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On espérait 5600 milliards de la table ronde et c’est 21 milliards qui manquent à la douane…
Publié le samedi 30 aout 2014   |  24 heures au Bénin


Table
© Autre presse par DR
Table ronde de Paris


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En attendant donc la pluie de milliards potentiellement récoltés à la table ronde de Paris, c’est le cauchemar à la douane. Les statistiques révèlent une saignée spectaculaire de près de 21 milliards en un mois, parait-il. Ironie du sort, le constat intervient au moment où prenait service le nouvel argentier national, celui-là même qui annonçait, quelques semaines plus tôt, sur sa page facebook, depuis les bords de la Seine, l’obtention de plus de 5600 milliards de promesses d’investissement pour le Bénin dès la première journée de la table ronde. A la place la ruée des milliards, le super ministre des Finances, Komi Koutché doit plutôt résoudre l’équation de la baisse drastique des recettes douanières. Une tendance baissière dans un contexte de raréfaction des ressources face aux multiples revendications sociales et aux besoins de financement du processus de correction d’un fichier électoral à la peine du fait des décaissements poussifs et insuffisants du trésor public.

Les diagnostics d’experts sur les difficultés au cordon douanier se suivent sans vraiment faire l’unanimité au sein des acteurs du secteur. Les arguments oscillent entre la corruption supposée ou réelle des douaniers, le dérèglement du système de lutte contre la fraude après le contrat controversé du Programme de vérification des importations (Pvi), les faux frais notamment en ce qui concerne les véhicules d’occasions et la désaffiliation des importateurs vis-à-vis du port de Cotonou. Le gouvernement lui-même semble avoir ajouté à cette liste, les difficultés du commerce avec le grand voisin de l’Est, le Nigéria. Ce dernier argument traduit l’échec de la politique de coprospérité entre les deux Etats (Nigéria-Bénin) sur laquelle les Béninois avaient fondé beaucoup d’espoir à l’avènement du régime du Changement en 2006.

Aussi curieux que cela puisse paraitre, ces déboires de la douane ne doit pas déplaire à tous le monde. Quelqu’un comme le professeur Valentin Agon n’a jamais caché sa circonspection quant à l’importance accordée aux recettes douanières dans le développement du pays. L’universitaire a toujours soutenu que la douane béninoise était au service de l’industrie et de la production étrangères. La posture des disciples de Saint Mathieu qui consiste à faire entrer tous les produits au Bénin contre des perceptions de taxes serait donc préjudiciable à l’éclosion du génie local. Selon lui, tout l’argent payé à la douane par les importateurs provient en réalité des consommateurs béninois. En effet, les commerçants répercutent automatiquement sur le prix de vente aussi bien les frais de douane, ceux du transport, des salaires des ouvriers de l’usine de fabrication à l’étranger ainsi que les bénéfices du producteur et du revendeur. Suivant cette démonstration, la douane n’est finalement qu’un instrument destiné à promouvoir l’industrie étrangère au détriment de la nationale.

En d’autres termes, une baisse des recettes de la douane béninoise équivaut à une baisse des importations au Bénin voire une baisse de revenus pour les usines étrangères qui vivent au crochet du consommateur béninois. Le moment est peut-être venu d’opérer cette mutation capable de rendre l’économie nationale moins dépendante de la fiscalité et de la douane. Tout dépend donc de la capacité de l’argenterie nationale à transformer ces déboires au cordon douanier en une perspective heureuse pour le pays. C’est peut-être là aussi une bonne nouvelle pour tous ceux qui envisagent investir plus de 5600 milliards sur le territoire national. Une régression des importations fait forcément l’affaire des futurs investisseurs découverts à la table ronde. Gare, par contre, si le flux de milliards annoncés depuis Paris se révèlent être des leurres. Alors là le spleen à la douane peut devenir un drame national.


Par Arimi Choubadé

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