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Adjinakou N° 2485 du 16/7/2014

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Planification Familiale : le parent pauvre des priorités au Bénin
Publié le mercredi 16 juillet 2014   |  Adjinakou


La
© Autre presse par DR
La planification familiale


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À moins de 500 jours du délai fixé pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), certaines analyses montrent que le Bénin n’atteindra pas les 15% de prévalence contraceptive (OMD 5) en 2015, contrairement à certains pays de la sous région ouest africaine francophone tels que le Sénégal, le Niger, le Togo... Ces succès sont dus à une volonté politique exprimée par ces pays. Au Bénin, on a plutôt l’impression que la planification familiale n’est pas une priorité du gouvernement.


Au regard des ressources financières (des milliards FCFA) allouées à la campagne cotonnière qui représente la principale priorité du gouvernement béninois, le secteur de la planification familiale (PF) semble être négligé. Et pourtant, aucune croissance à deux chiffres ne peut être effective sans la PF dont le premier bénéfice est la maîtrise de la fécondité. Les résultats de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS 2011-2012) réalisée par le Ministère de la Santé estiment la prévalence contraceptive à 7,9% et les besoins non satisfaits en planification familiale à 31%. La demande potentielle en matière de PF (toutes méthodes confondues) est de 47%. Par ailleurs, l’indice synthétique de fécondité est de 4,9 enfants par femme en âge de procréer et le taux de mortalité maternelle est de 397 pour 100000 naissances vivantes en 2006. Selon ces mêmes sources, la sexualité est précoce au Bénin. En effet, 13,12% des filles ont eu déjà des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans, contre 12,9% chez les garçons. De plus, 21% des 15-19 ans ont une vie féconde active au point où une grossesse sur cinq au Bénin est le fait d’une adolescente. Cette précocité des rapports sexuels associée à la faiblesse des besoins non satisfaits en PF serait à la base des grossesses précoces et non désirées qui se soldent malheureusement par des avortements clandestins.

Pour régler ces différents problèmes, il est important de promouvoir une fécondité responsable, à travers un meilleur accès à l’information et aux services de santé de la reproduction. L’utilisation de la planification familiale devient alors urgente pour permettre aux femmes de ne plus mourir en voulant donner la vie, permettre aux individus de mieux gérer leur sexualité. Elle va également permettre aux couples de faire des enfants qu’ils désirent et qu’ils peuvent prendre en charge, mais surtout de mettre fin aux avortements clandestins et pratiqués dans de mauvaises conditions. Ceci dans le but de réduire la pauvreté et d’atteindre les OMD 4 et 5 (Réduction de la mortalité infantile et amélioration de la santé maternelle).


L’achat des produits contraceptifs : Beaucoup d’efforts à faire …

Plusieurs partenaires techniques et financiers s’investissent dans l’achat des produits contraceptifs au Bénin. Selon les explications de Dr Déguenon Konrad, médecin de santé publique, chef service planification familiale, santé des Adolescents et Jeunes à la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant, l’USAID est l’un des principaux bailleurs de fonds. D’autres institutions internationales telles que l’UNFPA, l’AFD, l’Ambassade des Pays Bas… apportent également leur contribution. Sur le plan sous régional, c’est l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) créée par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui aide à combler le gap de rupture en produits contraceptifs. Le secteur privé joue également sa partition dans l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. C’est le cas de l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF) financée par l’IPPF, une institution internationale, qui consacre chaque année, 20% de sa dotation financière à l’achat de produits contraceptifs, et une autre cagnotte de 20% pour les activités des jeunes. L’ONG OSV/Jordan se rapproche aussi des populations en leur offrant gratuitement des services d’informations et de distribution gratuite de produits contraceptifs. Quel est donc l’apport financier du l'Etat béninois ?

L’achat des produits contraceptifs est intégré dans le Programme d’Appui aux Activités de Santé et de Reproduction (PAASR) du Ministère de la santé. Un programme dont le budget varie et chute des fois jusqu’à moins de 22 millions FCFA. Outre l’achat de ces produits, il faut aussi assurer les activités de supervision, de suivi et de coordination sur ce même budget. « C’est ce qui explique souvent la variation observée dans le montant alloué pour l’achat des produits contraceptifs au cours des 7 dernières années » a affirmé lors d’une conférence de presse, M. Josephat Avocè, Directeur Exécutif de l’ONG OSV/Jordan. Pour preuve, en 2007 et en 2008, le gouvernement a alloué une subvention de 50 millions FCFA. Celle-ci a subi une légère augmentation de 10 millions FCFA en 2009 avant de disparaitre complètement en 2010 et 2011. En 2012, le financement a repris avec un montant de 10 millions FCFA doublé en 2013. Pour 2014, il est prévu un montant de 40 millions FCFA. Malheureusement le décaissement de ce fonds n’est pas systématique. « On coupe le budget de la PF. On pense que nous avons assez de partenaires pour l’achat des produits contraceptifs et on affecte les fonds à une autre activité. Les autres secteurs profitent bien des ressources de l’Etat » se désole l’un des responsables du ministère de la santé. Et un autre de répliquer « On a l’impression que la PF n’est pas une priorité du gouvernement ».

La prévalence contraceptive a évolué au rythme d’un gain annuel de 0,3% entre 1996 et 2011, passant de 3,4% à 7,9% (EDS 2011-2012). Selon les prévisions du Plan d’action national budgétisé pour le repositionnement de la Planification Familiale 2014-2018 au Bénin, si le gouvernement accroit l’investissement dans le domaine de la PF, notre pays atteindra un taux de prévalence contraceptive de 15% en 2015 et 20% en 2018. Dans le cas contraire, il sera respectivement à 9,5% et 10,7%. Voilà autant de situations qui constituent des freins au respect de certains engagements internationaux (le Partenariat de Ouagadougou par exemple) concernant le repositionnement de la PF. « Ces objectifs risquent de ne pas être atteints du fait de l’évolution très lente de la prévalence contraceptive au cours des 15 dernières années ; évolution essentiellement due à la faiblesse de l’investissement de l’Etat » a déploré M. Josephat Avocè.


La création d’une ligne budgétaire spécifique et sécurisée comme solution

A ce rythme, l’objectif de 15% ne serait atteint qu’en 2035, soit dans 21 ans. « Le Bénin ne sera pas au rendez-vous en 2015, même en 2025 si on ne change pas de stratégies » a conclu Dr Serge Kitihoun, Directeur des Programmes à l’ABPF. Si le Bénin veut atteindre ses objectifs en matière de planification familiale, contribuer significativement à la réduction de la mortalité maternelle et faire de ce secteur (PF), l’une des stratégies efficaces pour son développement, il doit œuvrer pour une utilisation accrue des produits contraceptifs. La création d’une ligne spécifique et sécurisée pour leur achat dans le budget général de l’Etat à partir de 2015 s’avère donc nécessaire afin d’accorder à la PF une place de choix parmi les priorités de l’exécutif.Le Bénin peut aussi bien s’inspirer des expériences de certains pays africains comme la Tunisie qui a créé depuis quelques années un office national qui s’occupe exclusivement des questions liées à la planification familiale.

Makéba TCHIBOZO

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