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Le Matinal N° 4399 du 25/7/2014

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Artisan d’une campagne cotonnière catastrophique : La ministre Fatouma Amadou Djibril, l’incendiaire de la République
Publié le mardi 29 juillet 2014   |  Le Matinal


Fatouma
© Ministère par DR
Fatouma A. Djibril , ministre de l’agriculture


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Alors qu’elle reste l’un des artisans d’une campagne cotonnière chaotique, la ministre de l’Agriculture, Fatouma Amadou Djibril ne méritait plus d’être écoutée avant de venir ajouter de l’huile sur le feu, en se projetant dans un probable mandat présidentiel pour Yayi Boni. Ses déclarations à ce propos continuent de faire des vagues.


Tout cela ressemble à une guerre que se livrent deux camps : d’un côté, les partisans d’un troisième mandat pour le président de la République, et de l’autre les opposants. Il faut y voir à travers la réaction de ces derniers une réponse spontanée et ferme aux velléités du régime de confisquer par tous les moyens, le pouvoir en 2016.
En écoutant la ministre de l’Agriculture, Fatouma Amadou Djibril, le dimanche 24 juillet dernier sur la chaîne de télévision privée Canal3, n’importe quel bon démocrate doit tirer la sonnette d’alarme. Il y a danger et il faut à tout prix le conjurer. Essayons de comprendre ce qu’a voulu dire ce personnage qui n’a rien d’un démocrate. La ministre a déclaré sans trembler, que Yayi Boni aura un 3ème mandat si le peuple en décide, c’est-à-dire même si la Constitution le lui interdit. « Si le peuple en décide, ce sera fait ». Au cours du même exercice, elle annonce que des marches provenant des producteurs de coton sont en préparation pour remercier le chef de l’Etat. Un geste de gratitude à l’endroit de ce dernier dont la politique aurait permis à ces producteurs de tirer grand profit de la campagne cotonnière 2013-2014. Immédiatement, la juxtaposition de ces deux éléments n’a pas échappé à notre vigilance. Cela résume tout et vient confirmer qu’au Palais de la présidence, il y a un plan concocté pour 2016. Un plan sans doute pour maintenir l’actuel chef de l’Etat au pouvoir. De plus en plus, les preuves qui éveillent de tels soupçons s’accumulent. Avant les déclarations de la ministre de l’Agriculture, il y a eu d’autres faits, notamment ce qu’il convient d’appeler une campagne mise en œuvre dans certaines contrées du pays et qui vise à persuader les têtes couronnées, les dignitaires des chefferies traditionnelles et des leaders d’opinion d’accorder un troisième mandat à Yayi Boni en 2016. Nous l’écrivions dans nos précédentes éditions que l’argument de campagne développé pour défendre un troisième mandat envisagé par l’actuel chef de l’Etat est celui-ci : permettre à Yayi Boni d’achever ses chantiers.

Un argumentaire qui tombe mal

Même si Fatouma Amadou Djibril ne l’a pas dit explicitement, l’argumentaire défendu à l’occasion par la ministre de l’Agriculture n’a rien de différent et de convainquant. Elle est partie de la campagne cotonnière chaotique qu’elle se refuse d’admettre en lui substituant un bilan élogieux, en vertu duquel des producteurs s’apprêtent à marcher pour remercier le chef de l’Etat. Or, pour le commun des Béninois, les résultats enregistrés pour le compte de la campagne cotonnière 2013-2014 ne méritent même pas qu’on en parle avec des mots d’encouragement. Le bilan est désastreux. A partir de ce moment, il est aisé de comprendre à travers la sortie de la ministre de l’Agriculture, une contre-offensive face aux nombreuses accusations et opinions blâmant l’invasion de l’Exécutif dans le secteur. Le gouvernement cherche à se défendre à un moment où beaucoup d’acteurs de la filière se retournent contre lui à cause de sa mauvaise gestion de la campagne. Lorsque Fatouma Amadou Djibril évoque par exemple qu’il n’y a aucune perte au cours de cet exercice, elle est restée fidèle à la ligne de défense du gouvernement, malgré que les preuves irréfutables d’une campagne cotonnière déficitaires existent. Jusqu’à présent, les chiffres qu’il avance sont contredits par d’autres professionnels de la filière. La prestation de la ministre de l’Agriculture est la preuve palpable de la propension de ce régime à la désinformation. C’est en cela que beaucoup s’étonnent de voir la ministre de l’Agriculture prendre un sujet à polémique voire contre productif comme un thème clef de l’argumentaire qui a précédé ses déclarations fracassantes sur 2016. Lors de sa piteuse prestation, elle a légitimé un troisième mandat pour Yayi Boni si le peuple le rend possible. Mais par quel moyen parviendra t-il à le faire ? Fatouma Amadou Djibril a tenté de mettre cette possibilité au service des marches de remerciements. Bien entendu organisées par ses soins pour maquiller la vérité sur les chiffres de la campagne cotonnière. Des cadres agronomes originaires de sa ville natale Kandi ayant prouvé leur savoir-faire dans la gestion du coton ont souvent accueilli avec un sourire moqueur et malveillant ses déclarations. Et, c’était le cas dimanche 20 juillet dernier. A y comprendre, la vraie raison de son passage sur la chaîne privée de télévision Canal3, c’est de se servir de cette aubaine pour contracter des assurances auprès du chef de l’Etat. Tout cela se fait en prévision de demain.

Fatouma s’inspire de Yayi

En prétendant d’une campagne cotonnière réussie du fait d’une reprise en main de la filière par le gouvernement en place, la ministre de l’Agriculture veut bien que les producteurs bénéficiaires de cette réussite, retournent l’ascenseur au chef de l’Etat. Dire donc que les cotonculteurs se réservent le droit de marcher pour dire merci à Yayi Boni s’inscrire dans cette logique. Mieux, elle rêve de voir ce geste de gratitude aller plus loin : c’est-à-dire qu’il se transforme en soutien à un troisième mandat pour le roi du Palais de la Marina. Un vieux rêve des caciques de ce régime. Fatouma Amadou Djibril n’a fait que se mettre dans le sillage de ceux-ci, à la différence qu’elle est l’une des rares personnalités aux affaires à exprimer clairement une position à laquelle, Yayi Boni au premier rang, suivis de ses lieutenants ne se désolidariseraient point. De tout le lot, elle apparait comme celle que le chef de l’Etat peut utiliser pour lancer un ballon d’essai. Ce qui ne trompe pas l’œil, c’est la méthode utilisée par la ministre de l’Agriculture. Le procédé est cher au gouvernement et son chef. Ils choisissent souvent des détours pour exprimer leurs vœux et défendre leurs idées clefs. Yayi Boni l’a toujours utilisé. En quoi faisant ? Sous prétexte qu’il a un sujet important à débattre avec certaines couches de la société, il les invite au Palais de la présidence. Dans son adresse à ses invités, il fait un détour dans un autre débat qui lui tient beaucoup à cœur. Au bout du compte, tous se rendent compte que non seulement l’ordre du jour ne devient plus la priorité de Yayi Boni, mais également ce détour dure plus. Cette méthode permet d’aboutir à la conclusion selon laquelle, le président de la République ne va pas souvent droit au but, mais emprunte des voies détournées pour atteindre ses buts. La méthode fait école dans l’équipe gouvernementale. Cette fois-ci, c’est la ministre de l’Agriculture qui s’est mise en évidence. Elle a évoqué la campagne cotonnière avec des termes élogieux. C’était une diversion afin de détourner l’attention de l’opinion publique du principal sujet : un troisième mandat pour l’actuel président de la République. Mais personne n’est dupe. Ces manœuvres n‘ont qu’un seul but : utiliser ces marches comme un appel du peuple lancé à Yayi Boni afin de l’inviter à briguer un autre mandat. On a compris cela à ses déclarations du genre : « Si le peuple en décide, ce sera fait ».

La main presque dans le sac

Fatouma Amadou Djibril a été prise en flagrant délit d’un coup en préparation. Interrogez le président de la République sur ce qu’il pense de ses propos, il répondra que cela ne l’engage point. Mais on sait qu’il est derrière ces manœuvres. Yayi Boni ne dira jamais non à un nouveau mandat en dépit des assurances qu’il a données au peuple, à la Communauté internationale, au Pape Benoît XVI, aux pays occidentaux. « Si le peuple dit oui, les gens n’ont qu’à parler, on s’en fout », c’est ce qui sera servi à celui qui veut l’entendre. Passé maître dans l’art de la renonciation de la parole donnée pour moins que cela, ce n’est pas au moment où il cherche à se maintenir au pouvoir qu’il fera exception à la règle. Le problème aujourd’hui, c’est comment parvenir à transformer ces assurances en contre-réactions. Les déclarations de la ministre de l’Agriculture et la réaction du ministre d’Etat qui a suivi ont été préparées. François Abiola a montré que la sortie de Fatouma Amadou Djibril a provoqué des irritations dans le rang des autorités politiques au Pouvoir, le chef de l’Etat en premier lieu. A en croire l’esprit de ce démenti, c’est que Yayi Boni a mal ressenti ce « coup de force » de sa ministre de l’Agriculture. Tout simplement parce que tous les démocrates et principalement la presse ont crié à la dérive. Pis, à la tragédie. Si elle n’est pas en mission pour ce dernier, il doit lui retirer sa confiance et ses attributions. Dans un gouvernement sérieux, Fatouma Amadou Djibril n’aurait pas fini son intervention que le chef de l’Etat l’obligerait à démissionner. De même, face à de telles déclarations fracassantes, le démenti du ministre d’Etat ne suffit pas pour atténuer la gravité de l’acte. Mais tout cela ressemble à un jeu. Le gouvernement cherche visiblement à tromper le peuple. Allant de contradiction en contradiction, il n’est pas à son premier coup d’essai. De plus, des menées subversives contre la démocratie béninoise ne datent pas d’aujourd’hui encore moins des déclarations de Fatouma Amadou Djibril. Ce qui est une réalité que les propos de la ministre sont venus illustrer, ce sont les dangers qui guettent la démocratie béninoise et l’Etat de droit. Le chef de l’Etat soutenu par des putschistes cachés au Palais est prêt à tout pour garder le Pouvoir. L’un des plans dissimilés dans des projets de développement que Yayi Boni a ressuscités est le soutien du peuple à ce putsch à travers les manifestations de rue. Le coup peut venir de là, comme l’a annoncé officiellement la ministre Fatouma Amadou Djibril. Avis aux forces démocratiques favorables à l’alternance. Pendant qu’on en parle n’oublions pas de se dire que des manœuvres qui se sont déroulées à l’Assemblée nationale au sujet de la révision de la Constitution ne sont pas encore enterrées. Elles se sont calmées un moment. C’est pourquoi, il ne faut pas se résigner à croire que les deux premiers épisodes de ce feuilleton marqués par deux rejets successifs de la loi portant modification de la Constitution du 11 décembre 1990, ont complètement désarmé Yayi Boni et son équipe.

Fidèle Nanga

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