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La Nation N° 6091 du 14/10/2014

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Contre l’exploitation économique des enfants : Une Charte à l’intention des usagers des marchés
Publié le mardi 14 octobre 2014   |  La Nation


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© Autre presse par DR
Droits des enfants en Afrique


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Une enquête de l’Institut national de statistiques et d’analyses économiques (INSAE) menée dans les grands marchés des communes à statut particulier (Dantokpa à Cotonou, Ouando à Porto-Novo et Arzèkè à Parakou) a révélé qu’un nombre important d’enfants se trouvent en situation de travail dans lesdits marchés. Les autorités du ministère en charge du Travail ont donc nourri l’ambition, depuis l’année dernière, de mettre en place un mécanisme holistique de prévention et de lutte contre l’exploitation économique des enfants. C’est dans ce cadre qu’une Charte a été signée vendredi 10 octobre dernier à Cotonou.


Il existe désormais un mécanisme juridique de prévention et de lutte contre l’exploitation économique des enfants surtout dans les marchés. C’est dans ce cadre qu’a été signée vendredi dernier une Charte à l’intention des usagers des marchés du BéninSelon Ernest Djagoun Afouda, directeur général du Travail, l’enrôlement précoce des enfants dans l’activité économique expose le pays à des risques importants. D’où les actions initiées, conformément à la Convention 182 de l’OIT, en vue de mettre en place les outils à même d’endiguer le phénomène. Rappelant le processus y ayant conduit, Ernest Djagoun Afouda signale que la signature officielle de la Charte des usagers des marchés en constitue l’ultime phase. Et qu’elle marque la formalisation de l’engagement des différents acteurs à lutter contre le fléau. Il espère dès lors que cela marque le début d’une nouvelle ère menant à l’idéal de ne voir plus aucun enfant en situation d’exploitation économique dans nos marchés.


Réalités préoccupantes C’est aussi le vœu de l’UNICEF, dont la représentante résidente au Bénin, Dr Anne Vincent, a rappelé que si le travail des enfants connaît un frein à l’échelle mondiale, l’Afrique subsaharienne affiche plutôt une tendance à la hausse. Et qu’au Bénin, l’enquête nationale sur le travail des enfants a révélé en 2008 que 34% des enfants sont économiquement occupés dont 30% impliqués dans des travaux qualifiés de dangereux. Ainsi, souligne Dr Anne Vincent, l’exploitation des enfants au Bénin demeure préoccupante et a une incidence négative sur leur santé et leur éducation. Or, rappelle-t-elle, le Bénin a ratifié toutes les Conventions relatives au travail des enfants ainsi que les textes internationaux de protection des enfants ; de même que la législation nationale fixe bien l’âge minimum d’accès au travail à 14 ans, et qu’une liste des travaux dangereux a été bien élaborée. Pis, signale la représentante résidente, une enquête de l’INSAE menée en 2013 seulement dans les trois principaux marchés du Bénin (Dantokpa, Ouando, Arzèkè) avec l’appui de l’UNICEF a permis d’identifier 7882 enfants de 5 à 17 ans dont 78% sont des filles et 46% ont moins de 14 ans ; tous travaillant en moyenne 10 heures par jour, sans repos, sans rémunération et au mépris de leurs droits les plus élémentaires. Ces statistiques interpellent, assure-t-elle, tant elles traduisent la réalité dans les autres marchés du pays. Il fallait donc agir. Dans ce cadre, Dr Anne Vincent se réjouit des actions entreprises, avertit qu’elles ne visent nullement à nuire aux commerçants mais plutôt à les aider à prospérer sans recourir au travail des enfants. Mais elle se dit consciente que la signature de la Charte n’est qu’une étape et que le combat est loin d’être gagné. Dans tous les cas, s’enthousiasme-t-elle, elle contribue à ce que le Bénin ne présente plus l’image d’un pays où les petits enfants sont exploités, colportent de lourdes charges, manquent de repos et dorment dans des lieux insalubres, sous les intempéries et sont exposés à toutes sortes d’abus et de violence ; en dépit de leur droit à la santé, à l’éducation et à la protection. Aussi fixe-t-elle l’objectif que d’ici à 2017, le Bénin réduise de 50% le nombre d’enfants exploités dans ses marchés. Dans cette perspective, le soutien de l’UNICEF ne fera pas défaut au Bénin, assure Dr Anne Vincent.


Un combat de tous
De quoi rassurer Aboubakar Yaya, ministre en chargé du Travail qui souligne aussi l’acuité du phénomène. Puis, précise que sur les 7882 enfants dénombrés, 4677 se retrouvaient au marché Dantokpa, 2149 à Ouando et 1056 à Arzèkè. Et que parmi eux, la moitié n’a aucun niveau d’instruction, 44,7% ont le niveau primaire et 6,8% ont franchi le cap du primaire. Soulignant par ailleurs la nécessité d’agir face à cette situation préoccupante, Aboubakar Yaya indique que la démarche holistique de prévention de l’exploitation économique engagée par son ministère avec le soutien de l’UNICEF vise aussi bien les enfants dans les marchés, les centres d’apprentissage que dans les familles. C’est un mécanisme, assure-t-il, qui favorisera l’identification et le retrait des enfants victimes de l’exploitation économique. Une œuvre qui appelle l’engagement de tous les acteurs concernés. C’est pourquoi Aboubakar Yaya salue les efforts consentis par les uns et les autres et dit espérer que la signature de la Charte, intervenue l’instant d’après, aidera effectivement à l’anéantissement de tous les trafics qui visent les enfants dans les marchés.


Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI

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