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Entretien avec l’acteur culturel Serge Zossou : « Au Bénin, le clientélisme ne permet pas aux événementiels de prospérer »
Publié le jeudi 25 septembre 2014   |  Educ'Action




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Serge Zossou est un Manager culturel béninois. Il est le promoteur du festival international des langues maternelles et de l’oralité connu sous le nom de « Festival Gankéké ». Votre journal est allé à sa rencontre le vendredi 19 septembre 2014 à Porto- Novo. En toute simplicité, il s’est prêté à nos questions.

Educ’Action : C’est quoi le festival Gankéké ?

Serge Zossou : Le festival international des langues maternelles et de l’oralité « Gankéké » est une plateforme dédiée aux langues maternelles et qui travaille chaque année à sensibiliser les populations sur les thématiques sociales par le moyen du conte, du théâtre, de la musique, de la danse et du ballet.

Quelles sont les activités qui occupent généralement le festival ?

Nous accueillons des troupes de théâtre qui travaillent sur des thématiques qu’on leur donne avec des critères bien définis. Nous faisons des présélections. Donc il y a un challenge. On fait la même chose pour le conte, le ballet et la danse. Le seul fait qu’on les installe dans une atmosphère de compétition fait que les gens recherchent la qualité à travers le travail.

Quels sont les objectifs de ce festival ?

Au fur et à mesure que nous évoluons dans l’organisation de chaque édition, notre objectif, c’est de permettre à nos populations de s’exprimer dans leurs langues, de pouvoir jouer dans leurs langues. C’est une plateforme ouverte aux organisations professionnelles, aux associations professionnelles qui font du théâtre, de la musique, de la danse, du conte. C’est ce que nous avons ouvert au-delà du Fitheb pour qu’ils puissent travailler et s’exprimer dans leurs langues. L’édition de cette année est spéciale parce que nous n’avons pas eu le temps de parcourir nos partenaires. Ceci parce que nous étions pris par d’autres réalités de la vie. Elle se déroulera le 21 septembre prochain, donc dimanche au hall des arts de Cotonou. Il s’agit d’un concert de la génération de Gogohoun.

Pourquoi, un simple concert pour un événement qui regroupe plusieurs autres branches de la culture et qui est quand même à sa sixième édition ?

Dans ce pays le clientélisme ne permet pas aux événementiels de prospérer et le fait de ne pas travailler ensemble fait que les initiatives s’effritent au fil du temps. Le politique n’a pas un programme clair pour accompagner les événements de cette nature : l’alphabétisation, c’est important. On ne peut pas alphabétiser seulement les femmes, les enfants. Je crois qu’on peut trouver un prétexte pour que les gens pratiquent l’alphabétisation. C’est cela que nous offrons comme plateforme et ça devait être un tremplin où chacun de nous en tant qu’acteur du monde culturel doit s’y exercer. Mais il n’y pas eu ce pont- là. Le ministère et les autorités publiques n’ont pas daigné accorder cet intérêt à l’initiative.

Qu’est- ce que le festival Gankéké a apporté à la culture du Bénin ?

Je peux dire que par rapport à l’initiative, c’est d’abord la première. Qu’on le veuille ou pas, c’est la pionnière qui a voulu que les regroupements culturels s’expriment, s’exercent dans leurs langues maternelles. Au plan culturel et au plan social, c’est un plus parce que nous avons vu qu’un peuple qui ne s’exprime pas dans sa langue est un peuple qui caricature, c’est un peuple qui imite et l’imitation n’est jamais l’égale de l’originale. Ceux qui ont suivi les précédentes éditions ont reconnu qu’il y a de l’authenticité, du vrai. Gankéké nous a permis d’afficher notre identité à travers nos propres langues. Si nous travaillons bien dans notre langue, il n’y a pas de raisons que les internationaux ne pensent pas à cette langue – là.

Y a-t-il un intérêt économique pour le pays ?

Le festival Gankéké, tout comme les autres événements culturels ne manquent pas de booster l’économie du pays. Quand vous hébergez des centaines de festivaliers, quand vous les déplacez, quand vous les nourrissez, quand vous donnez de prix aux compétiteurs, forcément, cela apporte quelque chose à l’économie. Que ce soit l’économie à la base ou au niveau national. Il y a des métiers connexes au secteur culturel qui jouissent de la culture. Il y a beaucoup d’autres activités qui se déroulent autour de l’élément culture qui font qu’indirectement ou directement, les populations profitent.

Vos difficultés

La principale difficulté que nous rencontrons, c’est que les gens ne créent plus. Les acteurs culturels refusent de créer en langues nationales. Pas parce qu’ils ne veulent pas mais parce qu’ils ont de difficultés à appréhender la chose, à la posséder et à pouvoir l’exprimer. Il y a donc le manque d’engagement des acteurs à créer dans leurs propres langues. Les gens nous ont dit que si c’est en langue nationale, c’est trop difficile. C’est un combat que nous menons au fur et à mesure. Mais en dehors de cela, nous avons des problèmes de financement.

Un mot pour mettre fin à l’entretien

Si vous aimez la culture béninoise, si vous aimez les langues nationales, je vous invite à soutenir le festival Gankéké.

Propos recueillis par Cader E. GBETEBLE

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