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Le Matinal N° 4456 du 17/10/2014

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Actes de vandalisme dans un centre de santé à Cotonou : quand Ebola fait tomber des têtes à la Police nationale
Publié le lundi 3 novembre 2014   |  Le Matinal


Police
© Autre presse par DR
Police béninoise


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Une bonne brochette de fonctionnaires de la Police nationale vient d’être sanctionnée par la hiérarchie à cause du virus Ebola. Qu’est-ce qui en a été la cause ?


Le commissaire de Police de Hindé et trois commandants de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) sont mis aux arrêts de rigueur. Pas de quoi se réjouir. C’est la saison des sanctions à la Police nationale pour manquement dans l’exercice de la profession. Cela ne renvoie pas une bonne image de l’institution policière. Au contraire, ce sont des contre-points pour le Directeur général de la Police nationale, Louis-Philippe Houndégnon.
Déjà en délicatesse avec le chef de l’Etat à cause de ses manques d’initiatives pour prévenir des attaques visant des symboles de la République, il s’enfonce chaque jour, un peu plus, dans le trou. Après les cas des policiers tués, ou maîtrisés par des braqueurs au cours du braquage de Cocotomey, de même qu’après les évènements de Boukoumbé avec effets contagieux sur Natitingou mettant en relief la bavure policière qui a fait un mort dans le rang des conducteurs de taxi-moto, sans oublier l’histoire de sorcellerie qui a endeuillé Ouassa Péhunco, un autre exemple de manque d’anticipation de la Police nationale du Bénin a coûté cher au pays. L’institution policière est mise en cause, suite à des scènes de pillage et d’actes de vandalisme orchestrés sur un centre construit pour accueillir d’éventuels cas suspects de la maladie Ebola que le chef de l’Etat s’apprête à inaugurer en présence des autorités sanitaires étrangères. Lesquelles autorités ont commencé par arriver dans le pays. Ce dispositif flambant neuf érigé au quartier Ste Cécile Ahouansori Aguéh, dans le 6ème arrondissement de Cotonou grâce à l’Organisation mondiale pour la santé (Oms) a été réduit en ruine en l’espace de 48 heures. A l’analyse des faits, on reproche à la Police son manque d’anticipation. Elle est accusée de passivité et de négligence. L’une des raisons est que, les scènes de pillage ressemblent, à tout point de vue, à un acte prémédité. Les manifestants ont eu le temps de confectionner des banderoles portant plusieurs inscriptions sur lesquelles, ils ont exprimé, sous diverses formes, leur opposition à l’implantation du centre dans leur localité. Les services de renseignement de la Police nationale n’ont pas été informés. Ils ont été défaillants, voire inexistants. Si les services de renseignements étaient actifs, la confection des pancartes et banderoles destinées à cette sale besogne ne devraient pas échapper à leur vigilance. On dira que cela dépend des précautions prises par les voyous pour ne pas éveiller des soupçons sur la manifestation. Mais la Police a eu une autre aubaine de se rattraper, mais elle n’en a pas profité. Le vendredi, la veille du jour où le désordre a eu lieu, les instigateurs ont tenu plusieurs réunions et sensibilisé des meneurs de masse. Jusque-là, les choses se passaient comme si, les troubles prévus pour samedi étaient légitimes et que les populations n’attendaient que le mot d’ordre pour agir. Jusque-là aussi, la Police n’était au parfum de rien. Malgré tout ce qu’il y a eu comme agitation avant les mouvements, aucune information n’était à la disposition de la Police.

La légèreté de la Police

Le plus grave, c’est que, quand le soulèvement a commencé, la première intervention sur les lieux est l’œuvre du Commissariat de Hindé, implanté dans le 6ème arrondissement. Quelques agents ont réussi à faire battre en retraite la foule. L’ampleur des dégâts n’était pas encore importante. Dans la foulée, un détachement de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) instruit par le Directeur central de la sécurité publique pour disperser la foule et faire régner l’ordre est arrivé sur les lieux. Il était attendu plus tôt, apprend-on au niveau des instances policières. Les responsables de cette unité auraient été instruits à prendre toutes les dispositions pour sécuriser, désormais, le centre. Mais après l’accalmie intervenue dans la soirée, les agents de la Crs ont baissé pavillon, démonté le dispositif et sont rentrés à leur base. Sous le commandement de trois officiers de paix, l’unité s’est retirée tranquillement et bonnement, sans se poser de question. Pour eux, la mission est terminée. Mais c’était sans compter avec la détermination des manifestants qui sont revenus la nuit, sur les lieux, pour définitivement achever leur mission. Ils ont eu encore le temps de mettre le centre à sac. Au petit matin de ce dimanche, l’ampleur des dégâts est dix fois plus importante que celle de la veille. La Police est revenu elle aussi sur les lieux. Mais cela était un médecin après la mort, comme d’habitude. Elle n’a trouvé aucun cheveu des auteurs du crime. Elle était là juste pour constater le pillage. Elle a positionné quelques éléments armés tout autour de l’édifice, à la recherche de margouillats trainant sur le mur du centre. Comme elle ne savait plus quoi faire, elle a tenté d’intimider par des sommations verbales, les populations amassées aux abords des rues menant vers l’infrastructure. Parfois, les agitations de certains agents étaient accueillies par des huées des populations. Pendant ce temps, les pneus incendiés sur la voie publique continuaient de consumer. En de pareille circonstance, les forces de l’ordre devraient nettoyer les lieux pour que le trafic reprenne son cours normal. Mais ce n’était pas le cas. Ces nouveaux actes qui viennent de se produire ont coûté cher à certains responsables de l’Institution. Ils sont mis aux arrêts de rigueur. Mais ces sanctions ne rétabliront pas la confiance au sein des populations.

La complicité des élus locaux ?

La Police a ouvert une enquête à la recherche des auteurs de l’acte et leurs commanditaires. Au regard du caractère prémédité du crime, il ne serait pas maladroit de cibler des élus locaux et même certaines autorités politiques et civiles du coin. On est tenté de les accuser d’être de connivence avec les auteurs. Les raisons sont nombreuses. En effet, on déplore le silence des autorités locales, à savoir : le chef quartier, ses conseillers et le chef du 6ème arrondissement. Quand, les choses ont commencé, aucun d’entre eux n’a pu alerter la police ou les services compétents. Le samedi, ils étaient introuvables. A défaut, c’est le ministre de la Décentralisation Isidore Gnonlonfoun, un autochtone, qui a effectué le déplacement. Il est reparti sans aussi se soucier des diligences qu’il pourrait faire prendre par son collègue de la Sécurité et de l’intérieur, Simplice Codjo. Antérieurement à tout ce qui s’est passé, il faut s’interroger sur la manière dont ces autorités fonctionnent pour qu’une telle affaire bien préparée ne soit pas ébruitée. Autant de faits qui ne dédouanent pas les élus locaux et les responsables politico-administratives, y compris le ministre de l’Environnement, Christian Sossohounto, ancien chef du 6ème arrondissement qui habite dans la zone.

L’outrecuidance des auteurs

Le samedi, en pleine journée et tard dans la nuit, les populations ont organisé le pillage du centre qui comportait plusieurs bâtiments faits en matériaux définitifs, équipés en matériels médicaux et prêt à être mis en service. Le bilan est déplorable : sur le mur de la clôture cassé par endroits, on peut lire et voir : « non à Ebolah ici », « danger de mort ». Toutes les salles climatisées ont été saccagées, des lavabos enlevés dans toutes les dépendances, les lampadaires détruites, des lits emportés ou jetés dans le caniveau à ciel ouvert juste à côté, des portes et les fenêtres emportées, des produits de laboratoire vidés et brûlés. Rien n’a résisté à la furie aveugle des manifestants qui ont cru devoir associer à leur acte, les « zangbéto » fétiche et gardien de nuit qui, dressé contre quiconque, produit des effets nuisibles. C’est donc pour signifier aux autorités du ministère de la Santé que le gardien de nuit veille au grain et, mieux vaut s’en méfier. Les populations ont même agi avec outrecuidance, en brûlant des pneus sur la voie publique.

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