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La Nation N° 6020 du 2/7/2014

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Affaire assassinat du juge Coovi à Pararkou : Un procès sous haute surveillance policière
Publié le jeudi 3 juillet 2014   |  La Nation




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C’est parti depuis hier mercredi 2 juillet pour la session supplémentaire de la Cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou au titre de l’année 2014, consacrée au dossier relatif à l’assassinat en 2005 du juge Séverin Coovi, alors premier président de la Cour d’appel de Parakou. Le procès a démarré sous haute surveillance des gendarmes et policiers. Peu de chose sur la vérité des faits après une première journée d’audience !

Trois individus dans le box des accusés: Clément Adétona, âgé de 42 ans, apprenti chauffeur et apprenti tôlier peintre alors serviteur au domicile de la victime; Raïmi Moussé, 48 ans, commerçant, et Ramane Amadou, 49 ans, opérateur géomètre. Tous sont inculpés d’assassinat de Séverin Coovi, infraction prévue et punie par les articles 295, 296, 297 et 302 du Code pénal.

Hier, la salle d’audience a été prise d’assaut par des dizaines de curieux assoiffés de vérité sur cette affaire encore ténébreuse qui revient sur le devant de l’actualité près de neuf ans après les faits. L’examen du dossier n°015/PG-06 Ministère public contre Clément Adétona, Raïmi Moussé et Ramane Amadou, tous inculpés d’assassinat en novembre 2007 du juge Séverin Coovi, alors président de la Cour d’appel de Parakou, a effectivement démarré.

Le décor est désormais planté pour faire jaillir souhait-ons le, la lumière sur l’homicide survenu dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 novembre 2005 à Parakou. Magistrats et avocats affichent sérénité. Prévue pour se tenir du 2 au 15 juillet prochain, l’audience ouverte s’est déroulée hier sous l’égide du premier président de la Cour d’appel de Parakou, Huguette Théodora Balley-Falana, assisté des assesseurs Edouard Ignace Gangny et Alleya Gouda Baco; Séïbou Boni Kpégounou est suppléant.

Les jurés tirés au sort ont noms : Godfroy José Mensah Akuété, Clarisse Dogo, Razack Dougbé, Narcisse T. Djanguédé et Mazou Issa (juré suppléant). Le ministère public est représenté par Pascal K. Dakin. Me Brice Dossou-Yovo a assuré le greffe de l’audience.Les intérêts de l’accusé Clément Adétona sont défendus par Me Cosme Amoussou et ceux de Ramane Amadou, par Me Laurent Mafon.

Quant à Raïmi Moussé, sa défense est assurée par quatre avocats : Evelyne da Silva, Igor Cécil Sacramento, Mohamed Barè et Raphiou Paraïzo. La veuve Anastasie Adjovi Coovi, la grande sœur du défunt, Bernadette Coovi, et son oncle François Comlan, chef de famille et représentant de la collectivité Hounsou Kpohlo, constituent la partie civile. A l’audience, la veuve, visiblement encore sous le choc, était présente avec une autre jeune femme, membre de la famille de la victime.

Maîtres Alfred Pognon, Hugues Pognon et Nestor Ninko assurent les intérêts de la partie civile. Rappel des faits Le lundi 7 novembre 2005, aux environs de 14 heures, le corps sans vie de Séverin Coovi, alors premier président de la Cour d’appel de Parakou a été retrouvé dans la malle arrière de son véhicule de fonction, au bord d’une voie pavée au quartier Zongo II dans le 3e arrondissement de Parakou.

Les constatations faites amènent à conclure à un assassinat. Les investigations ont permis d’interpeller son cuisinier en la personne de Clément Adétona et du gardien Boni Yarou Kora, tous au domicile de la victime. D’autres personnes ont été également interpellées par la suite. Sur 16 personnes poursuivies dans cette affaire, 13 avaient recouvré leur liberté, pour défaut ou insuffisance de charges.A toutes les étapes de la procédure, Clément Adétona n’a pas nié les faits d’assassinat.

Il citera le sieur Raïmi Moussé comme exécutant du meurtre et plus tard un certain Ramane Amadou, après son transfert en 2007 à la prison civile de Lokossa. Ceux-ci ont tous deux nié les faits mis à leur charge tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur.Sur 78 témoins convoqués, à peine le tiers s’est présenté à l’audience hier.

En vertu du pouvoir discrétionnaire du président du céans, ils ont été retirés, à l’entame des débats, de la salle d’audience de même que les deux co-accusés de Clément Adétona qui, lui planchera en premier à la barre. Clément Adétona, le principal accusé à la barre C’est le principal accusé Clément Adétona qui a ouvert le bal des débats.

A la barre, il n’a de cesse de répéter : « La vérité favorise la justice », promettant de dire toute la vérité sur ce qui s’est passé. Mais curieusement, la Cour et l’assistance se rendront compte très tôt que l’inculpé a choisi la dénégation systématique comme stratégie, en variant constamment par rapport à ses propres déclarations faites à l’enquête préliminaire et devant le juge instructeur. Il a rejeté en bloc les informations que lui-même auraient données avec force détails lors des étapes précédentes de la procédure.

Malgré la pugnacité de la Cour et des avocats lors de l’instruction hier à travers leurs questions d’éclaircissement, le prévenu n’a pas voulu collaborer. Il se réfugie plutôt derrière une affaire de «noix mystérieuse» que le sieur Raïmi Moussé lui aurait fait manger alors qu’il était à la cuisine, pour dire qu’il ne se souvenait plus de rien avant de se retrouver à la gendarmerie. Pourtant, a-t-il déclaré à l’entame de sa déposition à la barre, «C’est devant moi que tout s’est passé».

«Le président (NDLR : Séverin Coovi) est revenu d’un voyage le dimanche 6 novembre 2005 vers 22 heures. Il est sorti et est revenu à la maison quand quelques minutes plus tard trois personnes dont une femme lui ont rendu visite. Une quatrième personne, en l’occurrence Raïmi Moussé, un ami du patron (la victime), est venue dans la maison. Il m’a rejoint à la cuisine et m’a donné quelque chose à manger. A partir de ce moment, je ne maîtrisais plus rien et je ne savais plus ce que je faisais.

Ce n’est qu’à la gendarmerie après qu’on m’ait rasé et cassé un œuf sur ma tête, que j’ai commencé à me retrouver peu à peu», raconte Clément Adétona. Mais il ne se reconnaît pas dans les propos que lui-même a tenus après s’être «retrouvé». Entre temps, se rappelle-t-il, la victime lui aurait remis 500 F CFA pour payer du gâteau «ablo», ce qu’il a commandé à son tour au gardien.

En ce qui concerne l’implication de Ramane Amadou, le sieur Clément Adétona dit l’avoir reconnu dès la première fois qu’il l’a rencontré en prison à Lokossa et celui-ci lui aurait narré plus tard tous les détails du déroulement de l’homicide commis sur le juge Coovi par la suite.Pour ce qui est de Raïmi Moussé, «Entre Moussé et moi, il n’y a jamais eu de plan d’assassinat du juge», a-t-il soutenu à la barre. Clément Adétona soutient néanmoins que c’est Raïmi Moussé et les autres qui auraient tué feu Séverin Coovi. L’accusé Adétona dit avoir apporté, dimanche matin, des noix de coco au domicile de Moussé qu’il aurait vu en personne.

Boni Yarou Kora, le gardien du domicile du défunt dépose Le gardien du domicile de la victime, Boni Yarou Kora dit n’avoir pas vu des personnes étrangères entrer au domicile de son patron. «Clément Adétona m’a remis 500 francs CFA et m’a demandé d’aller acheter du « ablo ». Au retour, la porte était fermée.

Quand je suis arrivé, j’ai entendu un cri de détresse ‘’Ahoo gbêtché !’’. J’ai demandé à Clément ce qui se passait. Il m’a dit qu’il n’y a rien de grave, que c’est une visiteuse du président qui était blessée, et qu’il ne fallait pas ouvrir la porte. Il m’a demandé d’aller me balader vers la voie goudronnée, soit à 150m plus loin… Il m’a remis encore de l’argent pour aller payer du ‘’ablô’’ et cette fois-ci un peu plus loin parce qu’il faisait déjà tard.

A mon retour, il n’y avait plus personne dans la maison. Clément ne reviendra que 30 minutes plus tard. Seul. Et je lui ai demandé s’il n’était pas sorti avec le président et il a dit non. Il s’est assis ensuite pour prendre le repas avant d’aller se coucher», narre le militaire retraité. «Je sentais aussi du crésyl dans la maison et j’ai demandé à Clément comment c’est arrivé. Il m’a répondu que c’était pour la blessure de la visiteuse du patron.», poursuit l’homme.

« A 7 heures, le chauffeur du patron est arrivé et plus tard, son garde de corps… J’ai remarqué le matin qu’il y avait aussi des tessons de bouteille dans la maison », a-t-il ajouté. Des morceaux de briques ensanglantées auraient été aussi découverts.

Lors de la confrontation entre le témoin Boni Yarou Kora et l’accusé Clément Adétona, ce dernier n’a pas changé sa stratégie : «J’étais sous l’effet de la noix magique. Je ne savais plus où j’étais et ce que je faisais». Du matin au soir, aux questions les plus cruciales de la Cour, Clément Adétona visiblement bien préparé à son jeu ne servait comme réponse que : «Je ne sais pas. Je ne me souviens pas». L’audience a été suspendue pour reprendre ce jeudi à partir de 9 heures.

A cette allure, l’affaire assassinat du juge Coovi risque de ne pas livrer tous ses secrets, alors que magistrats, avocats, parents de la victime et populations attendent de connaître toute la vérité sur ce rocambolesque dossier du magistrat éliminé dans une cruauté barbare indescriptible. Mais la suite des débats réserve certainement des déballages; les uns et les autres gardent espoir.

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