Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



La Presse du Jour N° 2147 du 4/6/2014

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Opérations immobilières de la Cen-Sad : 42 hectares mal gérés, mal contrôlés et mal évalués (L’UN exige une commission d’enquête parlementaire)
Publié le vendredi 6 juin 2014   |  La Presse du Jour




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le ministre de l’urbanisme, de l’habitat et de l’assainissement, Christian Sossouhounto a enfin planché devant la représentation nationale sur le dossier relatif à la gestion des villas Cen-Sad. Il avait à ses côtés son collègue Jonas Gbian de l’économie et des finances. Dans la communication qu’il a présentée hier, jeudi 05 juin 2014, le ministre Sossouhounto a laissé sur leur faim nombre de députés, y compris certains de la mouvance présidentielle.
Quatorze mois après la question orale avec débat adressée au gouvernement par l’honorable Eric Houndété sur la gestion des opérations immobilières effectuées en 2007 et 2008 dans la cadre de la tenue au Bénin de la conférence au sommet de la Communauté des Etats Sahélo-sahéliens, les députés sont restés sur leur faim. Sur l’ensemble des huit questions posées par le Président du Groupe parlementaire « Union fait la Nation », les réponses apportées par l’Exécutif ont tout simplement montré la légèreté avec laquelle le gouvernement a géré ce volet du sommet de la Cen-Sad.

Selon le ministre Sossou-hounto, le programme a couvert une superficie totale de 42 ha 32a 97ca répartie entre l’ex-champ de tirs et la plage ouest de Cotonou. Au total 15 projets immobiliers ont été initiés par 11 promoteurs. Pour ce qui est du budget prévisionnel et définitif de chaque projet, le gouvernement n’a pas été capable de fournir des chiffres. Le ministre Sossouhounto a laissé entendre qu’une équipe interministérielle rentrera en contact avec tous les promoteurs pour recueillir les informations en vue de comparer les données relatives au budget prévisionnel et définitif de chacun de ces projets. En termes de facilités, dira le ministre, seules les exonérations spécifiques ont été accordées à tous les promoteurs. Soit un total de plus de dix milliards deux cent soixante trois millions de francs Cfa. A la question de savoir le coût de cession des terrains et le montant total des recettes encaissées par le gouvernement, le représentant du gouvernement a déclaré une somme de 634.704.500 francs Cfa. Ce que les députés ont estimé à 1500 le m2 en bordure de mer à Cotonou.
Comme on peut le constater, la réponse du gouvernement a péché par une sorte de rétention d’information au sujet de ce dossier qui a déjà conduit des ministres dans les liens de la justice. Autant d’éléments qui ont fondé les critiques des députés de l’opposition et influencé la défense de la mouvance.
Les interventions qui ont suivi la présentation du ministre Sossouhounto ont été très acerbes. Mis à part quelques députés enchaînés par les relations de subordination qui les lient au Chef de l’Etat (ce qu’a dénoncé l’honorable Augustin Ahouanvoébla), tous les intervenants ont dénoncé la gestion calamiteuse qui a été faite du dossier Cen-Sad. Et pour voir clair dans cette affaire, l’honorable Gabriel Tchocodo a suggéré la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Lire ci-dessous certaines de ces déclarations.

Quelques déclarations

Député Eric Houndété (opposition parlementaire) : «…Le gouvernement devrait avoir eu le temps de répondre à ces questions. Vous devriez être désolé comme moi d’entendre le gouvernement dire qu’il ne peut pas être capable d’évaluer les dividendes d’une activité qu’il a menée depuis 5 ans. Le gouvernement n’a pas été capable d’évaluer les ressources qu’il a englouties dans cette opération. D’ailleurs, lorsque la question a été posée, le gouvernement n’a pas été capable de venir répondre. Le gouvernement a attendu 14 mois après pour chercher une échappatoire, pour aller fabriquer un petit document qu’il vient nous présenter. Prenez chacune des questions qui ont été posées. Ce sont des questions précises. Lorsque vous lisez l’introduction de la communication du Ministre, vous vous rendez compte comme à l’accoutumée qu’il s’agit d’une grossière improvisation. Rien à été planifier. C’est les Ghanéens qui nous informent que ce que nous voulons faire, nous savons déjà le faire chez nous (…) Vous n’avez aucune justification des options qui ont faites par le gouvernement. Quand nous avons demandé combien les terrains ont coûté. C’est 600 millions de Fcfa que le gouvernement a encaissés pour 42 hectares en plein Cotonou ! En bordure de mer ! C’est vrai qu’on a voulu donner des facilités aux promoteurs. Mais là, c’est une facilité qui n’a pas de mesure. Est-ce que dans le choix de l’action publique, nous travaillons pour les populations qui ont besoin d’être logées ou pour les privilégiés ? Si demain nous avons un autre sommet à organiser, que ferions-nous puisque ces villas ne sont pas construites pour des résidences hôtelières ? Est-ce que l’action gouvernementale sert les populations ? La plupart des projets qui n’ont pas connu un aboutissement heureux sont des projets confiés à des partisans du pouvoir Boni Yayi… »

Député Antoine Kolawolé Idji (opposition parlementaire) : « …J’ai visité quelques villas magnifiques. La plupart d’entre vous n’auront jamais l’une de ces villas là. Pour construire ces villas, on a vendu les parcelles à moins de 1500 Fcfa le mètre carré. Certains de ces terrains sur lesquels rien n’a été construit sont déjà revendus aujourd’hui à 30.000 Fcfa le mètre carré. Vérifiez ce que je dis si vous n’en êtes pas convaincus! C’est ça, Cotonou qu’on veut faire ? Je veux que les Cotonois réagissent par rapport à ce débat et qu’on leur dise qu’on a construit des villas à 600.000 Fcfa, à 1.300.000.000 Fcfa (…) Je ne parle pas ici en tant qu’un opposant. Je parle comme un citoyen de Cotonou qui vit dans les marécages. Ce qui est là est une mascarade. Aucun d’entre nous ne doit accepter ça. Nous devons aller plus loin et regarder ce qui s’est passé (…) Si vous avez de l’argent, vous achèterez à 15.000.000 Fcfa une parcelle de 500 mètres carré qui a été vendue par le gouvernement à moins de 700.000 Fcfa. Et puis certains de ces terrains appartiennent à des propriétaires munis de titre foncier. Ce que le gouvernement a exproprié à ces propriétaires, les tribunaux leur ont donné raison et le gouvernement paiera. Peut-être pas ce gouvernement, mais le Bénin paiera comme le gouvernement paiera la condamnation de la Ccja. Il faut que les Béninois sachent que ce gouvernement est en train de mettre le pays à genoux et nous aurons des centaines de milliards de dettes dès que ce gouvernement partira… »

Député Gabriel Tchocodo (opposition parlementaire) : «…Sous d’autres cieux, c’est-à-dire dans d’autres pays, lorsque des sommets tels que celui de la Cen-Sad tenu au Bénin sont organisés, ça profite à tout le monde. Mais au Bénin, ça a profité à des individus, à des amis politiques. Cela se faisait ainsi hier. Mais normalement, ce ne devrait plus se produire parce que l’actuel gouvernement nous a promis le changement et nous y avons cru. C’est pourquoi je ne m’entends pas avec les collègues qui ont tendance à critiquer les gouvernements précédents. Celui qui est actuellement à la tête du pays, à son arrivée, a dit que ceux qui ont dirigé le pays avant lui l’ont mal fait et qu’il est venu pour mieux faire. Où est le changement qu’ils nous ont promis ? Ils n’ont pas le droit d’échouer, ceux qui nous dirigent actuellement. La question en débat aujourd’hui a été posée au gouvernement depuis le 4 avril 2013 alors que le sommet s’est tenu du 11 au 18 juillet 2008. Pour une question qui a été posée depuis 14 mois, le gouvernement n’a pas cru devoir répondre. La fois dernière, on a été encore obligé de reporter la réponse du gouvernement à ce jour. Cela veut dire clairement qu’il y a quelque chose qu’on est en train de nous cacher (…) Nous avons appris que les terrains ont été vendus aux promoteurs au prix de 2000 Fcfa le mètre carré. Les promoteurs ont bénéficié d’importantes exonérations fiscales sur les matériaux de constructions ; et aujourd’hui, ces mêmes promoteurs vendent les villas construites, toutes taxes comprises. N’est-ce pas là un enrichissement sans cause. Certains de ces promoteurs que j’ai eu la chance de connaître n’ont jamais évolué dans le domaine des Btp. Mais comme il s’est agi de la Cen-Sad, tout le monde est devenu subitement entrepreneur parce qu’il y a avait à manger et à boire. La réalité est que certains de ces promoteurs ont saisi l’opportunité des exonérations fiscales pour importer hors taxe d’autres articles qui n’entrent pas dans la construction des villas de la Cen-Sad. Des stocks de marchandises sont tellement rentrés dans le pays au point où ils en ont convoyés vers le Nigeria. Les explications du Ministre ont provoqué un flou artistique dans ma tête. C’est pourquoi je propose aux collègues députés, la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire pour aller voir ce qui s’est réellement passé et rendre compte au peuple béninois… »

Députée Rosine Vieyra Soglo ( majorité parlementaire) : «…J’ai eu à visiter quelques villas de la Cen-Sad et je crois avoir entendu dans le temps que le président Mouamar Khadafi, paix à son âme, a financé une partie de ce projet de construction des villas. Est-ce que c’est vrai ? J’ai visité les villas et il y en a qui sont des cages à lapins. Mais le constat est que beaucoup de villas ne sont pas terminées. On a vite fait d’avoir quelque chose de vite fait. Il y a spéculation immobilière et personne n’en parle. On aimerait savoir combien l’Etat béninois a récupéré réellement de ces constructions ? Combien ça nous a rapporté ? J’aimerais savoir combien le groupe Fadoul a payé à l’Etat béninois. Enfin, je voudrais dire une chose. Ces villas sont vendues aujourd’hui à prix d’or. J’en sais quelque chose. En plus, il faut les refaire totalement. Elles sont inhabitables. C’est pour ça que je parle de spéculation immobilière… »

Députée Claudine Afiavi Prudencio (majorité parlementaire) : «…Dans sa communication, le Ministre Christian Sossouhounto disait que les villas LAAICO-Bénin sont construites sur un domaine privé. Sachant bien que ce domaine a été réservé au Bénin Marina Hôtel, je voudrais savoir si c’est le propriétaire du Bénin Marina Hôtel qui a cédé le domaine à LAAICO-Bénin. Dans la communication, on dit que l’opération a couvert 42 hectares. En fouillant, j’ai constaté que les promoteurs nationaux n’ont pris que 9 hectares. Est-ce que les nationaux ont refusé de construire les villas pour qu’on donne la majorité du projet aux non-nationaux ? J’ai des proches à moi qui ont acheté quelques villas parmi les villas construites et le constat fait est que ce sont des villas qui ont été construites à la va-vite. C’est des villas qui coulent. La plomberie tombe. Et pourtant, elles sont vendues à des prix exorbitants… »

Député Jonas Gbènamèto (opposition parlementaire) : «…Ma préoccupation, c’est la disponibilité de ces villas-là après le sommet. Si l’Etat béninois a consenti de tels sacrifices et n’est pas arrivé à imposer, dans une certaine proportion, des villas à faire rentrer dans le patrimoine de l’Etat et nous éviter des errements possibles pour d’éventuelles organisations du genre du sommet de la Cen-Sad, c’est que nous avions eu une vision courte de l’avenir de notre pays. Que ferions-nous demain si nous devons encore abriter de tels sommets ? Où aurons-nous les terres pour les attribuer à des promoteurs ? … »

Réalisé par Tobi Ahlonsou

 Commentaires