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La Presse du Jour N° 2150 du 10/6/2014

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Janvier Yahouédéou sur la gestion du pays : « Je pense que ce pardon n’était plus utile»
Publié le jeudi 12 juin 2014   |  La Presse du Jour


Janvier
© Autre presse par dr
Janvier Yahouédéou, ex collaborateurs du chef de l’Etat.


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L’ancien député et coordonnateur des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) Janvier Yahouédéou a dans un entretien réalisé sur la radio Océan Fm dans l’émission Cartes sur table, dimanche 08 juin 2014, manifesté sa profonde tristesse et déception face à la gouvernance de Yayi Boni. Face à ses nombreux échecs et coutumier des décisions mal inspirées dans une série de dossiers (Pvi, coton, Table ronde de Paris, Ajavon, pardon de l’empoisonnement et du coup d’Etat….), Yayi Boni doit aller à l’école de Nicéphore Soglo, qui selon Janvier Yahouédou a géré ce pays et surtout les hommes d’affaires avec clairvoyance, détermination et patriotisme. Autant d’atouts qu’on ne retrouve pas chez l’actuel président de la République. Un conseil de l’ancien parlementaire et candidat malheureux à la présidentielle de 2O11 au chef de l’Etat : c’est déviter d’avoir des comportements va-t-en-guerre en toute chose. Lire son interview.
Honorable Janvier Yahoué-déou, vous avez suivi le discours du Chef de l’Etat du 14 mai dernier dans lequel il accordait son pardon à Patrice Talon et à certains compatriotes dans les affaires tentative d’empoisonnement et tentative de coup d’Etat. Comment analysez-vous ce pardon ?

Je pense que ce pardon n’était plus utile. Si ce pardon avait un fondement, il aurait été bien apprécié au moment où il y avait des tensions dans le pays, au moment où il y avait de craintes au sein de l’opinion. Mais aujourd’hui, Yayi Boni a perdu tous ses procès de Cotonou jusqu’à Paris avec des non-lieux partout. Puis du jour au lendemain, il parle de pardon que des gens ont voulu rendre célèbre. Pour moi, c’est un non-évènement. Quand j’ai entendu cette histoire, j’ai failli perdre mon intelligence parce que je n’y comprenais rien. Pardon pourquoi ?

Pardon puisqu’il a parlé d’une lettre dans laquelle Talon aurait fait des aveux.
Vous avez vu cette lettre ? Sur Rfi et partout, les gens ont réclamé cette lettre. L’avocat de Patrice Talon a réclamé la lettre. Si ça existait, on l’aurait vue à la télé. Surtout que les chaînes de télévision sont devenues pratiquement la tribune de Yayi Boni par excellence et exclusivement, je crois qu’on aurait vu cette lettre-là. Je ne l’ai pas vue. Moi, je ne crois pas. Et puis à mon avis, après son bilan piteux à la tête de ce pays sur tous les plans, un bilan à faire pleurer, le président Yayi Boni ferait mieux de demander pardon aux mannes de nos ancêtres, pardon à Allah, le miséricordieux, pardon à Dieu tout puissant, au grand architecte de l’univers pour tout le mal qu’il a pu faire consciemment ou inconsciemment à ce peuple. C’est à Dieu de le pardonner. Je crois que dans un pays, il y a toujours des hommes d’affaires puissants, des hommes d’affaires de référence comme Patrice Talon, Sébastien Ajavon et autres sur lesquels repose l’économie d’un pays. Je me rappelle qu’avant l’arrivée au pouvoir du président Nicéphore Soglo, un grand homme, le Bénin cultivait environ 90 000 hectares de coton. De 90 000 hectares, le président Soglo a réussi à propulser la superficie à 360 000 hectares en 1996. Déjà en 1989, la production cotonnière totale était environ 104 000 tonnes, saison 89-90. De 104 000 en moins de 6 ans, la production cotonnière est passée à 442 OOO tonnes, saison 96-97. Ce que je dis, je n’invente pas. C’est écrit dans mon livre, « Les vraies couleurs du Caméléon » que j’ai fait paraître en 2002. Donc avec une telle production et rien qu’avec le coton, la Sonapra contribuait au quart du budget national. Et le coton qui représentait à peu près 77% des exportations du Bénin d’après à l’époque l’évolution des exportations par groupe de produits entre 92 et 2000. Avec ce taux-là, ça signifie que le coton représentait environ 721 milliards sur une valeur globale de 929 milliards. Aujourd’hui, la Sonapra est dans le rouge. Allez faire vos enquêtes M. le journaliste. Soglo doit sa réussite dans ce secteur grâce bien entendu à son patriotisme, à la qualité et à la confiance qu’il avait pour ses ministres, à sa valeur intellectuelle mais aussi et surtout au courage et à la détermination d’un homme qui n’était personne d’autres que Patrice Talon à l’époque. Je parle bien des années 1991. La richesse de Patrice Talon ne date pas de Yayi Boni et la valeur de Patrice Talon ne date pas de Yayi Boni.
Le Chef de l’Etat a dit que Patrice Talon s’est enrichi sur le dos de l’Etat.
Il s’est enrichi mais est-ce que le Bénin ne s’est pas enrichi ? C’est ça ce qu’il vaut régler comme problème. Il ne faut pas tout le temps persécuter les hommes d’affaires qui sont riches. Ils étaient riches avant son arrivée au pouvoir. Peu importe qu’ils soient riches ou pas. Bolloré à qui il donne des marchés, n’est-il pas riche ? Lorsque vous créez votre entreprise, est-ce que c’est pour perdre ? Ce n’est pas pour gagner de l’argent ? C’est pour gagner de l’argent. Si j’étais à la place de Yayi Boni, si j’étais président de la République, les hommes comme Ajavon, les trois dernières années avant qu’il soit persécuté et «tué», qui seul a payé, environ 30 milliards de Tva, j’en ferais un ami. Et régulièrement, je l’inviterais au palais de la République. Et à chaque fois qu’il arrive, c’est le tapis rouge que je vais dérouler. Et quand je vais le recevoir je lui dirais : « M. Ajavon, vos 30 milliards que vous avez payés comme Tva, ça ne me suffit pas ; de quoi avez-vous besoin pour pouvoir me payer 50 milliards, 100 milliards de TVA par an ? Rien qu’avec ce que tu m’apportes comme Tva, j’ai besoin de faire la route Cotonou-Ouidah. Ça vaut 60 milliards par exemple, et c’est à toi de payer. Et à la fin des travaux, cette route portera ton nom. Débrouille-toi. De quoi tu as besoin ? ».

Lui, courant derrière ses intérêts, se débrouillerait pour me trouver mes milliards pour que je puisse finir ma route. Mais lorsque vous persécutez un gars comme celui-là qui était riche avant votre arrivée, comment-voulez-vous avancer ? Vous ne pouvez pas avancer. Je disais donc que c’est ce Patrice Talon qui a aidé Soglo à porter la production cotonnière de 100 000 tonnes à près de 450 000 tonnes en cinq ans. Et sous Yayi Boni, au lieu qu’on utilise les ressources intellectuelle et financière de ce gars, on le détruit. Aujourd’hui, la Sonapra est morte.

Donc vous voulez dire que c’est sous le régime de la refondation que la Sonapra est morte et que les investisseurs nationaux sont pourchassés de part et d’autre ?
Exactement. Chaque jour, vous entendez ce qui se passe. Ces messieurs n’ont plus peur de rien aujourd’hui. Parce que lorsque vous arrivez à dépouiller quelqu’un de son honneur et de ses biens, celui-là n’est plus à votre merci, lorsqu’il a dos au mur, il ne vous considère plus.
Vous avez souligné tout à l’heure que le Chef de l’Etat aurait plutôt intérêt à demander pardon à Dieu. Pourquoi devrait-il le faire ?

Posez la question aux Béninois lambda, ceux qui n’arrivent plus à manger à leur faim, aux jeunes qui sont sans emploi depuis 8 ans. Eux, ils pourront avoir le courage de pardonner à Yayi Boni. Ils pourront peut-être le faire, je dis bien peut-être.

Pourquoi vous diabolisez autant le président Yayi Boni ?
Je ne le diabolise pas. Je dis ce qui se passe dans le pays. Le Béninois a faim. Vous avez la chance de pouvoir manger matin, midi et soir. Vous imaginez le nombre de Béninois qui n’arrivent pas à s’en sortir ? C’est incroyable ce qui se passe dans ce pays. Et on n’en parle pas. On fait comme si tout allait bien. Un peu partout dans la ville, Les gens osent même poser des panneaux géants à l’effigie du Chef de l’Etat en train de semer, de faire de la maçonnerie, etc. des panneaux par ici et par là avec notre argent. De l’argent qu’on aurait pu utiliser pour aider les jeunes à s’en sortir. Allez sur les carrefours de Cotonou, vous verrez Yayi Boni partout, alors qu’un président doit être discret. Vous avez vu ça au temps de Soglo, au temps de Mathieu Kérékou ? Allez, en Europe, même Sarkozy qui est un peu fort en termes de communication, je n’ai jamais vu dans les rues de Paris Sarkozy en train de semer ! Mais c’est ce qu’on vit ici, dans un pays pauvre. C’est ce qu’on fait de notre argent. C’est normal ça ?

Selon vous, ce n’est peut-être pas normal. Mais le Chef de l’Etat a récemment promis devant la jeunesse la création de dix mille emplois avant la fin de son mandat constitutionnel.
Rire… Il a fait fort. Albert Tévoédjrè, lui, avait promis dix ou vingt mille emplois en cinq ans. En lieu et place des dizaines de milliers d’emplois promis, le seul qu’il a pu créer, c’est un poste que lui-même s’est tapé. Il promet dix mille emplois. En d’autres termes, ce qu’il n’a pas pu faire en huit ans, il veut le faire en moins de deux ans.

Mais il faudrait accompagner le Chef de l’Etat dans cette initiative, M. Janvier Yahouédéou.
La création de l’emploi ne se décrète pas. Et ce n’est pas à la télé, lors d’une simple rencontre avec des jeunes qu’on crée des emplois. La création d’emploi, c’est toute une politique. Et cela se fait sur du moyen ou du long terme. Si un seul jeune y croit, ça fait son problème parce que ça n’engagerait que lui. Yayi Boni à maintes occasions, n’a pas respecté sa propre signature, ça m’étonnerait qu’il respecte une simple parole. Et puis je vous dis ceci : on fonde la création d’emplois sur des hommes d’affaires forts. Je me rappelle, je crois, c’était en 1989, à Paris sous le président Mitterrand, Rocard était Premier ministre. Ils avaient proposé un projet qu’ils appelaient le Sivp, Stage d’insertion à la vie professionnelle pour les jeunes. Tu sors de l’école et tu as envie de faire un stage pour te donner une chance de trouver un emploi, tu écris à l’Anpe et elle te propose aux entreprises. Et on dit aux chefs d’entreprises : « Ce n’est pas vous qui payez les primes de stage. C’est l’Etat qui va payer les primes aux jeunes et ce, pendant un an. » A la fin du stage, on dit aux entrepreneurs, « vous avez eu le temps d’apprécier ce jeune, si vous le gardez, vous bénéficiez de facilités fiscales pendant trois ans. » Vous devinez bien qu’une telle idée ne peut être qu’une réussite, puisque les chefs d’entreprise ont tout à y gagner à court terme. Moi, je me rappelle, Master Soft à Paris en avait pris quatre. Dans ces pays développés, je prends notamment le cas de la France, tous les mois, on sort les statistiques. On sait à un individu près le nombre de chômeurs dans le pays. Et le président élu est jugé en fonction de la progression ou le recul de ces chiffres-là.

Créer dix mille emplois en deux ans, c’est quasiment impossible selon vous.
Vous vous foutez de moi M. le journaliste ? Il y a des questions qu’il ne faut pas poser. Je n’y crois pas.

Revenons au pardon, il y a quelques jours l’opérateur Sébastien Ajavon s’est prêté aux questions des journalistes. Et il déclarait que le Chef de l’Etat lui a demandé pardon pour les difficultés économiques que le gouvernement lui a créées et s’était engagé à lui retourner les 14 milliards de retenue sur Tva que l’Etat détenait. Seulement Yayi a refusé de tenir ses engagements car l’opérateur économique aurait évité de le saluer lors d’une manifestation publique à Sèdjè-Dénou.

Vous mentez, c’est faux. Sébastien Ajavon n’a jamais pu dire ça. Parce que dans un pays sérieux, les institutions de la République auraient pu chasser Yayi Boni du pouvoir immédiatement parce que la gestion d’un pays n’est une affaire de gamins. Tout Comme un gamin du CE1 ou CE2 qui dirait à un autre, hier, tu ne m’as pas salué, je suis fâché, je ne te donnerai pas mon paté. Je ne vous crois pas. C’est faux !

Vous ne nous croyez pas, nous vous proposons alors l’élément sonore qui apporte les preuves des propos de Sébastien Ajavon

(Elément sonore).

J’ai les bras coupés. J’ai perdu la parole. Ça ne peut pas avoir eu lieu dans ce pays. Celui de braves présidents comme Mathieu Kérékou, de Nicéphore Soglo. Non ! Ils sont toujours vivants et ne disent rien ? J’ai honte. En fait, le Bénin est devenu le patrimoine privé de Yayi Boni, ou quoi ? Ce n’est pas possible. C’est inadmissible et face à cela, les Béninois se taisent. Même si le peuple se tait, ces grands hommes ne doivent pas garder le silence. La classe politique ne devrait pas se taire. C’est triste. C’est choquant et violent.
Quelle est alors la place pour la valeur du pardon ?

Si, je dis bien si (parce que Sébastien Ajavon, un homme que je respecte beaucoup qui au regard des noms et des témoins cités ne peut pas mentir), ce n’est pas exactement ça, cela veut dire que ça ressemble bien à ce que je viens d’entendre. Le pardon, je n’y crois pas. Je vous ai déjà dit que je ne comprends pas. Je perds mon latin. Il faut que le président Yayi Boni comprenne qu’il y a une vie après le pouvoir et quelque soit la durée de son séjour au palais de la Marina, il finira par y descendre un jour. Comme le disait Mathieu Kérékou « nous sommes montés en haut et nous sommes descendus. » Il finira par descendre un jour. Et qui seront ses amis ? sa famille ? Il faut qu’il comprenne que tout est éphémère et qu’il faut qu’il gère les hommes selon les règles de l’art.

Est-ce que finalement, Yayi Boni n’est pas bien conseillé ?

Cette affaire dépasse les conseillers. Je crois que ce n’est pas seulement les conseils. Même si lui-même est mal conseillé, il peut se dire qu’être chef d’Etat ne veut pas dire être à la tête d’un royaume, d’un empire. Nous sommes dans un régime démocratique dans lequel les règles de gestion sont établies. Pardonner pourquoi ? Le monsieur a droit à 14 milliards, rendez les lui. Le Chef de l’Etat demande pardon pour lui avoir fait mal, mais il ne lui paie pas ses 14 milliards. Dans un pays démocratique, je suis libre de saluer ou de ne pas saluer le président de la République. Allez sur Youtube et tapez : « Sarkozy, casses-toi… ». Sarkozy était en meeting et prenait un bain de foule, il tendait la main à tout le monde mais arrivé devant un citoyen, celui-ci a refusé de lui serrer la main parce que sa gestion du pouvoir ne lui plaisait pas. Sarkozy avait la main tendue, en l’air et le monsieur a refusé de la prendre. C’est de là, Sarkozy lui a dit : « Casses-toi, pauvre con ». Ce n’est pas pour autant que ce citoyen va être emprisonné. Alors c’est pour dire que je suis libre de saluer le Président mais lui dois du respect. Mais moi, Yahouédéou si l’occasion se présente je vais le saluer par politesse.

Récemment il y a la décision de l’Ohada qui condamne le Bénin à retrocéder à Patrice Talon la société Bénin Control SA dans les 60 jours ou de lui payer la somme de 129 milliards CFA. Mais le chef de l’Etat alors qu’il promettait 10.000 emplois aux jeunes a déclaré qu’il ne paierait aucun Kopek à Patrice Talon. Votre réaction

Pour ce que j’ai lu dans cette décision, l’Ohada ne demande pas de payer immédiatement 129 milliards à Patrice Talon. L’Ohada exige que Bénin Control reprenne ses activités dans les 60 jours. CE qui est bien dit, ce qui est normal. C’est seulement dans le cas d’un refus de s’exécuter de la part du gouvernement béninois qu’il serait dans l’obligation de payer des dommages et intérêts à Patrice Talon. C’est le droit, et les décisions de l’Ohada sont sans recours.

Dans un pays normal, la signature d’un chef d’Etat est sacrée. Rien que sa parole est déjà sacrée. Sa signature, n’en parlons pas. On ne remet pas en cause de cette manière là un document que l’on a signé ! Il y a des normes.

Si j’ai un conseil à donner à Yayi Boni, c’est pas bien d’aller en toute chose à un comportement de va-t’en guerre. Car dans tous les cas, il redeviendra un citoyen comme moi. Quand il va redescendre, il ne vivra plus parmi des hommes ? Il ne reverra plus ses amis ? Ca ne sert à rien à mon avis de tout prendre en va-t’en guerre. Même si on ne s’entend plus aujourd’hui, je dois considérer qu’il fut mon ami. Je me dois de lui donner mes meilleurs conseils. Il faut qu’il revoie sa copie. Il peut ne pas reprendre et renégocier le contrat, voir avec Patrice Talon comment relancer les choses pour que la paix revienne chez nous. Un pardon sensationnel c’est bien, mais une négociation en douce serait plus indiquée et lui-même serait plus heureux.

Yayi Boni est malheureux selon vous ?

Me dire que j’ai des adversaires partout, Patrice Talon je le cogne, Ajavon , je le cogne, Dossou Samuel, je lui ai envoyé mon Uppercut, etc, etc. Tout chef d’Etat qu’il est, si chaque jour il se dit qu’il a des adversaires partout, est-ce qu’il peut être heureux, surtout qu’il va descendre du pouvoir un jour et qu’on va se revoir dans ce pays….

Lorsque j’évoquais tout à l’heure le sujet du coton, porter en moins de 5 ans la production cotonnière de 100.000 tonnes à 450.000 tonnes, je disais que Patrice Talon a fait beaucoup pour ce pays grâce à son génie accompagné par la détermination et la clairvoyance du Président Soglo, un grand homme qui sait accorder à ses ministres de la valeur. Soglo a connu la valeur de Patrice Talon.

Comme je le disais tantôt, lorsque vous semblez donner de l’argent à un homme d’affaires, lui, à la recherche de ses intérêts, se battra pour créer des richesses au pays et en créer davantage pour le pays. C’est ce que Soglo a compris et a fait. Tout le monde l’a applaudi, lui Soglo puisque Patrice Talon n’était pas visible. Soglo a utilisé ses talents pour réussir son mandat. Yayi Boni devrait aller à cette école à mon avis, à l’école de Nicéphore Soglo qu’il avait servi et comprendre qu’il ne faut pas combattre les hommes d’affaires nationaux. Il faut plutôt les aider à avoir de l’argent. Plus ils en ont, plus l’Etat en aura.

Honorable Janvier Yahouédéou, nous sommes à la veille de la table ronde de Paris, vous le savez très bien. Table ronde qui va rassembler les hommes d’affaires français. De quoi féliciter le chef de l’Etat n’est-ce pas ?

Table ronde mon oeil. Pourquoi pas table rectangulaire ?

Un ami, homme d’affaires français m’a appelé il y a quelques jours au sujet de cette table ronde. On échangeait lorsque mon portable s’est éteint. Plus tard je l’ai rappelé pour lui expliquer que mon portable s’était éteint pour défaut de charge parce que la veille ma zone n’avait bénéficié que de 2 heures de courant électrique pour toute la journée. Que le Bénin vit depuis des mois voire années du délestage électrique. Ce monsieur ignorait complètement le sens de ce mot délestage, puisque chez lui en France, en 50 ans, il n’a pas manqué de courant électrique pendant une minute. Il s’est alors étonné du fait qu’on vienne démarcher des hommes d’affaires en Europe alors qu’on a même pas le b-a-ba du développement, le courant électrique.

Je ne comprends pas le président Yayi Boni. Franchement. Dans un pays où l’appareil judiciaire est en panne, des magistrats en grève depuis des mois. Il n’a pas réglé des situations critiques du genre et veut que des étrangers sérieux investissent dans un tel désordre ?

Le Bénin est avant-dernier sur le plan du débit internet selon le classement Socialnetlink.
Le Bénin est dernier ?

Le Bénin est dernier pratiquement dans tous les rapports internationaux. Lorsque vous prenez un rapport statistique, pour lire le rang du Bénin sous Yayi Boni, n’allez surtout pas commencer par le haut du document. Faites la lecture par le bas. Vous le retrouverez plus rapidement et plus facilement.
En terme du classement des aéroports en 2012 par l’Association Internationale des Aéroports (Iac), le Bénin avec un chiffre de 466.000 passagers par an, est classé dernier en Afrique.

Mais Yayi Boni a procédé à un élargissement de l’aéroport de Cotonou, c’est quand même important non ?

Elargir un aéroport ne suffit pas. Le Bénin n’attire pas. Ce n’est pas en persécutant ou en emprisonnant vos hommes d’affaires que les étrangers s’intéresseraient à votre pays. Ce n’est pas en détruisant des hommes d’affaires qui payent à l’Etat 30 milliards de Tva que des hommes d’affaires étrangers s’intéresseraient à votre pays.

En termes d’Ide, un pays comme le Niger est environ à 400 millions de dollars, environ 11% de son Pib. Le Bénin est à peine à 100 millions.

Malgré les problèmes d’insécurité dans le pays, les investisseurs étrangers s’intéressent au Nigéria qui est à près de 9 milliards d’Ide parce que là-bas on ne met pas en cause pour un oui ou un non un contrat régulièrement signé.
Le Bénin n’attire pas.

Doing Business est une institution de mesure qui classe et indique aux investisseurs étrangers les destinations les plus intéressantes pour faire leurs affaires. Le rapport 2014 de Doing Business indique que le Bénin est classé 175è sur 185 pays.

Vous voulez que les Français laissent les pays classés 15è, 50è, 100ème pour s’intéresser à un pays qui est parmi les derniers et dernier en tout ? Dans un pays où la signature du chef de l’Etat est remise en cause du jour au lendemain ?

De retour de Paris, il y aura la communication à outrance comme d’habitude pour montrer que tout s’est bien passé. Mais je vous donne rendez-vous dans 5 ans pour voir ce qu’on aurait réellement récolté.

Votre candidat pour 2016 ?

On y réfléchit
Votre stratégie pour retourner au Parlement ?
Les Béninois ont suivi ce qui s’est passé la dernière fois. Nous avons gardé notre calme et notre sang-froid. Qu’est ce qui se passerait la prochaine fois ? On y réfléchit encore. Je remercie les auditeurs qui ont participé à l’émission. 2016, c’est une certitude. Il y a un auditeur qui s’interroge sur le départ ou non de Yayi Boni en 2016. Il se demande ce qui va se passer s’il refusait de partir. Je fais partie des citoyens qui ont combattu la révision de la Constitution avec mes amis de Sursaut patriotique. En 2012, nous avions fait une campagne avec la pose d’affiches géantes « Touche pas à ma Constitution » partout dans le pays. A l’époque, c’était avec l’image de la jeune fille qui pleurait, et celle du Roi Béhanzin qui tenait fermement sa Constitution sous le bras. Opération que j’ai volontairement renouvelée avec les amis de mon parti politique «REVEIL PATRIOTIQUE» l’année passée. Cette fois là c’était avec l’image d’un monsieur qui pleurait, avec les mains sur la tête. C’est pour vous dire que je suis toujours fortement dans le combat, et on veille au grain. Tous les faits et gestes de Yayi Boni sont étudiés à la loupe. On ne va plus courir derrière lui. On anticipe. Avec mes amis politiques, on analyse et on suit tout. En 2016, Yayi Boni doit partir. C’est une certitude.
Un auditeur vous a interpellé sur l’article 42 de la Constitution.

La Constitution est violée au quotidien. Si je prends en compte les seuls propos de Sébastien Ajavon, si c’est réel, c’est suffisant pour que les députés agissent. L’auditeur qui se préoccupe de l’article 42 a raison. Ce n’est pas pour rien que les gens m’ont empêché d’aller au Parlement. Sinon, je me battrais pour que Yayi Boni soit chassé du pouvoir immédiatement. Parce qu’il considère le pouvoir comme son patrimoine privé. Il faut que les députés se prennent au sérieux. Je les respecte beaucoup. Ce qui arrive aux autres peut vous arriver un jour. Ce n’est pas normal. Et cela risque de faire jurisprudence. Dans quel pays nous sommes, où l’anormal devient normal. C’est inadmissible.
Que dites-vous par rapport aux élections ?

J’ai beaucoup de respect pour les auditeurs. Sinon j’ai déjà dit que je ne parlerais plus de la Lépi. J’avais conseillé à toute la classe politique de ne pas participer à cela, mais personne ne m’avait écouté. J’ai gaspillé mon argent pour communiquer sur le danger que celà représentait, pour faire le tour des hommes politiques pour rien. J’ai été le seul à voter contre le vote de cette loi sur la Lépi à l’Hémicycle. Aujourd’hui, 5 ans plus tard, ce que j’avais prédit est arrivé. Celà m’attriste mais je n’ai plus à parler. Je les laisse faire.
La thérapie pour sortir de cette situation ?

Je suis contre le mot prier. Je suis Chrétien catholique, mais pour la gestion d’un Etat et pour le développement, prier n’est pas la thérapie adaptée. Il faut avoir le courage de prendre ses responsabilités à un moment donné. Il faut prendre exemple sur les Etats-Unis. Ils ont tapé fort pour déguerpir Saddam Hussein. C’est comme cela qu’on doit prendre ses responsabilités. Il faut agir. Les députés doivent prendre leurs responsabilités. Il faut traduire Yayi Boni devant la Haute cour de justice. Il faut en avoir le courage. A l’époque, en 2010, moi je l’avais fait avec Sacca Fikara. J’ai pu récolter 48 signatures de députés prêts à traduire Yayi à la Haute Cour de Justice. On était à cinq signatures près pour lui faire la fête. C’était à propos de Icc-services. Il faut avoir le courage de prendre ses responsabilités quand on est député. Même si cela doit vous coûter votre siège par la suite.

Votre mot de fin
Merci à tous. Nous n’allons pas nous décourager.

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