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Les obstacles à la lutte contre Ebola en Afrique de l’Ouest
Publié le jeudi 23 octobre 2014   |  Xinhua


La
© Autre presse par DR
La Directrice générale de l`Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan


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Selon le dernier rapport publié mercredi par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le virus Ebola a fait 4877 morts sur 9936 cas signalés, essentiellement dans trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Sierra-Leone et Liberia).
La veille de la publication du rapport de l'OMS, deux personnes avaient été tuées en Sierra Leone dans des violences liées à Ebola. Selon des témoins, les heurts ont éclaté lorsqu'un groupe de jeunes s'est opposé à ce qu'une femme de 90 ans, mère d'un de leurs chefs, soit soumise à un prélèvement sanguin. Ce type d'incident montre qu'il subsiste des difficultés dans la lutte contre Ebola en Afrique de l'Ouest.
SENSIBILISATION DE SANTE PUBLIQUE INSUFFISANTE
Lors des épidémies précédentes en Ouganda, lorsqu'un cas de maladie à virus Ebola était confirmé, les responsables de santé publique lançaient tout de suite une campagne de sensibilisation dans les médias pour diffuser des informations sur les moyens de protection contre le virus. Les Ougandais avaient peur de quitter leurs maisons et les cas suspects étaient signalés immédiatement aux autorités sanitaires : c'est pourquoi l'Ouganda est parvenu à contrôler avec succès ses quatre épidémies précédentes d'Ebola.
En revanche, dans la capitale de la Sierra Leone, jusqu'à fin juillet dernier, les populations locales disposaient de peu d'informations sur Ebola, quatre mois après le signalement du premier cas dans le pays, selon le docteur Ishmeal Alfred Charles à Freetown. "Il a fallu que nous perdions le docteur Cheikh Omar Khan pour que la population commence à prendre les choses au sérieux".
Dr Cheikh Omar Khan était un médecin local connu, décédé le 29 juillet. Selon M. Charles, avant la mort de Dr Cheikh Omar Khan, le gouvernement local n'avait consacré presque aucune ressource pour améliorer la situation.
M. Charles a également noté qu'au début de l'épidémie d'Ebola, la plupart des informations de santé publique étaient diffusées dans des médias traditionnels, comme la télévision ou la radio. Or, si les gens de la classe moyenne disposaient de ces informations, "ceux qui vivaient dans des localités pauvres n'avaient presque aucun moyen d'obtenir ces informations, car ils n'avaient accès ni à internet, ni à la télévision ni à la radio".
RUMEURS
Des rumeurs sur Ebola ont également aggravé la situation. A l'heure actuelle, il n'existe aucun médicament efficace contre Ebola, mais les mensonges et les rumeurs se propagent très vite. Selon certains, l'eau chaude et le sel peuvent empêcher la propagation du virus Ebola. D'autres pensent que leur foi peut les guérir, tandis que certains croient que prendre du chocolat chaud ou du café avec des oignons crus peut tuer le virus.
Actuellement, les responsables de santé publique africains tentent de dénoncer ces mensonges à travers les médias.
SYSTEME DE SANTE FRAGILE
Avant l'épidémie d'Ebola, les systèmes de santé des trois pays les plus touchés étaient très fragiles. En Afrique de l'Ouest, les dépenses par personne dans le domaine de la santé ne dépassaient pas 100 dollars chaque année, ce qui explique pourquoi la mortalité maternelle et infantile dans ces pays est aussi la plus élevée du monde. Quand ces pays font face à une épidémie d'Ebola, leurs capacités à combattre le virus sont très limitées.
UN RESEAU DE SURVEILLANCE DEFAILLANT
Estrella Lasry, conseillère en maladies tropicales de l'organisation humanitaire MSF, a souligné que l'Afrique de l'Ouest manquait de systèmes de surveillance des maladies. "Nous avons besoin des réseaux de surveillance de santé dans les communes", a-t-elle déclaré, avant de souligner que les pays qui avaient vaincu le virus Ebola tels que l'Ouganda disposaient tous de systèmes de surveillance efficaces permettant de dépister les cas suspects rapidement, de rendre immédiatement publiques des informations et d'intervenir sans délai.
REPONSE LENTE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
"Ebola n'est pas une maladie qui se transmet facilement", a souligné le professeur de l'Université de Georgetown Lawrence Gostin, avant d'ajouter : "L'Afrique a déjà connu plus de 20 crises d'épidémie d'Ebola, mais nous avons réussi à les contrôler". Cette fois, a-t-il reconnu, la réponse internationale est très lente.
"Il n'y avait pas de mobilisation"jusqu'à ce que l'Organisation mondiale de la Santé déclare en août l'état d'urgence dans ces pays. A ce moment-là, plus de cinq mois s'étaient déjà écoulés depuis la première transmission transfrontalière de cette maladie mortelle", a noté M. Gostin. Le professeur a accusé partiellement la défaillance des systèmes de surveillance et les licenciements massifs de l'Organisation mondiale de la Santé, qui expliquent pourquoi l'agence ne disposait pas suffisamment de personnel pour lutter contre Ebola.
ECHANGES HUMAINS
Dans toutes les épidémies ou pandémies mondiales connues jusqu'à présent, les échanges humains ont constitué un facteur essentiel. Au cours de la crise d'Ebola, les trois pays les plus touchés ne sont pas parvenus à contrôler efficacement leurs frontières, le virus d'Ebola se propageant facilement chez les personnes traversant les frontières pour chercher du travail ou faire du commerce.
La crise d'Ebola révèle une réalité alarmante : les échanges humains internes, transfrontaliers, régionaux ou mondiaux sont devenus de plus en plus fréquents, et si nous ne parvenons pas à les contrôler, de nombreuses maladies peuvent se propager rapidement dans le monde entier.

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