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La Nation N° 6008 du 16/6/2014

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Ponctualité dans le démarrage des activités : «L’heure béninoise», l’heure du sous-développement !
Publié le mardi 17 juin 2014   |  La Nation




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«Le temps, c’est de l’argent». Cette vieille formule toujours d’actualité, on la connaît tous. Point n’est besoin d’épiloguer à son propos.


On dit mieux aujourd’hui: «Le temps, c’est la vie». Mais ça, c’est pour les autres à qui la journée de 24h ne suffit même plus. Car nous, ici, notre commerce du temps et avec le temps ne postule rien de tout cela. Ce commerce rime toujours avec des pertes incommensurables. On prend son temps, comme si on en était maître. Des plus hautes autorités au citoyen lambda. Observez combien de Béninois arrivent à l’heure à un rendez-vous. Les plus ponctuels apparaissent sinon comme des étrangers ici, du moins des extraterrestres. Les autorités, c’est pire, c’est dramatique. Combien de manifestations officielles voit-on commencer à l’heure prévue? Il faut chercher au microscope électronique sinon au laser pour en trouver. Pourtant, dès 2006, encore dans l’euphorie de sa victoire éclatante et sans doute en ce moment-là, et décidé à mener la révolution attendue de son sacre, le président Boni Yayi faisait annoncer par son directeur de cabinet Nestor Dako, la décision selon laquelle, toute manifestation officielle qui n’a pas commencé 20 minutes après l’heure indiquée, est censée n’avoir pas eu lieu. Mais ça, c’était sur le papier…A l’épreuve de la réalité, que révèle le constat ? A l’exception notoire, hier, d’un Pascal Irénée Koupaki, adepte infatigable de la ponctualité, et de Grégoire Akofodji dans une certaine mesure, à l’exception notoire aujourd’hui aussi du ministre en charge de la Communication, Komi Koutché, toujours à l’heure également ; et sans doute de quelques cadres moins visibles de par leurs activités, les autres semblent avoir un problème insoluble avec la ponctualité. Résultat, rien ne commence vraiment à l’heure chez nous. Ainsi, une activité prévue pour 9h peut démarrer finalement après 11h sans que cela n'émeuve grand monde. Excuses plates sinon fallacieuses, et la conscience est tranquille. Quand ce n’est pas que « le chef de l’Etat a appelé le ministre au palais de la présidence de la République », c’est « le directeur qui est appelé par le ministre» ; ou encore « On attend la presse» comme si sans eux, la terre cessait de tourner. Le comble, il faut voir tous les cadres mobilisés autour de certaines activités, où ils n’auraient certainement pas dû être, passer le temps à se tourner les pouces alors qu’à leurs postes respectifs, ils auraient mis les deux ou trois heures de retard, voire plus, à profit pour abattre du travail. Ne vous plaignez surtout pas! N’interpellez pas non plus les organisateurs à propos du temps qui court à blanc. Certains vous répondront, pince-sans-rire, que c’est «l’heure béninoise». Eh oui, le mot est lâché. L’heure béninoise. Une heure élastique, extensible à volonté. Mais osons alors constater que cette « heure béninoise», c’est l’heure du sous-développement. Rien de plus ! Car, la fameuse «heure béninoise» rime avec pertes, contraste avec efficacité et responsabilité. Elle est antinomique du développement. Oui, notre commerce du temps et avec le temps traduit notre niveau d’inconscience collective, l’absence patente de discipline individuelle et collective, de rigueur. Et, sans doute, un déficit énorme de désir réel de développement. Quand cessera donc ce laxisme, ce libertinage avec le temps ? Chacun de nous devrait commencer à faire violence sur lui-même pour être à l’heure aux rendez-vous privés comme publics. Les autorités, directeurs, ministres, responsables d’institutions, président de la République devraient se souvenir plus souvent que « La ponctualité est la politesse des rois». Le chef de l’Etat sembla donner le ton dès sa réélection en 2011, à l’occasion notamment du lancement d’une campagne de vaccination contre la poliomyélite à Sèmè-Podji, mais cela dura le temps d’un feu de paille. Or, sans cette conscience du temps qui ne nous appartient pas, nous ne ferons que tourner en rond, jouant ainsi avec notre destin et notre devenir collectifs. Et le développement nous fera toujours dire que c’est à nous à le quêter avec abnégation et non à lui de courir vers nous. En un mot, nous ne sortirons jamais, à cette allure, de notre situation lamentable. A moins, pour notre bonheur et malgré nous, qu’émerge un leader, un vrai, de quelque turbulence ou chaos, pour nous brider, nous redresser, et nous obliger à être des citoyens vrais, des hommes. A avoir une conscience nationale. Salutaire, ce serait car, à la vérité, à continuer comme nous le faisons, nous n’aurons jamais rendez-vous qu’avec le sous-développement. C’est la vocation première de « l’heure béninoise». Alors, voulons-nous rester programmés sur « l’heure béninoise » elle-même figée sur le fuseau du sous-développement ? Ou voulons-nous entrer dans une nouvelle dimension ? L’équation est simple : continuer à traîner les pas, à attendre «l’heure de Dieu» sans être jamais pressés au risque d’attendre que le Christ vienne le lendemain de sa venue, ou entamer résolument et hardiment notre marche vers le développement. A nous de faire notre choix…



Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

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