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L`événement Précis N° 1082 du 15/4/2013

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Editorial du lundi 15 avril : Insécurité et moyens
Publié le lundi 15 avril 2013   |  L`événement Précis




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Un contexte de dénuement total des services de sécurité». En entendant ces mots du dernier conseil des ministres, l’on ne peut qu’en désespérer. « Dénuement total ». La sentence ainsi prononcée a de forts accents alarmistes. Elle nous renvoie à l’état de délabrement dans lequel se trouvent nos commissariats de police ainsi que nos brigades de gendarmerie. S’il y en a qui sont présentables, la plupart se trouvent dans un état de délabrement lamentable : murs lézardés, façades décrépites, toitures en décomposition. Certains n’ont même plus suffisamment d’espace pour la fourrière. Côté équipement, il y a moins de trois ans que les policiers, par exemple, ont bénéficié d’armes individuelles suffisamment sophistiquées pour faire face aux armes de guerre qu’utilisent les braqueurs. Cela réglé, il faut se demander si les matériels roulants suffisent toujours. Des motos banalisées aux fameux pick-up dont l’efficacité n’est plus à démontrer, les moyens roulants des forces de l’ordre se prêtent bien à la situation géographique nationale. Mais, il suffit de regarder de plus près pour constater combien de temps les agents doivent mettre pourrépondre à une agression. Soit ce sont les voitures qui ne sont pas disponibles, soit encore, c’est le carburant qui fait défaut. Combien de Béninois ont dû entendre ces mots déconcertants lancés alors qu’ils sont en pleine détresse : «nous n’avons pas de carburant » ? On se croirait dans un pays de misère et d’indigence aggravées. « Dénuement total ». Les efforts substantiels de recrutement consentis ces dernières années ont tenté de juguler la question des effectifs. Mais, le problème de leur qualité se pose toujours. Mieux, dans un contexte de développement accéléré des moyens électronique et informatique, leur dénuement actuel est carrément un euphémisme. Lorsque les besoins élémentaires ne sont pas satisfaits, il serait inutile d’envisager les moyens sophistiqués. Et pourtant, face à la dégradation de l’image internationale du Bénin, les services de police ont mis en place une unité de lutte contre la cybercriminalité. Pour quels résultats ? pourrait-on se demander. L’ampleur du phénomène a effectivement diminué, sans pour autant disparaitre. Et il a fallu des années de détresse avant que nos forces de sécurité ne lèvent le petit doigt. Avant que les premières actions ne soient menées. Pendant ce temps, partout dans le monde, le Bénin est perçu comme une plaque tournante du hacking. C’est donc presque contrainte par l’ampleur du mal que la police a été amenée à agir. La thérapie du Conseil des ministres a été alors de mettre à contribution les sociétés publiques. Elles « seront sollicitées pour l’acquisition de matériels roulants et autres moyens au profit des unités mixtes de sécurité récemment installées par le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes ». En clair, à peu près dans le même sillage que les ministères de la santé et de l’enseignement secondaire qui font appel à la générosité populaire pour assurer les tâches régaliennes de l’Etat, ces offices d’Etat doivent désormais mettre la main à la poche. Cette décision officielle défie toute orthodoxie financière à l’heure où le gouvernement lui-même s’indigne du peu de contribution que ces sociétés apportent au Trésor public. A moins que l’on trouve des dispositions juridiques spéciales pour légaliser ce qui s’apparente ici à une infraction autorisée… Si tout cela prend corps aujourd’hui, c’est à cause de l’ampleur de l’insécurité dans le pays. Presque tous les jours, les actes de banditisme et même de terrorisme menés par les hors-la-loi sèment la panique dans les quartiers de Cotonou, Porto-Novo et d’Abomey-Calavi. L’un des plus tragiques derniers, c’est l’assassinat de la mère de Mathias de Chacus, Président des Dragons de l’Ouémé. Les malfrats avaient cru que la pauvre vieille détenait d’importantes sommes d’argent sur elle. Viols, vols, meurtres ont meublé ces dernières semaines à une ampleur qui en a surpris plus d’un. Si à Calavi, certains ont bien voulu croire à une manigance destinée à effrayer le nouveau commissaire central de la ville, rien n’explique mieux cette recrudescence que le dénuement total qu’évoque le Conseil des ministres. Il faut espérer que, devenu Directeur général de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon, superflic désormais, imprime une nouvelle dynamique à ses hommes. Mais là encore, l’éternelle question des moyens se pose avec acuité.
Olivier ALLOCHEME

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