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Clin d’œil à l’ORTB et son DG
Publié le dimanche 4 mai 2014   |  24 heures au Bénin




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L’ORTB est mort, avec lui, la force morale du journalisme. La vérité y est repoussée avec horreur. La télévision nationale, la chaine des tavernes présente l’image d’un office noir d’une tristesse de ruine ; plus aucune étincelle de vie, une maison sans talents, sans imagination, sans initiative, sans créativité. A l’heure du journal, que dis-je de la récitation, les « aboyeurs du soir » comme s’amusait à le dire Émile Zola, viennent réciter gentiment leurs fables.


La rédaction est devenue une brigade, un comité de rédaction terne et ennuyeux où on tue dans l’esprit les idées avant leur éclosion. Par ces temps-ci, j’adore regarder le journal télévisé, ce moment où le journaliste, le visage frisquet, les dents crispées, la mâchoire tétanisée par l’acide lactique, vient débiter sans trou de mémoire un contenu pourtant lourd comme du plomb. Prenez garde de regarder ce journal avant d’aller à table.

La digestion est tout autant rude que de digérer du voandzou aux charançons du restaurant universitaire. Le contenu assèche votre bouche, dessèche l’estomac et tarit tous les sucs digestifs.

Le portrait de la télévision nationale est celui d’une maison grasse et oisive. Une maison dans laquelle les journalistes entrent avec obéissance comme la brebis rentre dans un enclos. Cette chaine a pourtant connu des femmes et des hommes talentueux qui nous ont donné le goût de la démocratie par leur indépendance d’esprit.

Je me souviens encore, peu après la conférence nationale, un débat mémorable sur la constitution entre Théodore Holo -je parle du vrai et d’hier, non pas la caisse de résonance d’aujourd’hui- et Thomas Goudou.

Ces moments ont consacré la décennie d’or et écrit les meilleures pages de l’histoire de cette maison que Stéphane Todomè s’efforce volontairement, méthodiquement et rigoureusement d’effacer une à une dans la propagande gouvernementale et la privation du droit de l’opposition d’accéder aux médias d’État. Je ne dis pas qu’il n’y a plus de talents dans la maison.

Mais leur studieuse obéissance, leur adoration de la propagande, leur refus d’honorer leur métier et leur heureuse soumission enlèvent tout crédit à cette maison.

Je ne connais rien au métier du journalisme. Mais je crois savoir que Stéphane Todomè, qui dirige l’ORTB, a été un étudiant brillant du Centre d’Études des sciences et Techniques de l’Information de Dakar, où ont été formés la plupart des journalistes béninois. En réalité, comme d’autres personnes au Bénin, ce n’est pas le talent intrinsèque qui manque.

Mais plutôt ce que les individus veulent en faire et s’ils sont prêts à mettre leur compétence au service de la collectivité, d’un homme ou d’une cause. Aller à la profession de journaliste est presque un sacerdoce. « Il faut tout simplement avoir les reins assez solides, pour se servir d’elle, au lieu qu’elle ne se serve de vous »

L’ORTB est la première vitrine du pays et il devrait être géré avec rigueur. Les étrangers qui visitent notre pays ont leur première impression du pays et de la presse béninoise à travers la lucarne que constitue cette chaine. Il est fréquent de les entendre vous demander si le Bénin est un État religieux puisque les 90% du journal parlé sont consacrés aux prières au chef de l’État.

Dans ce contexte, tout observateur lucide s’interroge. À quoi sert la HACC ? Sanctionner ou briser le cou à tout organe qui essaie de distiller de l’information indépendante ? La responsabilité de la HAAC se résume-t-elle à engraisser quelques professionnels des médias via la distribution de l’aide de l’État à la presse privée ?

Que fait-elle face à l’intoxication religieuse diffusée par l’ORTB ? Il est à souhaiter qu’au soir du 6 avril 2016, Yayi Boni puisse emporter dans ses valises la médiocrité actuelle de la chaine des grands évènements (pour ne pas dire grands « errements ») . Et que l’ORTB se fasse une nouvelle beauté avec des hommes et des femmes qui croient en leur métier et surtout au rôle important qui est le leur dans une démocratie aussi fragile.

Jules Djossou, Bloggeur

NDR : Nous sommes pas d’accord avec la réflexion de l’auteur, mais nous nous battrons pour qu’il ait le droit de le dire chaque fois et toutes les fois

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