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Le Matinal N° 4456 du 17/10/2014

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Façon de Voir : Devoir de mémoire II : L’origine du mal !
Publié le mardi 28 octobre 2014   |  Le Matinal




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Avril 2007. Une scène purement irréaliste dans un pays démocratique qui se respecte. Un acte incestueux. Des députés qui font allégeance à un chef d’Etat ; un chef de l’Exécutif. Un député, dont nous taisons volontairement le nom, lit un texte écrit à la hâte. Il était question de jurer fidélité au chef de l’Etat et à son gouvernement ; d’obéir à ses ordres de même qu’à ceux de ses ministres ; d’exécuter ses ordres avant toute réclamation…la scène s’est produite au Bénin, au vu et au su de tout le monde. Sacrilège des sacrilèges, ils ont choisi le Plm-Alédjo pour commettre leur forfaiture. Comme s’ils avaient voulu détruire l’esprit de la conférence nationale.

Tous les députés qui se révoltent aujourd’hui avaient prêté serment en son temps…La liste est longue. Très longue. Mais, l’on peut citer entre autres : Mathurin Koffi Nago, Sacca Lafia, Sam Adambi ; André Dassoundo, Amissétou Affo Djobo ; Eloi Aho ; Edgar Alia, Wallis Zoumarou ; Djibril Débourou. Et ce n’est pas fini. On peut citer pêle-mêle Marcelin Zannou, Gnigla Venance, Shanou Sofiatou, Anani Abimbola, François Noudogbessi, Célestine Adjanohoun….Jusque-là, la liste n’est pas finie. Ils sont, en effet, plus de 42 députés.

Ce jour-là donc, ils ont décidé de briser la séparation des pouvoirs existant entre le législatif et l’exécutif. Ils n’ont pas que donné une majorité au chef de l’Etat, ils lui ont vendu le parlement à vil prix. Ils l’ont fait sans même demander la monnaie. Avec joie, engouement. « Ils étaient dans la joie » pour paraphraser celui qui se fait appeler « le mouton qui mange de l’herbe fraiche » à Sèmè-Kraké.

Mais, il faut le reconnaître, avec détermination et conviction. Ne lésinons pas sur les mots. Tous ceux-là que je viens de citer étaient convaincus qu’ils agissaient pour le bien du Bénin. Ils se sont laissés, comme beaucoup de Béninois, prendre au piège par les promesses d’un homme qui avait tout pour réussir à la tête du Bénin. « Ça peut changer, ça doit changer, ça va changer », ont-ils clamé, chanté, dansé…Pourquoi ne pas donner à leur champion du changement un matelas douillet à l’Assemblée nationale ? Une mission ; des hommes ; des moyens.
La mission, développer le Bénin. Ou tout au moins l’aligner au même rang que les pays y aspirent. Les hommes ? Yayi Boni. Selon ce qu’on avait cru, il était neuf, n’avait trempé dans aucune magouille. Il est un banquier. Mieux, il était à la tête d’une banque dite de développement. Naïvement, ces députés ont cru que c’était le bon choix. Qu’il s’occupera non pas de la politique politicienne, mais du développement. Les moyens ? Ils lui ont, de bonne foi, donné le « Bon Dieu sans confession ». Ils lui ont alors offert le bureau de l’Assemblée nationale. Ce faisant, ils venaient ainsi de crucifier la démocratie béninoise. Car, si le président Amoussou Bruno avait été élu, on n’en serait pas là. Car, le cas échéant, le pouvoir aurait arrêté le pouvoir. Il y aurait eu équilibre des forces.

Mais le président Nago a été élu. Et avec cette élection, tous les pouvoirs revenaient de fait au président Yayi Boni. Car, pour le malheur de la démocratie béninoise, l’année 2007 était une année charnière. On venait de faire 15 ans de renouveau démocratique. Des voix s’élevaient pour réclamer la révision de la constitution. Mieux, on venait tout juste d’éviter une révision opportuniste de la constitution. De même, la génération Kérékou passait enfin le témoin à une autre génération.

Le danger venait du fait que toutes les institutions de contre-pouvoir devraient être renouvelées. La Cour constitutionnelle, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, le Conseil économique et social sans oublier la Haute cour de justice. Danger aussi, parce que le président qui venait d’être élu n’était pas à la Conférence nationale. Il ne se semblait nullement engagé par les résolutions issues de cette conférence. La suite des évènements le démontrera d’ailleurs.
Le bureau de l’Assemblée à élire, de ce fait, détenait sans le savoir, entre ses mains, l’avenir du Bénin. Ce bureau a totalement failli. Il s’est transformé en un appendice du gouvernement et son président, un ministre délégué auprès du président de la République. Tout venait du palais. Au lieu de jouer son rôle de contre-pouvoir, Nago, le bloc-notes sous les aisselles, tel un élève studieux, se rendait au Palais, prendre les directives sur l’ordre du jour des sessions parlementaires.

Nous devons à ce bureau, la Cour constitutionnelle Robert Dossou, célèbre pour avoir proclamé un K.O sur la base d’une Lépi inexistante. Une Cour qui est allée jusqu’à s’attribuer des compétences relevant du pouvoir judiciaire. Une cour qui a interprété la Constitution selon le bon vouloir du prince.

A ce bureau de l’Assemblée, on doit la CENA Gnonlonfoun qui a cautionné le K.O sans liste électorale.

On lui doit surtout le monstre. Un monstre qui a coûté au contribuable béninois une cinquantaine de milliards de pauvres francs. Il s’agit bien sûr du CPS Lepi de Bako Arifari devenu ministre des Affaires étrangères juste au lendemain des …élections !

Nous devons à ce bureau, la Haac Nata. Haac qui a inauguré l’ère de fermeture des journaux qui ne chantent pas les louanges du prince. Une Haac qui s’est laissée totalement dominée par les directeurs généraux de l’Ortb qui ont poussé l’audace jusqu’à refuser de couvrir les activités de la Haac.

A ce bureau de l’Assemblée, nous devons la Haute cour de justice Afouda. La seule activité qu’on reconnaît à cette Cour, c’est la consommation de son budget inscrit dans le budget général de l’Etat.

Après ce bureau, lui succéda un autre dirigé par la même personne avec les mêmes références, encadré par des personnes différentes mais de même obédience politique. Et la balade a continué de plus belle.

C’est donc l’origine du mal actuel qui ronge le Bénin. On a raté le virage depuis 2007. On fonce droit vers l’abîme.

Quand le gouvernement dit aujourd’hui que l’Assemblée est responsable de tout ce mal, ne croyez pas qu’il veut fuir ses responsabilités. Il ne peut pas. Car, l’Assemblée a toujours été un appendice du gouvernement. C’est comme un chien qui veut aujourd’hui se débarrasser de sa queue. Le Gouvernement et l’Assemblée, depuis 2007, sont même pipe, même tabac.
Ils sont tous responsables et passeront tous sur la même fourche caudine.

Charles Toko

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