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La Presse du Jour N° 2240 du 17/10/2014

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A la découverte de Mme Antoinette Fakamè Hessou Dadjo, (Présidente de l’Ong Ligue Life) : Une enseignante devenue activiste des droits féminins
Publié le samedi 25 octobre 2014   |  La Presse du Jour




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» Vendredi au Féminin « , vous met en lumière ce jour, une dame qui édifie par son audace, sa détermination et son goût du travail. Antoinette Dadjo se nomme-t-elle. Présidente de l’Ong Ligue Life, elle a voulu laisser l’enseignement pour se consacrer uniquement à la cause féminine, et contribuer au mieux-être des filles et des femmes. Toujours animée de joie, la dame du jour lutte pour l’éthique et déteste de ce fait, la paresse qui pour elle, est la mère de tous les autres vices, et dont le père est à ses dires, le mensonge.

Originaire d’Agonlin « de mère, de père, de mari et d’enfants », comme elle aime le dire avec un si grand sérieux de sorte à vous arracher un sourire, Mme Antoinette Fakamè Hessou Dadjo est veuve. Mère de Sept (07) grands enfants dont 4 filles et 3 garçons, la dame du jour est une vraie béninoise qui, malgré ses nombreux voyages à l’extérieur, ne s’est pas laissée extravertir sur le plan culinaire. Son met préféré est donc la sauce légume (sans trop de condiments, ni trop d’huile, ni trop de sel, sans viande, ni cube, souligne-t-elle), mais faite précisément avec du poisson fumé d’eau douce et accompagnée de boules d’akassa. Elle adore voyager, épousant l’opinion de l’écrivain Jean-Jacques Rousseau selon laquelle ‘’le voyage est la plus grande école’’. Car elle estime que grâce aux voyages, l’on acquiert d’énormes compétences et expériences, et l’on devient plus dense. Ainsi, elle confie aimer aussi partager ses expériences. Elle affectionne aussi la lecture. Car pour elle, l’on ne peut bien écrire qu’après avoir lu ceux qui ont bien écrit, et il faut bien parler une langue pour se faire bien comprendre par les interlocuteurs. Par ailleurs, elle aime les sphères où les droits des filles et des femmes sont respectés, et aime aussi les enfants. Du fait, affirmant que l’argent n’est pas son maître, elle juge peu intelligents ceux qui recherchent l’accumulation effrénée de l’argent de sorte à en être dépendants. « Si au-delà d’être bien logé, de pouvoir bien manger et se soigner, tes enfants sont biens portants et responsables, c’est ta plus grande richesse et ça doit te suffire. Tu auras fini ta mission sur cette terre et tu pourras partir en paix », indique-t-elle avant de s’interloquer en ces termes : « Que vont-ils faire avec autant d’argent ?». Sa plus grande qualité est donc de servir spontanément les autres et surtout de façon désintéressée, sans rien attendre en retour.

De l’enseignement à l’activisme

Malgré son Baccalauréat série C obtenu en 1970 au Congo Brazzaville, Mme Antoinette D. a voulu arpenter le sentier de l’enseignement. La passion pour les lettres a donc poussé Dame Antoinette après son Bac, à embrasser directement la carrière d’enseignante. Puis elle a suivi diverses formations professionnelles au Bénin, pour enseigner en mathématique et biologie. Mais désireuse d’apporter sa pierre à l’édifice socio-politique des pays africains en général, et de son pays en particulier, elle a aussi suivi en 2009, une formation qui fit d’elle, un Observateur des élections au sein de la Cedeao. Un rôle qu’elle a joué lors des élections organisées au Bénin en 2011. Elle se dota ensuite d’autres compétences, en suivant une formation en Gestion et Montage des projets. Toutefois, pour bien mener la mission qu’elle s’est dorénavant investie, celle de défendre les droits féminins, elle a suivi en 2012 une formation sur les Droits Humains à Montréal au Canada. Mais sa lutte aux côtés des filles et des femmes a germé dans les années 64 au détour de deux évènements majeurs. Alors qu’elle était au primaire, des journalistes étaient venus interroger les filles de son école sur les principales raisons qui expliquent le fait que les filles ne progressaient pas dans les études. Elle s’est automatiquement sentie interpellée par ce phénomène et avait commencé par échanger en la matière avec ses amies. Elle eut à cet instant envie de lutter pour y pallier. Puis des années après, et comme si la nature voulait qu’elle s’approprie cette lutte, elle constata lors d’une surveillance de composition en mathématique du Bac C qu’il n’y avait que deux filles sur 30 candidats. Elle fut à nouveau interloquée par ce constat et décida définitivement de lutter contre la déperdition scolaire féminine. Amener les filles à aller aussi loin que possible dans leurs études et à oser embrasser des filières cataloguées « pour hommes », c’étaient les deux premières missions qu’elle s’est donc assignée en créant en 1998 son Ong dénommée : Ligue Life.

Des filles aux femmes

Focalisée au départ sur la lutte contre la déperdition scolaire féminine, cette Ong s’est ensuite investie de la mission de lutter contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Dénommée « Ligue des Femmes pour la Vie », d’où ‘’Ligue (au lieu de league) Life’’, pour permettre aux francophones de pouvoir aisément le prononcer, signale la Présidente Dadjo, cette Ong s’intéresse depuis 16 ans à toutes les actions relatives à la Femme et à la Vie. Composée actuellement de 70 membres avec un bureau de 7 membres, la Ligue Life sise à Ouidah, ville d’origine de Mme Dadjo, a vu le jour grâce au concours de plusieurs de ses amies. Ensemble, elles ont élaboré les textes réglementaires de l’Ong et ont commencé à descendre sur le terrain à leurs propres frais et grâce à leurs moyens matériels personnels (véhicules,..). Car à l’entame des activités de Ligue Life, elle ne bénéficiait de l’appui financier ni technique d’aucun partenaire. Du fait, Mme Antoinette D. signale que sans bailleur de fonds, elles étaient doublement appelées à œuvrer pour que leurs actions soient une réussite. Ainsi, précise-t-elle, même si la principale difficulté à l’époque était l’indisponibilité des membres du fait qu’elles étaient pour la plupart en âge de procréer, elles se mobilisaient autant que faire se peut pour sillonner les zones rurales les plus reculées aux fins de sensibiliser les parents d’élèves et les élèves sur les bienfaits des études scolaires en général, et précisément sur la nécessité de maintenir les filles à l’école. Dans ce cadre, Ligue Life a construit des écoles communautaires dans les villages qui en manquaient tels Zogblagada dans la commune de Zagnanado qui a même été rendue publique par l’Etat Béninois. L’Ong a aussi donné des habits collectés en ville aux élèves, et à travers ceux-ci, à leurs parents aussi. Ce qui à ses dires, a amené les parents à mieux appréhender les bienfaits de l’école. Par la suite, constatant que les femmes subissaient de mauvais traitement et des discriminations, la Présidente a intégré le combat pour l’épanouissement des femmes dans les missions de son Ong. Mais en 1958 déjà, au détour d’une bagarre avec un garçon qui venait régulièrement perturber les jeux qu’organisaient ses camarades et elle, la dame du jour avait réalisé la nécessité de ne pas se laisser intimider par les hommes, mais d’oser les affronter plutôt. Car après cette bagarre, aucun garçon n’était plus venu troubler les jeux de ses amies et elle. Convaincue depuis cet instant que la femme a le droit de faire respecter ses droits, elle décida 40 ans après, de mettre son Ong au service de la cause féminine.
Pour l’épanouissement sociopolitique et économique des femmes
Réalisant que la plupart des décisions politiques impactent la vie de tous les citoyens en l’occurrence celle des femmes qui sont pourtant rarement associées à la prise de ces décisions, Ligue Life a inscrit le volet : Femme et Politique dans ses missions. Ainsi, enclin aux partenariats, elle mène en collaboration avec le Rifonga, des actions pour une meilleure représentativité des femmes dans les instances de décision, en exécutant notamment le projet Zenzen dans le zou et les collines pour un bon positionnement des femmes sur les listes électorales. Elle forme aussi celles-ci en leadership politique et en militantisme, fait des plaidoyers auprès des dirigeants et partis politiques, et sensibilise les époux à s’impliquer dans le désir de leur femme d’occuper des postes décisionnels. Aussi, constatant que les femmes sont victimes de diverses violences, elle décida depuis 6 ans, de mener des combats pour y pallier. Elle s’associa donc au Réseau Wildaf/Bénin pour lutter contre les violences faites aux femmes. Ainsi, après avoir piloté le Projet Empower1 avec Care International, elle pilote actuellement le projet Empower2 avec Wildaf/Bénin. Elle a, en la matière, lutté aussi contre les violences faites aux filles à dans le cadre du projet « Vikanhiho » piloté avec le Gajes. Par ailleurs, estimant que les violences féminines désorganisent le foyer, la famille voire le monde, et empêchent les femmes d’être épanouies et productives, elle décida aussi d’œuvrer pour qu’elles se prennent en charge. D’où l’inscription du volet Autonomisation des femmes dans les missions de son Ong qui lutte aussi pour que les femmes soient davantage organisées pour ne plus travailler tout le temps sans rien gagner. Ligue Life les forme aussi en matière de gestion, les aide à trouver des débouchés, à parfaire leurs productions, et les oriente vers les structures de micros-crédits. Outre ces 3 volets, Ligue Life exécute depuis 5 ans à Bohicon, un projet permanent dénommé « Informatique au pluriel », consistant à former gratuitement et sur fonds propres, durant les congés et les vacances, une vingtaine de jeunes filles et femmes de tous les horizons tels So âva, Agonlin, à l’utilisation des Tic.
Mot de fin
A l’âge de 64 ans, la dame du jour n’a pas voulu finir ses propos sans recommander à tous les Béninois d’être des personnes d’Ethique et de toujours travailler. « Même si vous avez la poche vide, vous ne dormirez jamais à jeun si vous être une personne d’éthique et si vous aimez le travail », renchérit-elle avant d’ajouter la nécessité d’avoir une grande confiance en soi et l’esprit de partage. « Nous n’allons rien emporter sous terre », martèle-t-elle. En particulier, elle exhorte ses pairs féminins à la sobriété, à l’humilité et au militantisme. Quant aux difficultés pour bien allier leur rôle de femme active et de mère/épouse, elle leur demande de bien s’organiser, d’être solide mentalement et physiquement, très endurante pour être à la fois une bonne femme d’intérieur et d’extérieur. Car, pour elle, être l’une et pas l’autre, n’est pas être femme. A l’endroit des jeunes filles, elle demande d’être laborieuse pour garantir leur autonomie, et de suivre scrupuleusement les conseils de leurs parents. Par ailleurs, déplorant le fait que le vrai militantisme pour la cause publique est de plus en plus rare au Bénin, elle exhorte les parents à donner une éducation plus solide et responsable à leurs enfants. « Une éducation à la responsabilité est un impératif pour la jeunesse d’aujourd’hui », finit-elle.

Réalisation Monaliza Hounnou

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