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Fraternité N° 3716 du 17/10/2014

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Insécurité au Bénin : Les conseils du Gl Mama Sika
Publié le mercredi 22 octobre 2014   |  Fraternité


Police
© Autre presse par DR
Police béninoise


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Le Gl Mama Sika, ancien ministre de l’intérieur du régime Kérékou a, face à la recrudescence des scènes de violence, d’insécurité et de troubles à l’ordre public en vogue sur toute l’étendue du territoire national, prodigué de sages conseils aux autorités en charge de la sécurité des citoyens béninois. Dans une démarche pédagogique, l’homme a posé un diagnostic assorti de thérapie pour délivrer le peuple. Au dire du Gl, les causes de l’insécurité sont endogènes aux forces de sécurité publique. Aussi, remet-il en cause la formation ou le manque de recyclage des agents, mais surtout, il dénonce un mauvais traitement et un dysfonctionnement des renseignements.

Général Mama Sika : « … La formation n’est pas bien assimilée… »
La question de la sécurité doit être vue sous trois aspects : l’aspect comportemental, de la politique envisagée par l’autorité et de la mise en œuvre de cette politique par les personnels en charge de la sécurité. Lorsque ceux qui ont en charge votre sécurité tombent, c’est que vous n’êtes pas en sécurité. Plusieurs raisons peuvent être à la base de la situation. Primo, la formation n’est pas bien assimilée, secundo, le recyclage n’est pas fait, puisque ce sont des comportements, des aptitudes et des réflexes à avoir. Or, s’ils n’ont pas ces réflexes, le bandit aura raison d’eux. En plus, il y a la question du renseignement. Le traitement de l’information, à mon avis, n’est pas efficient. Lorsqu’une situation se présente, il faut qu’on ait le courage de dire à quel niveau se situe le danger, afin que celui qui va vers ce danger, pour porter secours, prenne toutes les précautions. Mais si vous partez à l’aveuglette, vous serez cueillis froidement. Et ce serait dommageable.

Lorsque le renseignement nous parvenait, nous n’hésitions pas à aller immédiatement sur le terrain. A plusieurs reprises, j’ai eu à effectuer des déplacements vers 3 heures du matin avec le personnel, pour aller désamorcer des situations similaires à celles de Wassa Péhunco. Lorsque vous arrivez, la population sait que l’autorité ministérielle est là. Et par conséquent, elle se ressaisit. Dès que le Chef de l’Etat a des informations quelconques, même à 3 heures du matin, il n’hésitait pas à appeler le ministre de l’intérieur pour l’informer. En ce moment, le ministre bondissait avec ses hommes vers la zone pour essayer de désamorcer la bombe.

D’abord, je dirai au ministre de l’intérieur qu’il ne s’agit pas de parler pour parler. Lorsqu’une situation se pose, il faut chercher à la comprendre avant d’aller devant les caméras et les micros. Le Dgpn quant à lui n’est pas si jeune. Il a de l’expérience. Je lui dirai de chercher, par tous les moyens, à rallier toutes les forces. Parce que si elles ne sont pas ralliées, il aura du mal à exercer son commandement. Le sentiment de dysfonctionnement du renseignement peut venir du fait d’un mépris à l’égard de certaines personnes. Il faut que ce clivage gendarmerie-police soit atténué du point de vue de l’exploitation des renseignements. Faisons cet effort, y compris la sécurité d’Etat. L’exploitation de ces renseignements doit permettre d’atténuer ou d’éteindre les foyers de tension.

Psycho-pédagogue Jean-Claude Hounmènou : « C’est l’expression d’une frustration accumulée … »
« …Ce déchainement peut être expliqué par le fait que lorsque l’être humain a accumulé pendant longtemps des frustrations, lorsqu’il a gardé la colère pendant longtemps, il arrive un moment où la goutte d’eau fait déborder le vase. Or, par rapport à l’ambiance générale du pays, le mal vivre touche beaucoup de béninois, surtout qu’il s’agit du Bénin profond, notamment les difficultés quotidiennes de survie, les difficultés à trouver facilement le pain quotidien. Ce sont des populations qui ressentent le plus durement ces difficultés-là. C’est l’expression du ras-le-bol. Et les motifs qui ont été les éléments déclencheurs sont entre autres cette histoire de maraboutage, de ravage de choléra, des policiers qui auraient intimé l’ordre aux Zémidjans qui ont refusé d’obtempérer… Bref, ce sont des motifs quotidiens. En principe, ces raisons ne suffisent pas à faire déclencher des violences dans ces localités-là. Mais ils sont venus comme une goutte d’eau qui a fait déborder le vase, au point où les gens n’ont pas du tout respecté les symboles les plus sacrés. Lorsque vous apprenez qu’on va jusqu’à incendier le palais royal, et que vous apprenez que des Zémidjans s’organisent pour attaquer le symbole du pouvoir que sont les forces de sécurité publique, on se dit que quelque chose ne va plus. Ce qui s’est passé à Natitingou et à Péhunco, c’est l’expression d’une frustration accumulée pendant longtemps et qui a débordé et qui s’est manifesté epar la violence incompréhensive et incontrôlée qu’on a eu Péhunco et à Natitingou.

Il ne s’agit plus de caresser les citoyens au sens du poil, c’est-à-dire, la parenté, la proximité politique ne sont plus les antidotes contre ce déclenchement populaire. Les gens sont déjà dans des situations de précarité, de misère. Les gens ne réagissent pas violemment par plaisir. C’est parce qu’ils en ont vraiment marre à un moment donné. Dans cette situation, des gens sont prêts à mourir, parce qu’on veut toucher à ce qui les fait vivre, sous prétexte qu’on n’a pas porté de casque. Il faut qu’on comprenne la situation réelle des gens et que l’autorité adapte des mesures à chaque situation. On doit tenir compte des réalités de la société. Il faudrait alors que les gouvernants diagnostiques ces symptômes pour voir ce que cela révèle comme problème dans notre société. A cela, l’autorité doit trouver les réponses appropriées afin de calmer les populations. Ainsi, on va désamorcer une bombe qui risque d’exploser... »


Patrice SOKEGBE

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