Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article



 Titrologie



Le Matinal N° 4468 du 4/11/2014

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Économie

Gestion des entreprises publiques: la situation inquiétante de la Sobémap
Publié le mardi 4 novembre 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le Directeur Général de cette société étatique, Professeur Soumanou Toléba de la Société béninoise des manutentions portuaires (Sobemap)


 Vos outils




La Société béninoise des manutentions portuaires (Sobémap), une des rares entreprises publiques excédentaires encore dans l’escarcelle de l’État, traverse actuellement une situation que le mot ‘’mal gouvernance’’ n’arrive plus à qualifier. Des appels d’offres miraculeusement qualifiés d’infructueux, des commémorations onéreuses, des marchés passés dans des conditions opaques, des remaniements organiques absurdes, tout se passe dans cette entreprise comme si elle échappait à la législation béninoise. Nous y avons effectué une enquête dont les résultats sont troublants.

La Sobémap mérite une attention particulière de la part des plus hautes autorités béninoises. À moins que ce qui s’y passe soit le fait d’un cahier de charges occulte que les autorités auraient transmis à l’actuelle équipe dirigeante de cette entreprise d’Etat. Sinon, dans quelques mois, les Béninois assisteront encore impuissants à un énième scandale généralement sans conséquence pour les auteurs, qui, par extraordinaire, sont parfois promus ailleurs. Le dossier relatif à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), reste encore de mémoire. On attend de voir comment les autorités centrales réagiront face à ce qui se passe à la Sobémap.

Un prêt inutilisé donnant lieu à des intérêts

Il y a quelques mois, le président de la République lui-même aura été la personne par laquelle le peuple béninois sera informé du scandale d’un marché d’acquisition de matériels mal conduit par la direction générale de la Sobémap. Depuis, tout se passe comme si le temps ne représentait rien dans cette entreprise d’Etat. En effet, ce marché portait sur la consommation d’un prêt contracté auprès de la Banque ouest africaine de développement (Boad). Un prêt qui devrait servir à renouveler le parc de matériels bien vieilli d’une entreprise de manutention qui n’existe que par la qualité de ses engins. Une ressource mobilisée et mise en place en 2012 et pour laquelle l’entreprise a déjà inscrit, depuis plusieurs exercices, dans sa trésorerie de quoi rembourser ladite institution financière. Aujourd’hui, toutes nos démarches auprès de l’administration de l’entreprise pour savoir l’évolution réelle de ce dossier d’appel d’offres, déclaré infructueux et ayant fait l’objet de la furie non punitive de la part du chef de l’État, Yayi Boni, sont restées sans suites concrètes. Ainsi va l’univers de la gestion de cette entreprise d’Etat.

Un remaniement opportuniste d’organigramme

Suivant les informations obtenues auprès de sources crédibles, il s’opère actuellement une réforme de fond à la Sobémap. De manière quasiment discrète et inhabituelle, un groupe d’hommes avertis, déterminé à ne reculer, devant aucun obstacle, s’organise pour imposer aux agents de la Sobémap un nouvel organigramme. Une réforme introduite, affirme-t-on sur place, dans le but de faire disparaître les postes jusque-là détenus par des agents peu dociles qui gêneraient ou empêcheraient la spoliation impunie de la maison. À titre illustratif, dans le nouvel organigramme en cause, on rencontre des manœuvres comme celles-ci : la direction générale se taille un protocole de haut rang suivi d’une kyrielle de départements rattachés ; le service contentieux disparaît au niveau de la direction des études et du contentieux ; le service ‘’approvisionnement’’, autrefois directement rattaché à la direction générale a disparu de l’organigramme ; le service inspection de matériel a disparu et il y a des présomptions claires que des agents, très proches de leur retraite, s’organiseraient pour créer une entreprise privée de maintenance qui va vendre ses services à la Sobémap. Une entreprise qui s’apprête pourtant à acquérir de nouvelles machines dans une procédure viciée. Par ailleurs, toujours dans le projet d’organigramme, les affaires administratives et sociales ne relèvent plus d’une direction à part entière, mais distribuées à d’autres directions sous contrôle direct de la direction générale ; le secrétariat administratif disparaît et ses prérogatives distraites ici et là ; désormais, les sous-directions et services sont sans secrétariat alors que de sources dignes de foi, il y a des sous directeurs et chefs service qui ne savent pas se servir de l’outil informatique… La liste des réformes inopportunes est longue et cache à peine les intentions des auteurs de cette manœuvre qui ne porte que des germes de la déstabilisation de l’entreprise, soutiennent des agents de la Sobémap. Un acte à risque du fait du rejet du projet par la majorité des agents. D’ailleurs, lorsqu’on recourt aux conclusions du dernier audit effectué sur la gestion 2010-2012, on ne voit nulle part une recommandation portant sur un tel remaniement organique.

Une commémoration onéreuse en situation
de crise

De sources crédibles, tous les concurrents de la Sobémap se portent mieux qu’elle. Pourtant, nous n’avons pas souvenance de la dernière réjouissance organisée par ces entreprises privées à capitaux étrangers. Dans un tel contexte, la Sobémap qui sollicite un prêt sans être en mesure de le consommer à temps, qui ne dispose quasiment plus d’engins en parfait état de marche, etc. se permet le luxe de fêter ses 45 ans d’existence en grande pompe avec des manifestations qui se sont étalées sur plusieurs jours. Quand au financement de cette tête, c’était plutôt une source d’enrichissement, soutiennent des agents qui ont boudé cette commémoration onéreuse.

Des comportements troublants

À la Sobémap, on peut rencontrer des agents occasionnels à vie pendant que l’Etat interpelle des entreprises privées pour non-observance des dispositions du Code de travail. Pourtant, c’est parmi les entreprises privées, créées pour faire des profits, que l’Etat s’obstine à rechercher des ‘’vertueux’’. Parlant des occasionnels à vie à la Sobémap, il ne s’agit pas de dockers ni autres agents à responsabilité réduite. Mais il s’agit de mécaniciens, de soudeurs, d’électriciens, etc. Et chaque fois que ceux-ci tentent de réclamer la régularisation de leur situation, une manœuvre de corruption suffit à diviser ces agents et la situation perdure. Pour certains, cette situation dure depuis une quinzaine d’années sans solution. La dernière manifestation en date a eu lieu ce 24 octobre 2014. Les agents avaient prévu observer une journée sans travail au garage en se déplaçant de l’enceinte du port en groupe pour aller manifester leur mécontentement de vive voix devant les locaux de l’administration de la Sobémap. Mais à leur grande surprise, le Directeur général, Soumanou Toléba, se pointe très tôt le matin au garage pour étouffer l’organisation des ‘’agents occasionnels à vie’’ qui manifestaient, banderole rouge au front. Ceci, après une première tentative d’étouffement marquée par un fait de corruption des agents mécontents. A ceux-ci, une somme de 250.000 francs Cfa a été distribuée sur ordre d’une autorité de la boîte qui a donné l’impression de sortir ladite somme de sa propre poche.

La gestion courante aussi…

Quant aux faits de gestion approximative qui mine l’entreprise, la liste est longue pour tenir un livre entier. Notre enquête révèle que des frais de maintenance sont régulièrement décaissés sans le moindre suivi, ni contrôle. Généralement, les acquisitions de nouveaux matériels sont faites sans formation des utilisateurs et agents de maintenance devant intervenir sur ces engins. La conséquence de ces manquements graves est qu’il y a des machines qui cessent de fonctionner dès la réception ou la mise en service. Ce qui fait qu’on peut mettre un matériel hors d’usage sans l’avoir véritablement utilisé aussitôt après une acquisition à grands frais.
L’autre situation inadmissible dans une entreprise dont le rendement dépend de la qualité de ses machines est l’acquisition de lubrifiant. De sources proches du garage, il est révélé que bien souvent, des huiles de mauvaise qualité sont mises à la disposition du garage pour la maintenance des grues et autres engins de manutention. Conséquence, la durée de vie des machines est inférieure à celle requise par le fournisseur de matériel. Le drame est si récurrent que les patrons qui ont pris l’habitude d’utiliser les installations et approvisionnements de la Sobemap pour la maintenance de leurs propres matériels roulants ont dû se rabattre sur leurs mécaniciens privés afin de ne pas esquinter leur véhicule. Les plus téméraires effectuent leur vidange sur les installations de la Sobémap, mais apportent leur propre huile.
L’autre réalité ahurissant en plein XXIème siècle est que le garage de la Sobemap ne dispose pas de suivi du parc de matériel au moyen de matériels informatiques. Outils qui auraient pu permettre de faire un suivi automatisé permettant de connaître en temps réel l’historique des faits se rapportant à un matériel donné afin d’intervenir rationnellement en cas de panne. Autant de faits, révélés par notre enquête, qui méritent qu’on y revienne plus en détails avec des chiffres troublants.

 Commentaires