Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Bénin : marché syndical fluctuant
Publié le jeudi 1 mai 2014   |  24 heures au Bénin


Marche
© aCotonou.com par DR
Marche interdite des anti-révisionnistes
Samedi 24 Août 2013, Bourse du travail, Cotonou : Les membres du parti d`opposition Union fait la Nation et la Convention Patriotique des Forces de Gauche ont vu leur marche interdite par un communiqué du Ministre de l`Intérieur Photo : (A gauche) Pascal Todjinou, Secrétaire Général de la Confédération Générale des Travailleurs du Bénin


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Ils ont marché, ils ont chanté, ils ont mangé et ils se sont divisés. C’est la triste image que reflètent les syndicats au Bénin. L’action syndicale est en piètre état. Il y a à peine trois mois on s’attristait sur leur sort. Visage ensanglanté, chevilles foulées, l’image des responsables syndicaux, brancardés avait soulevé des ouragans de colère et d’indignation.



Solidaires hier, en morceaux aujourd’hui, les responsables syndicaux s’accusent les uns les autres d’avoir reçu le pactole, le gros lot. Les uns auraient reçu du gouvernement et les autres de l’opposition. Les responsables syndicaux au Bénin seraient-ils des bouviers qui emmènent leurs bovins en pâture et une fois sur place, se gavent au détriment du troupeau ? Dans cet imbroglio, les militants à la base sont perdus. Les grèves, les surenchères sont-elles devenues des outils de spéculation pour s’en mettre plein les poches ? Que sont devenues les revendications à l’origine de ces mouvements ?

A part l’annulation du concours frauduleux des ministères des finances, les autres acquis de ces grèves ne sont rien d’autre que des promesses. Et si ces promesses ne sont pas tenues, le risque que dans quelques mois, ces mêmes syndicats s’engagent dans un autre bras de fer avec le gouvernement est élevé. Le bon sens aurait voulu que le cap fût maintenu -tenant compte des dommages irréparables déjà causés au pays- jusqu’à régler une fois pour de bon le différend afin que les prochains mois soient des mois de travail assidu et de rattrapage au besoin. Cela aurait permis d’amortir les effets néfastes des grèves sur l’économie et les citoyens. Il ne sert à rien de surseoir au mouvement pour le reprendre trois mois plus tard. Il ne sert à rien de déplacer une fois encore les problèmes des travailleurs et de remettre les mêmes problèmes sur la table dans trois ou six mois après.

La question non négociable des instigateurs supposés de la bavure policière du 27 décembre 2013 est demeurée intacte. Or la satisfaction de ce point devrait être un préalable avant d’engager les autres négociations. Il est inacceptable dans un pays démocratique qu’un gouvernement ou une autorité puisse délibérément ordonner une répression violente et aveugle. La mort du jeune Prudence Yèdédji à Agbangnizoun au cours d’une marche de protestation ne fait que confirmer l’importance de cette revendication. En balayant ce point important du revers de la main, les responsables syndicaux donnent un permis de violence policière au gouvernement ou ouvrent un boulevard d’impunité. Désormais, un commissaire de police ou un préfet peut à son bon vouloir, donner dans la démesure ou faire usage de la force face à des citoyens sans armes.

Le revirement spectaculaire, le regain de patriotisme des quatre centrales syndicales qui ont levé la motion de grève laissent dubitatif plus d’un. En présentant cette grève comme désormais inopportune, encombrante, antipatriotique ou insurrectionnelle, on peut leur opposer l’idée qu’ils ont utilisé les travailleurs à des fins inavouées. On a fait perdre des milliards à la République, de précieuses heures de formation aux enfants pour venir nous dire enfin que la grève était inutile. Pire, on a du mal à comprendre ces syndicalistes bon teint lorsqu’ils essaient de diaboliser leurs compagnons d’infortune d’hier avec qui, ils ont été bastonnés ensemble en insinuant que ces derniers veulent organiser l’insurrection ou renverser le pouvoir.

Aujourd’hui, on méconnaît presque l’impressario de la lutte syndicale au Bénin, Pascal Todjinou dans sa nouvelle posture de « porte-parole » du gouvernement lorsqu’il explique avec une gravité prudhommesque et sereine au peuple les méfaits de la grève. A l’écouter, on croyait entendre un rapport d’ambassadeur avec des réflexions sages et des aperçus très subtils sur la situation du pays. Son patriotisme intempestif et sa posture de battu satisfait cassent la solidarité syndicale comme on casse l’aile aux oiseaux captifs.

Le mal est fait. Comme les partis politiques avant, le gouvernement a réussi son pari de diviser le mouvement syndical. Il revient aux travailleurs de faire leur propre bilan et de décider qui porte vraiment leur cause.


Jules Djossou Bonou

 Commentaires