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Fraternité N° 3590 du 23/4/2014

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Entretien avec Djènontin Wilfrid Martin, inspecteur général pédagogique du ministère de l’enseignement secondaire : « Les examens ne seront pas organisés au rabais »
Publié le mercredi 23 avril 2014   |  Fraternité




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Lentement mais sûrement, les mouvements de débrayages qui ont perturbé le cours normal des activités pédagogiques pour le compte de l’année scolaire en cours sont en train d’être conjugués au passé.

Les responsables syndicaux qui sont rentrés dans cette dynamique ne cessent d’appeler leurs militants à la reprise des cours. Le gouvernement, de son côté ne manque pas de saisir la balle au bond.

Djènontin Wilfrid Martin, inspecteur général pédagogique du ministère de l’enseignement secondaire, se prononce ici sur le sujet tout en insistant sur le bon sens qui doit caractériser chaque acteur du système éducatif.

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Wilfrid MartinDjènontin, inspecteur général pédagogique

Comment appréciez-vous la suspension de la motion de grève de certaines centrales syndicales ?

La suspension de la motion par certaines centrales syndicales est un acte fort. Et cela dénote que nous ne sommes pas uniquement en présence d’instructeurs mais d’enseignants éducateurs.

Parce qu’on oublie souvent que la vocation d’un enseignant, c’est éduquer, c’est-à-dire préparer l’enfant à assumer positivement sa vie sociale. C’était extrêmement écœurant de croire et de penser un instant que des gens bien intentionnés puissent œuvrer à ce qu’une année soit blanche. Ce serait une perte énorme pour la société vu tout ce qu’on injecte dans l’éducation.

C’est un acte que je salue et je remercie tous ces secrétaires généraux de bon sens qui ont ouvert cette lucarne. Le gouvernement de son côté doit œuvrer à garder cette lucarne ouverte en maintenant le dialogue, en continuant à discuter pour voir dans quelle mesure relativement aux autres points, on peut apporter des solutions à moyen et long terme.

Selon certaines informations, des résistances demeurent dans les rangs des syndicats de base…

Si au nom de la démocratie, même s’il y avait des divergences à la base, on fait bloc autour d’une décision et qu’à un moment donné la majorité estime qu’il faut revoir la décision et réorienter l’action et que c’est en ce moment que l’on choisit de faire chorus à part, ce n’est pas juste, ce n’est pas équitable.

Ce n’est pas le jeu de la démocratie. C’est tout à fait normal que des gens ne soient pas d’accord. Car, au moment où le mot d’ordre de grève a été lancé, tout le monde n’a pas suivi. Ce mouvement n’a été suivi que dans les grands centres emblématiques où le positionnement des syndicats est fort. Je prends acte que certaines personnes font de la résistance non plus pour des problèmes purement syndicaux mais pour des intérêts inavoués.

Ce n’est pas une attitude normale. A un moment donné, quand on est en lutte et qu’on a des revendications, on se ravise au vu des progrès enregistrés. A la lecture, on se rend compte que le gouvernement a fait de gros efforts. Des revendications qui datent depuis de nombreuses années ont été satisfaites.

Il ne faut pas non plus occulter les excuses du chef de l’Etat à l’endroit des responsables syndicaux. J’estime qu’il n’y a plus aucune raison qui veut que la motion ne soit pas suspendue tout en laissant la place au dialogue.

Les vacataires sont de leur côté sur pied de guerre au nom de la sédentarisation qu’ils souhaitent obtenir…

Je suis dans des instances qui discutent avec les représentants des vacataires sur la manière de satisfaire certaines de leurs doléances raisonnables.

Mais lorsqu’on constate que pendant qu’on négocie, on voit des vacataires habillés en rouge marcher dans les rues de Cotonou, cette couleur étant symptomatique d’un parti politique, on se pose des questions. Il y a à peu près 42 000 vacataires qui interviennent dans le système éducatif. La revendication liée aux vacataires ne devrait pas revêtir une coloration politique. J’aurais voulu voir les vacataires libérés, marcher et revendiquer.

Ce qu’ils souhaitent depuis quelques années, c’est d’être sédentarisés. Ce n’est pas l’apanage du Bénin que le vacataire est en situation de précarité. La vacation, c’est du tâcheronnat et ce n’est pas que dans l’enseignement. C’est dans tous les secteurs de l’économie. L’explication qui avait été donnée de la sédentarisation, c’est qu’ils naviguent entre plusieurs établissements.

Ils souhaiteraient qu’on fasse en sorte d’alléger leurs difficultés. C’est une revendication qui a priori peut faire l’objet d’analyse et de réflexion. Tant qu’on peut atténuer la difficulté à un individu, on doit pouvoir le faire. Quand on sait que derrière ce mouvement, il y a des non-dits, on doit faire attention.

Aujourd’hui, les vacataires veulent quitter le contexte de tâcheronnat pour avoir une situation permanente. C’est ce qui se cache sous le vocable de la sédentarisation. Je dis que c’est une position un peu malhonnête. Pouvons-nous reverser du coup 42 000 vacataires ? Quel est le besoin réel en vacation ? Nous en avons reversé 12 000 par le passé, pourtant le problème demeure.

La vacation est inhérente au système éducatif et le gouvernement béninois est victime de sa générosité. La vacation ne peut pas être un besoin permanent au niveau de l’individu. C’est une transition pour les jeunes diplômés en quête d’emploi.

Cette année, le gouvernement doit nécessairement faire un recrutement d’au moins 3 000 enseignants. Ceci va couvrir un besoin d’environ 50 à 60%, puisque nombre de vacataires n’exécutent que 4h ou 6h par semaine. Or, l’enseignant recruté intervient à plein temps. Encore qu’on a besoin de la vacation surtout dans l’enseignement technique pour assurer la formation des professionnels. C’est donc une obligation en tant que dispositif d’assurance qualité.

Quand la moralité déserte la fonction enseignante, il y a danger. Quelqu’un qui a prend l’engagement de forger l’autre pour en faire un bon citoyen, et qui du jour au lendemain renie ses propres choix est un danger pour le système éducatif. Il faut aller à la table de négociation avec honnêteté. Le syndicalisme, c’est le corollaire de la bonne citoyenneté. Que les gens apprennent à respecter les textes et la déontologie inhérents à leur choix.

Etes-vous convaincu qu’à partir du 24 avril, les cours reprendront normalement dans les centres où la grève a vraiment sévi ?

De toutes les façons, il faut laisser la chance à ceux qui la méritent. Nous ne pouvons pas aujourd’hui torturer, traumatiser ceux qui depuis le début de l’année, malgré les ressentis qu’ils ont par rapport à certains besoins, certaines revendications, ont quand même un comportement patriote en se rendant aux cours. Et le fait qu’il y ait eu des débrayages toute la semaine dans certaines écoles est contraire à la motion des syndicats. Les lundi et vendredi, les activités doivent se dérouler normalement. Comment peut-on expliquer qu’on ne respecte pas le mot d’ordre de grève qu’on s’est soi-même fixé ?

La nation aspire à la suspension des grèves pour permettre aux enfants, surtout ceux en classe d’examen de terminer l’année. Il faut pouvoir mettre en place maintenant un mécanisme de rattrapage du temps perdu. On ne peut que aller de l’avant. Tout le monde a intérêt à ce que les cours reprennent et que dans le même temps le dialogue se poursuive.

Quel accompagnement comptez-vous apporter aux candidats pour maximiser leurs chances de succès aux examens ?

Aucun enseignant ne veut porter le poids de l’échec de ses élèves. C’est pourquoi chacun dans sa petite cour œuvre et fait l‘effort pour que les élèves rattrapent. Il y a un automatisme au niveau de chaque enseignant et pour ceux qui se respectent et qui rompent les grèves normalement les lundi et vendredi, ils accompagnent les élèves.

Il y a cette dynamique qui est installée. Il y a aussi les travaux dirigés qui sont initiés. A la reprise, la première action sera psychologique. Il s’agira de remettre les apprenants déstabilisés en confiance. Les directeurs départementaux et les chefs d’établissement sont instruits dans ce sens. Il faut rassurer à tout prix les apprenants. On ne va pas organiser des examens au rabais, mais dans le même temps, on ne peut pas faire des évaluations sans tenir compte des conditions de formation. Il y a cette assurance là.

Il y a aussi des stratégies qui ne sont pas appliqués comme les exposés. Les enseignants le font mais pas avec beaucoup d’intensité. La mise à contribution des élèves les plus doués, les plus avancés au sein des groupes de travail pour transférer le savoir et aider leurs camarades à se mettre au pas est aussi de mise.

On recommande aux enseignants de faire attention à l’utilisation des polycopes car contrairement à ce que l’on pense, cela n’aide pas fondamentalement les apprenants. Les enseignants doivent pouvoir choisir les activités adaptées au contexte.

Nous avons déjà recommandé aux chefs d’établissement de privilégier en termes d’allocation de temps et d’accompagnement les classes d’examen. Ce n‘est pas très juste mais on ne peut pas faire autrement vu les circonstances. Aussi, le rattrapage vis-à-vis des classes intermédiaires peut se poursuivre l’année prochaine.

Du côté de l’Etat, un travail est en cours pour réaménager le calendrier scolaire afin de permettre aux moins avancés de progresser pour que les chances de succès soient plus ou moins équitables. Nous recommandons aux parents de faire attention à la vie de leurs enfants après les cours. Les maux de tête répétés sont des signes d’alerte de surmenage. Il faudra y veiller.

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