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Gouvernance politique au Bénin :« Subordonner les élections à la Lépi est une aberration »
Publié le lundi 1 septembre 2014   |  24 heures au Bénin


Audit
© aCotonou.com par TOP
Audit participatif de la Lépi
Mercredi 19 Mars 2014, Cotonou : l`opération d`audit participatif de la Lépi se déroule dans tous les arrondissements de Cotonou à l`instar de l`entièreté du territoire national


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Le Politologue et spécialiste des questions électorale Clotaire Olihidé a exposé les freins à l’organisation des élections en République du Bénin. Dans son analyse, il pointe du doigt la haute juridiction (La Cour constitutionnelle) qui selon l’expert, refuse toujours de prendre les décisions courageuses pour permettre d’avancer. Il lit à travers ce blocage, des stratégies politiques pour maintenir le blocage et faire passer la Lépi du KO de 2011. C’était sur l’émission hebdomadaire « Ma part de vérité » de Golfe Tv du dimanche 24 août 2014.

Le Bénin dispose depuis mercredi d’une nouvelle équipe gouvernementale. La troisième depuis l’historique Ko de mars 2011. Et cette équipe est composée de 27 membres et de quatre femmes. Alors avant l’architecture de ce nouveau gouvernement, bien des observateurs et analystes de la vie sociopolitique s’interrogent. Pourquoi ? Quelles sont les réelles motivations qui ont conduit Yayi Boni à cette redistribution des cartes, Et pour en parler nous avons invité un spécialiste des questions électorales. Il est en même temps politologue. Clotaire Olihidé Bonjour, et merci d’avoir répondu à notre invitation.
Monsieur Olihidé, pourquoi selon vous Boni Yayi a effectué un nouveau remaniement ?
Clotaire Olihidé : Je vais commencer par dire que ce remaniement qui est intervenu quelques jours, m’a personnellement pris un peu de coup. Pourquoi cela ? parce que lorsque vous voyez dans les démocraties dont nous parlons souvent , les démocraties plus anciennes, plus vieilles, vous remarquez que les remaniements interviennent souvent au lendemain d’un événement politique majeur. Ça peut être au lendemain d’une élection présidentielle, législative ou communale. Cela peut être aussi au lendemain d’une élection où il y a généralement le paysage politique qui se redessine et il y a un message que les électeurs transmettent à travers les urnes. Et les chefs de gouvernement à partir de ce message, tirent des conséquences et effectuent un remaniement en tenant compte de ce qu’ils ont compris du message envoyé par les électeurs.
Un peu comme les dernières élections en France ?
Exactement. Il a été jusqu’à changer de chef de gouvernement et suite à cela le chef du gouvernement est allé à l’Assemblée nationale pour présenter la nouvelle orientation politique que le chef de l’État devait donner aux pays en faisant ce remaniement. Donc, il n’y a pas eu a priori un événement de ce genre au Bénin ces derniers jours, et nous attendons les élections communales depuis plus d’un an et demi qu’elles n’arrivent pas, et donc on ne peut pas lier ce remaniement à une élection. On ne peut pas non plus lier ce remaniement à un dossier, à un scandale majeur qui a éclaboussé le gouvernement parce que ça peut partir également des raisons qui souvent amènent à un remaniement.
Le scandale 14 milliards par exemple ?
Oui, si au lendemain de ce scandale il y avait eu un remaniement pour sortir certains, alors on aurait compris. Si aux lendemains de la bourde monumentale de la ministre Fatouma Amadou Djibril, ou au lendemain du concours calamiteux, il y avait eu un remaniement de ce genre oui cela n’aurait pas vraiment surpris. Je disais donc que n’ayant pas vu des choses de ce genre, au Bénin, alors le remaniement m’a un peu surpris et au lendemain du remaniement, je disais lorsque les remaniements interviennent comme cela, c’est généralement pour donner une nouvelle orientation ou pour modifier légèrement l’orientation du gouvernement. Et c’est pourquoi le chef du gouvernement vient généralement dans un discours solennel souvent pour dire voilà ce que nous voulons retoucher dans la politique du gouvernement.
Donc le gouvernement n’avait pas besoin dans ce contexte d’aller au Parlement
Non, il n’a pas forcément besoin d’aller au parlement alors que rien ne lui interdit. Mais dans tous les cas, il est de bon ton que le chef du gouvernement vienne situer le peuple sur le sens du remaniement qui a été fait. En fait, je n’ai jamais vu ça au Bénin. Après un remaniement, nous n’avons jamais eu ce genre de déclaration qui permet de situer les uns et les autres.
Cela veut dire que presque jamais nous n’avions eu cela ?
Je n’ai presque jamais vu pour ne pas dire je n’ai jamais vu cela dans notre pays. Jamais sous le Président Yayi. Cela c’est très sûr. Or, c’est essentiel pour connaître le sens de ces mouvements. Le chef de l’État met en place une équipe. Pendant quelques mois, le Chef estime qu’il est fatigué de cette classe, il la change. On passe à la même routine, à la navigation à vue et au détour de quelques petits problèmes, on change. Cela ne permet pas de suivre ce que fait le gouvernement.
On dit que c’est peut-être une façon de remercier certains barons qui précédemment ont soutenu le chef de l’état.
Oui, ce n’est pas exclu. Je dirais même que j’ai comme l’impression que ça participe pour beaucoup dans la formation des gouvernements dans notre pays. Surtout sous le Président Yayi. Regardez tous les gouvernements sous le Président Yayi. Depuis 2006, vous remarquez que tous ceux qui viennent au gouvernement en tout cas, 90% de ceux qui sont au gouvernement, on les découvre du jour au lendemain. Ce sont des gens qu’on n’a jamais vu dans un combat public. On ne sait pas ce qu’ils pensent. On ne sait pas ce qu’ils viennent défendre, et du jour au lendemain, on les voit au gouvernement. C’est rare de voir cela dans un pays sérieux. Lorsque vous avez un gouvernement et on appelle le nom de quelqu’un, vous avez tout de suite une idée de ce qu’il viendra faire tout au moins dans son secteur. Parce que, c’est quelqu’un qui a eu à défendre des points de vue dans le secteur dans lequel on le promeut. Vous voyez un ministre de l’Education en France, vous vous rendez compte que c’est quelqu’un qui pendant des années, est soit au sein du parti qui a pris le pouvoir, soit dans un débat public a eu à se prononcer sur la question de l’éducation, a eu à dire ce qu’il pense de l’éducation et du coup, lorsqu’on le nomme ministre, on a déjà une idée de comment il va orienter son action. Dans le cas d’espèce, on se rend compte que c’est des personnes dont on a jamais entendu parler sur l’échiquier politique et, du jour au lendemain, ils sont nommés ministres, et on n’arrive pas à lire, à suivre ce qu’ils font lorsqu’ils entrent au gouvernement. Il n’y a pas de lisibilité. Le chef du gouvernement ne fait pas un discours d’orientation qui permet de savoir la ligne politique que ce gouvernement veut suivre. Et les personnes nommées ministres, n’ont pas un parcours qui permet de savoir tout au moins au niveau sectoriel, ce qu’ils viendront faire.
Peut être que le Chef les connaît
Oui, mais il les connaît comment ? si vous regardez les gouvernements qu’on a eus ces dernières années, on se rend compte que c’est des gouvernements constitués de pasteurs. Donc voilà les terrains sur lesquels on peut essayer de situer ces ministres là. Qu’il s’agisse sur le terrain de l’action publique, sur le terrain politique et non politicien, des questions de développement, techniques, c’est des gens dont on n’a pratiquement jamais entendu parler mais qui arrivent. Après, on est surpris qu’au bout de quelques mois, le Chef les remercie.
Parce qu’ils n’ont pas atteint leur objectif ?
Je vais répondre en prenant les ministres au cas par cas pour voir en termes de performance, ce qu’ils ont réussi à faire. Sinon, lorsqu’on prend les ministres dès la proclamation du gouvernement, on ne voit pas vraiment ce qu’ils pèsent du point de vue de la conduite de ministère, de l’orientation globale que le chef de l’état veut donner à son gouvernement. Je ne vois pas au plan sectoriel, ce que les ministres nommés vont pouvoir faire.
Mais le Chef de l’Etat a un plan, un projet de société en 2006 et 2011
Ça, c’est une des faiblesses de notre système politique lorsqu’on dit que le Chef de l’état a un projet de société, et il invite les gens à l’accompagner. En fait, le projet de société qui a été élaborée par le chef de l’état en 2006 et 2011, c’est un projet de société qui a certainement été élaboré par un groupe, porté par lui. Donc le Chef de l’état à lui seul, ne peut pas réaliser un projet de société. Il est spécialiste dans un domaine. Il ne peut pas l’être dans tous les domaines. Il s’entoure d’une équipe qui l’aide à conduire son projet de société. Pourquoi on sent le besoin de faire venir d’autres alors qu’on ne voit pas vraiment le résultat que l’équipe a eu à faire ?
Donc il y a des concepteurs et des exécutants.
Non, il ne peut pas avoir des concepteurs et exécutants. Il y a une équipe qui travaille. Lorsque vous êtes Concepteur d’un projet, vous ne pouvez pas demander à d’autres d’exécuter ce projet-là. C’est peut-être l’administration qui est mise à la disposition de celui-là pour l’aider à la mise en œuvre de son projet. Donc quelqu’un qui est nommé ne peut pas être ministre et exécutant. Il y a ce problème-là au niveau de notre système politique qui permet à des personnes venues de nulle part, tout seul comme le messie devenu Président de la République et dire je vais tout changer. Bien sûr il a des limites, il ne peut pas s’en sortir donc ; il est obligé de faire du rafistolages, de chercher à gauche et à droite des personnes qui vont l’accompagner dans quoi ? Dans quelque chose qu’ils ne comprennent pas, quelque chose qu’ils ne maîtrisent pas, à quelque chose qu’ils n’ont pas participé à concevoir. C’est ça les problèmes de fond qu’il faut régler dans notre système politique, pour permettre d’aller de l’avant.
Vous venez donc de dire que si un ministre ou un membre du gouvernement, je prends par exemple, un ministre de l’intérieur, s’il n’était pas bien imprégné des questions de sécurité et d’administration, si on ne le connaissait pas sur le plan politique, s’il n’avait pas lui-même une orientation, en principe on ne devrait pas le retrouver un peu comme par enchantement dans un gouvernement .
C’est bien de cela qu’il s’agit. Parce que lorsque vous êtes ministre, vous gérez tout un pays dans un secteur donné. Vous ne pouvez pas gérer un ministère, si vous n’aviez pas un minimum d’expérience, de preuve dans ce secteur. On a des ministres qui sont là à gérer les petits problèmes et, au finish, on leur dit bon, sortez du gouvernement. C’est à cela qu’on assiste depuis plusieurs années. C’est pourquoi j’ai dit qu’en allant pas dans les détails qu’au niveau de chaque ministre, nous ne saurons pas les performances qu’il a pu atteindre et qui permette de justifier son maintien ou son départ du gouvernement. .
Parlons du cas Jonas Gbian, aujourd’hui ancien ministre des finances, parti du gouvernement après huit ans.
Le ministre Gbian n’était pas au gouvernement depuis huit ans, il est resté auprès du Président en tant que Conseiller. ll est arrivé ministre de l’Energie et quelques 3 ou 4 mois après, on l’envoie ministre des Finances. Il a déjà un problème à ce niveau-là.
Voilà le Monsieur qui est arrivé au ministère des Finances depuis bientôt un an. , qu’on a remarqué plutôt, très discret. On ne l’a pas souvent vu dans les meetings de remerciement politique mais qui ma foi, semble avoir quand même réussi à gérer de façon apaisée son ministère jusqu’à présent. Quand vous voyez un Monsieur comme cela qu’on débarque du gouvernement, est-ce que c’est parce qu’on estime qu’il n’est pas compétent dans son domaine ou qu’il n’a pas la capacité politique, il n’a pas fait suffisamment de meetings et n’a pas une capacité de mobilisation ? C’est pourquoi je dis qu’il faut aller chercher des critères qui justifient le maintien ou le départ. Je cherche comme vous parce qu’on ne nous a pas dit. Le chef de l’Etat aurait pu nous dire l’orientation, et on aurait compris. Maintenant, comme on ne nous a rien dit, nous sommes obligés de spéculer et de chercher à savoir ce qui peut justifier cela, et je vous dis qu’au niveau technique, je n’ai pas connaissance de grand reproche qu’on pu faire au ministre Gbian. Par contre, au niveau politique, je pense qu’on peut lui reprocher sa faible capacité de mobilisation. On pourrait peut-être lui reprocher sa faible disponibilité à organiser des messes de remerciement, de soutien. On pourrait peut-être également lui reprocher son lien de parenté avec l’autre qu’estime son frère, délit de patronymie à qui, on prête des intentions de présidentiable pour 2016. Peut-être que ce sont ces aspects politiques qui ont joué qu’il soit parti.
Comment les intentions politiques de son frère peuvent jouer ?
Vous n’êtes pas sans savoir que depuis quelques mois, il y a le débat du troisième mandat du Chef de l’État et la révision de la constitution. Alors, dans ce contexte-là où le Chef dit ‘’oui je pars en 2016’’. Il l’ a dit devant Obama, devant le Pape, tous les jours que Dieu fait, il pose des actes qui font croire qu’il est en campagne électorale permanente ou des ministres partent sur le terrain dire que le Chef de l’État n’a pas désigné de dauphin, d’autres disent qu’ils sont en train de travailler pour succéder au chef de l’État. Vous voyez l’ambiance délétère. Et le chef lui-même, ne dit rien d’autre que ce qu’il a dit au Président Obama, que ce qu’il a dit au Pape. Il ne fait rien, il ne pose aucun acte qui aille dans le sens de ce qu’il dit, mais plutôt des actes contraires. Regardez-le ces derniers temps, le Chef de l’État. Il est sur le terrain. Il va à Lokossa, à Parakou. Il va ici, il va là. Et quand il va, qu’est-ce qu’il fait ? Il se donne des bains de foule. Excusez-moi le thème. Il tient des discours plutôt décousus parce que quand vous suivez, vous ne voyez pas vraiment, vous ne retenez pas un message fort des discours qu’il passe. Vous voyez une opération de charme, une opération de séduction. On sourit par-ci, on donne des poignées de main par-là. On félicite à gauche, c’est comme si on n’était dans une campagne permanente. Mais, au niveau même des questions de développement, vous ne voyez pas un discours cohérent. C’est la lecture que je fais des déplacements du Chef de l’Etat ces derniers temps. Et quand ce Monsieur qui pose ces actes-là, dit en même temps, je pars en 2016, il y a comme une dichotomie entre les actes et les paroles. Et moi, j’ai tendance à retenir les actes parce que les paroles, n’importe qui, peut dire n’importe quoi. Mais les actes que vous posez, permettent de voir dans quel sens vous voulez aller. Et quand on voit les actes que le chef de l’État pose aujourd’hui, et qu’on les rapproche par exemple de ce remaniement, cela permet de déceler plus de motivation politique que le souci de performance économique. Alors, quand vous mettez tout ça bout à bout, vous avez comme l’impression que le chef de l’État n’a pas encore dit ce qu’il veut vraiment faire en 2016. Ce qui fait que tous ceux qui gravitent autour de lui, toute la sphère Fcbe et compagnie, là, il y a comme une suspicion. Tout le monde se méfie. Et à un an et quelques mois des élections présidentielles à venir, personne n’ose se prononcer pour dire je pourrais être candidat en 2016. Dans les pays qui se respectent, déjà à partir cette période, on devait commencer à entendre les potentiels candidats dire ce qu’ils envisagent de faire lorsqu’ils seront élus en 2016. On ne va pas attendre 6 mois, 7 mois pour commencer à les entendre. Mais personne, n’ose se prononcer. Ils se prononcent sur rien, sur aucun sujet, tout le monde est tapis dans l’ombre. Chacun attend qu’il reste quelques mois pour sortir deux ou trois fois et dire ça y est, il faut m’élire. Il va falloir qu’on ferme cette page. On est au XXIe siècle, on a plus besoin de messianisme politique. On n’a plus besoin aujourd’hui de charlatans politiques. Qu’est-ce que j’appelle charlatan politique ? C’est des gens qui débarquent du jour au lendemain et disent je suis candidat, je veux être président, je vais faire ceci, je vais faire cela. Il n’y a rien de construit, il n’y a aucun programme construit dans le temps. On n’a pas suivi leur parcours dans le temps pour les entendre au moins sur quelques sujets de préoccupation nationale, pour savoir voilà l’orientation que ce Monsieur-là pourrait donner, voilà ses propositions concrètes. Du jour au lendemain, on dit c’est moi l’homme de la situation, je viens de loin. On a plus besoin de ça. C’est à partir de maintenant que les candidats potentiels devraient commencer à se faire entendre. Et quand vous voyez un Monsieur comme le Général Gbian, que tout le monde crie et dit qu’il travaille, il travaille certes, mais on ne l’entend pas, il ne dit rien. Peut-être qu’il a distribué quelque chose, je n’en sais rien. On ne l’entend pas. Et ça personnellement, me pose problème. Et donc, son frère qui est au gouvernement Jonas Gbian et que le chef de l’État sort du gouvernement au détour d’un remaniement, on lie, on a tendance à lier cela à l’activisme politique du Général Gbian sur le terrain. Je ne peux pas dire que c’est vrai. Je ne peux pas dire que c’est faux. Mais c’est un constat dont il faut tenir compte. Voilà un peu la lecture que je fais du départ de Jonas Gbian que je lie plus ou moins à l’activisme de son frère sur le terrain également. Mais cet activisme n’est pas de très bon aloi parce que cela ne donne pas aux populations une idée claire de ce que ce Monsieur-là, veut faire si vraiment il veut être candidat en 2016.
Autrement dit, vous estimez que c’est compte tenu du langage et des actes du Président Boni Yayi aujourd’hui, qu’aucun candidat n’a osé jusque-là se manifester réellement
Tout au moins les candidats de la sphère Fcbe j’ai été très précis. Parce qu’aujourd’hui, le Président de la république se présente comme on le dit souvent chez nous, comme le leader charismatique Fcbe. Alors ça veut dire que si lui, leader charismatique des Fcbe n’ouvre pas la porte, alors, tous ses lieutenants, tous ceux qui sont autour de lui, ont peur de rentrer dans la danse. Et donc, voyez tout ce qu’on annonce d’une manière ou d’une autre comme partant en 2016 et qui sont dans cette sphère-là, vous remarquez qu’aucun d’entre eux n’ose se prononcer.
Mais ce n’est pas en faisant le salamalec pour le chef qu’on est sûr de succéder au Chef. Il faut de grandes actions. Il faut montrer qu’on peut vraiment occuper ce fauteuil puisqu’il s’agit d’une question de développement.
C’est en cela que la gouvernance Yayi me pose problème. Personnellement, la gouvernance Yayi m’a toujours posé de problème parce qu’un chef de l’Etat qui est en cours de deuxième et dernier mandat et qui est hyperactif, qui, à la limite essaie d’éteindre tous ceux qui collaborent avec lui, caporalise toutes les institutions de la république.
Carporalise ?
Faites le point de ceux qui sont membres et présidents de ces institutions. Faites le point et vous remarquerez que ce sont des personnes essentiellement nommées par le chef de l’État même quand ils sont élus. C’est des personnes qui sont plus ou moins nommées par le chef de l’État et donc, tous les actes tendent à aller dans le sens de ce que veut le chef de l’État. Justement, c’est parce que je me suis interrogé que je ne suis pas parvenu à ces réponses-là.

Quand je parle des institutions, très concrètement, la Cour suprême. Le Président de la Cour suprême a été nommé par qui ? Par le chef de l’État. La Cour constitutionnelle. Le Président de la cour constitutionnel a été élu comment ? Par le bureau de l’Assemblée nationale. Et qu’est ce que vous remarquez au niveau du bureau de l’Assemblé nationale ? Ce bureau est unicolore et penche totalement du côté du Chef de l’Etat. Allez au niveau de la Haac. Il est nommé par le Chef de l’Etat. Voilà les premières institutions de contre pouvoir de la République et vous voyez comment leur premier responsable est nommé ou élu. Je ne veux pas aller dans les détails, mais regardez un peu les décisions prises par ces institutions. Faites un peu le point et vous verrez de quel côté penche la balance et très largement. Alors, quand vous faites ce point et que vous prenez en compte tous les actes que posent ces institutions-là au quotidien, vous sentez la main visible ou invisible du chef de l’État. Systématiquement. Alors vous vous dites, voilà un Monsieur qui est en cours de dernier mandat et qui, au lieu de se préoccuper des questions de développement, se préoccupe plus de la maîtrise des acteurs politiques, se préoccupe plus de pousser les pillons sur l’échiquier politique.
Il s’offre, vous voulez dire, toutes les garanties dans la perspective de quoi ?
Dans la perspective, soit d’un troisième mandat, soit du positionnement d’un de ses proches au dernier moment pour reprendre en main les choses. Mais je vais mettre un bémols sur la question de troisième mandat. Parce que pour avoir suivi le Chef de l’Etat durant tout son parcours jusqu’à présent, j’ai remarqué que c’est un Monsieur qui est très fort dans l’art de la diversion. Il est excellent dans l’art de la diversion. C’est un Monsieur qui vous oriente sur des pistes, mais en réalité, là où il va se trouve ailleurs. Lorsque beaucoup se focalisent plus sur le troisième mandat, on a tendance à se tromper de paradigme parce que la réalité, ce n’est pas d’un troisième mandat qu’il s’agit. Le chef de l’État est conscient qu’il ne peut pas faire un troisième mandat et que la constitution ne lui permet pas de faire un troisième mandat. Il est parfaitement conscient qu’il ne peut pas faire un troisième mandat. Mais par contre, il y a autre chose qu’il peut faire pour revenir non pas pour un troisième mandat mais pour un premier mandat d’une autre république. Si aujourd’hui, on révise fondamentalement la Constitution, certains juristes vous diront qu’il suffit de toucher au préambule et on tombe dans une nouvelle république. D’autres disent non, donc le débat n’est pas même tranché au niveau des juristes. Donc si il y a aujourd’hui une révision de la constitution, et qu’il faut trancher sur la question de nouvelles républiques ou pas, il n’y a que la cour constitutionnelle qui puisse trancher cette question-là. A supposer, je dis bien à supposer, je suis dans la fiction. A supposer que la cour constitutionnelle dise on est entré dans une nouvelle République. Si on réussit à faire la révision et la Cour dit, on n’est dans une nouvelle république, le chef de l’État peut se représenter puisque ce n’est plus d’un troisième mandat qu’il s’agit mais d’un premier mandat d’une nouvelle République. C’est pourquoi je dis en parlant d’un troisième, le thème n’est pas approprié de mon point de vue. Maintenant quand je dis le Chef de l’Etat est passé maître dans l’art de la diversion, il peut également nous orienter sur ce chemin là et pendant que tout le monde se bat sur ce terrain-là, préparer le terrain pour quelqu’un d’autre dont il aura parfaite maîtrise, et il pourra aboutir peut-être au même résultat.
Certains disent que c’est pour le Chef de l’Etat
C’est un débat qui est ouvert, je ne pourrais me prononcer de façon péremptoire sur cette question là, parce que, tous les schémas sont possibles en politique. Il se pourrait que la guerre apparente qu’il y a entre le Général Gbian et le chef de l’État entre dans une stratégie politique. Ce n’est pas exclu.
Une stratégie outre que la tradition ?
Je sens que vous voulez faire allusion à ce qui s’est passé en 2006 entre le Général Mathieu Kérékou et le chef de l’État actuel. Oui, pourquoi pas ? De là, dire que c’est une tradition, je ne m’aventurerai pas jusque-là. Mais je dis que ça pourrait entrer dans une stratégie politique parce que la conquête et la conservation du pouvoir passent par diverses stratégies et chacun a le choix entre la stratégie qui le paraît la plus payante.
Autrement dit, plus qu’un troisième mandat, vous allez bien au-delà. C’est une nouvelle République. Cela veut dire que si ce que vous dites entre autres se passait, Boni Yayi jusqu’en 2024 pourrait être encore là. 2026 oui jusqu’en 2026 il pourrait être là si nous entrons dans une nouvelle République. Je dis bien si. Parce que je suis en train de faire une analyse et donc je pose tous les schémas possibles. Et je dis, il ne faut pas focaliser sur un seul schéma et encore un schéma de troisième mandat qui n’est pas du tout constitutionnel qui, me semble a priori relever plus de l’irréel que d’autre chose. Mais de façon pratique, les pistes que je vois du point de vue politique, c’est la piste d’une nouvelle République d’une part et la piste d’un « dauphin » qu’on est en train de préparer pour prendre la relève et se mettre à l’abri. Voilà.
On dit que pour certaines des analyses que la coloration politique de la Céna, on dit que la mission de commission de supervision de la liste électorale permanente informatisée, de prochaines élections législatives. Tout cela, c’est toujours l’option du chef de l’État pour envoyer plusieurs lièvres quand vous serez en train de courir,
Tous les lièvres qui sont lancés là vont au même endroit. Je vais vous expliquer. Quand je dis je vois deux schémas possibles. Soit la préparation d’un dauphin, sois la nouvelle République. Pour y arriver, qu’est-ce qui peut le permettre ? Jusqu’à nouvel ordre, pour accéder au pouvoir, il faut passer par les élections, en tout cas, c’est ce que dit notre constitution et tous les principes démocratiques au monde. Alors donc le Chef de l’État est conscient que celui qui va le succéder en 2016, ne peut le succéder que par la voie des urnes. A partir de ce moment là, qu’est-ce qu’il faut qu’il maîtrise pour s’assurer des objectifs qu’il veut atteindre ? C’est la liste électorale, c’est la commission électorale, c’est tout le système électoral, le Parlement entre autres. Aujourd’hui, prenez le système électoral. On en est où ? J’ai dit tout à l’heure en commençant par parler que nous sommes depuis plus d’un an et demi ou près d’un an et demi en attente des élections communales. Et qu’est-ce qui bloque ces élections communales ? La liste électorale. Mais pourquoi focalise-t-on tant sur la Lépi ?
C’est la Cour constitutionnelle qui a dit qu’il faut la lépi.
Pourquoi la Cour constitutionnelle nous dit que sans la Lépi on ne peut pas avoir d’élection ? Au plan juridique, excusez-moi c’est une aberration. Parce qu’une élection, c’est un principe constitutionnel. C’est un principe d’organiser les élections à date régulière. C’est des principes qui sont mis dans toutes les constitutions des pays du monde. Mais la liste électorale, c’est un outil. Comment peut-on subordonner le principe à un outil ? Cela n’a pas de sens.
Il y a quand même de hauts juristes qui siègent à la Cour constitutionnelle
C’est là que je me surprends à lire certaines décisions de la Cour constitutionnelle. Je me surprends vraiment parce que je connais un certain nombre de gens qui siègent et je ne vois pas comment ils peuvent construire des décisions juridiques de ce genre-là.
Mais la cour est après tout une institution politique
La Cour est une institution politique. Mais la cour est une juridiction. Et une juridiction, se doit de trancher les questions en se référant à une loi, à un texte de loi, un principe. Mais à quoi se réfère-t-on pour prendre une décision de ce genre là ? On a plusieurs manières d’organiser une liste électorale. Nous, on a choisi une Lépi encore que la Lépi pour moi, n’est pas la panacée.
Mais si la Lépi jusqu’en mars avril 2016 n’est pas prête
C’est justement les questions qu’il faut se poser. Pourquoi tient-on tant que ce soit avec la Lépi qu’on aille aux élections ? Si la lépi n’est pas prête, si on n’est pas capable de réaliser la Lépi, pourquoi ne permet-on pas de réaliser une liste ad’hoc, une liste alternative, une autre liste qui permet d’aller aux élections en attendant qu’on ait les outils nécessaires pour réaliser une Lépi ? En s’accrochant aujourd’hui à la Lépi et en voyant ce qui se passe aujourd’hui au niveau du Cos Lépi, je conclus que tous les lièvres dont on parle là tendent au même objectif, c’est-à-dire garder la main par rapport aux prochaines élections qui permettront de désigner le successeur de Yayi Boni. Il faut garder la main, ne rien lâcher jusqu’au moment où on sait qu’en lâchant quel que chose, on peut obtenir ce qu’on veut. J’ai comme l’impression que c’est dans ce schéma là qu’on se trouve aujourd’hui. La Lépi n’est pas prête et on tourne autour au niveau de la Cps. On n’a installé la Cena qui attend parce que tant qu’elle n’a pas la liste électorale, elle ne peut pas se permettre de programmer les élections. Et le serpent se mord la queue. Mais la Cour constitutionnelle qui doit départager tout ce monde là, dit non, personne ne viole la constitution.
Si au-delà du 6 avril 2016, si nous sommes toujours dans la même situation cela veut dire que la constitution devient obsolète
La constitution ne devient pas obsolète
Mais on la viole
Oui. Mais il y a une institution qui est chargée de faire respecter la constitution. Cette institution-là, son président a dit à l’installation de la Cena, qu’il n’acceptera pas que les élections législatives n’aient pas lieu en 2015.
Mais le Président de la République a dit qu’il faut qu’on aille aux élections avant la fin de cette année. Il a quelle garantie ?
Vous m’excusez. Mais je dis souvent que le président de la République dit plus d’incantation qu’autre chose
Je vous en prie, il s’agit du Président de la République.
Non quand je parle d’incantation, ce n’est pas péjoratif du tout. Qu’est-ce qu’on appelle incantation ? Ce qui ne se repose sur aucun fondement. Ça ne se repose sur aucun fondement. Vous n’avez pas de liste. L’institution qui doit organiser les élections ne vous dit pas encore j’ai tels ou tels éléments qui me permettent de dire qu’on pourrait avoir les élections fin décembre. Cela repose sur quoi ? C’est pourquoi je parle d’incantation. Je préfère plutôt m’attarder sur les institutions qui peuvent prendre des décisions pour faire avancer concrètement les choses. Et la première de ces institutions pour moi, c’est la Cour constitutionnelle. Il n’y a que la Cour aujourd’hui qui peut siffler la fin de la récréation. Et elle ne semble pas aller dans ce sens là. Elle dit, je ne tolérerai pas que les élections législatives et présidentielles n’aient pas lieu en 2015 et 2016, et dans le même temps elle dit que tant qu’il n’y a pas de Lépi il n’y a pas d’élection et elle ne donne aucun délai au Cps Lépi pour mettre la Lépi à disposition. Les municipales et les communales ne sont pas organisées, cela ne le préoccupe pas outre mesure. Alors quand vous mettez tout ça bout à bout, vous sentez qu’il y a un schéma qui est en train de se dérouler de sorte qu’à la veille des législatives, la Cour va dire, je ne veux pas que les législatives soient reportées, on va aux législatives quelques soit la liste qui est là et on peut nous sortir la liste qui a servi à faire le Ko en 2011. Or, cette liste-là est contestable, contestée et c’est pourquoi on a dit qu’il faut la corriger. Voilà qu’on en finit pas de la corriger et qu’on nous dise d’aller aux élections avec cette liste là. Vous voyez ce que ca peut donner.
C’est ce que l’autre a dit. La méthode de grand-mère.
Je ne vois pas les choses sur cet angle-là. Et c’est pourquoi je suis de ceux qui pensent qu’il faut anticiper. N’attendons pas le dernier moment pour rentrer dans des méthodologies dépassées. On ne peut plus revenir en arrière. Il faut essayer d’avancer et pour avancer, il faut le temps qu’il faut. Si nous attendons jusqu’à novembre, décembre pour dire, on attend la liste, il faut faire autre chose, on sera obligé de retourner à cette méthode de grand-mère. Et pour moi, ce n’est pas l’idéal. Et c’est dès à présent que la Cour devrait dire à ceux qui sont en charge de la Lépi si a telle date peut être fin octobre par exemple la Lépi, n’est pas prête, il faut commencer à préparer une liste alternative. Si quelque chose comme cela peut-être fait dès maintenant, on va sentir comme une volonté d’aller de l’avant. Mais si on ne fait pas comme cela et qu’on continue d’attendre et que dans le même temps, on dit qu’on n’acceptera pas de report pour les législatives, cela veut dire qu’on veut nous préparer progressivement à accepter une liste qu’on va sortir d’un chapeau magique au dernier moment, pour aller aux élections et, cette liste pourrait être contestée. La liste électorale c’est près de 50 % des élections. Lorsque vous êtes candidat à une élection et qu’on a diminué votre électorat potentiel de 50%, vous êtes perdant d’avance. Avant d’aller aux élections vous avez déjà perdu. Lorsqu’on maintient votre électorat intact mais qu’on multiplie l’électorat de votre concurrent par trois par quatre, vous êtes perdant d’avance. C’est pourquoi la liste électorale est un élément sensible et essentiel d’un processus électoral. On dit souvent, mieux vaut une liste consensuelle qu’une liste mal faite. Aujourd’hui, ce qu’on est en train de faire là, même si on finit d’ici 22 novembre, je ne suis pas sur que ca soit consensuel et si ce n’est pas consensuel, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets. Et cela peut conduire à la veille des législatives qu’on ait plus de députés qu’on aurait eu si on n’avait fait les choses dans les règles de l’art, à réviser la constitution par un petit truc de passe-passe et à aller vers une nouvelle République. Ça pourrait également permettre d’aller jusqu’à la veille des élections présidentielles avec une liste sur mesure et positionner quelqu’un au dernier moment et le faire passer sans que le peuple ait eu véritablement à s’exprimer. Et c’est pour cela que je dis que tout ce schéma en place semble mener vers un des deux que je subodore quand je vois les actes posés ces derniers moments par les uns et les autres.
Nous allons parler du cas Koutché. Komi Koutché.
Je prendrai le cas Koutché un peu comme le cas Gbian. C’est-à-dire voir au niveau des performances, au niveau de ses réalisations, des postes qu’il a occupés, est-ce que cela suffit pour continuer de faire sa promotion, de le garder au gouvernement. Vous avez dit Komi Koutché a été Directeur de la microfinance. En tant que Directeur du Fonds national de la microfinance, qu’est ce que le ministre Komi Koutché avait à faire à l’époque ? Distribuer des microcrédits n’est-ce pas ? On peut dire qu’il a réussi à le faire par ce que tout ce qu’on entend sur ce projet de microfinance n’est pas forcément rassurant. Je veux parler du remboursement par les femmes qui ont pris ces microcrédits là. Le remboursement pose problème. Vous et moi on peut distribuer de l’argent. Mais comment on organise après, le recouvrement. Je crois que c’est essentiel. Est-ce qu’il y a réussite de ce point de vue là, je ne saurais le dire puisqu’il n’a jamais présenté de bilan. Ce que nous entendons dire, c’est qu’il y a des problèmes pour le recouvrement. On l’a envoyé au ministère de la communication. C’est vrai qu’il a réussi à faire passer certaines réformes au niveau de ce ministère, on peut peut-être, je dis peut-être estimé que c’est vu sa capacité à relever ces défis là qu’on l’a maintenu au gouvernement. Mais de l’autre côté, il y a l’aspect politique. On a vu Komi Koutché dans de l’activisme politique pur. On l’a vu dans les mobilisations pour le chef de l’État. Il a une forte capacité de mobilisation au profit du Chef de l’Etat. Il est d’une fidélité à toute épreuve au chef et cela peut expliquer également le fait que non seulement il soit maintenu au gouvernement mais qu’il soit promu au ministère des finances et de l’économie à qui on a ajouté même la politique de dénationalisation. Donc Komi Koutché est en train de faire son petit bonhomme de chemin. Est-ce que c’est du uniquement à sa capacité de management ou bien également et surtout à sa capacité de mobilisation et à sa fidélité au Chef de l’état ? Les deux sont dans la balance. Mais si lui arrive plus ou moins à satisfaire aux deux critères, il y a beaucoup d’autres qui ne satisfont qu’à un seul critère et qui sont maintenus. Prenez par exemple, mon ami, je l’appelle mon ami parce qu’effectivement c’est mon ami, Barthélemy Kassa qui est maintenu au ministère de l’énergie. Vous voyez ce Monsieur là, du matin au soir au soir, toute sa préoccupation c’est de plaire au chef. C’est de mobiliser pour le chef. Il va jusqu’à dire que si le chef vient couchons-nous pour qu’il passe sur nous. Pendant ce temps, l’énergie est un problème récurrent chez nous. On n’arrive pas à régler l question de l’énergie malgré toutes ces sorties à la télévision, on est toujours en train de chercher la solution par rapport à l’énergie. Malgré tout ce qu’il dit sur la recherche minière, on n’a pas encore un demi gobelet de pétrole, on n’a pas encore un gramme d’or
Mais il a présenté entre temps un gobelet de pétrole
Un gobelet de quelque chose. Depuis ce temps qu’il a présenté ce gobelet qu’est-ce qui a évolué ? Voilà un Monsieur qui est très fort dans le tapage médiatique, très fort dans la mobilisation pour le chef de l’état, qui excelle dans sa capacité de captation mais qui au niveau des performances dans son ministère n’est pas très visible. Il est transparent sur les performances au niveau de son ministère mais il est maintenu. Je ne veux même pas insister sur le dossier de la Sbee qui a conduit au limogeage du Dg Hounkpatin qui est sous lui, mais malgré tout cela, ce Monsieur a été maintenu au gouvernement. Quand vous voyez ces genres de deux poids deux mesures, et que vous remarquez, je peux même ajouter l’exemple de l’autre, comment il s’appelle le ministre de la justice, Valentin Djènontin, le Pasteur Djènontin. Regardez la trajectoire de ce monsieur au sein du gouvernement. Il a commencé par le ministère de la culture. Après il a atterri au ministère de l’économie maritime et puis après, c’est le ministère de la justice. Et partout où il est passé, peut-être dans une moindre mesure au ministère de la culture, il a eu à gérer des dossiers sensibles. Et aucun n’a eu un dénouement heureux. C’est lui qui a commencé par gérer le dossier Pvi au niveau du ministère de l’économie maritime et qui l’a achevé au ministère de la justice. Mais ça a donné quoi, coup d’épée dans l’eau. Dossier magistrat, jusqu’à aujourd’hui, il n’est pas parvenu à satisfaire aux revendications des magistrats. Il n’arrive pas à gérer convenablement la maison justice. Mieux c’est sous lui qu’on nous sort ce projet qui consiste à retirer le droit de grève aux magistrats. Donc, Voilà un Monsieur qui au plan des réalisations, il n’est pas à célébrer outre mesure. Mais il est d’une fidélité à toute épreuve au Chef de l’Etat. A la limite, il ne fait rien sans citer 10.000 fois le nom du Chef de l’Etat. C’est le Chef de l’état qui lui dit tout ce qu’il a à faire. Il passe tout le temps à citer le Chef de l’Etat mais il a été maintenu au gouvernement.
Mais il y a d’autres qui célèbrent beaucoup mieux le Chef de l’Etat mais qui ont été sortis du gouvernement
Quand vous voyez ceux qui célèbrent bien, qui sont fidèles et qui sont sortis, ils ont posé un acte suffisamment gros et actuel. Je vais vous donner deux exemples. Je vous donne d’abord l’exemple du ministre Souton. Le Pasteur Souton aussi. Le pasteur Sounton est resté au gouvernement. Il est resté ministre de l’intérieur, il est resté au Mrai et ministre de la fonction publique. Voilà ce Monsieur aussi très fidèle au Chef de l’Etat, mais vous remarquez qu’il a pratiquement échoué sur tous les chantiers au niveau du ministère de la fonction publique. Je fais un constat. En fait, je n’ai rien contre le ministre Sounton. Je vous ai dit avant mon intervention que c’est des personnes qu’on ne découvre que le jour où ils sont nommés ministres. Je ne les connais pas personnellement en dehors peut-être du ministre kassa que j’appelle mon ami. Je ne les connaissais pas parce que je n’ai rien de personnel contre eux. Je fais des constats. Regardez le dernier concours de recrutement à la Fonction publique qui intervient après celui que Madame Kora Zaki a organisé et qui a été très décrié. On pensait que le ministre Souton allait faire mieux mais à quoi on a assisté ? C’est bonnet blanc et blanc bonnet. On se demande comment cette situation va être gérée. Regardez toutes les grèves qu’on a eue et qui ont conduit en partie aux résultats qu’on a connus. Lui il a à charge le dialogue social. C’était à lui de gérer la crise avec les syndicats. On a connu plusieurs mois de grève et il n’est pas parvenu à gérer ca. Au-delà de la fidélité, le Chef n’a pas hésité à s’en séparer peut-être qu’il va lui trouver une autre chose. Pareil pour Amadou Djibril qui est venue sortir la bourde monumentale de Canal 3 pour dire qu’on peut donner troisième mandat au Chef de l’Etat. Cela a suscité un tôlé général. Sauf à vouloir vraiment faire le sourd, je ne vois pas comment on aurait pu la maintenir surtout que tout ce qu’elle a géré comme campagne cotonnière a été calamiteux. Donc, les fidèles qui ont été sortis, c’est des fidèles qui n’ont pas pu gérer la situation et c’était vraiment criard. Maintenant vous prenez les trois ministres de l’éducation. Excusez-moi le ministre Abiola, ministre d’Etat chargé de l’enseignement supérieur. C’est un Monsieur je dois reconnaitre qu’il est à son poste. Lui, il est à son poste en tant que ministre de l’enseignement supérieur il est à son poste. Mais je suis sur que ce n’est pas ca seule qui a permis de le maintenir. Voyez également son activisme sur le terrain ces derniers temps. Au niveau de la mobilisation, je vois que ca le Chef de l’Etat doit l’aimer et l’apprécier à sa juste valeur. Le ministre Djemba. Je ne dirai pas exactement qu’il est à son poste. Je crois que ce qui le maintient, c’est la fidélité et la capacité de mobilisation parce que vous voyez les résultats qu’il a produits ? Bepc 47%. L’année dernière, ce n’était pas beaucoup plus fameux. Et c’est le Monsieur vous le voyez souvent dans le populisme dans les démonstrations médiatiques et tout, mais sur le terrain même de l’enseignement secondaire je ne l’ai pas beaucoup vu, mais il est maintenu. Le Ministre de l’enseignement primaire et maternel, lui il est totalement transparent. C’est un Monsieur que je n’ai jamais entendu une seule fois se prononcer sur les questions de l’enseignement. Les rares fois où je l’ai entendu parler, c’est peut-être à l’ouverture d’un séminaire, dans un meeting, mais, sur les questions relevant de son domaine, de son ministère, je ne l’ai jamais entendu. Totalement transparent mais il est maintenu. Quand vous faites le point par rapport à tout cela, vous vous rendez compte qu’il y a des gens qui sont maintenus parce qu’ils arrivent plus ou moins à donner des résultats au niveau de leur secteur mais la plupart se sont plutôt signalés sur le terrain de la fidélité, de la mobilisation pour le Chef, sur le terrain de l’adulation du Chef.
Et les Préfets ?
Oui les préfets sont sortis comme ils sont venus. Au fait je n’ai pas compris. Les deux préfets je les connaissais surtout là ou on va les caser pose problème. Pour le ministre Houéssou, je ne pense pas que le fait d’être Préfet suffit pour être ministre de l’intérieur. Peut-être qu’il sera plus utile au ministère de la décentralisation. Au niveau du ministère de l’intérieur qui gère la sécurité, je ne le voyais pas vraiment venir et ca n’a pas loupé. Il s’est mis au dos toute la hiérarchie policière. J’ai suivi la passation de service où le Sg du Synapolice disait qu’il a laissé une maison totalement en ruine et divisée. Quand le syndicat maison dit cela d’un ministre, cela veut dire qu’il est passé à côté. Et vous n’êtes pas sans savoir que le Dgpn a tenu des propos durs à l’encontre de son ministre en parlant des frais de patrouille. Vous voyez aujourd’hui tout ce qu’il y a comme insécurité dans le pays. Les braquages et autres. Comment il a managé pour qu’on en soit là ? Cela veut dire que quelque part, il n’a pas bien manager. Au niveau de la défense, j’ai vu un ministre qui est resté pendant un an sans se signaler outre mesure. Peut-être que je l’ai vu une ou deux fois dans une cérémonie protocolaire dire un mot mais en terme de résultat, je n’ai rien appris par rapport à ce ministre. Même carrément au niveau de la capacité de mobilisation, je ne l’ai pas senti dans la fidélité et dans les résultats on n’a rien à se mettre sous la dent. Il y a un autre ministre dont le maintien me pose problème. Non seulement par rapport à sa personne mais aussi à son portefeuille. Le ministre Edou. Le Pasteur Edou. Regardez le portefeuille du Ministre Edou chargé de quoi déjà ? En dehors de 10 millions d’arbres 10 millions d’âmes il a fait quoi ? Je ne vois pas. J’ai comme l’impression que son ministère se résume à 10 millions d’arbres 10 millions d’âmes. Je n’ai pas compris pourquoi ce ministère est là et pourquoi son maintien.
Mais c’est le ministre des eaux et forêts
On a besoin de créer un ministère pour les eaux et forêts ? Il y avait un ministre de l’environnement de l’habitat et de l’urbanisme. Aujourd’hui on a mis le ministre de l’habitat et de l’assainissement et on sort juste les eaux et forêts. En termes d’opportunité je ne vois pas l’opportunité de ce ministère là, mieux de celui qui l’occupe. Si ce n’est pas la fidélité je ne vois pas pourquoi même si ce ministère devrait être maintenu. Je ne vois pas pourquoi ce ministre doit l’être. Je me demande ce qui peut expliquer cela ?
Les femmes ?
Ah, les femmes, elles sont passées de 6 à 4. Il faut qu’elles comprennent qu’au-delà des paroles, c’est les actes qui comptent. Le Chef de l’Etat a parlé de 30%, après, il a parlé de 50%. Non seulement on n’a jamais atteint les 30%, on est resté à 16, maintenant à 14 %. C’est-à dire que les femmes sont en train de sortir progressivement du gouvernement. On a utilisé les femmes comme un vernis. « Je vous aime, je vous adore », pour les mobiliser pour accompagner le Chef de l’Etat parce que n’oubliez pas, le Chef de l’Etat donne toujours l’impression d’être dans une campagne permanente et tous ceux qui l’accompagnent dans cette campagne, il veut leur faire plaisir. C’est ce que je comprends dans cette stratégie. On a gardé les femmes simplement parce qu’on veut les utiliser dans un sens comme dans l’autre. Et on se rend compte que les femmes ont commencé par se cabrer. Elles ne suivent plus le mouvement. Vous voyez qu’il y a quelques semaines, un certain nombre de femmes s’est mobilisé pour dire des choses. Donc les femmes ne suivent plus le mouvement. Et à partir de ce moment là, il n’y a plus d’enjeu. Pourquoi les garder, pourquoi les multiplier par plusieurs alors qu’elles ne servent plus. Suivez la trame de ce gouvernement là. Je parle de fidélité, de captation, de mobilisation, vous remarquez que c’est ca surtout qui constitue la trame. L’autre côté vient parfois mais pas beaucoup. Donc les femmes ne répondent plus vraiment aux « je vous aime je vous adore ». Ca ne peut se répercuter que là. Il faut que les femmes comprennent que ce n’est pas des paroles qu’il s’agit. Elles doivent se battre et non attendre que le Chef leur fasse appel parce qu’elles sont belles où qu’on les adore. Cela ne suffit pas.
Parlant de la liste électorale et des élections en définitive vous êtes convaincu que nous n’allons pas à bon port ?
Jusqu’à présent je ne vois pas encore le bout du tunnel. C’est plus qu’inquiétant. C’était déjà inquiétant depuis qu’on avait reporté les élections communales sine die. Mais c’est plus inquiétant aujourd’hui parce qu’on est progressivement en train d’aller vers les élections législatives et on ne voit pas encore venir la solution.
Un complot contre le peuple ?
A la limite. Je dis à la limite parce que regardez toutes les institutions de la république qui sont impliquées. Regardez la réaction qu’ils ont par rapport à cette situation qui inquiète plutôt les populations. Vous prenez l’Assemblée nationale. Quand la Cour constitutionnelle l’a interpellé suite au recours de Monsieur Prince Agbodjan, l’Assemblée nationale a dit « j’ai déjà fait ce que j’ai à faire par rapport aux élections le problème ne se trouve plus à mon niveau ». Vous allez au Cos Lépi. Le Cos Lépi à son niveau dit que le Chef de l’Etat n’a pas mis les moyens à sa disposition, « j’ai du mal à faire ce que je dois faire. Mais c’est en cours, je dois finir vers novembre ». Voilà ce que le Président du Cos a fixé comme délai et en même temps, il vous dit qu’il n’a pas les moyens. Vous voyez le schéma ? Je n’ai pas les moyens mais la liste sera prête en novembre. Le Chef de l’Etat qu’est ce qu’il a répondu à la demande d’instruction de la cour constitutionnelle ? Il dit, « j’ai déjà mis les moyens à disposition ». Voilà la contradiction. Ou sont passés les moyens ente le Cos Lépi et le gouvernement pour que l’un dise j’ai libéré et que l’autre dise je n’ai pas reçu. Et quand tout cela arrive au niveau de la Cour constitutionnelle, qu’est-ce qu’elle prend comme décision ? « Tout le monde a raison, tout va bien, personne n’a violé la constitution, continuons ».
La Cour devrait interpeler les deux
J’ai un sérieux problème par rapport à certaines décisions de la Cour constitutionnelle. Je ne veux pas faire de procès d’intention. Mais quand vous mettez les choses mot à mot, vous vous posez de questions.
Vous voulez dire que c’est la Cour qui veut allumer le feu ?
Mais comment est-ce que face à des situations de ce genre, la Cour peut trancher pour dire que personne n’a violer la constitution et que ca peut continuer. Pour moi, ca me semble extrêmement grave parce que là, on est dans une situation où tout le monde a raison, qu’il n’y a pas de problème et en même temps on n’a pas de liste on n’a pas d’élection et nous sommes en train d’aller progressivement vers les élections législatives.
Peut-être qu’à la fin du mandat des députés, on peut prendre une loi pour proroger leur mandat
Et on continuera de dire qu’on est dans un pays démocratique ? Je pense que si nous nous sommes entendus d’être pays démocratique, respectons la constitution. On ne peut pas fixer des règles et être en même temps en train de violer les règles et être dans le même schéma, ce n’est pas bien. La balle de mon point de vue est essentiellement dans le camp de la Cour constitutionnelle. Le Président de la Cour constitutionnelle a une très haute responsabilité. C’est la Cour constitutionnelle qui nous a entrainés dans cette situation là et ce n’est qu’elle qui peut encore nous en sortir. Les autres acteurs peuvent y contribuer. Mais quelque soit leur contribution, si la Cour ne lève pas les verrous, cela ne donnera rien. Vous avez aujourd’hui la Cena installée le 1er juillet. La Cena aujourd’hui peut jouer un rôle essentiel. Elle peut booster les autres institutions pour dire, j’ai besoin de la liste électorale pour organiser les élections. Voilà les problèmes qui se posent à moi. Voilà les propositions que je fais pour qu’on aille aux élections. Ce que la Cena peut faire c’est d’interpeller les autres acteurs pour dire voilà mon problème, je dois organiser les élections à tel moment. J’ai tel problème, je dois organiser les élections à tel moment. A charge maintenant pour le législateur de voter une loi qui permette de faire une dérogation pour aller vers une liste alternative pour aller aux élections. Quand le législateur aura fait cela sur la pression de la Cena, que le Chef de l’Etat aura joué sa partition en promulguant la loi, c’est en ce moment là que la Cour constitutionnelle devra revenir sur sa jurisprudence. C’est pourquoi je dis que le rôle de la Cour constitutionnelle est essentiel. C’est-à-dire que si la Cour constitutionnelle ne revient pas sur sa jurisprudence, quelque soit ce que feront les autres, ca va se coincer
Mais si la Cour revient sur sa jurisprudence et que le gouvernement et le Cos se renvoient toujours la balle.
Si la Cour constitutionnelle revient sur sa jurisprudence, l’assemblée nationale peut mettre entre parenthèse le Cos Lépi et la Lépi pour qu’on aille aux élections avec une liste alternative qui peut être conçue par la Cena.

Propos transcrits par Hospice Alladayè

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