Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article



 Titrologie



Educ'Action N° 0036 du

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Education

Univers des crèches-garderies et haltes-garderies au Bénin : Une hypothétique panacée pour les parents fonctionnaires
Publié le mardi 8 avril 2014   |  Educ'Action


Une
© Autre presse par DR
Une crèche-garderie


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

L’escompte sensible des enfants dits « Vidomègon », la rareté des domestiques dans les ménages et leur méconnaissance de la gestion des enfants ont laissé place à l’émergence d’autres structures en pleine expansion au Bénin. Il s’agit, en effet, des Centres d’Accueil et de Protection des Enfants. Les CAPE communément appelés crèches-garderies et haltes-garderies jouent un grand rôle dans le soin à apporter aux petits enfants. Ces centres s’imposent dès lors à beaucoup de parents fonctionnaires et travailleurs qui les adoptent, telle une panacée, pour le suivi de leurs progénitures. Mais il reste que ces centres présentent bien de lacunes qui pourraient impacter négativement la garde des enfants. Votre journal Educ’Action s’est intéressé à cette pratique nouvelle et vous livre ici un dossier exclusif sur l’univers des garderies au Bénin.

A peine franchi le seuil de l’entrée de cette garderie sobre soigneusement peinte, que se dresse en face de tout visiteur une longue coursive dont le sol est fait de pavées carrés bordées de gazons touffus. Du côté droit à l’intérieur de cette maison, se trouve un espace vert sur lequel est installé un grand toboggan. Devant celui-ci, une aire de jeux en forme rectangulaire protégée contre les intempéries. Derrière le grand bâtiment implanté, se laisse découvrir une seconde aire de jeux remplie de sable fine et de divers jeux. Contre le mur de cet espace de jeux, sont dessinés avec finesse des animaux gambadant à l’aire libre, martelant ainsi leur joie de vivre. En face de cette zone sablonneuse gardée propre, se trouvent le bureau de la promotrice du centre et à droite une petite porte d’entrée qui conduit aux douches, aux dortoirs et à la salle polyvalente du bâtiment. Cette nouvelle salle carrelée continent plusieurs jeux pour enfant, deux grandes armoires dans lesquelles sont rangés les différents travaux des enfants, des étagères pour les livres et des feutres pour les dessins, un miroir accroché au mur, deux tables à manger avec de petites chaises en bois et en plastiques, un téléviseur et un lecteur Dvd pour les musiques bilingues. Certaines activités d’éveil réalisées par les enfants sont pincées sur une corde allant dans le sens horizontal, un peu comme des guirlandes placées dans un salon. Plus loin dans la salle très large, s’amusaient des petits enfants sous le regard de la promotrice qui, elle, apprêtait des modules de formation pour son personnel d’encadrement. Sur la véranda, d’autres enfants se livraient à divers jeux sous la surveillance de trois femmes. Deux d’entre elles âgées de la trentaine et la troisième, la quarantaine. Ce centre d’accueil situé en pleine ville de Cotonou, la capitale, a le nom d’une crèche-garderie.

L’idée des crèches-garderies et haltes-garderies

Garderie 03L’idée de l’ouverture des crèches-garderies et haltes-garderies n’est pas anodine. Elle répond au souci quasi permanent des parents fonctionnaires et travailleurs de faire assurer la garde de leurs enfants par des tiers, surtout des centres compétents. Elle constitue également une solution à la raréfaction des domestiques et « Vidomègon ». Ainsi, plusieurs crèches-garderies et des haltes-garderies ont ouvert leurs portes. Bénédicte Houéssou, promotrice de la crèche-garderie ‘’Baby’s House’’ renseigne sur son projet d’ouverture de garderie : « … les domestiques qui, par le passé courent les rues, sont devenues rares. La plupart d’elles ne sont pas compétentes pour prendre soin des enfants. Par ailleurs, je voudrais contribuer à la lutte contre le travail des enfants dans les ménages et aider les familles à régler les problèmes liés à la sollicitation des ‘’vidomègon’’ pas toujours appropriés.» Hortense Segoun, responsable de la crèche-garderie ‘’Centre Vignito’’ n’a pas hésité à évoquer les motifs à elle : « … nous avons trouvé que la question de l’accueil et de la protection des enfants est au centre de plusieurs problèmes à régler dont le problème du travail de la femme, le problème de l’avenir des filles et la protection des enfants qui vivent en milieux urbains... » Pour d’autres personnes rencontrées, l’idée de créer une crèche-garderie se justifie en cela qu’elle tient compte des problèmes périodiques de garde d’enfants auxquels des fonctionnaires de l’État font face. Les accidents domestiques en seraient également l’une des raisons. Tel est le cas de Brahi Lambertine, promotrice de la crèche-garderie ‘‘Bonjour les bébés’’ qui en parle : « Quand j’étais en activité, il y a des femmes qui se confiaient à moi au sujet de la garde de leurs enfants. Il se produisait dans leurs foyers beaucoup d’accidents domestiques comme les brûlures, les blessures suite à des chutes d’enfants, des électrocutions etc. Moi-même, j’ai vécu cela car l’un des mes propres enfants a bu du pétrole à la place de l’eau. Ma fille est tombée en jouant et sa langue a été dangereusement heurtée. »

En revanche, certaines crèches-garderies ont été créées compte tenu de la situation socio-économique et géographique. Naïda Gohoungo, promotrice de la crèche-garderie ‘’Mon Soleil’’ avoue que son centre est ouvert parce que beaucoup d’étudiantes dans la zone sont mères et veulent se faire garder leurs bébés. «A la maison, j’avais tellement d’effectif parce qu’il y avait dans la zone assez d’étudiantes qui avaient d’enfants et puisque le coût de ma prestation était aussi raisonnable, alors beaucoup d’enfants m’étaient confiés », a-t-elle expliqué. Enfin, pour chasser l’ennui et rester toujours active après 30 ans de service, Lamberte Ogounchi, sage-femme à la retraite, a ouvert sa crèche-garderie de ‘’Club des Petits Anges’’. Les parents qui font foi aux crèches-garderies et haltes-garderies ont des heures de dépôt et de retrait des enfants.

Des heures d’ouverture et de fermeture

Directrice - Kinkingninhoun PhoebeLa plupart des crèches-garderies fonctionnent tous les jours ouvrables. Brahi Lambertine et Evelyne Dégila, toutes deux promotrices des crèches-garderies ‘’Bonjour les bébés’’ et ‘’le petit Sentier’’ ont affirmé que leurs centres sont ouverts tous les jours ouvrables de 7 heures 30 minutes à 18 heures ou à 19 heures le soir à l’exception des jours fériés et les week-ends. Pour Hortense Segoun, promotrice, l’ouverture de sa crèche-garderie est fixée à 6 heures et sa fermeture à 19 heures 30 minutes. Certaines crèches-garderies ont une heure précise d’ouverture mais elles n’ont pas d’heure fixe de fermeture. C’est le cas de la crèche-garderie ‘’Cœur Zélé pour Enfants’’ dont la promotrice a souhaité garder l’anonymat. Elle affirme ceci : « nous ouvrons à 6 heures 30 minutes et les parents amènent les enfants. Nous n’avons pas une heure de fermeture car nous avons aussi la prestation de nuitée… » D’autres fonctionnent tous les jours et à toute heure, c’est-à-dire qu’elles reçoivent les enfants dans la nuit profonde ainsi que les week-ends. Pauline Laure Ale, promotrice de la crèche-garderie ‘’les P’tits Choux’’ a déclaré : « notre centre est une crèche-garderie qui reste ouverte 24 heures sur 24. Nous fonctionnons exactement comme les hôpitaux et les pharmacies, ce qui veut dire que les enfants peuvent être gardés tranquillement la nuit pendant que leurs parents sont occupés. » D’autres crèches encore telles que le ‘‘Centre Vignito’’ ouvrent pendant les vacances à la seule exception qu’elles n’offrent pas les services de nuit.

De la tranche d’âge des enfants gardés

Chaque crèche-garderie a ses règlements intérieurs et son mode de fonctionnement pour recevoir les enfants. La tranche d’âge d’enfants acceptée s’étend du nourrisson à l’adolescent et varie d’une crèche-garderie à une autre. La représentante de la crèche-garderie ‘‘Cœur Zélé pour Enfants’’ située à Calavi-Agori, dans la commune d’Abomey-Calavi, indique : « nous prenons des enfants de zéro jusqu’à 12 ans. » D’autres centres de garderies acceptent des enfants d’un mois jusqu’à leur entrée à la maternelle. Tel est le cas de la crèche-garderie ‘‘Bébétou’’ dont le responsable se justifie en ces termes : « A partir du premier mois, nous pouvons garder l’enfant à la crèche. Au-delà d’un mois jusqu’à 3 ans, c’est la garderie et nous pouvons aussi. » « Nous recevons des enfants répartis en deux sessions : les bébés jusqu’à un an et à partir d’un an jusqu’à deux ans », a martelé, à son tour, Brahi Lambertine, promotrice de ‘’Bonjour les bébés’’. « Nous accueillons les bébés de deux mois à trois ans le temps que leurs parents aillent vaquer à leurs occupations », a reconnu Bénédicte Houéssou, promotrice de ‘‘Baby’s House’’. Si les heures d’ouverture et de fermeture varient d’une garderie à une autre, on peut bien imaginer la différentiation du coût des prestations.

Du coût des prestations dans les garderies

Mme Agnès KougbéagbédéToutes les crèches-garderies et haltes-garderies n’ont pas un prix standard. L’inscription est obligatoire pour tout enfant placé à la garde ou à la halte. Les modalités de paiement des frais de garde dépendent du choix fait par les parents. Ce qui veut dire que les parents ont la possibilité de payer quotidiennement ou mensuellement. Pas de paiement trimestriel ou semestriel, selon les propos recueillis auprès des promotrices des centres visités. « Nous sommes à 30.000 francs Cfa le mois pour la crèche-garderie et 2.000 francs Cfa pour la halte-garderie le jour y compris le repas de la journée», a expliqué Brahi Lambertine. Pour d’autres centres, la garderie s’élève à 20.000 francs Cfa le mois et la halte à 1.500 francs Cfa le jour. Par contre, d’autres crèches-garderies fonctionnent à un prix très réduit comparativement aux prix pratiqués sur le terrain. Ce fait est dû aux longues expériences vécues dans le domaine. C’est le cas du centre ‘’Bébétou’’ qui prend 10.000 francs Cfa le mois pour la garde et 1.500 francs Cfa pour la halte et tout ceci avec le repas du jour. Le positionnement géographique de certains centres oblige les promotrices à élever légèrement leur coût. Pauline Laure Ale, promotrice de la crèche-garderie ‘’les petits Choux’’ logée au quartier Fidjrossè à Cotonou, affirme : «les parents paient 25.000 francs Cfa le mois pour les nourrissons de deux mois à un an et 35.000 francs Cfa le mois pour les enfants d’un an à trois ans, y compris la cantine. » Enfin, d’autres crèches-garderies sont à des prix hors norme selon les options choisies. Leur coût est certainement dû à la qualité des services offerts aux enfants. Evelyne Dégila, promotrice de ‘’Le Petit Sentier’’ a expliqué que les prix varient de 60.000 francs Cfa à 75.000 francs Cfa le mois indépendamment du forfait » Il faut donc retenir que chaque crèche-garderie fonctionne selon ses objectifs, ses principes, sa situation géographique et les services offerts.

Des jeux disponibles dans les centres et l’avis du psychologue

Promotrice Alley Pauline LaureToutes les crèches-garderies et haltes-garderies parcourues possèdent diverses gammes de jeux qui permettent aux enfants gardés de se distraire tout en développant la motricité fine et la motricité large. Au nombre des jeux rencontrés dans ces centres, nous pouvons citer en général les balançoires, les tourniquets, les poutres d’équilibre, les toboggans, les vélos, les voitures, les camions, le train, l’avion, les poupées, les pianos, les animaux, les ballons etc. qui aident à développer leur motricité globale ou large. Les peintures, les crayons, le feutres, la pâte à modeler etc. y sont également découverts et servent à développer leur motricité fine (développement de la main et des doigts ; de l’intelligence et le langage de l’enfant).

Mais il est souvent relayé au sein de l’opinion que tel jeu n’est pas approprié à tel groupe d’âge d’enfants ou tel autre est bien approprié. Aux dires d’Agnès Kougbéagbédé, psychologue de l’éducation, il n’y a pas de jeux appropriés pour un âge donné car tout dépend de la manière dont ils sont utilisés avec les enfants. « Les jeux peuvent être les mêmes, mais c’est la façon de les conduire qui variera selon la tranche d’âge. Les mêmes jeux peuvent être utilisés pour des enfants de trois mois à un an et ensuite pour des enfants de trois ans à cinq ans. Mais c’est la façon dont ils sont conduits qui sera différente », a-t-elle indiqué. Aussi, est-il à noter que rien n’échappe aux yeux des enfants. Tout ce qui est fait et dit à leur présence est très vite mémorisé. Ce qui explique donc qu’ils font beaucoup d’imitations que ce soit à la maison, à l’école ou chez un parent ami. Evelyne Dégila, éducatrice et promotrice de la crèche-garderie bilingue ‘‘Le Petit Sentier’’ a précisé à cet effet : « … ils vont imiter parce que les enfants apprennent beaucoup en imitant les adultes. Alors quand les enfants voient maman, papa, tonton et tata à la cuisine, ils veulent faire la même chose à l’école.»

Pour ne pas conduire les enfants dans la monotonie ludique et toujours garder leur curiosité intellectuelle, après quelques semaines d’usage de ces jeux, certains promoteurs font cacher les anciens jeux pour les faire réapparaître quelques semaines après. Cette technique suscite l’engouement chez l’enfant et il se montre plus intéressé à utiliser ces jeux qui lui semblent encore nouveaux. « L’enfant se lasse rapidement après être en contact avec les mêmes jeux et pendant un certain nombre de semaines. Il suffit de cacher ces jeux et de faire sortir d’autres jouets et après deux semaines, faire ressortir ces anciens jeux. L’enfant se comporte alors comme s’il n’avait jamais joué ces jeux-là », a ajouté Evelyne Dégila.

Du statut du personnel d’encadrement

Les centres regorgent, pour la plupart, de jeunes dames et de femmes mariées qui s’occupent de l’encadrement des enfants sous le regard souvent attentif de la promotrice. En se référant au Décret n°2012-416 du 06 novembre 2012 fixant les normes et standards applicables au Centre d’Accueil et de Protection d’Enfants (CAPE) en République du Bénin, il est disposé au chapitre IV de la section 2, article 32 que : « les personnes qui encadrent directement les enfants doivent avoir au moins le niveau Bepc pour les animateurs, les agents de santé et d’un diplôme professionnel de niveau supérieur au Bepc pour les éducateurs spécialisés, enseignants/formateurs et les assistants sociaux.» Sur le terrain, cette disposition n’est pas, hélas, rigoureusement respectée. Certaines promotrices préfèrent travailler avec les femmes ayant un âge certain et qui savent bien s’occuper des enfants. Ce choix n’émane pas de leur propre volonté mais surtout de l’inexistence de normes à suivre dans le passé pour se conformer aux lois. Sosthène Hounkpatin, enseignant de formation et responsable de la première crèche-garderie ‘’Le Berceau des Merveilles’’ de Porto-Novo précise : «ces dames que nous avons dans notre crèche-garderie n’ont pas le Bepc mais au moins le Cep. Elles ont juste une expérience en la matière et s’expriment bien en français… Au moment où nous voudrions démarrer nos activités, nous avions cherché à nous conformer à la loi mais il n’y avait pas de textes en la matière. On nous avait dit qu’il n’y avait aucune disposition concernant la crèche-garderie.»

Certaines promotrices ne se fondent pas sur le diplôme pour faire le choix de leur personnel mais plutôt sur les qualités de soin, d’affection et de reconnaissance de la valeur humaine. Naïba Gohoungo, enseignante de formation et promotrice de ‘‘Mon Soleil’’ s’est confié à ce sujet : « …j’ai été vraiment déçu par des enseignants dits Cap mais qui ne m’ont pas satisfait … Donc le diplôme m’importe peu. Mais il faut avoir les notions préliminaires de la chose. Je mise beaucoup sur quelqu’un qui a l’amour pour les enfants, quelqu’un qui affectionne particulièrement les enfants, quelqu’un qui a le sens de la propreté et le dynamisme, pour choisir mon personnel.» Ailleurs, certaines promotrices vont choisir des personnes ayant une qualification dans le domaine. Brahi Lambertine, sage-femme d’état admise à la retraite, déclare : « nous avons les assistantes maternelles. Nous exigeons d’elles le niveau 3ème. Celles qui travaillent avec nous ont le Bepc.» D’autres centres disposent d’un personnel réduit parce que naissants. Pour cela, ils recrutent juste une femme qui s’occupe de la propreté de la maison. Phoebe Kinkingninhoun, directrice de la crèche-garderie ‘’Les Rayons de Vie’’ insiste : « …j’estime que l’hygiène de la structure est primordiale. C’est alors que j’ai décidé de prendre une femme de ménage qui s’occupe de l’entretien de la maison. »

Des activités extra-garderies

Face aux recettes parfois maigres générées par les centres de garderie, des promotrices se sont investis dans des activités génératrices de revenus. Ces extra-activités sont liées aux différents services qu’offrent désormais les garderies dans la prise en charge des enfants lorsque les parents sont occupés en semaine ou à des heures précises ou en week-end. La promotrice de la crèche-garderie ‘’Cœur Zélé pour Enfants’’ située à Agori dans l’arrondissement d’Abomey-Calavi, martèle : « …nous avons la possibilité d’aller chercher les enfants à l’école. Les parents les déposent le matin à l’école. À midi nous allons les chercher et les ramener au centre. Quand ils viennent, ils mangent, dorment, se réveillent et se lavent pour les cours de 15 heures. Nous les déposons ensuite dans leurs différentes écoles. Et à 17 heures, nous allons les chercher et nous leur donnons le goûter. Dès la sortie des parents du boulot, ils passent directement à la garderie les chercher.» Aussi, d’autres centres offrent des services de nuitée, ce qui veut dire que l’enfant peut passer la nuit à la garderie au moment où ses parents sont absents. Les parents peuvent solliciter des services particuliers pour leurs enfants. « Nous avons des enfants qui dorment ici. Pas plus tard que la semaine passé, nous avons eu trois enfants qui sont restés jusqu’au petit matin… si les parents veulent que nous amenions l’enfant à la piscine, nous le ferons avec plaisir... Nous allons aussi chercher les enfants à l’école si les parents le désirent », a déclaré Pauline Laure Ale, promotrice.

Des crèches-garderies associées à la maternelle

Garderie 02La plupart des crèches fonctionnent sur un mode d’entrée immédiate à la maternelle après les 2 ans pour certains enfants et 3 ans pour d’autres à la crèche. Sur la douzaine de crèches-garderies sillonnées, 10 possèdent le cycle maternel. Les parents ne se gênent donc pas à inscrire leurs enfants dans une autre école maternelle après la phase de la garderie. D’autres promotrices reconnaissent que face à la crise économique galopante, elles sont tenues d’associer à la crèche-garderie, le cycle maternel. Ce qui leur permet de ne pas perdre la clientèle. Elles ont préféré garder l’anonymat. Cette pratique tranche bien à des égards avec les textes qui n’ont nullement reconnu le groupement (crèche et école maternelle).

Des arguments des parents

Le découragement du phénomène de « Vidomègon » est la principale raison qui oblige bon nombre de parents à envoyer leurs enfants dans les crèches. Stéphania Ondoménia n’a pas hésité à donner son point de vue. «Je n’ai pas de domestique et je travaille. Tout cela est compliqué pour moi », a-t-elle précisé. Pour d’autres, ce sont les grands-mères qui font le déplacement à la place des géniteurs pour conduire les enfants à la garde. Joséphine Hêdiblé, rencontrée à la garderie ‘‘Centre Vignito’’ a dit : « j’amène l’enfant à la garderie parce qu’il n’y a personne à la maison pour s’occuper de lui. Je trouve que la garderie est mieux et plus sécurisante que les domestiques à la maison. » Tout comme Joséphine Hêdiblé, Agathe Assogba a reconnu que le fait qu’elle envoie son enfant à la garde, est liée à deux raisons : l’absence des parents à la maison et l’inexistence d’une domestique pouvant s’occuper de l’enfant. En outre, l’inexpérience des domestiques dans le soin à donner aux enfants ne rassure pas beaucoup de parents. Ainsi, la majorité fait recours aux garderies. Florentin Aniambossou, animateur radio à l’Office de radiodiffusion et Télévision du Bénin, affirme : « … nous sommes tous occupé, je préfère mettre l’enfant à la garderie qu’à la maison avec une domestique parce que j’estime que la domestique n’a pas assez d’expériences nécessaires et ne me rassure pas autant qu’une garderie. »

Certains parents, en dépit du fait qu’ils disposent de domestiques à la maison, préfèrent laisser les enfants à la garderie qu’ils jugent compétente dans la gestion des enfants. Que diront alors les spécialistes de l’éducation face à ce phénomène ayant une nécessité importante aux yeux des parents ?

Des conseils des psychologues

Selon les psychologues, l’enfant est censé être à la crèche à l’âge de trois mois, ce qui correspond aux congés de maternité accordés à la maman. Mais au Bénin et surtout dans certaines structures dans lesquelles ces femmes travaillent, les congés de maternité ne sont pas souvent observés. Elles sont contraintes de placer les enfants à la crèche. Ce fait d’envoyer l’enfant à la garderie très tôt laisse des conséquences néfastes sur l’enfant. Agnès Kougbéagbédé, psychologue de l’éducation l’a confirmé, précisant qu’il y a un détachement. Beaucoup de chercheurs ont insisté sur l’attachement entre l’enfant et la mère. Ce sont des conditions sine quo non pour que l’enfant se développe bien. Mais si on brise ce lien chez la petite enfance, il y a quelque chose qui est bloqué chez l’enfant. Les instincts qui devraient se développés chez l’enfant ne le sont pas et seraient orientés vers une autre personne qui prend soin de l’enfant que la mère. « Alors un peu plus tard, les relations mères et enfants ne pourraient pas être agréables parce que l’enfant revivra cette séparation de façon douloureuse. Par la suite, l’enfant pourrait même rejeter sa maman et cela devient un traumatisme pour lui», a-t-il ajouté. Au même moment, la crèche représente dans certains cas un lieu de socialisation pour l’enfant. Agnès Kougbéagbédé, sur un autre versant, précise : « l’enfant grandit au milieu de ses pairs… C’est deux endroits différents. L’enfant est partagé par la structure qui l’accueille et par le milieu familial. Il ne s’occupe de personne. S’il y a des horaires qui sont respectés, l’enfant commence à s’habituer à ce rythme ordonné alors qu’à la maison, c’est relaxe. La conséquence est que l’enfant arrive très tôt à concilier les deux. Et cela lui permet de s’insérer socialement.»

En ce qui concerne les soins et l’alimentation des enfants, tout dépend de la clause établie entre les parents et la structure concernée. Pour les nourrissions se retrouvant à la crèche, leur nourriture provient le plus souvent de leurs parents et quant aux enfants, ils se restaurent à la garderie. Par ailleurs, les encadreurs qui veillent sur les enfants reçoivent des formations de recyclages internes, ce qui leur permet de mieux exercer le travail.

L’univers des garderies ainsi peint constitue presque de nos jours une panacée pour les parents fonctionnaires et travailleurs qui se soustraient des caprices des domestiques et enfants placés « Vidomègon ». Seulement, les garderies n’offrent pas tout le soin et la sécurité requise pour l’épanouissement des petits enfants, avenir de demain. Encore qu’il faille réglementer le secteur.

 Commentaires