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La Nation N° 6101 du 28/10/2014

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Désaffection des jeunes vis-à-vis de la lecture : Un facteur qui «baisse le niveau des apprenants»
Publié le mardi 28 octobre 2014   |  La Nation


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Bien que source de culture générale et de bien d’autres intérêts, la lecture, une des distractions les plus bénéfiques est de nos jours reléguée au dernier rang, surtout par la jeunesse. Celle-ci préfère s’adonner aux canaux audiovisuels et aux TIC en lieu et place des livres. Cela n'est pas sans une certaine baisse du niveau de la langue française dont nous sommes témoins aujourd’hui. Pour Bruno Ahossi, conseiller pédagogique de français, il faut, entre autres, instaurer des évènements pour récompenser les élèves lecteurs afin d’inciter les uns et les autres à la lecture.



Propos recueillis par Fontaine Rushdie NOUTANGNI (stagiaire)


La Nation : Bien qu’elle soit une distraction pleine d’intérêt, la lecture aujourd’hui est reléguée presqu’au dernier rang par la jeunesse, en l’occurrence les élèves et étudiants. Avez-vous fait le même constat ?
Bruno Ahossi : Oui. On voit qu’aujourd’hui, le livre n’attire plus. Cela se constate à tous les niveaux d’enseignement. En ce qui concerne l’enseignement secondaire, on constate que les apprenants ont de plus en plus du mal à s’adonner à la lecture. Cela leur paraît de plus en plus pénible, disons qu’ils ont une grande désaffection vis-à-vis du livre.
Quelles peuvent être les raisons à la base de ce fait?
Les raisons sont de plusieurs ordres. Nous avons d’abord les raisons d’ordre économique, le coût des livres. Je ne sais si dans notre pays on a mis en place une politique du livre qui permet aux citoyens de s'en procurer facilement, mais disons quand même qu’en règle générale, les livres coûtent chers, et il est plus facile de s’acheter un DVD que de s’acheter un livre. Ensuite, nous avons l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et leur mauvaise utilisation; la trop grande présence de l’image dans notre vie. La lecture devient trop contraignante et les gens préfèrent suivre un film que de lire un livre, parce qu’on a plus de confort au niveau de l’esprit à regarder un film qu’à lire un livre. Nous avons aussi le fait qu’en milieu citadin, les enfants s’adonnent à des activités qui ne sont pas éducatives, donc ils ont un problème de planning, ils n’ont pas dans leur programme un espace qui leur permet de s’adonner à la lecture. Maintenant, de façon périphérique, on peut dire aussi que tous les livres ne sont pas intéressants, mais cela n’est pas une excuse, parce que le lecteur qui a envie de toucher aux livres, il peut chercher ce qui l’intéresse.
Parlant d’activités non éducatives auxquelles s’adonnent les enfants, à quoi faites-vous allusion ?
Je fais allusion au fait que parfois même en uniforme, certains élèves sont dans les bars, les discothèques, les endroits peu recommandables; ou ils sont dans les cybercafés où ils s’adonnent à des activités malsaines comme la cybercriminalité... Voilà ces tendances à l’autodestruction qu’on observe aujourd’hui et qui malheureusement empêchent les jeunes de s’adonner à des activités éducatives beaucoup plus saines.
Quels sont les effets que ce quasi abandon de la lecture par les élèves et étudiants a sur le niveau de la langue française et les résultats en milieu scolaire ?
Déjà au niveau de la langue française, tout le monde le constate aisément, nous avons une baisse drastique du niveau des apprenants, parce que tout simplement, on ne peut pas apprendre une langue en regardant seulement les autres s’exprimer. Le contact avec les grands auteurs et les grands penseurs, élève notre niveau et pour vous en convaincre, je me contenterai de vous donner deux exemples historiques. Ousmane Sembène est l’un des écrivains majeurs de la littérature africaine, et qui n’a pas dépassé le CM2. Son niveau de lecture lui a permis d’écrire beaucoup de livres. Nous avons le second exemple qui est celui de Jean Paul Sartre qui n’a pas suivi un cursus scolaire normal parce qu’il était un maladif, mais qui pendant toute son enfance a passé son temps dans la bibliothèque de ses grands parents, et on voit au finish dans la littérature française qu’il est l’un des plus grands écrivains. Donc, il est clair que quand on ne lit pas, on n’apprend pas. La baisse de niveau à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est en partie due au fait que les enfants ne lisent plus. De plus, la lecture, ce n’est pas seulement pour la langue française, c’est aussi pour la culture de façon générale. Donc que ce soit en littérature ou dans d’autres disciplines, on a besoin de la lecture pour se cultiver. Et je dis souvent à mes élèves que la lecture, c’est le sport cérébral; c'est-à-dire que quand vous lisez, cette activité de solitude qui vous isole du monde environnant et qui vous confronte à une réalité virtuelle vous permet d’élever votre capacité de réactivité, vous permet de réfléchir plus vite quand vous êtes en situation de contrainte ou d’évaluation. On ne lit pas seulement pour apprendre, mais aussi pour fortifier le cerveau, pour lui apprendre à réfléchir plus vite. Donc en règle générale, la lecture participe de la santé mentale et intellectuelle du lecteur.
Pouvez-vous dire quelque chose sur la lecture pour y inciter les élèves et étudiants ?
Je vais dire peut-être deux ou trois petites choses. La première, c’est d’abord de demander aux enseignants principalement à ceux de français de tout mettre en œuvre pour redonner le goût de la lecture aux apprenants. C’est la tâche qui nous incombe principalement, parce que, en tant qu’enseignant du français, nous sommes les gardiens du temple. Les enseignants doivent motiver les apprenants, leur montrer quotidiennement l’intérêt qu’il y a à lire. Ensuite, il y a le milieu familial; c’est vrai nous avons beaucoup de familles où les parents ne sont pas lettrés, mais il faut quand même trouver les moyens au niveau familial d’acheter de temps en temps des livres aux enfants, de leur montrer qu’il faut au moins lire une page par jour avant d’aller au lit. Ensuite, il faut que l’Etat lui-même accompagne ce mouvement d’ensemble par non seulement une politique du livre, des bibliothèques parce que nous en manquons cruellement, mais aussi des espèces d’évènements qui récompensent ceux qui s’adonnent à l’activité de lecture.Que proposez-vous comme démarche à suivre par les enseignants de français en vue de motiver leurs élèves à la lecture ? Il n’y a pas de stratégie universelle. Mais déjà en tant qu’enseignant, ce qu’on peut faire, c’est de mettre les enfants en contact avec les livres. La première séance de la rentrée doit nous permettre déjà de porter à leur connaissance les œuvres au programme et de créer le contact physique en leur présentant les livres. Ensuite, sélectionner une page intéressante, leur faire goûter cette page; faire des résumés incitatifs, c’est-à-dire proposer des résumés de sorte que l’enfant ait envie de découvrir le contenu de l’histoire. Puis, après on peut leur proposer des pistes de lecture, proposer aussi aux apprenants de faire des fiches de lecture où l’enseignant va recompenser ceux qui ont produit les meilleures fiches.


Et pourquoi ne pas de temps en temps faire des sorties dans les bibliothèques pour amener les enfants à découvrir les livres des bibliothèques ?


La classe ne se limite pas aux quatre murs, elle doit s’étendre jusqu’aux bibliothèques. Voilà ce que je peux apporter comme élément de réponse.

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