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Condamnation de Me Lionel Agbo : Un avertissement ?
Publié le jeudi 31 janvier 2013   |  Le Matinal


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© Autre presse par DR
Me Lionel Agbo


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Les deux procès intentés par la présidence de la République contre Me Lionel Agbo marqueront à coup sûr les Béninois. La conduite des audiences et la condamnation de l’avocat montrent à plusieurs égards que les procès cachent bien de choses.


L’histoire judiciaire nationale retiendra les deux procès conduits par le juge de la 2ème chambre des citations directes du Tribunal de première instance (Tpi) de Cotonou contre l’ancien Porte-parole du Palais de la Marina, Lionel Agbo. Peut-être l’histoire politique aussi, tant des analystes voient la main du politique dans l’issue de l’une des deux procédures. Du 03 octobre 2012 au 23 janvier 2013, Lionel Agbo était appelé à défendre devant la justice certains propos qu’il a tenus lors d’une conférence de presse organisée le 18 septembre 2012 ; des propos relayés à l’époque par la chaîne de télévision privée Canal 3. Des collaborateurs du président de la République reprochaient en effet à l’avocat de les avoir diffamés. Le président Yayi Boni lui-même avait porté plainte pour le délit d’offense au Chef de l’Etat. Et après près de 4 mois d’audiences, l’ancien porte-parole de la présidence de la République et Canal 3 ont été relaxés dans le dossier de diffamation. Par contre, les deux ont été condamnés dans le dossier dit d’offense. Alors que la Directrice de Canal 3, l’auteur, a écopé de 3 mois d’emprisonnement ferme, le tribunal a décidé d’envoyer Lionel Agbo, le complice, en prison pour 6 mois fermes. Une décision fortement critiquée le 23 janvier par l’un des conseils de l’ancien collaborateur de Yayi Boni. « C’est une surprise, une très grande surprise, parce que c’est une procédure spéciale dans laquelle, il y a un auteur et un complice. Et le principe en droit, surtout en droit pénal, c’est que le complice emprunte la criminalité de l’auteur. Moi-même, j’avoue que je ne sais pas dans quel ouvrage cela peut se retrouver. Nous sommes tous déçus et on ne sait pas si c’est spécifique au droit béninois ou si cela réside dans le droit romano-germanique que nous avons tous appris », avait dénoncé Me Hervé Gbaguidi quelques minutes après le verdict. La décision du juge fait donc polémique. D’aucuns affirment que c’est un verdict préfabriqué ayant pour seul objectif de punir l’avocat pour sa sortie médiatique.

Des audiences mouvementées, des responsabilités déjà établies

Les différentes audiences se seront déroulées dans une atmosphère de tensions continues. La salle E du palais de la justice retenue pour abriter les audiences était placée sous surveillance policière. Ce fait a plusieurs fois été fustigé par les avocats de Lionel Agbo qui y voyaient une forme d’intimidation de la défense. Pour eux, le tribunal était sous pression. D’ailleurs, la défense a à maintes reprises remis en cause la conduite des débats par le juge. Elle avait dans ce cadre saisi la Cour constitutionnelle aux fins de faire établir l’exception d’inconstitutionnalité. Pour elle, il fallait défendre « les droits du prévenu et garantir une décision sereine et non une décision à charge préfabriquée ». Une stratégie que les parties civiles avaient qualifiée de dilatoire. Après des échecs répétés devant la Cour constitutionnelle, les avocats de Lionel Agbo avaient même récusé le juge. Mais ils n’ont pu obtenir son remplacement, car la Cour d’Appel de Cotonou avait renouvelé sa confiance au juge Gilbert Togbonon. La défense avait mal accepté « l’imposition du juge » et l’avait boudé. Elle avait fini par se déconstituer en dénonçant « un simulacre de procès ». Plusieurs avocats ont dû abandonner leur confrère. Ceux-ci n’ont plus pris part au procès après que Lionel Agbo a reconstitué sa défense. Lors des débats judicaires du 23 janvier 2013, percevant l’orientation de la décision du juge, plusieurs avocats du prévenu ont dû appeler le président du tribunal de Céans à œuvrer pour la consolidation des libertés publiques au Bénin. « Ne tuez pas la liberté », avait lancé mercredi dernier Me Joseph Djogbénou à la fin de sa plaidoirie. Seulement, visiblement rien n’y fit. « L’avocat prévenu a été lourdement condamné ». La défense avait certainement de bonnes raisons de s’inquiéter du verdict, car tout porte à croire que les jeux étaient faits. Pour certains, Lionel Agbo était devenu un élément gênant. Peut-être, il en savait un peu trop sur des dossiers politiques. Et obtenir sa condamnation, c’est réussir à étaler un climat de peur.

Abdourhamane Touré

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