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La Nation N° 6025 du 9/7/2014

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Affaire assassinat du magistrat Coovi à Pararkou : Eclairages sur la marche suivie de menaces de mort proférées au juge
Publié le jeudi 10 juillet 2014   |  La Nation


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© Autre presse par DR
Palais de justice du Bénin


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Au cours de la 6e journée d’audience du procès relatif à l’affaire assassinat du juge Séverin Coovi, la Cour a entendu dans la matinée d’hier mercredi 9 juillet les témoins Idrissou Abdou Osséni dit ‘’Sénégalais’’ et Nassirou Abdoulaye au sujet de la motion de protestation et de la marche organisée par les revendeurs suite à une décision « incriminée » de la Cour d’appel de Parakou. Ayant bénéficié d’un-non lieu, les deux ont déposé en tant que simples sachants et donc, sans prestation de serment.


Idrissou Abdou Osséni est revendeur au marché Arzèkè et secrétaire administratif du Syndicat des revendeurs du marché. C’est lui qui a lu la motion de protestation au terme de la marche de protestation des revendeurs et revendeuses du marché, suite à la décision rendue par la Cour d’appel de Parakou, en début de février 2005, au sujet du contentieux entre la mairie de Parakou et la Société de gestion des marchés de Parakou (SGMP). A travers cette décision, la mairie devrait payer 60 millions F CFA à titre de dommages et intérêts à la Société de gestion des marchés de Parakou, contre 15 millions F CFA retenus en première instance.Le but visé à travers cette marche, tenue le 22 février 2005, c’était de solliciter auprès des autorités communales la diminution des tarifs de cession des boutiques et des étals, indique Idrissou Abdou Osséni à la barre. En ce qui concerne l’origine de la motion lue devant le maire, il informe qu’il l’a reçue directement des mains de Nassirou Abdoulaye, secrétaire de direction et sociologue, ancien conseiller municipal chargé du suivi des décisions du Conseil municipal et de l’inspection des services municipaux. « J’étais allé le voir au bureau et il a pris la motion que nous avions préparée, l’a jetée à la poubelle et m’a remis une autre qu’il a tirée devant moi de son ordinateur. Je n’ai pas pu prendre connaissance du contenu avant de descendre et de lire parce que la presse et tout le monde attendaient déjà dans la cour», dépose Idrissou Abdoulaye. «J’ai été profondément déçu que notre préoccupation relative à la baisse des prix des tarifs des places au marché n’a pas été prise en compte dans cette motion. Car, j’ai été surpris à la fin de la lecture qu’il s’agit d’une protestation au sujet de l’arrêt rendu par le juge», poursuit-il. Dans la demande d’autorisation de la marche signée par lui-même et déposée le 10 février à la mairie, c’était pourtant bel et bien précisé que la marche s’organise suite au jugement de la Cour d’appel et que les marcheurs devraient emprunter l’itinéraire Marché central-Mairie-Préfecture-Cour d’appel-Marché central, fait remarquer le ministère public au témoin qui reste un instant sans voix. Le témoin est confondu et reste un instant sans voix avant d’insister qu’il n’est pas quand-même l’auteur de la motion.Dans sa déposition, Nassirou Abdoulaye dit qu’il collabore avec la SGMP depuis la construction du marché en 1997 et qu’il donne son avis et apporte son assistance quand on le sollicite. Signalons que l’intéressé, membre du conseil d’administration de la SGMP, se reconnaît également conseiller spécial de l’ancien maire Rachidi Gbadamassi même si, dit-il, ce dernier aurait fait croire à tout le monde qu’il était son directeur de cabinet. Il avoue que la motion provient effectivement de lui et qu’il n’a fait que rendre service au syndicat qui l’a sollicité. « Si je dis que je ne m’y reconnais pas, j’ai menti», sert-il après la lecture de la motion à la Cour et l’assistance. Mais il dit n’avoir pas remis en mains propres à Idrissou Abdou Osséni mais plutôt à un certain Mamadou. «Ce n’est pas vrai. C’est lui-même qui a tiré de son ordinateur portatif dans son bureau », réplique Idrissou Abdou Osséni lors de la confrontation entre les deux témoins. Curieusement, tous les deux ont juré de les croire sur le carême qu’ils observent actuellement. Des menaces de mort mises en exécution ? Si Nassirou Abdoulaye, 52 ans, reconnaît avoir rédigé la motion, il dit ne pas être tout de même, et curieusement, l’auteur du manuscrit de la motion et des tracts retrouvés plus tard dans son bureau à l’hôtel de ville de Parakou. « En prison, le maire a même fait pression sur moi pour que je dise que la motion manuscrite provient de moi et j’ai refusé. Il a dit qu’on avait retrouvé l’auteur des tracts et cela nous permettrait de sortir », dépose-t-il. Faut-il le souligner, un des tracts en question mentionne la menace suivante: «Choisir de vivre à Parakou et mourir ou partir et vivre. A vous de choisir». Dans la motion lue publiquement, il est mentionné que la Cour d’appel de Parakou a rendu « une décision scélérate et injuste » et qu’il s’agit « d’un vaste complot contre la décentralisation » et qu’une jeune commune comme Parakou ne peut débourser 60 millions F CFA pour dédommager la Société de gestion des marchés. Par la même occasion, les manifestants ont appelé le président du Conseil supérieur de la magistrature, le général Mathieu Kérékou, alors président de la République, au secours. Aussi, est-il clairement question de dégager « les brebis galeuses qui pullulent afin d’éradiquer la corruption galopante dans la justice». La motion a souligné que la partie adverse criait déjà victoire à la veille du prononcé de la sentence et que le juge se serait retrouvé dans le même temps avec les responsables de la SGMP, en faveur de qui la décision aurait été finalement rendue. Il faut signaler qu’au prime abord, le témoin Nassirou Abdoulaye a refusé à la barre de répondre à toute question relative à la motion dont la paternité est recherchée. Pourquoi ne veut-il pas répondre à ces questions, lui a demandé l’avocat général? Le témoin répond qu’il avait déjà donné «suffisamment des réponses satisfaisantes et éloquentes» à ces questions devant le juge d’instruction, mais que ces réponses ne lui ont valu que son maintien en détention durant 2716 jours, soit pendant plus de sept ans cinq mois. «J’ai de l’amertume parce que ma vie est détruite; je suis obligé de tout reprendre à zéro», ajoute-t-il. «Vous êtes tenu de répondre parce que nous sommes ici pour connaître la vérité sur ce qui s’est passé pour que le juge Coovi soit tué de cette façon, inhumainement, et suite à des menaces de mort», lui dira l’avocat de la partie civile, Alfred Pognon. Ce n’est qu’après le rappel à l’ordre de la Cour, que le témoin a commencé à répondre aux questions de la Cour et des avocats. «Je ne suis lié ni de près ni de loin à l’assassinat du juge Coovi», a-t-il martelé à maintes reprises. En recevant la motion des marcheurs, le maire aurait traité le juge de «brebis galeuse», s’est rappelé le conseiller spécial du maire, Nassirou Abdoulaye.



Par Claude Urbain PLAGBETO A/R Borgou-Alibori

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