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L’ancien ministre Bernard Davo, au sujet de la déclaration de Bopa: « Le président Nago avait l’arme parlementaire pour tout vérifier »
Publié le mardi 9 septembre 2014   |  L`événement Précis




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L’ancien ministre Bernard Lani Davo, également ancien député, n’apprécie pas la forme utilisée par le président Mathurin Nago pour exprimer ses préoccupations sur un certain nombre de sujets d’ordre national. Pour lui, il a à sa disposition des moyens parlementaires plus efficaces pour tout vérifier avant de faire une déclaration comme celle de Bopa qui continue de défrayer la chronique.

Monsieur le ministre, le président Mathurin Nago a récemment fait une déclaration à Bopa dans laquelle il a suffisamment dénoncé le gouvernement, prenant le cas la bretelle de Bopa, non construite à ce jour, alors que le financement a été déjà bouclé. Vous avez suivi l’actualité comme tout le monde. Qu’est-ce que vous en dites ?



Pour ma part, je ne ressens pas une certaine logique dans la sortie du président Mathurin Nago. Aujourd’hui, on a le sentiment que si vous voulez faire la politique, il faut aller contre le président de la république en exercice. Il faut trouver qu’il y a mal gouvernance ou qu’il a mal fait. C’est possible et c’est certain, parce que seuls ceux qui ne font rien ne commettent pas d’erreur. Donc dire que le président de la République gère bien, c’est un peu prétentieux. Cependant, il y a des actes ou des évènements qui nous imposent au plan intellectuel de réfléchir et de raisonner et dans le cas d’espèce, je crois qu’on n’a pas à être soutien ou non soutien du président Yayi Boni avant de faire cette analyse. Premièrement, nous sommes dans le domaine politique et qui dit domaine politique suppose que vous ayez des objectifs, des opinions que vous défendez, que vous avez une philosophie politique de la gauche ou de la droite, ou de la ligne que vous devez défendre. Et si c’est le cas, pour quelqu’un qui est la deuxième personnalité de l’Etat, il y a à ne pas se précipiter pour faire telle ou telle déclaration. Il est le responsable de la législation dans notre pays et son institution est chargée de contrôler l’action du gouvernement. De l’autre côté, la constitution confère au président de la République, la prérogative d’être le détenteur du pouvoir exécutif. C’est lui qui détermine la politique de la nation et à ce niveau-là, on ne peut privilégier les relations de couloir pour les négociations au mépris des dispositions ou des prérogatives de chacun. Je crois qu’on ne peut pas se baser sur ça pour dire qu’on a été trahi ou bien qu’on a fait des démarches personnelles.

Pensez-vous qu’il aurait pu procéder autrement ?

Dans la situation où se trouve le président Nago, il avait l’arme de l’Assemblée pour procéder à des vérifications et des contrôles avant de se prononcer sur le sujet. Pour le sujet fondamental qui est celui de la bretelle de Bopa, moi je pense honnêtement qu’au niveau du parlement, il y a suffisamment de moyens, d’armes pour vérifier soit par le biais d’une question d’actualité, une question avec débat ou bien même, une simple question écrite prévue par le règlement intérieur sans informer qui que ce soit et le gouvernement est tenu de répondre puisque, in fine, ça devient de l’outrage et le chef de l’Etat peut être poursuivi devant la Haute cour de justice. Donc, s’il faut laisser tout cela et aller faire des déclarations et jeter dans l’opinion publique une polémique où on ne sait plus qui a raison, cela ne nous avantage pas dans la mission que nous, acteurs politiques, nous nous sommes donnés, et qui est d’éduquer les peuples.

Mathurin Nago, dans ses propos, estime qu’il y a nécessité de sauvegarder la démocratie béninoise ?

Dans les propos qu’il a tenus, effectivement, il prétend défendre la démocratie et a évoqué des lois que le parlement a votées. Mais, avant de tirer de telles conclusions, il faut d’abord s’assurer de l’efficacité de ces lois, comme de la Lépi.

Aujourd’hui, on risque de se retrouver dans l’impasse parce que tout le monde peut constater que la Lépi n’a pas été réalisée. Deuxième chose, il revient au parlement le contrôle de l’action du gouvernement. Je n’ai pas senti, pour les deux dernières législatures, des cas de contrôle ayant abouti à des commissions d’enquêtes avec rapport qui a un effet dans l’opinion publique. Je ne sais pas si vous en connaissez mais, nous avons su qu’il y a eu des commissions qui ont été créées. Mais, est-ce que les rapports ont été déposés ?

Est-ce que des recommandations ont été faites en bonne et due forme au gouvernement et suivies ? Parce que le parlement n’a rien à imposer au gouvernement sauf, des recommandations.

Quand je fais le point de tout ça, rapporté, au fait que le président estime dans ses propos qu’il est en train de faire deux mandats au perchoir, la perception qu’on a, c’est comme si c’est son mérite personnel. Je crois qu’il faut être humble. Le président Nago ne peut pas dire que c’est parce qu’il est populaire et que son parti est bien implanté qu’il a été élu député. La première fois, je ne l’ai peut-être pas bien suivi mais la deuxième fois, il a fallu l’implication personnelle du chef de l’Etat au vu et au su de tout le monde.

Le dire ne veut pas dire qu’on soutient ou non Boni Yayi. J’ai participé à un meeting à Lokossa où le président a demandé aux populations de lui dire, celui qu’elles veulent choisir, et elles ont dit, non pour Mathurin Nago.

Le président Boni Yayi a donc dû s’impliquer personnellement pour le faire élire et au niveau du parlement. Il ne peut pas dire qu’il a eu affaire à des candidats et que c’est lui qui a été élu. Ne pas le reconnaitre à mon avis relève d’une forme d’ingratitude.

Mathurin Nago est également membre de la majorité présidentielle. Ne voyez-vous pas sa déclaration de Bopa comme une forme de maladresse ou encore une indiscipline de groupe ?
Avec les médias, la presse et les acteurs, on a eu à développer cette affaire de majorité et de minorité. On ne peut parler de majorité que si la loi avait consacré la chose. Or, chez nous, des fois, le président de la République introduit des projets de lois qui ne sont pas votés, mais cela ne veut pas dire que c’est une anomalie.

C’est pourquoi nos textes ont prévu la configuration politique mais progressivement, on est arrivé à mener au niveau de la Cour constitutionnelle, l’histoire de minorité et de majorité. Donc, à force de répéter ces choses-là, je crois qu’on finit par ne plus être logique dans ses analyses.

Que révèle une déclaration du genre en termes de déclaration politique ?
Une déclaration du genre ne relève pas d’une analyse politique ou d’un projet de société. Aujourd’hui, si on veut parler, dans ce cadre, ce sont des idées qui tendent à régler des problèmes au niveau macro-économique.

C’est comment faire pour avoir une croissance pour notre économie, régler les problèmes de l’emploi, des grandes infrastructures de la République, les écoles, les centres de santé. Or, qui parle de route ne se limite pas seulement à une seule.

On peut dire que le Bénin a réalisé des infrastructures routières à 98% alors que les 2 % restants se trouvent dans une localité. Et c’est pourquoi notre loi fondamentale interdit le mandat impératif.

Un député qui se reconnait comme tel dans cette déclaration ne peut pas, à mon avis, défendre une région contre une autre. Il est le député de la nation tout entière. Un citoyen peut dire que je n’ai pas de route chez moi, mais un député ne saurait se plaindre de ce qu’on n’a pas réalisé telle ou telle chose dans sa zone. Donc, c’est là où il faut faire attention.

Le parlement a le pouvoir pour recommander au gouvernement de faire les choses de telle ou telle manière. Les recommandations peuvent servir de preuves. Si on a constaté qu’il y avait un projet qui était inscrit au budget et qu’on a retiré, il appartient au parlement à la suite d’une mission d’enquête recommandée, de réintégrer ce projet au budget ou recommander d’observer tel ou tel comportement dans l’élaboration des projets de la République. Malheureusement, tel n’est pas le cas et c’est regrettable.

De l’autre côté, il dit que c’est parce qu’il a des ambitions pour la présidentielle de 2016 que les gens le combattent et qu’il a le droit de dire la vérité à ses frères et sœurs.

C’est facile d’accuser les autres. Et si lui-même combattait des gens ? Malgré tous ceux qui sont avec ou contre lui, on n’a pas fait le tour pour savoir si chacun, à son niveau, n’a pas fait l’objet de destruction de la part de l’entourage de Nago. Je crois que cette manière de se rendre victime ne me parait pas sérieuse. Ensuite, pour être candidat aux présidentielles, on doit savoir qu’on ne peut pas avoir 100% des voix.

C’est pourquoi il faut faire une campagne. Si les gens vous détruisent, c’est à vous d’apporter le contraire et de rétablir le sondage. Vous avez suivi au Brésil où la présidente était dans de bonnes conditions mais quand il y a eu, par la force des choses, un autre candidat, on a appris que les sondages sont en faveur du candidat. Je crois que ce n’est pas un problème à mon avis.

On ne peut pas dire qu’on est candidat et avoir les voix. Maintenant, c’est au président Nago de savoir s’il veut utiliser le bilan du président Yayi pour faire campagne puisqu’il a évolué avec lui. Sinon, s’il choisit d’utiliser le contraire, les gens vont lui demander pourquoi il n’a pas démissionné. Si non en tant que président de l’Assemblée nationale, il aurait dû former d’autres groupes parlementaires et son parti pouvait faire une déclaration pour dire qu’il est de l’opposition.

Il a fallu que les élections s’annoncent pour voir comment l’opinion publique apprécie les réalisations du président en place. Je ne sais pas si cela peut être prometteur ou si ça peut le servir.

Propos recueillis par Christian TCHANOU

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