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Entretien avec Isabelle Nocus, Maître de conférences en Psychologie du Développement
Publié le lundi 5 mai 2014   |  Educ'Action


Isabelle
© Autre presse par DR
Isabelle Nocus, Maître de Conférences en Psychologie du Développement


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« Les langues nationales comme langues d'enseignement à l’école avec le français, ….ont un impact positif pour le développement de l’enfant »
Maître de conférences en Psychologie du Développement à l’Université de Nantes, membre du Centre de Recherches en Education et spécialiste dans le développement bilingue de l’enfant, et notamment dans l’évaluation de dispositif qui valorise les langues nationales à l’école avec le français, Isabelle Nocus, en mission de formation au Bénin, s’est volontiers, prêté à nos questions. Educ’Action : Qu’est-ce que le CREN et depuis quand travaillez vous avec ce centre ?

Isabelle Nocus : Le CREN, c’est le Centre de Recherche en éducation de Nantes. J’ai intégré ce centre de recherche en éducation depuis très peu de temps, trois ans et donc c’est un laboratoire qui s’intéresse à l’éducation de façon très générale, un laboratoire dont les membres sont de disciplines très différentes comme les sciences de l’éducation, la socio linguistique, la didactique et donc la psychologie aussi fait partie de ce laboratoire. Donc on a un laboratoire qui s’intéresse à toutes les questions d’éducation ; et l’autre travail personnel, c’est de s’intéresser dans le contexte de la francophonie mais aussi dans le contexte international à la question de l’éducation en contexte multilingue. Ça c’est notre particularité à nous.

Quel intérêt y -a-t-il à apprendre dans sa langue maternelle dans le contexte africain ?
Ah oui il y a un intérêt, c’est la recherche internationale qui nous montre tout d’abord que le bilinguisme, le plurilinguisme est un atout, c’est-à-dire qu’être bilingue, pouvoir maîtriser deux langues, ça permet à l’enfant de développer un certain nombre de capacités, de compétences dans plein de domaines au niveau cognitif comme la mémoire, comme le raisonnement mathématique, etc. au niveau langagier puisque ça permet en maîtrisant une langue, de maîtriser beaucoup de compétences autour du vocabulaire, de la phonologie, etc. et quand on maîtrise deux langues parfaitement, eh bien on a ce qu’on appelle des effets de transfert inter-langue. Tout cela a des avantages dans les apprentissages. Le problème, c’est qu’il faut réunir deux conditions pour qu’un individu développe ce qu’on appelle ‘’un bilinguisme additif’’ c’est que premièrement, il faut qu’il ait l’occasion de maîtriser les deux langues. Et puis la deuxième condition, il faut valoriser les langues. Et l’école pour beaucoup de familles est un symbole très fort dans l’éducation. Et quand l’école montre qu’on fait l’enseignement dans deux langues, eh bien elle donne un bon modèle, et donc elle valorise ces langues. Donc en utilisant les langues nationales comme langues d'enseignement à l’école avec le français, non seulement on développe le bilinguisme dans de bonnes conditions, mais en plus on valorise les langues. Et tout cela a un impact positif pour le développement de l’enfant, pour ces apprentissages scolaires et pour sa réussite dans la vie.

Vous êtes au Bénin pour former les superviseurs des huit (08) pays Elan. Quelle est votre appréciation du niveau des superviseurs qui ont été retenus ?
Nous avons été très exigeants dans le choix des superviseurs, c’est-à-dire que nous voulons avoir des cadres d’orientation, nous voulons des personnes bilingues, des personnes ayant des connaissances de l’évaluation, des personnes qui sont capables de créer des outils. Et donc nous sommes vraiment satisfaits de ce choix, on n’a pas fait de mauvais casting puisque nous avons des personnes de qualité de ces 08 pays. Ça donne un engouement par rapport à cette formation. Du coup, on a des gens motivés et engagés parce que c’est une question d’engagement puisqu’on est entrain de réfléchir à l’avenir des enfants africains ; et donc il faut avoir un minimum de motivation et d’engagement ; et on a des gens qui sont précis, méticuleux et donc qui sont très efficaces puisqu’ils ont quand même beaucoup de tâches à réaliser. Non seulement ils conçoivent les outils d’évaluation en langues nationales mais en plus ils doivent superviser la mise en œuvre de l’évaluation dans chacun de leur pays, de retour chez eux. Donc, c’est vraiment une grosse responsabilité.

Quelle sera la prochaine étape, dans la mise en route du projet Elan ?
La prochaine étape c’est que suite à cette formation, chaque superviseur va rentrer dans son pays et former des évaluateurs ; Les enfants seront ensuite évalués. Ils seront évalués en groupe expérimental, et en groupe de contrôle. Les superviseurs feront la saisie des données puisqu’on a une saisie très sérieuse de toutes les données ; on des milliers de données par pays, nous avons un gros travail ; ensuite ils nous envoient le fichier de résultats que nous analyserons afin d’élaborer un rapport de recherches sur ces données. Mais pour que ce rapport de recherches soit le plus objectif possible, on aura des échanges avec eux pour interpréter du point de vue contextuel ces données. C’est un vrai partage entre des scientifiques et des cadres de l’éducation c’est-à-dire que nous on a conçu cette méthodologie d’évaluation, on a conçu la conception du protocole, nous analysons ces données mais on ne peut pas faire ce travail sans l’apport de ces superviseurs-là et pour les autres membres du point focal, par exemple pour analyser de façon très contextualisée les données. C’est vraiment un échange de savoirs entre nous puisque c’est à travers nos échanges que l’on peut vraiment comprendre la situation.

Après cette analyse conjointe des données, quelle sera la suite du projet ELAN ?
Après l’analyse des données, eh bien, il y aura une troisième évaluation fin CP2 où nous aurons des résultats ; donc l’idée, c’est de voir au bout de trois évaluations, trois temps de mesure auprès des enfants, s’il y a un gain dans le groupe expérimental par rapport au groupe de contrôle pour que chaque pays puisse avoir des éléments d’explication. L’idée, c’est de montrer si le dispositif ELAN apporte une plus-value aux enfants et cette plus-value se mesurera par rapport au progrès des enfants dans les épreuves qu’on leur propose en langues nationales et en français, et puis aussi, la comparaison dans le temps, en temps de progrès et la comparaison entre les deux groupes. Donc voilà, de cette plus-value-là, selon les résultats on les analysera justement pour savoir pourquoi il y a, oui ou non, des différences et ensuite si jamais on montrait un impact positif du dispositif ELAN, eh bien on pourrait penser à une extension du dispositif, voire même une généralisation et ça devient une décision souveraine des pays.

La qualité des enseignants qui sont sur le terrain, est un élément clé dans la réussite de ce projet. Que faites-vous dans ce sens ?
Alors nous notre évaluation porte sur la plus-value du côté des enfants, mais vous avez tout à fait raison, la qualité des enseignants est importante ; A notre niveau, nous essayons de travailler sur un carnet de bord qui aura ses limites, mais en revanche dans le carnet de bord qui permet de décrire ce qui se fait dans les classes, dans quelle langue on aborde telle compétence, à quelle fréquence, etc. donc on essaie d’y réfléchir, ce qui n’est pas évident ; et puis on essaiera d’apporter des éléments du côté de l’enseignant. Mais je dirai que c’est plutôt dans les langues pilotes qu’il y a un travail qui se fait, et là, c’est le comité scientifique de ELAN-PILOTE qui fait des visites régulières pour aller voir les enseignants dans les classes pour voir ce qui s’y fait et réguler les choses etc. donc l’évaluation sera plutôt du côté de ELAN-PILOTE. Nous, on est vraiment du côté de ELAN-EVALUATION chez les enfants.

Vous avez passé plusieurs jours au Bénin, que retenir de votre passage sur cette terre d’Afrique de l’Ouest ?
C’est la deuxième fois que je viens au Bénin. J’étais venue en Octobre dernier puisque j’ai été moi-même former les évaluateurs et les superviseurs du Bénin qui n’avaient pas pu assister à l’atelier qui s’était tenu à Dakar et donc je suis moi-même venue les former. J’ai été enchantée et c’est pour cette raison que j’ai tenue à venir une deuxième fois parce que, ici au Bénin, l’accueil est très chaleureux; je garde une excellente impression, et je souhaite pleins succès à ELAN.

Propos recueillis par Ulrich Vital AHOTONDJI

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