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Me Raymond Dossa à propos de Doing Business 2015 : « Ramener le pays au moins au niveau de 2006 »
Publié le mardi 4 novembre 2014   |  24 heures au Bénin




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Dans un entretien avec Soleil Fm, Maitre Raymond Dossa, avocat à la Cour et porte-parole de l’Alliance ABT, reconnaît les efforts du Bénin dans le Doing Business 2015. En sa qualité de porte-parole de l’Alliance, il invite cependant le gouvernement à travailler à améliorer davantage le classement du pays pour le ramener tout au moins à son niveau de 2006.


Soleil FM : Le Bénin passe du 167ème rang au 151ème rang dans le rapport Doing Business 2015. Est-ce que l’Alliance ABT s’en réjouit, Maître Raymond Dossa ?


Maître Raymond Dossa : Tout à fait. On s’en réjouit, puisque quand le pays fait des progrès, vous l’avez dit, nul ne doit rester insensible à cela. C’est vrai, nous étions 167ème en 2014. Et nous avons gagné 16 points, nous sommes maintenant 151ème en 2015. Et c’est une bonne chose. Seulement, nous pensons qu’il ne faut pas apprécier cela de façon hyperbolique. Il faut ramener les choses à leur juste dimension. A leur juste dimension puisqu’il s’agit d’un certain nombre de performances. Et les performances qui sont notamment prises en compte ici concernent la création d’entreprise. Et il reste beaucoup d’autres zones d’ombre et beaucoup de points faibles. Je prends par exemple les transferts de propriété et l’obtention des prêts. Vous savez quel est le cheminement difficile qu’il faut pour obtenir un prêt au Bénin d’où qu’il vienne. Je prends par exemple le payement des taxes et impôts et le règlement de l’insolvabilité. Dans tous ces domaines, le pays a reculé d’au moins deux à cinq points dans certains domaines. Donc c’est la première chose qui fait qu’on ne doit pas applaudir de manière exagérée ces résultats qui, pour être des résultats intéressants, conservent aussi quelques zones d’ombre à améliorer. Et puis la deuxième série de raisons pour lesquelles il ne faut pas non plus exagérer ces résultats, c’est que je prends l’exemple de deux pays. Le Togo à côté nous, n’a pas plus d’atouts particulièrement plus importants que nous en matière économique. Et vous savez que le pays est passé de 164ème pour l’édition de l’année dernière au 149ème rang cette année. C’est-à-dire que ce pays a gagné quinze places. Deuxième exemple, c’est le cas de la Côte d’Ivoire. Voilà un pays qui a été vraiment détruit par une guerre ruineuse. Vous le savez tous. Mais ce pays qui devançait déjà largement le Bénin est passé de 158ème l’année dernière à 147ème cette année. Donc ce pays a progressé de onze points.

Finalement c’est un mouvement d’ensemble, le Bénin ne devrait pas s’enorgueillir outre mesure ?
Non, et puis il y a le peloton de tête. Il faut peut-être chercher à être parmi les dix meilleurs pays du monde. Parce que Doing Bizness signifie quoi ? Là où on peut avoir des facilités de faire des affaires. Et les meilleurs pays du monde qui forment le peloton de tête, doivent être pour nous les références. Ils sont cinq : Singapour, la Nouvelle Zélande, Hong Kong et quelques pays développés, les Etats Unis, la Finlande, le Royaume Unis, l’Australie etc.
Est-ce que vous pensez-que nous avons la possibilité d’atteindre ce peloton de tête dont vous parlez avec des pays aussi puissants que ceux dont vous parlez.

Peut-être pas dans l’immédiat mais il faut y travailler, il faut continuer à travailler, à tout le moins, il faut demander au gouvernement de ramener le pays au moins au niveau où il était en 2006 quand Boni Yayi a pris le pouvoir. Nous étions en ce moment à la 121ème place dans le monde et je crois qu’il faut travailler à nous ramener à cette place-là et pour y arriver, il faut gagner encore trente places en un an, et je crains qu’il n’y arrive jamais. Améliorer l’environnement des affaires c’est créer les conditions de manière générale pour que les affaires puissent se faire avec une relative facilité. Avec tout ce que cela comporte en matière d’accompagnement, de sécurité voyez-vous…Ce qui est fait est bon et à saluer. Mais il reste beaucoup à faire. Et, tant qu’il reste à faire, c’est que rien n’est fait.

Qu’est-ce qui reste à faire selon vous ?
Vous avez certainement vu avec moi que ce qui a été fait avec la protection des actionnaires minoritaire a permis au gouvernement de gagner des points, même 14 points sur ce chapitre précis. Il reste maintenant la protection des investisseurs, nationaux ou étrangers. J’ai vu plusieurs entreprises il y a une semaine, quand je suis revenu de l’intérieur du pays, où des affiches indiquent qu’elles ne travaillent plus à cause du harcèlement fiscal. Il y a la politisation du monde des affaires. On est à la Chambre de commerce et en même temps homme politique. On fait tout, on est partout. Le pouvoir politique est présent partout. Vous l’avez rappelé, le partenariat public privé est quand même important pour sceller les conditions d’un partenariat qui est salvateur pour l’économie. Mais le plus grave, c’est l’accès au crédit est encore difficile nous l’avons rappelé. L’accès au foncier et à la justice sont encore difficiles. Par rapport à ce qui se passe aujourd’hui, je peux imaginer un dernier domaine qui est tout à fait important pour tous ceux qui viennent investir dans un pays ou même ceux qui vivent dans leur pays, c’est la sécurité. Tant qu’il n’y a pas l’accès à la sécurité, il n’y a aucune affaire. Donc, voilà tant de chantiers qu’il reste au gouvernement à mon sens qu’on peut améliorer afin que l’on puisse parler véritablement d’un climat des affaires amélioré et qu’on puisse s’en glorifier.

Ce classement ne veut pas dire que l’économie du Bénin se porte bien ?
Non, ce n’est pas encore ça. Ils vont trop vite en besogne et quand je vois des titres dithyrambique dans la presse comme « Nette amélioration du climat des affaires au Bénin, Réussite exemplaire du gouvernement dans l’économie, le leadership du président a payé, etc. » C’est de la fanfaronnade. Ramenons les choses à leur juste valeur. Il y a eu des efforts à saluer mais il reste beaucoup à faire pour que le Bénin soit un environnement des affaires sécurisant et attractif, attractif aux investissements privés nationaux et étrangers.

Je vous laisse conclure cet échange
Mon mot de fin serait que le pouvoir cesse d’amuser la galerie et d’aller à l’essentiel. L’essentiel aujourd’hui, c’est d’avoir une LEPI digne d’être utilisée et d’asseoir des élections justes et transparentes. Je sais que c’est une autre paire de manches, mais qu’on organise les élections à bonne date comme l’exige tout le monde et qu’on puisse sortir le pays de l’ornière.

Propos transcrits par Yannick SOMALON et Téddy GANDIGBE

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