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Fraternité N° 3712 du 13/10/2014

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Entretien avec Nondichao Cossi Pascal, président des personnes handicapées de Grand-Popo : « Si on donne l’occasion aux personnes handicapées, elles peuvent battre des records... »
Publié le mardi 14 octobre 2014   |  Fraternité




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Nondichao Cossi Pascal Crespin, est un handicapé visuel. Il est le président de l’association des personnes handicapées de la commune de Grand-Popo, et deuxième commissaire aux comptes du réseau départemental des associations des personnes handicapées du Mono-Couffo. Titulaire d’un master en communication et relations internationales, il est en stage au ministère de l’industrie, du commerce et des petites et moyennes entreprises. Il se prononce ici sur la vie des personnes handicapées.

Quand on parle des personnes handicapées, qu’est ce qu’on peut y comprendre réellement ?
Personne handicapée au sens large, c’est celui qui manque de quelque chose. Celui qui, sur son corps, qu’il soit sensoriel, physique ou autres, il y a quelque chose qui manque quand même. S’il faut réellement expliquer l’handicap dont on parle, c’est celui qui est incapable de toute action. La personne handicapée peut être incapable lorsqu’on ne lui permet pas de développer ses capacités.

Dans la commune de Grand-Popo, que faites-vous pour l’épanouissement des personnes handicapées ?
L’épanouissement des personnes handicapées pose un sérieux problème à Grand-Popo. Quand on a la volonté, on est freiné. On rencontre des obstacles de ceux qui font la politique politicienne en lieu et place de la politique de développement. Nous avons bien envie que chaque personne handicapée jouisse de ses talents, de ce qu’il a appris. Mais ce n’est malheureusement pas le cas. Nous avons envie par exemple que des ateliers soient installés pour les personnes handicapées qui réalisent des tabourets, des chaises et d’autres produits artisanaux etc. Nous avons été bloqués pour tout ce que nous avons demandé dans la commune de Grand-Popo, nous n’avons même pas un domaine où les personnes handicapées peuvent rester. Même notre siège pose un véritable problème. Si nous devons évoluer, il faut que les autorités locales nous donnent les accès possibles pour pouvoir faire valoir nos compétences. Malgré tout ça, nous ne croisons pas les bras. Dans la commune de grand-Popo, j’ai entamé avec la GIZ, la sensibilisation dans les collèges sur la convention relative aux droits des personnes handicapées et la politique nationale de protection. Nous avons déjà fait cette sensibilisation dans près de dix collèges. Nous avons aussi sensibilisé les directeurs sur l’accessibilité des dossiers des personnes handicapées pour les vacations.
Si cette sensibilisation que nous avons démarrée dans la commune de Grand-Popo, peut se poursuivre au plan national, ce serait un grand pas. Car au niveau national, tout se dit à la bouche, sans concrétisation.

Au regard de tout ce que vous faites, pensez-vous que les autorités à divers niveaux accordent de crédit aux personnes handicapées ?
Les autorités ont toujours dit qu’elles accordent de crédit aux personnes handicapées. Mais en action, cela ne se ressent pas. Elles n’hésitent pas à venir dire sur la place publique qu’elles font beaucoup de choses pour les personnes handicapées. Car en politique, chacun veut sauver sa tête. J’ai comme l’impression que les personnes handicapées sont des marchandises livrées sur des étalages. La plupart des personnes handicapées diplômées sont au chômage et ne savent même pas à quel sort elles sont vouées. Les dossiers des personnes handicapées sont souvent rejetés. Nous tirons régulièrement la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des autorités sur la situation. Nous espérons que l’arrivée du nouveau Ministre de la famille va changer les choses. Puisqu’elle a déjà marqué l’histoire à travers d’autres ministères, en l’occurrence le ministère du commerce.

Vous venez de dire tantôt que les personnes handicapées ont des diplômes et sont au chômage. Pensez-vous qu’elles ont le profil nécessaire, malgré leur handicap, pour offrir leurs services des prestations ?
On ne peut pas juger une personne incapable lorsqu’on ne la met pas à l’œuvre. Je suis certain que lorsqu’on donnera l’occasion aux personnes handicapées, elles pourront battre des records. Une confidence que je pourrais vous faire, il y a des autorités qui ne veulent pas entendre parler des personnes handicapées. Car ils savent que sur des terrains, des personnes handicapées sont très déterminées et peuvent leur ravir la vedette sur certains plans.

Vous êtes actuellement en stage au ministère du commerce. Vous êtes un handicapé visuel. Comment vous êtes accepté dans ce milieu ?
Nul ne voit le cœur de l’autre. Il y en a qui sont très gênés de me voir dans ce ministère. Par contre, d’autres acclament. Dans mes mouvements, je ne gêne personne. Je suis libre dans mes actions. Je fais ce que je dois faire. Mais des gens se demandent pourquoi c’est à telle personne qu’on confie tel service. Va-t-elle l’accomplir comme cela se doit ? Pendant que les uns doutent de moi, les autres me font confiance.
Je rappelle que je suis au secrétariat permanent Acp-Ue. Et là, nous parlons des accords. Des accords entre l’Union Européenne et d’autres organisations, les accords de partenariat économique, accords de la propriété intellectuelle etc… Tout ce qui concerne l’Union Européenne, l’Afrique Pacifique Caraïbes etc… Nous parlons de tout ce qui relève de ces services et qui peut permettre au Bénin d’avancer et d’exporter facilement.

Qu’est ce que vous souhaitez pour l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées ?
Il faut de l’emploi pour changer les conditions de vie des personnes handicapées. Sans l’emploi, on ne peut rien. Il est souhaitable qu’on réserve un quota aux personnes handicapées lors des concours. Si déjà le gouvernement peut recruter un certain nombre à chaque concours, ce serait un effort. Il faut aussi encourager les artistes et artisans à être indépendants.

Propos recueillis par Isac A. YAÏ

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