Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



La Nation N° 6075 du 22/9/2014

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

4è « soirée politique » de la Fondation Friedrich Ebert : Des échanges pour améliorer la conduite du dialogue social
Publié le lundi 22 septembre 2014   |  La Nation




 Vos outils




Au Bénin, tous les acteurs s’accordent sur la nécessité de l’instauration d’un dialogue social entre les défenseurs de la cause des travailleurs et les pouvoirs publics. Longtemps souhaité et dernièrement admis puis concrétisé par des textes, ce fameux dialogue est déjà en crise, replongeant ainsi la société au cœur des maux qu’il était censé guérir. La quatrième édition de la soirée politique de Friedrich Ebert Stiftung s’est penchée sur le sujet, le vendredi 19 septembre dernier, à travers un panel de cinq personnalités et en présence d’un public composé d’acteurs à divers niveaux.



Par Josué F. MEHOUENOU


Le principe des soirées politiques de la Fondation Friedrich Ebert est simple. C’est un plateau de débat qui ambitionne « d’attirer l’attention de l’ensemble des acteurs d’un secteur déterminé sur les questions et enjeux de gouvernance autour desquels un minimum de consensus est indispensable ». La dernière question débattue sur ce plateau, le vendredi dernier, portait sur les analyses et perspectives de la pratique du dialogue social au Bénin. Un sujet d’une actualité saisissante, pour lequel le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (COSI-Bénin), Noël Chadaré, le conseiller technique du président de la République au Dialogue social, par ailleurs ancien syndicaliste, Zakary Ibrahima, le chargé de mission du ministre en charge du Dialogue social, David Emmanuel Gnahoui, venu combler l’absence de son patron en mission hors du territoire national, Philippe Johnson représentant le patronat et madame Gertrude Gazard, consultante sur les questions du droit de travail, ont été invités à débattre du sujet. Les points d’ancrage soumis à ce panel étaient relatifs aux fondamentaux, à la pertinence et au contexte du dialogue social au Bénin, les mécanismes de sa promotion, les raisons de la crise de confiance qui s’observe entre les parties prenantes audit dialogue, les stratégies et approches pour éviter que la grève soit l’ultime recours à l’échec des négociations et, les propositions de solution à apporter pour une meilleure tenue, mais aussi pour une réussite des négociations entre travailleurs et gouvernement.
Une crise à responsabilité partagée ?
Mais avant d’aller au cœur des échanges, le représentant résident de la Fondation initiatrice a rappelé comme pour rafraîchir les mémoires que «le Bénin a connu en 2014 une période de grève des syndicats dans plusieurs secteurs, entre autres des domaines vitaux pour le fonctionnement de l’Etat». Il s’agit, entre autres, des secteurs de la santé, de la justice et de l’éducation. Et si cette situation, selon Constantin Grund est illustrative de l’état du dialogue qu’entretiennent les travailleurs avec le gouvernement, elle ne manque pas non plus de conséquences, tout comme elle viole le principe du droit à l’éducation et du droit à la santé. Une manière d’admettre à l’instar de nombreux observateurs que le dialogue social est effectivement en panne et qu’entre gouvernement et représentants des travailleurs, il existe un malaise, sans doute profond. Cela, les invités du journaliste Wilfried Hervé Adoun à qui est revenu l’honneur de conduire les discussions ne l’ont pas nié. Unanimement, ils ont tous admis que le dialogue social, censé solutionner des maux vient plutôt en rajouter et cela du fait de l’incompréhension entre ses acteurs. A l’heure des négociations entre les parties prenantes, « on parle sans s’écouter », fait observer le représentant du patronat, Philippe Johnson. Il faut donc sortir de l’urgence, selon lui, et éviter la médiatisation à outrance des négociations. De son côté, le conseiller technique du président de la République au Dialogue social, Zakary Ibrahima ne nie pas l’existence des problèmes qui d’ailleurs ont besoin de solution. Mais ce que souhaite ce dernier, c’est qu’il «faut équiper le dialogue social». Car, «il y a des insuffisances de tous les côtés». Le chargé de mission du ministre en charge du Dialogue social n’est pas d’avis contraire. David Emmanuel Gnahoui soutient lui que les responsabilités sont partagées dans cette crise. «Nous évoluons dans un contexte où nous sommes dans un attelage avec d’autres pays », rappelle-t-il par ailleurs, pour signifier le fait que depuis des années, le Bénin est en dépassement de sa masse salariale en rapport avec les normes de l’UEMOA qui imposent pourtant des restrictions. Selon lui, « les syndicalistes sont tous unanimes à reconnaître que ce gouvernement est l’un des plus généreux et les syndicalistes n’en demandaient pas autant que le gouvernement en a donné ».
Rendre le dialogue social permanent
Seul représentant des travailleurs invité à ce panel, le secrétaire général de la COSI-Bénin, Noël Chadaré préconise avant tout que le dialogue social ne soit plus un évènement. «Il faut le sortir de son caractère événementiel et le rendre permanent, pour éviter qu’on y vienne sur pied de guerre», suggère-t-il. Et si crise de confiance il y a, selon lui, c’est bien du fait du gouvernement «qui passe des accords avec les travailleurs et qui ne les respecte pas». En 2009 par exemple, illustre-t-il, les travailleurs du secteur de la santé ont porté des revendications à l’endroit du gouvernement. Mais il a fallu attendre des mouvements de débrayage en 2014, avant que le gouvernement ne se décide à réagir. Pour lui, les travailleurs ne font plus confiance au gouvernement et mettent en doute sa sincérité. C’est d’ailleurs pour cette raison, note-t-il, que la crise a atteint son paroxysme. La clé de lecture de Gertrude Gazard sur le sujet est tout autre. Celle-ci fait observer que la conduite du dialogue social, telle que faite actuellement est beaucoup plus orientée vers la gestion des conflits, plutôt que la prévention. Or, martèle-t-elle, à force de vouloir à chaque fois éteindre le feu, «on rogne une portion de la démocratie». Il y a également, selon elle, «un manque de volonté politique de dialoguer et de manière permanente».


Unanimisme
Existe t-il, de la part des acteurs appelés au dialogue social, une volonté réelle de négocier ? Cette question est aussi revenue dans les échanges au cours de ce débat et certains panélistes n’y sont pas allés du dos de la cuillère, pour remettre en cause le back-ground de certains négociateurs et la maîtrise par eux des dossiers y relatifs. Les autres invités à cette soirée politique ont également eu la parole, soit pour faire des observations, soit pour chercher à en savoir davantage. Certains responsables syndicaux ont par exemple démontré que la tension qui s’observe à l’occasion des négociations est beaucoup plus du fait de certains ministres qui parcourent monts et vallées pour vilipender les syndicalistes, provoquant ainsi leur colère et entrainant du coup les négociations dans une spirale de grincement de dents.

 Commentaires