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Fraternité N° 3575 du 1/4/2014

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Entretien avec l’artiste comédien Mathieu Koko : « …il faut que les dirigeants de notre pays apportent un grain d’espoir aux comédiens »
Publié le mercredi 2 avril 2014   |  Fraternité




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Artiste comédien et manager culturel, Mathieu Koko est un jeune béninois qui s’est donné au théâtre depuis son bas âge. Du retour de la rencontre théâtrale Lyon en France, Mathieu Koko parle de son parcours.
Vous venez d’un festival théâtral à l’extérieur du pays. Dites nous comment s’est déroulée la rencontre ?

On était parti pour une tournée de 3 semaines en France. C’était avec la compagnie atelier ouverture ‘’Azor’’. On a parcouru plusieurs villes de la France avec le spectacle ‘’tremblement de corps’’, ma toute dernière création. On a même assisté au festival ‘’Rethelet’’, une rencontre théâtrale universitaire dans la ville de Lyon.

Là, ils nous ont invités en tant qu’une compagnie professionnelle pour rehausser le festival. Le Bénin était le seul pays africain qui a pris part à ce festival. Il faut dire que chaque fois qu’on fait une tournée, c’est comme une école. Vous y voyez la façon dont les autres travaillent et vous la comparez à ce qui se fait chez vous afin de vous améliorer. Une sortie, c’est une nouvelle école, c’est comme aller à la découverte des autres.

Mathieu Koko, quelle a été votre parcours dans le domaine du théâtre ?
Je suis arrivé au théâtre peut-être par accident. Depuis que j’étais au collège, je militais beaucoup pour la musique. Il y avait toujours du monde pour la musique pendant les activités culturelles. Du coup, pendant la distribution de rôle, on est venu me chercher pour un rôle au théâtre puis je suis parti.

C’est ainsi que les gens ont commencé par dire que je suis mieux dans la comédie par rapport à la musique. C’est comme ça que je suis allé au théâtre. Je n’avais pas une autre motivation. En tant que comédien, j’ai joué pour la première fois en 1999 dans le spectacle ‘’La bataille du trône’’ de Apollinaire Agbazahou. Après le collège, les amis avec qui je jouais et moi, avions créé la troupe ‘’Le cauris’’. Nous sommes toujours ensemble jusque-là. Donc, de 1999 en 2003, on a réalisé beaucoup de spectacles, par exemple ‘’Un piège sans fin’’ d’Olympe Bhêly Quenum. Ce spectacle a même été joué au Fitheb en 2008.

Après cela, j’ai joué dans le spectacle ‘’Les nègres’’ de Jean Genèse sous le metteur en scène français Emmanuel Domat. Avec ça, on a fait une tournée internationale un peu partout dans le monde. J’ai aussi joué dans ‘’Toffa 1er ‘’, une mise en scène de Tolla Koukoui, ‘’La tragédie du roi Christophe’’ mise en scène par Isidore Dokpa ... J’ai participé à des festivals tels que : le festival des arts et cultures de l’Ouémé-Plateau que j’ai eu à diriger, le festival scolaire kaléta, pour ne citer que ceux-là.

A l’international, j’ai beaucoup plus participé à des festivals de la France comme ‘’Nuit des Fourvière’’ et ‘’Rethelet’’. J’ai été une fois en Belgique à l’occasion d’une tournée.

En raison des rencontres auxquelles vous avez participé, que pouvez-vous dire du théâtre béninois ?
Il faut dire que le théâtre au Bénin, n’est pas du tout mal placé. Nous ne sommes pas du tout au bas de l’échelle, même pas sur le plan mondial. Il reste seulement que le milieu soit beaucoup plus assaini et que les comédiens soient mis en confiance de ce qu’ils peuvent gagner leur vie à partir du théâtre. La seule chose, c’est qu’il faut que les dirigeants de notre pays apportent un grain d’espoir aux comédiens. Comparativement aux autres pays, le théâtre béninois est à l’étape moyenne.

Selon vous, en quoi le théâtre contribue au développement d’une nation ?
Le théâtre, c’est l’art par excellence qui permet de corriger les vices de la société parce qu’à partir du théâtre, on peut dénoncer et apporter des solutions à des faits de société. Lorsque le civisme, c’est-à-dire les valeurs morales et civique intègre tous les citoyens, on a une nation qui prospère. Le théâtre éduque.

Dans votre rôle de bâtisseur de la nation, quelles difficultés rencontrez-vous ?
Les difficultés aujourd’hui au Bénin par rapport à la culture en général et la comédie en particulier, c’est le financement. Plus personne ne veut mettre de l’argent dans le théâtre. Or s’il n’y a pas l’argent les gens ne peuvent pas créer. Moi par exemple, si quelqu’un m’invite pour venir faire une création et je n’ai pas de salaire, je ne le ferai pas. Donc nous avons des difficultés d’ordre financier surtout. En dehors de cela, il y a la formation. Au Bénin, nous n’avons pas d’écoles de théâtre. Sinon qu’il y a une seule école qui forme pour le théâtre ici à Cotonou. Si ces deux problèmes pourraient être réglés, je crois qu’on pourra vraiment mieux faire.

Vous personnellement, arrivez-vous à vous en sortir avec seulement la comédie ?
Moi, je suis polyvalent. Je ne gagne pas ma vie à partir du théâtre, je suis obligé de faire beaucoup de choses à la fois et là, il faut le dire, ça gène la concentration. Je suis géographe de formation, donc je donne des cours en géographie, je m’investis un peu plus dans la vie politique de notre pays et actuellement, je suis en train de faire un master en management de la culture et du tourisme.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Bientôt, nous allons entrer en création avec la compagnie ‘’Les diseurs de vérité’’. Nous avons des projets de création pour essayer de caricaturer un peu la situation socio politique de notre pays car il faut qu’en tant que comédien, on dise quelque chose à ce sujet. Je suis actuellement en pleine création avec la ligue des professionnels du théâtre dans ‘’Le médecin malgré lui’’ de Molière.

Votre mot de fin
Mon mot de fin, c’est de dire que, pour que le théâtre béninois prenne vraiment, il faut que les financements de l’Etat soient au rendez-vous et que ces financements aillent vraiment vers ceux qui travaillent. Que les financements ne soient pas distribués comme des petits pains.


Propos recueillir par Félicienne HOUESSOU (Coll.)

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