’est pas convaincu de ce qu’il raconte lui-même. En vérité, cette conférence de presse n’est rien d’autre que la diversion. Face aux protestations contre le délestage, il fallait juste trouver quelque chose pour distraire les grogneurs et les mécontents. Il faut montrer que le Bénin est bien géré et que le délestage n’est surtout pas la faute du gouvernement. Il faut tronquer le communiqué du Fmi pour le rendre plus potable.

2-Le Fmi dégage ses responsabilités des chiffres communiqués par le Bénin

« Selon les estimations de l’Insae, la croissance du Produit intérieur brut (Pib) en 2013 s’est chiffrée à 5,6 %, impulsée en grande partie par une bonne récolte et l’amélioration continue de l’activité du Port autonome de Cotonou », dit le rapport. Cela veut tout résumer. Nous travaillons sur les chiffres communiqués par le Bénin, cela ne nous engage en rien. Or, tout le monde sait que le gouvernement est passé maître dans l’art de manipuler les chiffres. On nous avait dit qu’il y a eu plus de 20 milliards de bénéfices dans la campagne cotonnière passée, alors même que des prestataires n’ont pas été payés ! Comment le gouvernement peut-il parler de bonne récolte alors que la production du coton a été catastrophique ?
Le gouvernement parle de quelle « amélioration continue de l’activité du Port autonome de Cotonou » ? Quand nous avons dix bateaux à Cotonou, il y en a 100 au Togo. Tout le monde comprend alors les mensonges servis à la délégation du Fmi.
C’est pour cela d’ailleurs que, ne voulant prendre aucun risque pouvant ternir l’image de l’institution, la mission a conclu ceci : « Selon les prévisions du Fmi, le taux de croissance du Pib réel devrait se maintenir aux alentours de 5 ½ % ». Non seulement que le Fmi a revu les prévisions de l’Insae à la baisse (5 ½ % au lieu de 5,6 du gouvernement), mais aussi, une fois encore, elle porte des gants : « le taux de croissance du Pib réel devrait se maintenir aux alentours de 5 ½ %). Le verbe « devoir » conjugué au conditionnel signifie que même ce chiffre n’est pas sûr.

3-Des contreperformances…

« La contreperformance persistante des recettes intérieures, notamment imputable à la taille du secteur informel, aux faibles capacités de l’administration fiscale et aux nombreuses exonérations, est une source de préoccupation. Cette contreperformance accentue la dépendance du budget à l’égard des recettes douanières, elles-mêmes vulnérables aux changements de régime commercial du Nigeria ». C’est le plus grave problème soulevé par le Fmi : les exonérations et la mauvaise gestion des relations avec le Nigeria.
En ce qui concerne les exonérations, le régime de Yayi Boni, depuis un certain temps, est devenu un régime d’exception. Toutes les nouvelles entreprises qui s’installent bénéficient d’un régime fiscal exceptionnel fait d’exonérations exorbitantes allant même jusqu’à « une exonération totale du versement patronal sur les salaires ». Un crime social. Nocibé (Nouvelle Cimenterie du Bénin) par exemple, bénéficie d’exonération totale allant de 05 ans à 50 ans (Nous reviendrons sur le sujet dans un dossier concernant les crimes économiques sous Yayi Boni). Des hôtels, des libanais, bref, surtout des étrangers, bénéficient d’exonération de dizaines d’années. C’est un véritable crime économique. Et ce scandale fait déjà l’objet d’une enquête approfondie au niveau du Fmi.
Aujourd’hui, le Bénin gère mal ses relations avec le Nigeria. Ce sont des relations qui ne devraient pas se gérer dans les bureaux mais sur le terrain. Sébastien Ajavon, payeur des milliards dans les caisses de l’Etat a vu ses activités suspendues. Il importait par mois plus de 200 conteneurs. Depuis que les Nigerians boudent le Port de Cotonou, les recettes ont chuté. Au lieu d’aller négocier tel que le faisait le général Kérékou, notre président préfère aller inaugurer les Wc appelés communément ‘’water’’. Même la prochaine fermeture des frontières ne l’effraie guère. C’est de bon ton que le Fmi tire la sonnette d’alarme. Les « recettes douanières, elles-mêmes vulnérables aux changements de régime commercial du Nigeria ». Autrement dit, si le Nigeria le voulait, l’économie béninoise n’existerait pas. C’est un encouragement du Fmi ça ?

4- Situation bancaire dégradée

« Durant ces dernières années la situation du secteur bancaire s’est dégradée, en raison des résultats relativement faibles enregistrés par le secteur formel de l’économie. Toutefois, en dépit de la montée des créances douteuses, le crédit global s’est inscrit en hausse en 2013 par rapport aux années précédentes », dit le communiqué du Fmi.
Il faut retenir ici trois choses : les créances douteuses, le crédit en hausse et la dégradation du secteur bancaire.
Lorsqu’une institution telle que le Fmi parle de dégradation du système bancaire, c’est juste si elle ne disait pas que toute l’économie est à terre. Et Yayi Boni, ancien président de la Boad devrait avoir honte et se cacher au lieu de pousser son ministre des Finances au suicide professionnel. Car, on ne peut imaginer une économie sans les banques. C’est comme si vous disiez que les humains peuvent vivre sur terre sans oxygène. Les banques constituent les piliers d’une économie qui se veut libérale et performante.
Et lorsque cette même institution ajoute que les banques ont des créances douteuses, là, il faut craindre le pire. Selon Becompta, on appelle créance douteuse, « une créance qui présente un risque probable ou certain de non recouvrement total ou partiel mais dont il n’est pas prouvé qu’elle soit définitivement perdue ». Autrement dit, les prêts contractés ne sont pas remboursés à temps. Les banques s’inquiètent. La conséquence directe est que les banques refuseront de financer des projets privés. L’ambiance économique nationale ne s’y prête guère.
Or, à quoi sert une banque dans une économie libérale, lorsqu’elle refuse de financer les privés ? Le fait de dire que le crédit global est en hausse ne veut rien dire. Le professeur Gonçalvès, paix à son âme, nous disait dans ses cours qu’un Etat qui se respecte préfèrerait inciter les banques à mettre 100 milliards dans les Pme (Petites et moyennes entreprises) que de mettre 500 milliards dans les grandes entreprises. Le crédit global est en hausse, certes, mais son impact social est limité. Prenez une société comme Nocibé ; avec 50 ans d’exonérations fiscales elle peut facilement avoir un prêt de 20 milliards. Combien d’employés utilisera Nocibé ? Pas plus de 500. Or, en investissant la même somme dans les Pme, les banques créent non seulement des emplois, mais aussi règlent des problèmes sociaux.
Qui est responsable de ces crédits douteux ? Le gouvernement béninois pour qui les contrats sont des chiffons qu’on peut déchirer à tout moment. Prenons l’exemple du Pvi. Qui est responsable de la rupture abusive ?

5- Impliquer les privés dans le coton

Voici ce que dit la mission : « Pour atténuer les risques budgétaires liés à la gestion de la campagne cotonnière par l’État, il importe d’accélérer la mise au point d’un nouveau système de gestion impliquant davantage le secteur privé ».
Même un aveugle devrait comprendre cette mise en garde sourde : le Fmi n’est pas d’accord avec la gestion actuelle de la filière coton. Elle veut que le coton revienne aux privés. Autrement dit, elle préfère les réformes initiées par le général Kérékou que l’amateurisme dont fait preuve Yayi Boni. Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’être charlatan pour savoir que la campagne cotonnière 2012-2013 a été une catastrophe. Et la campagne 2013-2014 sera plus catastrophique, c’est-à-dire mortelle.
Si Yayi était intelligent, il aurait su que ce sont les institutions de Bretton Woods qui ont piloté le dossier de privatisation des usines et du retour vers le privé. Mais dommage. Il a détruit en une semaine ce que le Bénin, le Fmi, la Banque mondiale ont mis une dizaine d’années pour construire. Détruisant au passage le tissu économique.

6- L’ultime insulte…

L’ultime insulte du Fmi est le paragraphe suivant : « il est vital de s’attaquer aux déficits d’infrastructures du Bénin, notamment dans les domaines de l’énergie et des transports, où les goulots d’étranglement brident la croissance ».
Le Fmi reconnait donc que la croissance béninoise est bridée. Première information. Ce qui veut dire que la gestion même du pouvoir interdit toute croissance. Comme on le disait plus haut, c’est pour cette raison que le Fmi a dit : « le taux de croissance du Pib réel devrait se maintenir aux alentours de 5 ½ % ». C’est du conditionnel et c’est du français. Le Fmi n’est pas sûr du chiffre puisque la croissance est bridée. Par quoi ? Par les fleurons de la propagande Yayiste.
Les transports et l’énergie.
Après 8 ans de règne sans partage et après 36 milliadrs d’investissement, le Bénin est dans le noir. Les quartiers entiers restent dans la journée 15 heures sur 24 sans électricité. (Nous reviendrons sur le dossier). Comment peut-on parler de croissance ? Le Togo ne connaît pas de coupure. Pourquoi ? Le jeune Faure Gnassingbé gère mieux que Yayi Boni. La lumière et l’ombre.
Les transports ? la route la plus commerciale du Bénin est restée plus de cinq ans sans circulation. Le président est parti 4 fois lancer les travaux. Zéro. C’était de la pure propagande. La route Cotonou-Lomé est actuellement impraticable. La route Djougou-Savalou se dégrade. Celle de Parakou-Djougou n’a pas connu de circulation depuis cinq ans. Evidemment, depuis 2006, le président n’utilise que son hélicoptère. Donc coupé de toutes les réalités de circulation. Il prend l’hélico même pour se rendre à Porto.
Les bailleurs de fonds reconnaissent un plan pour palier le problème des routes et de l’énergie. Mais comme s’ils s’adressaient à un gamin, ils tirent l’attention du président sur ceci : « Il importe toutefois de veiller à ce que l’augmentation prévue des investissements ne compromette la viabilité des finances publiques et n’expose davantage le pays aux chocs exogènes. À cet égard, il est essentiel d’améliorer la gestion des finances publiques ». Dire ceci à un ancien Président de la Boad ? Lui rappeler qu’il gère mal les finances publiques ? Lui, rappeler que les investissements prévus en matière de route et d’énergie ne doivent pas compromettre « la viabilité des finances publiques » ? C’est une grande honte. Surtout lorsqu’on sait qu’il est entouré des cadres de la Boad et de la Bceao…L’échec de Yayi Boni, c’est aussi l’échec de ces cadres qui pensent que venir de la Boad ou de la Bceao suffit à diriger le pays.

7- Le désaveu

L’un des « Bébés Yayi », parachuté au Secrétariat permanent du Conseil présidentiel de l’investissement, a fait une sortie infantile il y a quelques jours. Ils se croient au Togo et pensent qu’ils pourront succéder à leur cher papa. Il parlait de « Doing Business ». Pour lui, c’est un honneur d’être classé parmi les derniers.
Le Fmi vient de lui répondre : « il sera essentiel d’améliorer le climat des affaires pour contribuer à doper l’investissement privé, pour que la hausse récente de cet investissement et l’augmentation prévue des investissements publics se traduisent par une croissance économique inclusive et créatrice d’emplois, tout en préservant la viabilité des finances publiques ».
Pour sa gouverne, le Fmi vient de dire que le climat des affaires n’est pas bon. L’investissement privé est au point mort. Une éventuelle croissance économique dans ce domaine n’est pas « inclusive et créatrice d’emplois ».

8- L’humiliation…

Après tout ce qui a été dit comme entrave au développement, le Fmi nous lance, tels des mendiants, une somme de 7,8 milliards de FCfa. Récemment, il y a des pays qui ont bénéficié de plus de 1000 milliards. Il y a des pays africains qui ont eu 500 milliards. Nous, on nous lance 7,8 milliards et notre ministre des Finances et son président sont tellement contents qu’ils ont organisé une conférence de presse ! Pardon une conférence de propagande.
Le Fmi a-t-il alors félicité le Bénin ?
Il faut terminer par cette citation : « Si les sots ont une supériorité sur les hommes d’esprit, c’est qu’ils n’ont pas peur d’être bêtes ».

Arsène Houssave

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