Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article



 Titrologie



Le Matinal N° 4330 du 11/4/2014

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Santé

Docteur Clément Kakaï Glélé, chef service ‘’Epidémiologie’’ au ministère de la Santé : « La situation de l’Ebola préoccupante, la population doit être prudente... »
Publié le samedi 12 avril 2014   |  Le Matinal


Les
© AFP par MSF
Les Médecins Sans Frontières mettent en place l`équipement de protection contre le virus de la fièvre d`Ebola


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le Docteur Clément Kakaï Glélé est un cadre du ministère de la santé. Il est le Chef du service de l’Epidémiologie et de la surveillance sanitaire des frontières, port et aéroport. Dans un entretien au sujet du virus ‘’Ebola’’, il a éclairé l’opinion publique sur les précautions à prendre pour en être épargné. A l’occasion, il a rassuré les Béninois de ce que ce mal n’est pas à la porte de nos frontières et que le Ministère de la santé a mis en place un dispositif performant pour lutter contre son accès. Lisez plutôt.


Le Matinal : Dr, qu’appelle-t-on ‘’Ebola’’ ?

Dr Clément Kakai Glélé : ‘’Ebola’’ est une maladie qui se développe comme une fièvre hémorragique. C’est un virus. Pour la première fois, il a été décrit lors des épidémies. La première, en 1976 en République Démocratique du Congo (Rdc) précisément dans un village qu’on appelle Yambuku, situé près de la rivière « Ebola », d’où le nom de la maladie. Il y a eu après, une épidémie au sud du Soudan. C’est un virus géant qui entraîne cette maladie. Par la suite, il y a eu d’autres épidémies et donc, on a spécifié le virus Ebola. Plus tard, on a décrit le virus du Sud du Soudan. Il y a eu le virus Ebola, type Côte d’ivoire et un autre qu’on n’a pas encore retrouvé chez les hommes et qui contamine plus les singes. En gros, il y a quatre (4) types de virus qui donnent les mêmes symptômes sauf le virus dont j’ai parlé tout à l’heure qui contamine plus les singes mais qui donne pratiquement le symptôme pathologique.

Quelles sont les modes de transmission du virus ?

Il a été démontré que le virus se transmet d’abord, au niveau de la forêt par les chauves-souris qui peuvent, à leur tour, contaminer d’autres animaux tels que : les singes, les rongeurs et autres. Maintenant, les hommes peuvent être contaminés par la suite par des salives de chauve-souris ou de la manipulation des rongeurs et la consommation de viandes de ces animaux contaminés. Mais, la contamination inter-humaine c’est ça, qui entraîne plus l’épidémie qu’on constate et cette contamination se fait à travers les liquides biologiques des personnes infectées. Je veux parler des urines, des sueurs et puis le sang ; c’est-à-dire tout ce qui peut être liquide qui provient d’un Homme infecté. Il faut dire que le virus est méchant mais très fragile aussi. Ce virus se détruit en 30 minutes à 60 degré Celsius. Il vaut mieux faire attention à la consommation de la viande dans les milieux ou la maladie sévit.

Quelles sont les symptômes de cette infection ?

D’abord, il y a des signes d’infection classique ; c’est- à- dire : la fièvre élevé, les maux de tête, les maux de gorge, la courbature, une douleur musculaire généralisée, les douleurs au niveau des articulations, les yeux sont rouges injectés de sang. On peut avoir des éruptions cutanées, des boutons sur le corps qui ressemblent à ceux observés pour la rougeole. Par la suite, s’installe des troubles digestifs, des vomissements, la diarrhée, des nausées et vers le stade terminal ; il y a des saignements au niveau de la gencive, du nez, conjonctivite et on peut avoir du sang sous la peau. Donc voilà les signes qu’on observe et qui peuvent faire penser à la maladie « Ebola »

Comment peut-on faire le diagnostic de cette maladie ?

A partir des signes, on fait un prélèvement de sang et c’est le laboratoire qui va identifier le virus et le diagnostic est confirmé. Parce que les signes que je viens de citer, on peut les observer dans d’autres maladies. Si je laisse les signes de saignement, la fièvre, les maux de tête et autres sont aussi des symptômes du paludisme, de la fièvre typhoïde, de la grippe et d’autres maladies. Alors, tout ce qui ressemble à ces signes n’est pas forcement ‘’Ebola’’. C’est donc après analyse du laboratoire qu’on peut établir le diagnostic.

Existe-il un traitement pour guérir Ebola ?

C’est une maladie comme on le dit ; mais il n’existe pas de vaccin, de traitement, de médicament qui agit sur le virus. Le traitement qui se fait est un traitement symptomatique. On traite chaque signe de la maladie. C’est une maladie à forte létalité et la létalité tourne autour de 80 ou 85%. Mais il y a certaines personnes qui guérissent de la maladie. Pour l’instant la létalité est forte.

Comment prévenir cette maladie ?

Pour prévenir la maladie, d’abord, si c’est une épidémie, il faut éviter le contact avec les personnes infectées c’est à dire qu’il faut éviter le contact avec le liquide biologique des personnes infectées. Prendre également des précautions pour l’hygiène des mains, éviter de manipuler les chauves-souris, les rongeurs, les singes. Faire très attention s’il y a de morts, car il faut éviter de manipuler ou de toucher le corps sans vie. Parce qu’un corps sans vie est encore plus dangereux que tout autre. Ce que je viens de dire concerne les zones épidémiques. Pour l’instant nous ne sommes pas encore à ce niveau au Bénin. Je conseillerai à la population surtout à ceux qui ont un programme de voyage dans ces zones épidémiques, qu’il vaut mieux qu’ils les reportent en attendant et qu’ils soient vigilants par rapport à tout ce que j’ai déjà dit, préalablement.

Quelles sont les dispositions prises pour protéger le Bénin contre ce virus ?

Le ministère de la Santé a mis en place un mécanisme de suivi sur toutes les personnes qui proviennent de ces pays à savoir la Guinée, la Siéra Léone, le Libéria ; puisqu’il y a des équipes de santé au niveau des frontières qui prennent la liste des noms et des adresses. Nous avons aussi rappelé à tous les agents de santé, que ce soit ceux qui sont au niveau des frontières et dans les centres de santé, des signes de la maladie. Nous avons un document-guide qui renseigne sur toutes sortes de maladies épidermiques mais on le leur a rappelé. Madame la ministre de la santé a adressé une correspondance au ministre de l’intérieur pour un renforcement de la collaboration entre les forces de sécurité et les agents de santé au niveau des frontières afin qu’ils aient accès à toutes les informations. En dehors de tout cela, nous avons un plan de préparation et de réponse à d’éventuelles épidémies du virus Ebola. Nous mobilisons déjà un certain nombre de ressources matérielles. Les agents de santé sont en première ligne parce que quand un patient vient et dit qu’il a des maux de tête, de la fièvre, en tant qu’agent de santé, vous allez penser que c’est juste une maladie simple, peut être que en dessous c’est autre chose. Donc pour l’instant, on suit l’évolution de la maladie dans les autres pays.

Il parait que le virus est déjà présent dans des pays limitrophes du Bénin

Nous ne devions pas cacher des informations à la population. On ne cache pas le feu. On ne doit pas alerter la population parce que l’information peut perturber les citoyens tant sur le plan psychologique que dans leur activité quotidienne. Pour l’instant, nous nous référons à la source officielle qu’est l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Les cas sont identifiés en Guinée Conakry, au Libéria en Sierra Leone. Il y a des cas suspects en cours d’exploration au Mali. Pour le reste, jusqu’à hier (mardi 08 avril 2014, Ndlr) je n’ai pas eu cette information sur le site officiel, de l’Oms. Nous avions appris qu’au Ghana il y avait un cas, l’Oms a parlé de ça mais ce n’est pas un cas d’Ebola. Par la source officielle, aucun cas suspect n’a été détecté au Togo ni au Sénégal et mieux, je suis en relation avec les équipes en charge de la surveillance au Togo, dans nos échanges jusqu’à hier il n’y pas eu de cas suspects.

Quels conseils avez-vous aux populations ?

L’épidémie du au virus Ebola sévit effectivement en Afrique de l’Ouest. Mais nous n’avons pas encore eu une propagation de la maladie dans les pays limitrophes du Bénin. La situation est préoccupante certes, mais la population doit garder le calme et rester prudente. Dès qu’un pays proche de nous aura enregistré un cas, nous allons changer de stratégie et dire à la population ce qu’il faut faire. Il vaut mieux ne pas céder à la panique générale parce que la peur de la maladie tue plus que la maladie.
Propos recueillis par Hermione Adjanohoun et Inès Kouagou (Stag)

Un taux de létalité d’environ 90%

On enregistre au cours des flambées un taux de létalité pouvant atteindre 90%. Les flambées épidémiques surviennent principalement dans les villages isolés d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, à proximité des forêts ombrophiles tropicales. Le virus se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite dans les populations par transmission interhumaine. On pense que des chauves-souris frugivores, de la famille des ptéropidés, sont les hôtes naturels du virus Ebola. La durée d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des premiers symptômes, varie de 2 à 21 jours. Depuis le début de l’épidémie en Guinée Conakry, 101 cas de décès ont déjà été enregistrés.

 Commentaires