Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Matinal N° 4330 du 11/4/2014

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Ouverture de la 1ère session ordinaire de l’année du Parlement : les piques de Mathurin Nago à la majorité présidentielle
Publié le lundi 14 avril 2014   |  Le Matinal


Visite
© APA par El Hadj Assane
Visite du président de l`assemblée nationale, Mathurin Coffi Nago au Sénégal
Vendredi 22 Fevrier 2014. Dakar. Le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Mathurin Coffi Nago, arrivé à Dakar, pour une visite de travail de cinq jours, a rencontré son homologue du Sénégal, Moustapha Niasse pour une séance de travail. Photo: Le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Mathurin Coffi Nago


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Profitant de l’ouverture solennelle de la première session ordinaire de l’année 2014 de l’Assemblée nationale, le Président Mathurin Coffi Nago a décrypté l’actualité sociopolitique du Bénin et de l’étranger. Tirant leçons des crises actuelles, il a appelé à un dialogue politique franc pour sortir de la situation actuelle afin d’éviter le spectre d’une année blanche qui plane. Son discours tranche avec la politique du Pouvoir en place et se révèle ambitieux pour le compte de la présidentielles de 2016. C’était en présence des Présidents de parlements de l’Ouganda, du Togo et du Sénégal.


Mathurin Nago n’a plus sa langue dans la poche. Appréciant la vie sociopolitique du pays, il estime que le peuple béninois n’est pas dupe. A l’ouverture de la première session ordinaire de l’année 2014 de l’Assemblée nationale, le président de cette institution est revenu sur le dossier relatif au budget général de l’Etat, exercice 2014 rejeté par les députés en montrant que le procès qui lui a été fait à ce sujet est injuste.

Car, la seule et unique exigence qui l’avait guidé dans la gestion du dossier, explique-t-il, a été, à défaut de consensus, d’appliquer strictement et rigoureusement les textes de loi qui régissent le fonctionnement du Parlement. Il ne comprend pas pourquoi, certaines mauvaises langues ont tenté de faire répandre et de faire croire partout qu’il en serait à la base. Ceci, dans le vil dessein de le déstabiliser, dénonce Mathurin Nago.

Dans son viseur, se trouvent les députés de sa famille politique, les élus de la majorité présidentielle. Pour Mathurin Nago, « il y a des gens qui, dans leur comportement, sont motivés par l’argent ou le matériel et ceux-là, doivent retenir qu’il y a d’autres gens différents d’eux, ayant une moralité autre que la leur, avec des valeurs qui leur sont chères, entre autres, la rigueur, la dignité, l’honorabilité, la conviction, l’engagement, y compris en politique ».

Ce qui a beaucoup déçu le président Nago, c’est le fait que le président Yayi Boni n’ait pas pu arbitrer le jeu, ni le recours contre lui devant la Cour constitutionnelle. De même, déplore Mathurin Nago, personne n’a pu réparer le tort que les détracteurs lui ont causé dans la gestion de ce dossier budgétaire. L’autre élément ayant retenu l’attention de tous, c’est de n’avoir pas évoqué le point relatif à la révision de la Constitution bien que cela soit inscrit à l’ordre du jour de la session qui s’est ouverte.

Une attitude qui manifeste sa méfiance vis-à-vis du projet de révision. Il va alors appeler ses collègues députés à connaître et à prendre en compte les limites de leurs responsabilités et de leurs prérogatives, s’ils ne veulent pas verser dans une pseudo-démocratie, voire dans la dictature. Mathurin Nago s’est présenté comme une victime des manœuvres de déstabilisation qui s’orchestrent dans l’entourage du chef de l’Etat. Alors, on s’interroge sur les raisons de cet acharnement contre ce pilier de la majorité présidentielle

Chasser la menace d’une année blanche au Bénin

Le président Mathurin Nago a des craintes par rapport à l’intensification des mouvements sociaux et à l’escalade verbale au sein de la classe politique. Il va alors inviter le gouvernement du président Yayi Boni à privilégier le dialogue avec les centrales syndicales en général et avec les travailleurs des secteurs de la santé, de la justice et de l’éducation en particulier. « Pensons aux effets néfastes que les mouvements sociaux pourraient avoir sur les plans éducatif, social, économique et politique.

On sait quand ça commence, mais jamais quand ça finira. Que la diversité de nos idées ou de nos positions soit, non pas une source de division de notre Nation, mais plutôt un facteur de son unité, de son efficacité et de son développement », a déclaré Mathurin Nago avant de conclure que d’un dialogue franc, la nation pourra s’en sortir d’une crise qui éloigne du Pays, le spectre d’une année blanche.

Pertes de repères des démocraties africaines

Habilement, le président Mathurin Nago s’est adressé à l’ensemble de la classe politique et sans doute au président Yayi Boni. Il a déclaré que le régime démocratique qu’a connu le continent africain au début des années 90 est en panne. Ceci pour dire que deux décennies après cet acquis démocratique, le bilan enregistré aujourd’hui sur le terrain n’a pas comblé les attentes des populations.

A juste titre, il a affirmé que la faillite économique qui a été l’un des ferments décisifs des énergies mobilisées pour cette révolution qui a déferlé en Afrique est oubliée par les acteurs des mouvements initiés ici et là. Puisqu’en réalité, le combat politicien a pris le dessus. Et là, ajoute le président Nago, l’égoïsme, la cupidité, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le népotisme sont fortement privilégiés dans la conduite des dossiers politiques et la gestion des affaires publiques dans les pays africains.

Il propose de mettre en œuvre une réelle démocratie en appliquant strictement et rigoureusement les principes et les règles qui y sont attachés, afin qu’elle nous permette d’obtenir effectivement les résultats positifs et bienfaisants que le peuple est en droit d’en attendre. Par conséquent dira-t-il, il est préférable et prudent, au Bénin comme ailleurs, d’éviter de tirer le diable par la queue, en privilégiant plutôt une démocratie véritable, apaisée, ouverte, inclusive, mais exigeante vis-à-vis de tous les citoyens, particulièrement vis-à-vis des gouvernants et responsables à tous les niveaux.

Thobias G Rufino
(Br Ouémé/Plateau)

L’intégralité du discours de Nago

Excellences, Madame et Messieurs les Présidents de Parlements amis ;
- Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République du Bénin ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau et de la Conférence des Présidents de l’Assemblée Nationale ;
- Messieurs les Anciens Présidents d’Assemblée Nationale ;
- Honorables députés à l’Assemblée Nationale, chers collègues et amis ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique et consulaire ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Régionales et Internationales ;
- Mesdames et Messieurs les Officiers Supérieurs et Officiers Généraux du Haut Commandement Militaire ;

- Monsieur le Préfet des Départements de l’Ouémé et du Plateau ;
- Mesdames et Messieurs les Responsables de l’Association Nationale des Anciens Parlementaires ;
- Monsieur le Maire de la Commune de Porto-Novo ;
- Majestés, Têtes couronnées, Autorités traditionnelles et religieuses ;
- Mesdames et Messieurs les Notables et Sages de la Commune de Porto-Novo ;
- Distingués invités ;
- Mesdames et Messieurs ;

Je voudrais en premier lieu m’adresser à nos illustres hôtes venus des pays frères et amis pour leur dire que l’Assemblée Nationale du Bénin est particulièrement honorée de leur présence à la cérémonie d’ouverture de sa première session ordinaire de l’année 2014.

Nous avons en effet le plaisir de recevoir, en cette solennelle occasion, trois délégations parlementaires amies venues respectivement de l’Ouganda, du Sénégal et du Togo et conduites par les Présidents des parlements concernés. Je vous prie donc, Mesdames et Messieurs, de reconnaître et de saluer la présence dans cet hémicycle :

de Madame Rebecca Kadaga, Présidente de l’Assemblée Nationale de l’Ouganda ;
de Monsieur Moustapha Niasse, Président de l’Assemblée Nationale du Sénégal ;
et de Monsieur Dama Dramani, Président de l’Assemblée Nationale du Togo.

Leur présence parmi nous constitue la preuve indéniable de l’excellence des relations entre nos parlements respectifs et traduit par ailleurs leur attachement à la consolidation des liens d’amitié, de solidarité et de fraternité qui unissent nos peuples ainsi que leur engagement à œuvrer pour le renforcement de la coopération interparlementaire sur le continent africain.

En votre nom à tous, chers collègues députés, et en mon nom personnel, je leur dis toute notre profonde reconnaissance. Je leur souhaite, à eux-mêmes ainsi qu’aux délégations qui les accompagnent, une chaleureuse bienvenue et un agréable séjour au Bénin.

Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais à présent souhaiter la bienvenue à vous tous qui avez accepté d’abandonner momentanément vos occupations respectives pour répondre à notre invitation. La présence régulière de chacun de vous aux manifestations marquant la vie de notre Institution est le symbole évident de votre attachement au processus démocratique en cours dans notre pays.

Chers collègues Députés,

Une fois de plus, la tradition républicaine est respectée. Conformément aux dispositions constitutionnelles, nous nous retrouvons dans le délai prévu pour démarrer notre session d’Avril. Il me plaît de saisir cette occasion pour vous rendre un hommage mérité pour l’importante œuvre accomplie depuis le début de la législature et surtout pour votre implication individuelle et collective dans l’instauration d’un climat de travail apaisé au Parlement.

La quantité et la qualité du travail abattu jusqu’ici sont le fruit et l’expression de l’ambiance conviviale chèrement acquise et pour laquelle chacun de nous a su bien s’investir depuis bientôt trois (03) ans.
Oui, grâce à votre sens de responsabilité et à votre détermination, nous avons ensemble doté notre pays d’importantes lois pour l’ancrage et la consolidation de notre démocratie et pour la promotion socio-économique de notre pays.

Nous avons réussi à améliorer l’image de notre Institution en la rendant plus visible, plus productive et plus crédible auprès de nos concitoyens. Mon souhait qui est certainement le vôtre aussi, est que nous puissions conserver et entretenir cet esprit de tolérance, de paix et de convivialité qui a prévalu jusqu’à présent afin de bien conduire à terme notre mandat. Ce souhait a particulièrement son sens et son importance en cette période très sensible qui annonce les prochaines échéances électorales.

Mesdames et Messieurs les Présidents,
Chers collègues Députés,
Mesdames et Messieurs,

Au début de cette législature, nous nous sommes assigné un certain nombre de tâches majeures dont, entre autres, la correction de la Liste Electorale Permanente Informatisée (Lépi) qui a nécessité au préalable l’initiation et le vote consensuel d’une loi et la relecture de notre Règlement Intérieur pour laquelle un comité paritaire a été mis sur pied.

Le processus de correction et d’actualisation de la Lépi est enfin entré dans sa phase active, après de nombreuses difficultés qui ont freiné son démarrage. Je me réjouis de la mobilisation de tous les acteurs politiques, des membres de la société civile et de la population toute entière pour rendre véritablement fiable et crédible cet outil vital pour notre démocratie.

Ces deux chantiers n’ont pu s’ouvrir que grâce au sens de responsabilité, à l’esprit d’ouverture de tous les députés et à l’ambiance conviviale que nous avons ensemble instaurée au sein du Parlement. Les derniers agissements et comportements liés au rejet du budget, exercice 2014, ont failli introduire une fausse note dans ce bon climat de travail ; mais nous avons su placer l’intérêt du peuple au-dessus de toutes nos divergences et de nos ressentiments et calculs personnels.

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais à nouveau dire que dans ce dossier budgétaire, la seule et unique exigence qui m’a guidé a été, à défaut de consensus, l’application stricte et rigoureuse des textes de loi qui régissent le fonctionnement du Parlement.

En tout cas, ce fut ma seule motivation, contrairement à ce que certaines mauvaises langues tentent de faire répandre et de faire croire dans un souci de déstabilisation, de dénigrement et de salissure. Mais le peuple n’est pas dupe. Je comprends, même si je n’en suis pas d’accord, qu’il y ait des gens, dans leur prise de décision, dans leur comportement, qui soient surtout motivés par d’autres choses, notamment l’argent ou le matériel.

Je souhaite vivement et sincèrement que ces gens comprennent et retiennent une fois pour toutes qu’il y a d’autres gens différents d’eux, ayant une moralité autre que la leur, avec des valeurs qui leur sont chères, c’est-à-dire la rigueur, la dignité, l’honorabilité, la conviction, l’engagement, y compris en politique. Il fallait que cela soit dit pour que cessent les manipulations, les calomnies et les intrigues, car la bataille, la vraie est ailleurs.

Nous devons apprendre à connaître et à prendre en compte les limites de nos responsabilités et de nos prérogatives, si nous ne voulons pas verser dans une pseudo-démocratie, voire dans la dictature. En toutes circonstances, nous devons éviter de nous infantiliser ou de chercher à infantiliser les autres.

Chers collègues députés,
Mesdames et Messieurs,

L’une des grandes particularités de cette session est qu’elle s’ouvre à un moment où nous assistons à la multiplication et à l’intensification des mouvements sociaux ainsi qu’à l’accroissement de l’insécurité et à l’escalade verbale au sein de la classe politique.

En cette période de raréfaction des ressources financières due au ralentissement de l’activité économique, je voudrais inviter le Gouvernement à privilégier, comme par le passé, l’outil essentiel qu’est le dialogue avec les centrales syndicales en général et avec les travailleurs des secteurs de la santé, de la justice et de l’éducation en particulier, en vue de trouver des réponses consensuelles, justes et équitables aux diverses revendications relatives notamment à l’amélioration des conditions de vie et de travail, au respect des libertés citoyennes et à la garantie de la sécurité des personnes et des biens.

Aussi, voudrais-je inviter par la même occasion les acteurs politiques, toutes tendances confondues, les acteurs sociaux et les membres des diverses Institutions de la République à s’impliquer individuellement et collectivement dans la résolution de la crise sociale qui perdure. A cet égard, l’Assemblée Nationale, à travers ses organes dirigeants ou certains groupes de députés, essaie de jouer sa partition, parfois avec succès.

Je salue ici le Conseil Economique et Social, le Haut Commissariat à la Gouvernance Concertée, le Patronat et certaines organisations de la société civile qui œuvrent inlassablement pour le dénouement heureux de la crise.

Nous devons, en particulier, conjuguer nos efforts pour éviter une année blanche à nos élèves et étudiants. Nous devons, dans un élan collectif et patriotique, tout faire pour remettre les travailleurs au travail en instaurant avec eux un dialogue sincère et responsable.

J’estime qu’à l’étape actuelle dans les négociations, les efforts et les concessions doivent être partagés.
Je voudrais donc en appeler à la conscience de tous les acteurs concernés. Pensons aux effets néfastes que les mouvements sociaux pourraient avoir sur les plans éducatif, social, économique et politique.

On sait quand ça commence, mais jamais quand ça finira. Que la diversité de nos idées ou de nos positions soit, non pas une source de division de notre Nation, mais plutôt un facteur de son unité, de son efficacité et de son développement.

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais m’adresser également aux acteurs de la presse pour les inviter à faire preuve de professionnalisme et d’honnêteté dans le traitement des informations. Ils savent mieux que quiconque qu’ils détiennent entre leurs mains, une arme puissante, mais délicate et sensible, qu’ils doivent orienter uniquement vers la vérité, en évitant de se laisser manipuler.

Cette arme est comparable à un couteau à double tranchant. Messieurs les journalistes, votre pouvoir peut en effet être source de paix ou source de trouble ou de crise, selon les circonstances. Vous portez donc vous aussi une très grande responsabilité dans le devenir de notre Nation.

C’est ce que le Gouvernement a sans doute compris en autorisant et en facilitant la tenue effective, en février 2014, des deuxièmes états généraux de la presse dont les résultats, j’en suis persuadé, contribueront à instaurer une presse beaucoup plus professionnelle et plus responsable, au service de la Nation, de l’Etat de droit et de la démocratie.

La Représentation nationale quant à elle, ne ménagera aucun effort pour accompagner ces états généraux et leurs conclusions, notamment par l’adoption des textes indispensables à l’amélioration des conditions de vie et de travail des journalistes et à l’assainissement du monde de la presse.

Mesdames et Messieurs,

Sur un autre registre, nous devons sincèrement et efficacement intensifier la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics. Nous devons mener cette lutte sans complaisance et avec impartialité en exploitant tous les moyens légaux prévus par les lois et règlements afin de garantir une croissance économique durable, une bonne gestion des finances publiques et de contribuer véritablement à la réduction de la pauvreté et à l’apaisement du climat social.

Mesdames et Messieurs les Présidents ;
Chers collègues députés ;
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs ;

Au début des années 1990, notre continent a connu une véritable mutation politique et institutionnelle avec la valse des conférences nationales et l’adoption du régime démocratique. Deux décennies après, le bilan de cette révolution démocratique ne semble pas avoir comblé toutes les attentes de nos populations.

La faillite économique qui a été l’un des ferments décisifs des énergies mobilisées pour cette révolution qui a déferlé pratiquement sur l’ensemble de l’Afrique est oubliée par les acteurs des mouvements initiés ici et là.

Ceux-ci semblent focaliser de plus en plus leurs intérêts et leurs actions uniquement vers des objectifs de combat politicien. Tous les moyens, toutes les méthodes et tous les arguments, même les plus malsains et les plus dangereux, sont de ce fait exploités et mis en œuvre.

« C’est la fin qui justifie les moyens » se plait-on à dire vulgairement. L’égoïsme, la cupidité, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le népotisme sont fortement privilégiés dans la conduite des dossiers politiques et la gestion des affaires publiques.

Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les députés,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,

Cet échec des élites politiques africaines a eu pour conséquences des remises en cause de l’ordre démocratique, de même que des troubles sociaux et des guerres fratricides dans certains de nos pays.

Les exemples sont nombreux à cet égard. En Afrique du nord, le « Printemps arabe » illustré par les crises tunisienne, égyptienne et libyenne a provoqué la fuite du Président Ben Ali, l’arrestation du Président Hosni Moubarak et la mort du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, avec de très graves conséquences sociales, économiques et sécuritaires. En Afrique de l’Ouest, nous avons connu la crise malienne, la tragédie ivoirienne, la guerre du Libéria, le conflit sierra léonais.

Nous n’oublions pas l’Afrique Centrale et Orientale avec les crises particulièrement graves dans la région des Grands Lacs, notamment en République Démocratique du Congo, au Rwanda, au Burundi, de même que les drames somalien, soudanais et centrafricain, etc. Tout ceci a engendré, entre autres, l’insécurité croissante dans nos différents pays, la prolifération et la circulation anarchique des armes de guerre dans la région africaine et la remise en cause de l’existence même de certains Etats.

C’est à se demander si le système démocratique, mal appliqué dans nos pays, ne serait pas entrain de devenir leur véritable poison, tout comme un médicament mal utilisé le deviendrait pour des malades. On pourrait même penser que le remède n’est pas adapté aux malades traités, en raison peut-être de la posologie ou de la dose appliquées. Voilà autant de questions qui nous hantent de plus en plus quand on évalue ici et là, les résultats très mitigés obtenus après près de vingt-cinq (25) ans de démocratie dans bon nombre de pays africains.

C’est pourquoi, dans chacun de nos pays, nous avons l’obligation de mettre en oeuvre la démocratie réelle en appliquant strictement et rigoureusement les principes et les règles qui y sont attachés, afin qu’elle nous permette d’obtenir effectivement les résultats positifs et bienfaisants que le peuple est en droit d’en attendre.

Toute hypocrisie, tout faux semblant et toute action folklorique ou démagogique dans ce domaine se retourneront, à mon sens, contre les acteurs et les responsables. Il est donc préférable et prudent, ici comme ailleurs, d’éviter de tirer le diable par la queue, en privilégiant plutôt une démocratie véritable, apaisée, ouverte, inclusive, mais exigeante vis-à-vis de tous les citoyens, particulièrement vis-à-vis des gouvernants et responsables à tous les niveaux.

Mesdames et Messieurs,

L’autre danger, c’est le fondamentalisme islamique, l’intolérance religieuse et leurs corollaires qui malheureusement pénètrent, s’installent et s’intensifient aujourd’hui dans un nombre grandissant de pays, engendrant des crises socio-économiques et culturelles, une déstabilisation politique et des pratiques barbares moyenâgeuses.

C’est avec grande tristesse que je constate que nul ne peut prétendre aujourd’hui être à l’abri de ces différents dangers. C’est pourquoi, il nous faut à tout prix trouver des solutions concertées tant au plan sous-régional qu’au plan régional. En nous mettant ensemble, nous avons de fortes chances de prévenir ou de réduire les incompréhensions, les incidents, les querelles et d’éviter les conflits entre les pays africains.

Dans un environnement international où la mondialisation s’est progressivement imposée à tous les pays et à tous les peuples, les échanges et les concertations sont incontournables. Les pays en développement n’ont pas d’autre choix que de se mettre ensemble en vue de trouver des solutions durables à la crise économique persistante, à la pauvreté et à la misère croissantes.

A cet égard, l’Assemblée Nationale du Bénin s’efforce de bien jouer sa partition dans diverses organisations interparlementaires telles que l’Union Parlementaire Africaine, l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, l’Union Interparlementaire, auxquelles elle participe activement et efficacement.

C’est dans le même souci que j’ai contribué, avec d’autres collègues Présidents, à la relance, en septembre 2013, de la Conférence des Présidents d’Assemblée de l’Afrique de l’Ouest (Cpao). Ce cadre parlementaire de concertation et d’échanges de haut niveau, traduit la volonté commune des Parlements nationaux et communautaires de l’espace ouest-africain de contribuer, aux côtés des Gouvernements, à la gestion des conflits et des problèmes communs et à la réalisation effective de l’intégration sous-régionale. En septembre 2014, Cotonou abritera la 5ème session de la Cpao. Les sujets qui seront débattus à cette rencontre s’inscrivent dans cette perspective. Pour assurer le succès de cette prochaine réunion, j’ai effectué en février dernier des visites de travail au Togo, au Burkina Faso et au Sénégal. Je me rendrai incessamment dans d’autres pays de la sous-région pour la même cause.

Mesdames et Messieurs,
La session ordinaire qui s’ouvre ce jour comporte à son ordre du jour une cinquantaine de dossiers parmi lesquels, je citerai principalement :

1. les rapports issus de quatre (04) enquêtes parlementaires, effectuées respectivement sur :
la mise en oeuvre du projet d’aménagement des massifs forestiers d’Agoua, des Monts Kouffè et de Wari-Maro (Pamf), la gestion du fonds Fadec,
la situation qui prévaut dans les Coopératives d’Aménagement Rural (Car) et dans les Unions Régionales des Coopératives d’Aménagement Rural (URCAR),
la gestion de l’escorte des véhicules d’occasion ;
2. le projet de loi modifiant l’organisation de l’administration territoriale de la République du Bénin ;
3. le projet de loi portant code pénal en République du Bénin ;
4. le projet de loi portant code des douanes en République du Bénin ;
5. le projet de loi portant code des pensions civiles et militaires de retraite ;
6. le projet de loi portant statut général de la fonction publique en République du Bénin ;
7. le projet de loi portant statut des magistrats de la Cour Suprême ;
8. le projet de loi portant statut du Barreau de la République du Bénin ;
9. la proposition de loi portant organisation et conditions d’exercice en clientèle privée des professions médicales et paramédicales en République du Bénin ;
10. la désignation et l’installation des membres de la Commission Electorale Nationale Autonome (Céna).

Mesdames et Messieurs les Présidents,
Honorables Députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Comme vous le constatez, pendant les trois mois que dureront les travaux, il n’y aura pas de répit. C’est pourquoi, je voudrais souhaiter une robuste santé à tous les députés et au personnel parlementaire d’appui, pour que cette session enregistre effectivement une bonne moisson dans l’intérêt supérieur de la Nation Béninoise.

C’est sur cette note d’espoir que je déclare ouverte ce jour la première session ordinaire de l’année 2014.
Je vous remercie de votre aimable attentio

 Commentaires