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La Nation N° 6022 du 4/7/2014

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Musique et adoration dans les monastères: Et si la kora n’était rien d’autre que l’instrument de Dieu ?
Publié le lundi 7 juillet 2014   |  La Nation




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En dehors de la tranquillité légendaire qui accueille tout visiteur dans un monastère, il y a aussi la musique des lieux qui impressionne. Au monastère Saint Joseph de Toffo, les moniales accompagnent la psalmodie et les moments d’adoration avec la kora. Un instrument traditionnel mandingue qui s’est imposé comme étant le tout premier, si non le meilleur dédié à Dieu dans les monastères.

Toutes les moniales du monastère Saint Joseph de Toffo ne jouent pas à la kora. En dehors de celles qui s’intéressent en général à cet instrument assimilable à une guitare traditionnelle, il y a aussi les deux maîtres à jouer la kora. Les moniales Caroline Houngbo et Laurence Bada. Au quotidien, ce sont elles qui se succèdent dans les adorations, prières, cultes et autres célébrations pour faire entendre les sonorités de cet instrument d’un genre particulier. Et c’est justement en les interrogeant, qu’on se rend compte, non seulement de l’importance dudit l’instrument, mais aussi de son effet et de sa portée. « C’est un grand plaisir pour moi de jouer cet instrument pour la beauté de l’office et surtout pour la joie que Dieu éprouve de voir ses enfants le louer avec toute la joie qu’ils peuvent. Dieu est au-dessus de tout et je sais que cela lui donne beaucoup de joie puisque moi-même en jouant, j’éprouve beaucoup de joie, uniquement pour sa gloire. Ensuite, je sais qu’il est heureux de voir que ses enfants s’appliquent à ce que ses louanges soient belles ». C’est le commentaire que fait la moniale Laurence Bada au sujet de la kora, instrument qu’elle joue depuis une dizaine d’années, en tout cas depuis son entrée au monastère de Toffo. Endroit où d’ailleurs elle y a été initiée par d’autres moniales plus expérimentées avant de suivre des sessions de formation à cet effet. A 42 ans, totalisant une dizaine d’années de vie monastique, Laurence Bada porte sa kora, non pas seulement comme un instrument de musique, mais beaucoup plus comme un outil de communication avec son créateur. «C’est un instrument qui m’a beaucoup plu parce que cela accompagne le chant liturgique et c’est beau pour la gloire de Dieu. Cet instrument est vraiment adapté pour la psalmodie et pour accompagner l’office divin», témoigne-t-elle. Après une petite séance de démonstration de cinq minutes sur fond de concentration, la moniale Caroline Houngbo ne cache pas elle non plus la satisfaction et la fierté que l’on éprouve en le jouant. «Jai épousé la kora en entrant dans la vie monastique. Lorsque je joue cet instrument, j’avoue qu’il y a des moments où je me sens vraiment portée et où je sens que je guide la communauté grâce à elle », confie-t-elle.
Un instrument traditionnel à la base, devenue celui de Dieu
La kora a été introduite dans la musique monastique par les moines du chœur Moussa au Sénégal, selon la sœur Marie Reine Hounsou, la prieure du monastère de Toffo. Depuis lors elle est devenue l’instrument premier de l’adoration dans ces lieux de recueillement et de prière. Il est vrai que dans la vie ordinaire et dans d’autres compositions, on retrouve la kora et beaucoup de musiciens accompagnent leurs compositions de son singulier. Mais au monastère, la kora offre à entendre une musique d’un autre genre qui fait sentir sans doute la présence divine. En tout cas, lorsqu’elle résonne au milieu du silence habituel qu’on connaît à ces lieux, elle n’invite qu’à une seule chose : la pensée divine. Et lorsqu’elle se fait accompagner par hasard du timbre vocal de certaines moniales, ou intervient en pleine adoration, elle suscite non pas la frayeur, mais une certaine crainte et fait sentir la présence de Dieu. Pourrait-on dire alors que c’est l’instrument «préféré» de Dieu, ou qu’il l’a tout simplement inventé lui-même pour que gloire lui soit rendue et qu’il a préféré l’envoyer dans les monastères où la prière est la chose la mieux partagée ? « C’est une musique un peu particulière, si bien que dès qu’on vient au monastère, on y est attentif. Alors toute l’attention est tendue vers elle et on n’est pas tournée de l’entendre», explique la moniale Caroline Houngbo. devenue un peu comme l’esclave, sinon une adoratrice de cet instrument qu’elle n’avait jamais connu avant son entrée au monastère. Elle ne se lasse d'ailleurs pas d’appuyer ses mains sur les cordes de sa kora pour en ressortir des sons particulièrement intéressants. Mais entre les deux, on pourrait bien dire que c’est une histoire d’amour. En réalité ce sont les qualités personnelles de cette moniale qui ont conduit ses supérieures, alors qu’elle venait de faire son entrée au monastère, à lui «recommander» le contact avec la kora. D’autres membres de sa communauté aussi ont été invitées à s’y essayer. Mais en une semaine, Caroline Houngbo s’est détachée du lot par son adresse et son habileté. « Quand j’ai observé les fascicules, j’ai compris que c'est un instrument qui avait été déjà adopté par d’autres monastères et qui allait être intéressant. Quand je me suis mise là-dessus, la façon dont je l’ai appris rapidement m’a beaucoup étonnée. C’est comme s’il a répondu à une capacité qui était en moi», confesse-t-elle.Comme la kora, d’autres instruments de musique accompagnent la vie et l’animation au monastère de Toffo. Tam-tams, gongs, castagnettes, perles et bien d’autres encore permettent de louer Dieu au quotidien dans cet espace. Le «Houngan» par exemple est très présent aussi dans l’animation. «Cela nous emporte, donne de la vie et de l’animation et nous porte dans la prière», confirme Laurence Bada.




Par Josué F. MEHOUENOU


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