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Le Matinal N° 4319 du 28/3/2014

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Fourniture d’énergie électrique: les raisons des difficultés des turbines de Maria Gléta
Publié le lundi 31 mars 2014   |  Le Matinal


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© Autre presse par DR
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A Maria-Gléta, Commune d’Abomey-Calavi, le gouvernement béninois a construit une centrale électrique de quatre-vingt (80) Mégawatts. Malgré cela, la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) éprouve des difficultés à satisfaire sa clientèle en matière d’énergie électrique. Le délestage bat son plein depuis peu et au sein de l’opinion publique, tout le monde se demande si effectivement cette centrale fonctionne ; si oui, pourquoi encore tant de difficultés alors qu’elle devait contribuer à alléger les peines des consommateurs ? Que se passe-t-il sur ce site et à quoi joue le gouvernement ? Les réponses à ces questions dans ce reportage.

Nous sommes le vendredi 28 mars 2014. Il est environ 17h 40 sur le site de la centrale électrique de Maria-Gléta, réalisée sur un domaine de sept (7) hectares. Au cœur du domaine, il y a un petit bâtiment auquel nous avons été autorisés à accéder. Une dizaine d’agents habillés en bleu estampillé du logo ‘’ Sbee’’ était affairée. Ismaël Fawaz est un agent de ‘’Combution Associate Incorporated (Cai)’’, entreprise ayant réalisé les travaux. Il est le conducteur des travaux et appuie techniquement l’équipe de la Sbee dans l’utilisation des machines. Il nous conduit dans une petite salle équipée d’ordinateurs alignés et en marche avec sur les écrans, des boutons de commande. « Ici, c’est la salle de commande. Que ce soient les modulations, les vérifications et toute autre intervention technique, c’est à partir de ces ordinateurs que cela se fait. Et si vous êtes ici pendant quelques minutes encore, vous verrez comment nous démarrons les turbines ». A la question de savoir pourquoi les turbines ne sont pas en marche avant notre arrivée, il nous répond : « c’est la Sbee qui, en fonction du besoin, nous appelle et sur instruction, nous démarrons les turbines. Mais, ce n’est pas tout à la fois ; si on nous demande de démarrer deux, on le fait ; trois et ainsi de suite. Seulement, on est autorisé à démarrer au plus cinq (5) turbines et pendant quatre (4) heures de temps par jour ». « C’est le contrat que le gouvernement a conclu avec l’assureur. On ne doit pas aller au-delà de 5 turbines et pas plus que 4 heures d’horloge/jour. Actuellement, sept (7) turbines sont fonctionnelles, car la 8ème dont le démarreur avait sauté, n’est pas encore réceptionnée. A notre niveau, tout est prêt et on attend le gouvernement pour sa réception provisoire », explique un autre agent de la Cai. Est-ce alors un problème technique qui oblige le gouvernement et la Sbee à ne pas autoriser l’utilisation de toutes les turbines en plein temps afin de réduire la souffrance des populations ? A cette question, il répond : « on ne peut pas répondre à la place du gouvernement, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’aucune turbine n’est en panne et techniquement, rien ne les empêche de fonctionner 24h/24h. Il faut noter qu’elles sont prévues pour fournir chacune 10 Mgwt, mais, c’est la norme Iso. Actuellement, elles produisent chacune entre 8,3 et 8,5 Mgwt ; car, il faut une condition climatique optimale. C’est comme une voiture qu’on ne doit pas forcer à rouler jusqu’à bloquer tout le tableau ». Avec notre insistance, il explique : « En réalité, ce sont des turbines à gaz, mais avec les difficultés d’approvisionnement en gaz, le gouvernement a fait l’option du Jet A1 pour vite répondre aux sollicitations des populations en matière énergétique. Utiliser ce combustible pour toutes les turbines 24h/24, reviendrait très couteux et la Sbee se verrait obliger d’augmenter le coût de vente du kilowatt. Là, c’est la population qui en fait les frais. Voilà pourquoi, le gouvernement, en fonction de ses moyens, a opté pour l’utilisation de 5 turbines pendant 4 heures par jour et le contrat d’assurance a été signé à cet effet ». Mais face à la situation de crise actuelle, on indique que le gouvernement fait déjà les courses nécessaires pour passer de 4 à 6 heures de marche pour les turbines. L’approvisionnement en Jet A1 se fera en conséquence et le contrat sera révisé avec l’assureur dans le même sens, à en croire les explications. Pendant qu’on y était, trois unités ont été mises en marche sur instruction de la Sbee.

A quand la mise en marche de toutes les turbines ?

Selon les techniciens, le Bénin ne dispose pas de gaz et doit donc se référer au pays voisin (le Nigéria) pour s’en procurer. Mais, le processus est long et il faut réaliser des travaux de canalisation pour que depuis les pipelines, le Bénin puisse avoir du gaz pour faire tourner les huit turbines en plein temps. On indique que les complications se trouvent au niveau du Nigéria qui a quand même marqué son accord à le faire. Les procédures sont en cours mais le Chef de l’Etat est en train de faire une autre négociation pour y aller vite. Il a donc échangé avec son homologue du Ghana à cet effet, puisque dans le pipeline qui traverse le Bénin, il y a une quantité suffisante de gaz destiné au Ghana mais qui n’est pas exploité entièrement. Yayi Boni serait en train de tout faire pour que le Ghana affecte au Bénin, ce gaz. Mais, le Togo aussi manifeste le même besoin envers le Ghana, puisque Faure Gnassingbé a aussi fait construire une centrale électrique et n’attend que le gaz pour sa mise en service. Sinon au Bénin, toutes les dispositions techniques sont prises pour que dès que possible, le gaz parvienne directement à Maria-Gléta afin que les huit (8) turbines tournent normalement et fournissent environ 65 Mgwt au lieu d’environ 40 actuellement pendant 4 heures de temps seulement.

Pourquoi le délestage actuel ?

Le délestage qui a lieu dans le pays depuis peu n’a rien à avoir avec la centrale de Maria-Gléta. D’après les explications reçues sur le terrain, le Bénin a besoin d’environ 230 Kilowatts pour couvrir le territoire en matière d’énergie électrique. Le Nigeria seul accordait à la Ceb 100 Mgwt à distribuer entre le Bénin et le Togo. Mais avec le sabotage de Boko haram (mouvement terroriste) sur les installations du Nigeria, c’est seulement 35 Mgwt qui sont envoyés vers la Ceb pour les deux pays. Le Ghana donne au Bénin 30 Mgwt et s’apprête à passer à 50 aux heures de pointe. La turbine à Gaz de la Ceb produit 20 Mgwt ; à Akpakpa, il y a environ 12 Mgwt et 14 sur un autre site. En tout, le Bénin dispose de moins de la moitié de ses besoins en matière énergétique et se voit obliger de procéder à des délestages, car tout le pays ne peut pas être alimenté au même moment. Pour ce qui est de la fin de cette crise, nul ne sait encore ; car il faut que le Nigeria revoie ses installations, et accorde à nouveau à la Ceb les 100 Mgwt et la mise en marche en plein temps de la totalité des turbines de Maria Gléta, pour qu’on assiste à une légère stabilité.

Le coût réel de la centrale de Maria-Gléta

La construction de la centrale électrique de Maria-Gléta n’a jamais atteint les 80 milliards F Cfa, comme cela se dit depuis peu. Selon un responsable du projet et membre de la Cai, les travaux ont été facturés à 33 milliards F Cfa. Et selon des informations reçues, le gouvernement n’a même pas encore tout soldé. Seulement, les responsables de la Cai ne s’en plaignent pas, car ils restent confiants et estiment que l’Etat béninois respectera ses engagements.
Pourquoi les travaux ont duré trois ans au lieu de 18 mois, délai contractuel ? A cette question, le même responsable de la Cai indique que l’erreur n’était pas de leur côté. Dans la réalisation des travaux, l’Etat béninois a commis un cabinet (Bnet) de la Côte d’ivoire pour la supervision et des avis techniques. Ce cabinet doit apprécier tout ce que fera la Cai avant sa mise en œuvre. Des fois, de courriers en courriers, il y a de petites mal compréhensions qui durent deux semaines. Le contrat a prévu des délais d’observations et c’est cela qui a consommé tout le délai contractuel.

Félicien Fangnon

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