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Le Matinal N° 4366 du 10/6/2014

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Présidentielle de mars 2016 : Gbadamassi dévoile le plan de Yayi
Publié le mardi 10 juin 2014   |  Le Matinal


Rachidi
© Autre presse par DR
Rachidi Gbadamassi


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A vouloir trop plaire à son nouveau guide spirituel, Rachidi Gbadamassi a fini, consciemment ou inconsciemment par dévoiler le plan secret des mouvanciers : se maintenir au pouvoir contre vents et marées et quel que soit le prix à payer. Il a été si loquace que, de temps en temps, le président le ramène à l’ordre en lui imposant une certaine discrétion face à cette ambition commune. Retour sur les gaffes d’un député sur la braise ...

Bembèrèkè, le 31 mai 2014. Une chaleur étouffante régnait dans la ville. Avec les pluies qui se faisaient attendre, la situation des habitants de Bembèrèkè n’est pas des plus enviables. C’est à peine que l’air circulait à travers cette ville sous forme de cuvette qui a connu deux des présidents les plus mystiques et les plus contrastés de l’Afrique. Le sergent Etienne Gnassingbé qui deviendra plus tard le général Gnassingbé Eyadéma. Et bien sûr, le général Mathieu Kérékou.

C’est également la ville qui a le plus profité des dix ans du président Yayi Boni sans avoir rien fait pour son accession au pouvoir en 2006. Bembèrèkè a ainsi eu environ deux ministres, deux généraux, des directeurs, des conseillers à la Présidence... Bembèrèkè a pleinement profité en tout point de Yayi Boni. Mieux, la plupart des ressortissants de cette ville qui s’égosillent et chantent aujourd’hui Yayi Boni étaient ses pires ennemis en 2006.

Gbadamassi piège Yayi…

Est-ce pour cette situation de bonheur volé que les cadres de cette ville, à la moindre nomination, accourent dans cette ville comme des mouches devant un pot de miel pour s’adonner à ce rite désormais inscrit dans les gènes des hommes politiques d’obédience « Yayiste » ? Remerciements pour la nomination d’un cadre, prières pour le bonheur et la longévité du président au pouvoir ; prières pour la damnation de tous ses ennemis ; enfin, la dernière trouvaille, prières pour le remercier pour son « vrai faux pardon » accordé. Sans oublier les marches ...

C’est dans cette ambiance que le Buffle de Parakou, qui ne déteste pas le micro, prit la parole. Et ce qu’il a dit a de quoi faire froid au dos de tout démocrate. Dans un premier temps, l’honorable Rachidi Gbadamassi, qui, a échappé de peu à une Cour d’Assises à cause du gouvernement qui a interjeté appel de la décision de non-lieu le concernant, rappela que le président Yayi Boni n’aurait « désigné aucun dauphin ».

« Tous ceux qui viennent vous dire qu’ils ont été envoyés par le président sont des menteurs », proclama-t-il.

Mais plus grave encore, le député osa affirmer qu’on ne doit pas connaître « le dauphin d’un roi du vivant de ce dernier ». Autrement dit, tant que Yayi Boni est vivant, personne ne doit chercher à être président.

Il faut attendre sa mort, son enterrement, ses cérémonies funéraires avant d’oser parler de successeur. C’est à croire qu’il s’agit ici du trône du royaume de Tchaourou. Or, même là, on peut avancer sans risque de se tromper que Tchaourou n’a jamais été historiquement une chefferie, encore moins un royaume. Le président Yayi Boni est donc mal placé pour se prendre pour un roi. A fortiori, pour proclamer qu’on ne doit pas parler de son successeur de son vivant.

D’où vient alors cette idée ? On ne saurait dire qu’il s’agit d’une imagination de Rachidi Gbadamassi. Car, le ministre Komi Koutché a confirmé lesdits propos en rappelant : "Le président de la République n’a pas encore porté son choix sur quelqu’un ... on ne choisit pas le dauphin du roi du vivant de ce dernier ... ".

Si un ministre ose abonder dans le même sens que Gbadamassi, c’est qu’il y a anguille sous roche. Les orateurs de Bembèrèkè (on peut le dire) ont donc le soutien du président de la République. « Un enfant envoyé par son père pour voler n’y va pas en cachette », Il brise la porte en plein jour et vole, C’est ce que nos ministres ont fait. Or, ils ont tous trahi les pensées de Yayi Boni. Si, qu’ils peuvent tenir de tels propos. Mais pas publiquement. Le président aurait bien voulu, qu’ils les tiennent off record. Comme lui-même a d’ailleurs l’habitude de le faire.

Rachidi Gbadamassi n’est pas à son premier forfait. Il avait déjà dit que le Ko douteux de 2011 se répétera en 2016. Autrement dit, Yayi Boni sera candidat et passera une fois encore au premier tour.

C’était tellement gros que les mouvanciers eux-mêmes ont décidé de laver le linge sale en famille. Gbadamassi fut rappelé à l’ordre et prié de démentir cette idée pour le moins farfelue. C’est ainsi qu’il a été obligé de dire qu’il parlait de « système » et non de Yayi Boni. Mais le mal était déjà fait et confirmait ainsi ce que l’on a toujours soupçonné : le président n’a jamais eu l’idée de partir. Comme le dit d’ailleurs un de ses ministres en fon : « Dôtô ma sê tin ».

Le puits ne bouge jamais. Mais ce que ce ministre ignore, si l’on ne peut pas faire bouger le puits, on peut tout de même le boucher en le remplissant d’ordures ...
De toute façon, il faut remercier Gbadamassi et louer son courage mais surtout, son franc-parler. Il a dit tout haut ce que tous les membres du système Yayi pensent bas. Il a révélé un secret que l’on peut taxer certes de polichinelle, mais Gbadamassi et Komi Koucthé lui ont donné un cachet officiel. Les masques sont donc tombés. D’où le piège à Yayi qui ne peut ni démentir, ni confirmer.

S’il dément publiquement les propos de Gbadamassi et de Koutché, alors, il aura détruit tout le travail commencé au nord depuis des mois. En effet, des émissaires, et pas des moindres, sont envoyés régulièrement au nord pour préparer les populations à demander un troisième mandat au président. Des rois ont été ainsi démarchés. « Si Yayi Boni quitte le pouvoir, le nord est foutu », disent-ils là-bas. Aujourd’hui, si Yayi Boni démentait publiquement les propos de ses proches, il aurait ainsi détruit tout ce travail abattu.

« Gbadamassi sera détruit... »

De même, confirmer ces propos, revient à se mettre toute la communauté internationale au dos. Ce sera la preuve, une fois de plus, que le président Yayi Boni n’a aucune parole. Comme le dit un journaliste de « La Nouvelle Tribune », c’est le même Yayi Boni qui a déclaré, urbi et orbi, (il se plaît lui-même à rappeler qu’il a dit au Pape Benoit XVI et au président Obama) qu’il ne briguerait pas de troisième mandat. A l’intérieur du pays, il aurait mis lui-même le feu aux poudres. Les syndicats n’attendent que cette confirmation pour déterrer la hache de guerre.

Il faut donc décorer Gbadamassi. De l’intérieur des Fcbe, il mène sa lutte en solo. Seuls peuvent comprendre les avertis. D’ailleurs, la plupart des mouvanciers ne sont pas dupes. A commencer par le président Yayi Boni qui, sans l’avouer, ne porte pas du tout le Buffle de Parakou dans son cœur. A la moindre occasion, il ne le ratera pas. Et Gbadamassi lui-même le sait.

Tous jouent à « je t’aime, moi non plus ». De toute façon Gbadamassi sait qu’il est surveillé comme le lait sur le feu. D’ailleurs, à Bembèrèkè, le ministre aurait appris que l’honorable avait démarché les journalistes pour que certains de ses propos passent off record. Pour contrecarrer Gbadamassi, Komi Koutché a dû improviser.

C’est pour cela qu’il a tenu à préciser : « Comme l’a dit l’honorable Rachidi Gbadamassi, ... Le président de la République n’a pas encore porté son choix sur quelqu’un ... on ne choisit pas le dauphin du roi du vivant de ce dernier ... ». Vous auriez sans doute remarqué que sans l’intervention de Komi Koutché, on n’aurait jamais su que ces propos venaient de Gbadamassi.

Il est encadré, entouré, espionné. Une filature constante a été mise en place pour surveiller ses déplacements. Mais les législatives sont le plus grand piège qui guette Gbadamassi. Pour les ténors des Fcbe, Gbadamassi doit être exclu de cette liste. Tout est fait pour ça. Les membres influents y compris le président pensent même qu’il ne doit en aucun cas être élu.

Le schéma est très simple.

La liste de cette Circonscription électorale (Parakou, Tchaourou, N’dali et Pèrèrè) sera dirigée par le ministre de la Défense, Ali Yérima qui est d’une très grande famille de Parakou. Il sera suivi en deuxième position par Adam Bagoudou, neveu du président qui a même commencé sa campagne de proximité.

La troisième place reviendra à Sacca Lafia. Et la quatrième place reviendra à Ndali. Une ancienne ministre et un cadre sont encore en concurrence. Les éléments légers comme Chabi Sica seront des suppléants. Gbadamassi sera aussi suppléant du ministre de la Défense. Il ira à l’Assemblée nationale si le ministre était reconduit à son poste (Lol).

Un plan « b » est déjà en cours d’élaboration. On fait croire à Gbadamassi qu’il est tête de liste Fcbe. On l’amadoue jusqu’à la dernière minute. A la Céna, après la clôture du dépôt des dossiers, lorsqu’il ne pourra plus aller avec une autre liste, on retire tranquillement son nom.

Mais, selon les proches de Gbadamassi, il aurait déjà trouvé la parade à toutes ces attaques en gestation. L’avenir nous le dira.

Charles Toko

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