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Le Matinal N° 4456 du 17/10/2014

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Façon de Voir : Devoir de mémoire III : L’héritage
Publié le mardi 4 novembre 2014   |  Le Matinal




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Quelles sont les conséquences du régime dit du changement ? On ne saurait peut-être les lister. Une chose est sûre, les séquelles se traîneront sur des décennies. Il y a une séquelle qui devrait particulièrement inquiéter les futurs dirigeants du pays : la corruption d’une certaine tranche d’âge. Plus vulnérable et surtout, cette tranche a été la plus exposée aux vicissitudes du régime du changement.


Supposons qu’en mars 2006, l’âge de Toto était de dix ans. En mars 2016, il aura 20 ans. A dix ans, il était un terrain fertile. Il pouvait y pousser de bonnes graines, mais aussi et surtout de mauvaises. A 20 ans, il est un fruit mûr. Les dix ans lui ont permis d’acquérir certaines expériences. Il a vu et entendu des choses. Il a vécu des expériences. Il a vu des parents nommés puis dégommés. Il a participé à certains concours. Il a entendu les dirigeants parler.

Faisons un tour dans le « congolo » de Toto et analysons ce qu’il a appris.
Toto a ainsi appris que 25 + 25 = 45. Et il a entendu cette énormité d’une bouche autorisée : celle du président de la République. D’ailleurs, un député, très proche du président, ami intime de ce dernier a confirmé cette pratique du nouveau programme. 3 x 8 = 27. Ce n’est pas une rumeur. Toto a entendu cela de « ses propres oreilles ». Le président de la République et son meilleur député à l’Assemblée nationale sont ses références. Ils l’ont dit, donc c’est vrai. La religion de Toto est toute faite : seuls les médiocres deviennent présidents de la république ou députés. Il n’a plus besoin d’aller à l’école. Le comble, c’est que parfois, ce député, présumé assassin, donne des leçons au président de l’Assemblée qui est un agrégé. Pourquoi « Toto » se gênera-t-il pour aller à l’école ? Il peut choisir d’être chauffeur de taxi…le minimum qui l’attend, c’est un poste de ministre de l’Intérieur !!!!!

Toto a également appris comment se faire nommer. Pour cela, il suffit d’organiser une prière pour des tentatives d’empoisonnement imaginaires ou alors des marches de soutien pour la production cotonnière (qui a fait perdre à l’Etat 50 milliards de nos pauvres francs). Dans le premier cas, son oncle, qui a avait injurié le candidat Boni Yayi et l’avait traité de renégat s’est vu nommer conseiller spécial parce qu’il a eu l’intelligence de marcher et de parler Nagot. Dans le second cas, il a vu sa cousine devenir ministre du Coton alors qu’elle ne s’y connaissait pas.
Pour Toto, la conviction est une pure invention du dictionnaire. Pour évoluer au Bénin, il faut l’oublier et marcher. Si la marche ne suffit pas, il faut prier. Et après tout ça, il faut remercier. Il a assisté à une cérémonie de remerciement. On appelle le plus souvent les Imams de sa localité. Les parents alliés et amis. On invite les membres de sa famille. Si le nombre n’y est pas, on loue quelques bonnes femmes. On remercie le président, sa famille, ses enfants, les amis de ses enfants, ses beaux-parents. Les beaux parents de ses beaux parents. On tue un bœuf. Tout ce que l’heureux nommé doit dire, vient bien sûr de la présidence. Pour s’assurer que le nommé ne se trompera pas, le président envoie souvent deux de ses neveux : celui qui s’occupe des espèces sonnantes et trébuchantes et l’autre qui est de sa sécurité.
C’est ainsi que Toto a appris qu’après Dieu, c’est le président. Il a appris qu’il est le seul président qui a promu les cadres de cette localité. Toto a ainsi appris que sa commune deviendra la plus visitée au monde à cause de l’hôpital en projet. Mais là, Toto a quand même eu peur. Puisque seuls les malades visitent un hôpital. Il s’est aussitôt dit que tous les malades du Bénin voire du monde entier viendront dans sa commune. Ce qui n’est pas du tout sécurisant lorsqu’on sait qu’il y en aura qui souffrent forcément d’Ebola. De tuberculose. De Sida. De la lèpre. De grippe aviaire.

Toto aimerait bien se passer d’un tel projet. Mais, il est étonné de voir son beau-frère qui est maire danser et pleurer de joie. Il se demande s’il n’est pas fou ce maire qui s’apprête à accueillir tous les malades du monde entier et qui danse de joie. « Ou bien, lui-même est malade », se demande Toto.

Bref, toutes ces âneries sont filmées par l’Ortb, devenu, depuis peu, Office de Radio et Télévision de …BONI. Tiens, l’Ortb ! C’est le prochain sujet. Car Toto veut devenir journaliste…

A plus !

Charles Toko

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