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Oumarou Garba écope de 15 ans de réclusion criminelle
Publié le lundi 14 avril 2014   |  24 heures au Bénin


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Quinze ans de réclusion criminelle, c’est la sanction infligée à Oumarou Garba, bouvier peulh, 24 ans, qui a comparu hier jeudi 10 avril devant la Cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou pour parricide. Il avait tué son père à coup(s) de bâton en avril 2010 pour une affaire de bœuf vendu à 221 000 F CFA.

Comment peut-on donner la mort à celui qui vous a donné la vie ? C’est imprévisible, diront certains ; une abomination, clameront d’autres. Mais c’est malheureusement le crime qui a conduit le jeune Oumarou Garba, bouvier, âgé de 24 ans aujourd’hui et de 20 ans au moment des faits, à la barre hier jeudi. C’était dans le cadre du dossier n°035/PG-10 dont a connu la cour composée à l’occasion du président Saturnin Afaton, des assesseurs : Epiphane Yéyé et Pascal Albert Agboton et de quatre jurés désignés par tirage au sort répondant aux noms de : Adam Zibrila, Jean Fara, Azaratou Imorou et Moussa Anki Dosso. Le greffier audiencier s’appelle François Nougbodohoué.A la délibération, l’accusé a été déclaré coupable d’homicide sur son père et condamné à 15 ans de réclusion criminelle.


Que s’est-il passé ?


Les faits tels que présentés devant la cour hier se présentent comme suit : « Le lundi 12 avril 2010 vers 9 heures dans le camp peulh de Gorou, arrondissement de Kompa, commune de Karimama, la nommée Fabi Garba quitte son domicile conjugal pour aller puiser de l’eau et se rend d’abord au domicile de son père Mahouinin pour le saluer. Elle découvre plutôt la dépouille mortelle de Mahouinin Garba dans une mare de sang. Aussitôt, par des cris de détresse, elle alerte les voisins. Les investigations menées ont permis d’appréhender Oumarou Garba détenant un bâton tacheté de sang et une somme de deux cent-vingt-et- un mille (221 000) F CFA provenant de la vente d’un bœuf appartenant à Amadou Garba, le frère aîné d’Oumarou Garba. Cette somme confiée à leur père devait servir à organiser le mariage d’Amadou Garba ».Le bulletin n°1 du casier judiciaire de l’inculpé ne porte mention d’aucune condamnation antérieure et l’enquête de moralité lui est défavorable. Le rapport psychiatrique et médico-psychologique montre que l’accusé est lucide au moment des faits mais à l’examen en décembre dernier, l’accusé qui toussait encore de temps en temps hier à la barre, présente des signes cliniques d’une tuberculose pulmonaire et quelques manifestations impulsives.


Part de vérité de l’accusé

Arrêté et inculpé de parricide, Oumarou Garba a reconnu les faits qui lui sont reprochés à toutes les étapes de la procédure, comme hier à la barre. Mais contrairement à ce qui est mentionné dans les procès verbaux d’interrogatoire à l’enquête préliminaire et à l’instruction, Oumarou Garba ne s’est pas retrouvé dans certaines déclarations à lui attribuées. Il objecte et confie qu’il a plutôt hérité d’un bœuf de sa mère décédée, qu’il a vendu à 222 000 F CFA pour se marier parce qu’il dit être dépassé par les tâches domestiques quotidiennes qu’il accomplit seul. Il avoue avoir vendu la bête, contre le gré de son père. Pourquoi avoir donné des coups à son père, lui ont demandé les juges ? « C’est lui qui me frappait parce que j’avais vendu le bœuf et exaspéré, j’ai tiré le bâton qui était sous le lit et je lui ai donné un coup sur le front avant de m’enfuir ». Est-il bon pour un enfant de frapper son père, demandent les juges ? « Non. C’est l’ignorance, c’est l’enfance », se confond le jeune accusé en baissant la tête. L’inculpé ajoute qu’il n’avait pas l’intention de donner la mort à son père qui l’aimait bien, au-delà du différend au sujet de la vente de bœuf.Contrairement à ce qu’il a déclaré à la barre faisant état de ce que l’événement s’est déroulé dans la chambre de leur case commune, le corps de la victime aurait été retrouvé dans la cour de la maison. Un corps inerte, rigide d’un septuagénaire qui présente une fracture ouverte au niveau de la mâchoire supérieure gauche, siège d’une hémorragie abondante. Les coups auraient été donnés à l’aide d’une arme blanche (un gourdin probablement), mentionne l’agent de santé qui a examiné le cadavre.


Réclusion à perpétuité


Pour l’avocat général, Dine Ali Owé, les réponses à deux questions fondamentales fonderaient le crime de parricide impliquant le sieur Oumarou Garba. Primo, y a-t-il eu meurtre ? Oui, répond-il en se référant au certificat de constatation du cadavre. Secundo, la victime est-elle son père ? Il n’y a l’ombre d’aucun doute : l’accusé même l’a déclaré. Cela amène le ministère public à conclure que les faits répondent bel et bien au parricide. Il essaie alors de montrer le lien de cause à effet entre le(s) coup(s) reçu(s) par la victime et son décès. En la matière, l’avocat général se réfère aux déclarations de l’accusé qui aurait déclaré, à l’enquête préliminaire, avoir préparé son coup, se serait drogué « avec des comprimés et du chanvre indien » afin d’altérer ses facultés mentales pour commettre son « acte ignoble ». Pour Dine Ali Owé, l’acte positif de donner la mort est établi et l’intention de la donner est manifeste. Fort de cela, le ministère public défendant les intérêts de la société demande à la cour de punir sévèrement l’accusé pour donner un signal fort afin que des enfants ne donnent plus jamais la mort à leurs géniteurs sous prétexte de leur soutirer de l’argent ou de s’accaparer des biens quelconques. Il requiert qu’il plaise à la cour, en vertu des articles 295, 299 et 302 du Code pénal, de déclarer Oumarou Garba coupable de parricide et de le condamner à la réclusion à perpétuité et aux frais envers l’Etat.


Requalifier les faits


Dans sa plaidoirie, l’avocat de l’inculpé, Dieudonné Mamert Assogba, affirme tout de go que les conditions constitutives du crime de parricide ne sont pas réunies. Il attaque une à une les pièces brandies par le ministère public, notamment les déclarations préliminaires qu’aurait faites la victime « sous l’effet de bastonnades à la brigade », le certificat d’expertise médicale qui manque de détails importants selon lui, l’enquête de moralité qui comporte des éléments plutôt favorables et non accablants au profit de son client. Il invite la cour à faire preuve de discernement et à ne prendre en compte que les débats qui se sont déroulés à l’audience pour statuer sur « l’incident malencontreux » qui est survenu sur le père de son client. Peut-être que la victime souffrait d’autres maux non révélés avant le coup fatal, suppose-t-il. Au regard de ces éléments, il suggère aux membres de la cour de disqualifier le crime de parricide, de le requalifier en violences et voies de fait ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et d’avoir la main moins lourde quand il s’agira de prendre une sanction qui correspond à son acte, en tenant compte de son jeune âge pour lui permettre de vite se réinsérer dans la société.Au retour du délibéré, la cour a déclaré Oumarou Garba coupable d’avoir commis un homicide sur le nommé Mahouinin Garba avec la circonstance que celui-ci est son père et l’a condamné à 15 ans de réclusion criminelle et aux frais envers l’Etat. Par la même occasion, la cour a ordonné la destruction du bâton de l’accusé mis sous scellés et la consignation au greffe de la Cour d’appel de la somme de 221 000 F CFA retrouvée sur lui après le forfait. L’accusé mis sous mandat de dépôt depuis le 16 avril 2010 est retourné en prison pour y passer encore 11 ans environ.La cour d’assises connaît ce vendredi 11 avril d’un crime de vol à main armée imputé au sieur Guinnin Matchou.

Par Claude Urbain PLAGBETO

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