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Le Matinal N° 4446 du 3/10/2014

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Mauvaise gouvernance sous la Refondation : Les « Femmes leaders », dressées contre Yayi
Publié le lundi 6 octobre 2014   |  Le Matinal




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Hier dimanche 5 octobre 2014, sur l’émission « Cartes sur table » de la radio Océan Fm, Rafiatou Karimou, Bouriana Akadiri Daguia et Virginie Noukonmey ont expliqué le concept de « Femmes leaders », encore appelées « Femmes amazones » et « Femmes baromètres ». Leur mission première, c’est d’être des éveilleurs de conscience et des gardiennes du temple pour que les acquis de la démocratie ne disparaissent pas. C’était au micro de Ricardo Loïck Kpékou.


Océan Fm : Madame Karim Rafiatou ! C’est quoi le groupe de Femmes leaders ?

Karim Rafiatou : On nous appelle Femmes leaders ou Femmes Amazones. Je crois que tout est valable. Quand vous prenez l’histoire du Bénin et que vous parlez d’Amazone, les Amazones ont une grande responsabilité dans l’évolution de ce pays notamment à Abomey. Toute femme béninoise qui défend les causes de ce pays, on peut l’appeler Amazone. Nous, nous sommes des femmes Amazones, mais nous sommes également des Femmes leaders parce que nous voulons être la locomotive qui va entraîner toutes les Femmes et les hommes du Bénin pour la défense des acquis démocratiques de notre pays. Nous sommes également appelées Femmes baromètres. Le baromètre, ne l’oubliez pas, c’est un instrument de mesure pour mesurer. Nous nous sommes donnés comme objectifs de mesurer la gouvernance de notre pays. Nous voulons qu’il y ait une autre gouvernance que celle que nous avons aujourd’hui. Donc, notre regroupement est un réseau de femmes, toutes tendances politiques confondues. Celles qui épousent les objectifs de ce regroupement sont avec moi et, tout à l’heure, quand nous allons revenir sur les événements de Parakou, vous comprendrez que ce réseau ira très loin puisque les objectifs sont nobles.

Et parlant justement des objectifs qui sont nobles, Madame Virginie, dites-nous quels sont les principaux objectifs de ce groupe de Femmes baromètres ?

Virginie Noukonmey : Je dirais que les objectifs de ce grand réseau, c’est d’éveiller la conscience des femmes sur la façon dont nous sommes gouvernés actuellement, les faire sortir de leur naïveté. On discutera avec elles de ce qui ne va pas dans le pays.
Vous avez décidé de mettre sur pied ce groupe de « Femmes leaders » Madame Bouriana Akadiri Daguia, pour éveiller la conscience des béninoises et béninoises. Comment-vous comptez vous y prendre ?

Madame Bouriana Akadiri : Vous savez, monsieur le journaliste, quand la femme veut quelque chose elle se réveille à temps et c’est ce qui est en train de se passer aujourd’hui. L’éveil de la conscience des femmes est déjà un objectif, mais nous voulons montrer aux femmes qu’elles doivent cesser d’être des marionnettes.

Parce qu’y en a beaucoup qui sont des marionnettes ?

Exactement ! Les femmes sont facilement manipulables. On les met à l’avant-garde et, on les manipule.

Et qui les manipule selon vous ?

En tout cas, beaucoup de gens. Vous le saurez au cours des débats. Je crois que vous avez de très beaux yeux en tant que journaliste pour voir que, lorsqu’on a besoin de femmes avec les grands foulards, elles sont toujours présentes aux grands rendez-vous. Après ces rendez-vous, où sont-elles ? Que font-elles ? Voilà pourquoi nous disons aujourd’hui, l’éveil de la conscience est un objectif. Le reste, il faut qu’elles sortent de cette précarité pour se battre et conquérir leur place aux côtés des hommes.

Madame Rafiatou Karimou, pourquoi le groupe des Femmes leaders est constitué, pour la plupart, d’anciens ministres et d’anciens députés ? Quelles sont les raisons précises ?

Karimou Rafiatou : Merci Monsieur le journaliste pour la question. Je voudrais d’abord vous demander ceci : il y a eu combien de femmes qui ont été député dans notre pays, depuis l’indépendance jusqu’à ce jour ? Combien de femmes ont été ministre dans notre pays depuis l’indépendance jusqu’à ce jour ? Le président Yayi Boni est venu au pouvoir en 2006 et, à ce jour, il a eu à nommer 120 ministres. Sur les 120 ministres, il n’y a eu que 27 femmes ministres. Notre regroupement n’est pas constitué que de femmes ministres ou parlementaires. Il y en a plein d’autres qui sont des femmes de bonne volonté, les femmes du marché, les femmes toutes catégories socioprofessionnelles confondues sont membres de ce réseau. Si vous voulez parler de la direction, certaines d’entre elles ont été ministre. D’autres ont été parlementaires. D’autres encore ont eu à occuper de hautes fonctions dans la République. Je voudrais vous dire que le mouvement a commencé depuis 2012. Il ne faut pas croire que c’est maintenant que ça été lancé si elles sont membres du bureau, c’est à cause de toute l’expérience qu’elles ont acquise. Elles ont été déçues.

Par la gestion de Yayi Boni ?

Il y a ça aussi, mais ce n’est pas ça qui les amène à être dans le mouvement aujourd’hui. Celles qui ont eu à travailler avec le président Yayi Boni et qui ne sont plus dans son gouvernement ou dans d’autres structures aujourd’hui, c’est sûr que le jour où vous allez les rencontrer, vous pouvez leur poser cette question. Certaines ont été déçues. C’est clair ! Elles le disent tout le temps. Ça peut être une raison pour les amener parce qu’elles côtoyaient Yayi. Elles ont jaugé sa façon de diriger les hommes, ainsi de suite. Ça aussi peut nous aider à faire corriger les choses. Je voudrais dire aussi que, dès que vous osez critiquer un peu, pour dire que la gouvernance, ça ne va pas, on vous traite d’anti-Yayi.

Et pourtant, Yayi Boni aime les femmes !

Non ! Sa façon d’aimer les femmes là, je l’ai déjà dit, il nous a assez aimées. Quelles sont les preuves de son amour ? On ne voit pas. Le dernier remaniement constitue une preuve palpable.

Mais, il y a les microcrédits ?

Quels microcrédits ? J’ai déjà dit que cela a été créé pour des femmes sans domicile fixe. Elles sont obligées de changer de domicile parce qu’elles n’ont pas pu payer les sous qu’on leur a donnés. Il y en a qui changent de place dans les marchés parce qu’elles n’ont pas pu payer ce qu’on leur donne. Est-ce qu’on les encadre ? Est-ce qu’on les forme à l’utilisation de ces fonds ? Tout cela manque. Et puis, des femmes éternellement assistées, nous n’en voulons pas. Qu’elles soient assistées par moment et, qu’après l’autosuffisance, qu’elles puissent elles-mêmes avoir ce qu’il faut pour gérer leurs affaires. Donc, l’amour du président Yayi Boni, ça suffit comme ça.

Donc, vous doutez fortement de son amour ?

Il ne nous aime pas. Je vous le dis. Il doit plutôt rendre hommage à des femmes comme nous parce que nous l’aidons à mieux gérer ce pays en osant dire ce qui ne va pas dans sa gouvernance. Ce qu’il fait, tout n’est pas mauvais. Il y a des aspects qui sont positifs, mais les aspects qui ne sont pas bons prennent le dessus…

Alors dites-nous, quelles est la vraie couleur politique de votre groupe ?

Monsieur le journaliste ! Nous provenons de toutes les catégories socioprofessionnelles. Moi, je ne suis pas de la mouvance. Je ne tends pas à gauche et à droite. Je clame haut et fort que je suis de l’opposition, mais de l’opposition constructive. Une opposition objective. Si Yayi fait des choses qui sont bien, je suis prête à aller dans la rue applaudir et expliquer aux gens que ce qu’il a fait, c’est bon. Mais si ce sont des choses qui ne sont pas bien pour la population ou pour le pays, je serai encore dehors pour crier haut et fort. C’est ça l’opposition constructive. L’opposition objective, c’est ça ma position. Nous avons vécu tous des époques. Aujourd’hui, nous sommes en train de comparer quatre choses. Il y a la période de la révolution. Il y a la période où le président Nicéphore Soglo est arrivé au pouvoir. Il y a la période où le général Mathieu Kérékou est revenu, pour une seconde fois, et il y a, aujourd’hui, la période où Yayi Boni est arrivé. Nous sommes en démocratie aujourd’hui. Hier, le Prpb c’était un parti unique. Mais, je crois que ce parti a fait le bonheur de beaucoup de gens. Que tu sois dedans ou dehors, parce que le Prpb a promu des cadres de ce pays.

Madame Virginie ! Le groupe des Femmes leaders pourrait se constituer très bientôt en parti politique ?

Madame Virginie : Merci !
Très belle question monsieur le journaliste. Nous n’avons pas du tout cette intention. Ce n’est pas encore l’objectif pour le moment. Le groupe est un réseau qui a été mis en place par des volontaires personnels qu’on a communiés, qu’on a mis ensemble pour en faire une volonté collective. C’est une force collective des femmes et, nous voulons éveiller la conscience de nos sœurs qui, avec les grands foulards, continuent d’applaudir et ne savent pas ce qui se passent. Nous nous faisons porte-parole. Nous voulons être le flambeau. Crier haut et fort que ça ne va pas. Il faut bien quelqu’un pour le faire. Mais, dire que nous allons nous constituer en un parti politique, ce n’est pas notre objectif. Notre objectif, c’est faire en sorte que nos voix soient entendues et que les hommes qui nous gouvernent sachent raison garder.

Alors, madame Karimou Rafiatou, que s’est-il réellement passé à Parakou le 30 septembre dernier ?

Nous sommes partis, bien des jours à l’avance, à Parakou pour prendre les dispositions. On a déposé une lettre d’information au niveau de la mairie et à la Police. Nous avons également sollicité les services de la Police pour encadrer et assurer notre sécurité. A notre grande surprise, le jour de la rencontre, on nous a dit que le maire n’a pas autorisé. Il dit que nous n’avons pas été enregistrés légalement, que nous ne pouvons pas tenir la rencontre. Il ajoute aussi que les gens qui dirigent ce mouvement, ce sont des gens incontrôlables. Ça veut dire que ce que nous disons, ils ne peuvent pas contrôler. Ce qui sort de nos bouches, c e sont des bombes. Le maire a pensé qu’on est venu pour déblatérer sur le régime. Notre ambition c’est d’aller dans les coins du Bénin pour éveiller les consciences des femmes et des hommes, pour attirer leur attention sur la façon dont nous sommes gouvernés aujourd’hui. Que chaque Béninoise et chaque Béninois puisse dire au chef de l’Etat, dans tel domaine, ça ne va pas. Dans tel autre domaine, ça ne va pas. Qu’il puisse corriger le tir avant de partir en 2016. C’est ce que nous faisons nous autres. Le maire, on ne sait quelle mouche l’a piqué et, il nous a interdit notre rencontre. Si vous voyez le monde qui était sorti, plus de 2000 femmes. Malgré toutes les dispositions d’intimidation qui ont été mises en place pour empêcher la rencontre. Les femmes ont dit, à un moment donné, qu’elles vont marcher sur la mairie. Nous avons dit : non ! Parce que si vous marchez, ils peuvent utiliser les gaz lacrymogènes. Ils peuvent même tirer sur les femmes.

Madame Virginie, que dites-vous autant pour être ‘’incontrôlables’’ ?

Merci Monsieur le journaliste ! Moi, je dirai que le maire a paniqué. Du coup, il a même perdu le contrôle du verbe. On a délégué l’honorable Amissétou Affo Djobo et moi pour le rencontrer. On est allé dans sa mairie le rencontrer. Il a dit : on vous connaît et on connaît vos propos. Je ne suis pas sûr de pouvoir vous contenir. C’est pourquoi, je ne peux pas autoriser que cette rencontre ait lieu ici. C’est de la panique ! Mais on lui a demandé s’il veut réécrire la Constitution de ce pays parce que la Constitution nous autorise, quand bien même nous avions envoyé une correspondance, nous vous avons informé au même titre que la Police et demander son appui. Mais vous attendez quelques minutes seulement pour annuler la séance. La séance était prévue pour 10 heures. On était à 9h30. Il a paniqué. Il a voulu faire du zèle.

Madame Akadiri : Est-ce que vous avez l’impression que le maire a reçu des instructions Madame Akadiri ?

Lui seul le saura. Mais ce que je veux ajouter, moi, j’ai été maire. Un chef de district est un maire. J’ai dirigé plusieurs mairies. Une autorité doit être objective, doit avoir sa tête sur les épaules et son cerveau doit tourner à 180°. C’est ce qui a manqué au maire. Il n’a fait qu’apporter de l’eau à notre moulin parce que, si on avait tenu la rencontre de Parakou, personne n’aurait su que nous sommes allés là-bas. Sauf en flash ou les informations vont passer. Si nous étions des femmes à histoire ou des femmes qui en veulent à Yayi Boni, je crois qu’on aurait fait un soulèvement. Nous sommes des femmes responsables et une femme incarne la sagesse et, Dieu même le sait. Nous avons parlé d’éveil de conscience. Mais nous n’en voulons à personne. La vérité blesse, mais il faut la servir. Même lorsqu’on la cache, elle ressort toujours et triomphe toujours. Notre vérité, à mon sens, c’est notre constitution. Puisque, la constitution donne la liberté à tout citoyen de s’organiser, de pouvoir exposer ses problèmes et de pouvoir discuter avec eux.


Transcription Ricardo Loïck Kpékou

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