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Le Matinal N° 4103 du 16/5/2013

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Gestion de la crise de l’essence frelatée : Le « Kpayo » toujours utile, peut-il disparaître ?
Publié le vendredi 17 mai 2013   |  Le Matinal


Benin
© Autre presse par DR
Benin : Essence frelatée


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La ville de Porto-Novo a été mercredi 15 mai 2013, le théâtre d’affrontements et d’échauffourées entre forces de l’ordre et trafiquants de l’essence « kpayo ». Sans trop s’occuper en détails des tenants et aboutissants de l’affrontement de mercredi, on peut évoquer quelques pistes pour une sortie de l’impasse.


Au regard de cette actualité, on peut sans se tromper, dire que le phénomène « Kpayo » est toujours un défi difficile à relever pour le Bénin, voisin du géant Nigeria. Plus personne au Bénin n’est indifférent au problème qu’est l’essence frelatée. Les avis sont partagés, et chacun a son idée sur la question. Mais une évidence s’impose : malgré tous les dangers que présente sa commercialisation, le « kpayo » est toujours un recours. Et pendant longtemps encore, quoiqu’on en dise, il demeurera présent sur les étalages aux abords des rues, artères et avenues de Cotonou, Porto-Novo, et ailleurs. Cette évidence est d’autant plus préoccupante, que l’Etat béninois ne dispose guère à l’heure actuelle, de toute la logistique nécessaire pour desservir sa clientèle convenablement. Et à cette difficulté d’ordre matériel, s’ajoute une autre d’ordre pratique, sur la voie de l’éradication de l’essence frelatée : le caractère social de la commercialisation du « kpayo ». En effet, l’essence frelatée nourrit encore une grande partie de la population béninoise. Donc, le recours au « kpayo », loin d’être un hasard ou l’appât du gain facile, est une solution de rechange, une porte de sortie au chômage, au sous-emploi et au désœuvrement. Indéniablement, la vente de ce produit occupe une partie de la population, et apparemment, c’est un commerce rentable, malgré les dangers courus. Par exemple, il n’est pas rare, dans la nuit profonde de rencontrer des jeunes débordant d’énergie, circulant avec des motos chargées de bidons d’essence dans les rues des grandes villes. Sur le qui-vive, ces jeunes traqués essayent de tromper la vigilance des policiers et gendarmes en faction aux différents carrefours. Mieux, plusieurs fois, les hommes et femmes qui s’adonnent à la vente du « kpayo » n’hésitent pas à vous convaincre, avec force arguments, de son utilité publique. Un dernier exemple pour montrer jusqu’où le pays est imprégné du phénomène : un policier rencontré il y a peu, confie que sa mère qui vend de l’essence « kpayo » vers Pobè ou Sakété, l’a élevé et instruit avec les revenus du « kpayo ». Dans ce cas ajoute-il, comment pourrait-il poindre une arme sur sa mère, et confisquer ses bidons d’essence ?

L’os dans la gorge du gouvernement

Ce qui est sûr, la gestion du phénomène devient un cactus, et un véritable os dans la gorge du gouvernement. Mais, à la décharge de tous, l’on peut dire, que ce n’est pas le Béninois qui est allé au « kpayo ». C’est un accident de l’histoire. Et la loi économique chère aux libéraux et capitalistes, voudrait que chaque béninois profite de la grande disponibilité de l’essence aux portes de ses frontières. Tout ceci nous amène à la question qui se pose à tous : comment rendre le monopole de la Sonacop plus efficace, tout en permettant à la couche sociale qui commercialise l’essence frelatée de s’en tirer à bon compte ? Voilà la problématique à laquelle les acteurs sociaux doivent trouver une réponse dans l’immédiat. Au risque de laisser s’envenimer la crise. Aussi, sans un dialogue avec les trafiquants, toute tentative restera un vœu pieux.

Wilfrid Noubadan

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