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Remise de peine pour Me Agbo et Berthe Cakpossa : Les dessous du revirement de Yayi
Publié le vendredi 1 fevrier 2013   |  La Presse du Jour


Le
© Autre presse par DR
Le président de la republique, Thomas Boni Yayi


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Le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi a décidé de gracier Me Lionel Agbo condamné il y a quelques jours à une peine de six mois d’emprisonnement ferme assortie d’une amende de 500. 000 F Cfa. La mesure s’est aussi étendue à la Directrice de la télévision privée Canal 3 pour avoir autorisé la diffusion intégrale de la conférence de presse de Me Lionel Agbo au cours de laquelle les propos avancés par ce dernier avaient été considérés comme une offense au Président Boni Yayi. Dans l’opinion publique, la mesure ne manque pas de susciter des commentaires et des interrogations.

Pourquoi le Président Boni Yayi a-t-il décidé de gracier Me Agbo et Berte Cakpossa ? Pourtant après la condamnation de ces deux prévenus, l’ancien député Eloi Aho et l’ancien ministre Richard Sènou ont subi les représailles de la police judiciaire au motif qu’ils ont participé à la fugue de l’avocat franco-béninois ? Qu’est-ce qui peut bien amener le Chef de l’Etat à gracier ceux qui l’auraient offensé ? A-t-il agi sous pression de la communauté internationale ? A-t-il succombé à la pression de Reporter sans frontière et de la Fédération internationale des journalistes ? Voilà autant de questions que les uns et les autres se posent.
Quand bien même elle est salutaire, car appréciée de beaucoup de Béninois, cette mesure n’échappe pas à la réflexion. Pour certains observateurs en effet, la mesure prise par le Président Boni Yayi n’est pas innocente et n’émane pas de la seule volonté du Chef de l’Etat. Cela ne lui ressemble pas d’ailleurs, d’où la surprise générale.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, il y a certaines personnes avec qui le Chef de l’Etat voudrait à tout prix en découdre avant la fin de son mandat. Rien que l’évocation des noms de ces personnes le mettrait en colère selon les différentes actions qui se dressent contre eux. Il s’agit notamment de Richard Sènou, de Soulé Mana Lawani, de Me Lionel Agbo et de Armand Zinzindohoué. Même si on est surpris, on ne doit pas se tromper. Tout est lié et comme le dit l’autre, il n’y a pas de fumée sans feu. La mesure prise par le Président de la République tombe à un moment où il prépare activement une visite officielle en France, pays de grande démocratie où les citoyens ne sont plus privés de leur liberté parce qu’ils ont osé dire tout haut ce que beaucoup de gens pensent tout bas. Au pays de François Hollande le citoyen n’est pas traqué n’importe comment. Le 6 février prochain en effet, le Chef d l’Etat, le Dr Boni Yayi sera reçu en visite officielle par son homologue français François Hollande. Jusqu’à preuve du contraire, Me Lionel Agbo a une fibre de citoyen français. Ne voulant donc pas avoir à s’expliquer à François Hollande sur ce cas de privation de liberté parce qu’un citoyen a exprimé son opinion, le Chef de l’Etat a choisi donc de gracier l’avocat franco-béninois Lionel Agbo. A défaut de cet acte, cette visite ne pouvait pas se dérouler correctement puisqu’il s’agit avant tout d’une question de respect des libertés consacrées par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 et divers traités et accords internationaux ratifiés par notre pays. Le Président Egyptien qui vient de faire une visite éclaire en Allemagne en sait d’ailleurs quelque chose.
Cette analyse que font certains observateurs est d’ailleurs largement partagée dans certaines chancelleries et milieux diplomatiques. Ces observateurs rappellent d’ailleurs l’acte posé par le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi lorsqu’il a été invité à la Maison Blanche par le Président Américain Barack Obama. Pour se faire bonne conscience et présenter à la communauté internationale une image différente de celle que les gens ont toujours projetée du Bénin à l’international, le Président Boni Yayi a tendu la main à la classe politique, notamment celle de l’opposition à la veille de son départ. Certains ont attrapé cette main tendue. Mais d’autres par contre ont compris le jeu et se sont rétractés. La suite, on le sait, le dialogue politique est resté au point mort. Qu’à cela ne tienne !
Pour l’heure, on retiendra que Yayi a pardonné Agbo et Cakpossa. C’est un signal fort qui va certainement calmer les autorités françaises. Mais au-delà, il y a bien des raisons de s’inquiéter pour notre démocratie et surtout pour les acquis de la conférence nationale, notamment en ce qui concerne les libertés.

Quleques impressions

Victor Dangnon, député Fcbe : « Je crois que le leader qui pardonne est un bon leader. Nous devons tous et à tous les niveaux chercher à prendre cet exemple parce que l’offense à l’endroit d’un Chef d’Etat vaut ce que ça vaut sous certains cieux. C’est de lourdes peines à purger. C’est des amendes lourdes à payer…Si aujourd’hui, le Président de la République a décidé de faire table rase du passé après les peines prononcées par le tribunal en première instance, nous devons l’en féliciter et appeler les uns et les autres à leur responsabilité lors des prises de parole. Le Chef de l’Etat n’est pas exempt de critiques. Mais de là à l’offenser, c’est le pas que j’invite les uns et les autres à ne pas franchir ».
Joeël Atayi Guèdègbé, acteur de la société civile : « Toute mesure qui va dans le sens de l’apaisement ne peut qu’être saluée. Mais on peut regretter qu’on ait fait tout ce battage pour en arriver à ce résultat. On peut également s’étonner d’une forme de précipitation dans cette grâce présidentielle dans la mesure où si je ne m’abuse, les condamnés à savoir Mme Berthe Cakpossa, Directrice de Canal 3 citée à titre d’auteur principal et Me Lionel Agbo, auteur des propos jugés offensants et cité à titre de complice, je m’étonne qu’une grâce intervienne aussi précipitamment alors que je crois savoir que ces prévenus sont en train d’exercer leur voie recours pour à tout le moins, obtenir un procès en appel. Je le répète, si cette décision du Chef de l’Etat participe d’une volonté sincère d’apaisement, il faut l’en féliciter, il faut l’encourager à davantage de discernement dans la chasse aux sorcières que ces poursuites donnent l’impression d’être. C’est l’opinion que je me permets d’exprimer à brûle-pourpoint en espérant que 2013 soit placée sous le signe de l’apaisement, du progrès, de la fraternité. Nous en avons vraiment besoin. C’est le premier point de notre devise et j’ai l’impression que cela nous manque autant que le travail et la justice ».

Propos recueillis par Affissou Anonrin

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