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Le Matinal N° 4411 du 14/8/2014

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Editorial

Mathurin Nago et sa destinée…
Publié le mardi 19 aout 2014   |  Le Matinal


Visite
© APA par El Hadj Assane
Visite du président de l`assemblée nationale, Mathurin Coffi Nago au Sénégal
Vendredi 22 Fevrier 2014. Dakar. Le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Mathurin Coffi Nago, arrivé à Dakar, pour une visite de travail de cinq jours, a rencontré son homologue du Sénégal, Moustapha Niasse pour une séance de travail. Photo: Le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Mathurin Coffi Nago


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Il avait annoncé les couleurs. C’était le 06 janvier 2014, dans la salle du peuple au Palais de la République. Souvenir pour souvenir…Mathurin Coffi Nago regardant droit dans les yeux de Yayi Boni, à l’occasion d’échanges de vœux entre les premières institutions de la République, disait au maître des lieux : « …Monsieur le Président de la République, que sommes- nous aujourd’hui en face d’un peuple qui entend, mais ne voit pas souvent et ne croit plus en ce qu’on lui dit ; un peuple qui souffre parfois de l’action des responsables politiques et administratifs, pourtant investis de la mission de son développement ; un peuple qui exprime souvent le sentiment d’abandon ; un peuple qui exprime des sentiments d’incompréhension et de déception face à la multiplication des actes et des scandales de corruption et de malversation et face à l’inaction apparente des responsables et services compétents ; bref, un peuple au moral très bas et qui semble perdre confiance en lui-même et en ses acteurs et décideurs politiques ?


Ce sentiment de notre population ne signifie pas que votre Gouvernement ne mène aucune action de développement pour l’amélioration de ses conditions de vie, loin s’en faut ? Mais plutôt que l’action politique qui devrait lui procurer le mieux-être, est menée avec des moyens et des méthodes perfectibles et de plus, celle-ci est souvent marquée par d’importants actes de corruption et de gaspillage de fonds publics chèrement acquis et par l’impunité permanente. Nos concitoyens des villes et des campagnes en parlent entre eux et avec leurs députés. Ils désenchantent et s’emmurent parfois dans la prison du silence. La presse s’en fait souvent l’écho… ».
Sept mois passés, cette lapalissade exprimée par le Président de l’Assemblée nationale résonne encore dans le subconscient du peuple béninois. Et nous voyons voire constatons que les effets annoncés par ce diagnostic de Mathurin Nago porte leurs fruits. Plus rien n’est plus véritablement comme avant entre le « corbeau et le renard ».
« Quand je dis piiinnn… lui répond à Porto-Novo…paaannn ». Cette époque semble être révolue entre le leader des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et lui, que certains considèrent, à tort ou à raison, comme le dauphin.
Le fils de Bopa commence-t-il à prendre en mains sa destinée politique en tentant de se démarquer des actions du régime Yayi Boni ? Commence-t-il à mieux voir qu’auparavant ? Commence-t-il à tirer conclusion des années Yayi pour se projeter dans l’avenir ? Commence-t-il à véritablement se forger une bonne stature d’homme d’Etat pouvant bénéficier de la confiance de ses compatriotes ? Commence-t-il à appréhender à travers un grand prisme ce que ses compatriotes pensent de lui ? Commence-t-il à mieux mettre le pied à l’étrier ? Commence-t-il…commence-t-il…commence-t-il…à répondre aux aspirations des Béninois, face au régime de la Refondation aujourd’hui tant décrié par la majeure partie des Béninois, qui sont dépités de tout ce qu’ils vivent et surtout des nombreuses promesses jamais tenues sous Yayi Boni ?
Pour l’observateur bien averti de la classe politique béninoise, il est, on ne peut plus clair, que Mathurin Nago n’est plus comme l’homme d’hier qui se pliait aux injonctions du gouvernement. L’homme donne aujourd’hui l’impression de ce président d’institution de contre-pouvoir. Il vient de le démontrer une fois encore à travers le renvoi dos-à-dos des tenants et les opposants à la proposition de loi relative au retrait du droit de grève aux magistrats. C’est au grand regret des initiateurs de cette loi à polémique qui a fait descendre dans la rue le gotha de magistrats béninois, avec à sa tête le truculent Michel Adjaka, président de l’Unamab. Ce fut une bataille gagnée par les magistrats. Peut-être encore sous la cendre. Mais, d’ores et déjà, Mathurin Coffi Nago peut s’enorgueillir d’avoir réussi à mettre en déroute certains de ses collègues qui, dans leur logique d’affaiblir le droit constitutionnel reconnu aux magistrats, s’égosillaient à mettre au pas les juges. Toute chose qui mettra en berne la démocratie béninoise chèrement acquise.
Le président de l’Assemblée nationale est aujourd’hui sur une pente glissante. Il devra s’y maintenir pour sa crédibilité. Il devra s’y attacher pour démontrer que son institution joue aujourd’hui plus que jamais son rôle de contre-pouvoir. Le peuple l’attend sur ce terrain. Que l’Assemblée nationale vote des lois républicaines et promotrices des droits de l’Homme, qu’elle contrôle l’action du gouvernement…telles sont les prérogatives constitutionnelles qui lui sont dévolues. Et Mathurin Coffi Nago en est le dépositaire à la tête des députés du Bénin. Ce n’est qu’à ce prix que le peuple serait satisfait du travail de ses députés. Il urge donc que les représentants du peuple avec leur Président en tête se reprennent pour ne plus désoler leurs mandants. On aurait simplement aimé voir à chaque fois l’Assemblée nationale jouer pleinement son rôle. Rien de plus…Rien de moins. Autrement, les propos tenus par le professeur Mathurin Coffi Nago, le 06 janvier 2014, devant Yayi Boni au Palais de la République, ne seront vus aujourd’hui comme un épiphénomène, qui n’avait autre objectif que de reproduire une réelle photographie de la société béninoise sous l’ère Yayi Boni. Si le Président de l’Assemblée nationale s’écarte aujourd’hui de ce sentiment du peuple béninois, demain, il en sera certainement le seul responsable. Et son destin pourrait en prendre un coup. Car, seul le peuple béninois est détenteur de la souveraineté nationale et internationale. C’est ce que je pense.

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