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Le Confrère de la Matinée N° 942 du 29/1/2014

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La chronique de Jérôme Carlos : A l’école du Faso
Publié le mercredi 5 novembre 2014   |  Le Confrère de la Matinée




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Comprendre. C'est le souhait de tout analyste face au séisme politique qui, en une matinée, a changé la face du Burkina Faso. Blaise Compaoré, après 27 ans de règne sans partage, fut balayé par la colère populaire. C'était le 30 novembre 2014. Sa boulimie du pouvoir l'a précipité dans les catacombes de l'histoire. Ses compatriotes ont opposé une fin de non recevoir à sa volonté de tordre le cou à la Constitution et de jouer les prolongations au pouvoir. Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Cinq facteurs combinent leurs effets pour faire du Burkina Faso le laboratoire d'une nouvelle conscience démocratique africaine. Il faut y voir un signal fort.

Premier facteur : le cri des urgences sociales. Les Burkinabè, dans leur immense majorité, ont des problèmes de gestion de leur quotidien. Mais le premier d'entre eux caressait des rêves d'éternité. Il voulait s'éterniser au pouvoir. Les premiers n'arrivaient pas à joindre les deux bouts. Le second était prêt à tout pour aller au bout de ses ambitions. Tragique face à face entre deux Burkina Faso. L'un se débattait dans les bas-fonds de la survie. L'autre survolait les hauts nuages du pouvoir à vie. Le télescopage entre ces deux entités ne pouvait qu'être lourd de conséquences. Il ne pouvait en être autrement. Blaise Compaoré n'a compris que plus tard et trop tard l'immense décalage entre son rêve personnel et les préoccupations de son peuple.

Deuxième facteur : la surdité des hommes supposés forts. Est criminelle la dérive autocratique et monarchique d'un pouvoir qui se veut, par principe, démocratique. Deux verrous aident à limiter les dégâts. La limitation des mandats, d'une part. Faire le temps imparti et partir. L'alternance démocratique, d'autre part. Faire se succéder au pouvoir des hommes, des équipes, des partis, des idées, des expériences. Car, c'est une faute que de chercher à s'imposer comme l'astre unique autour duquel doivent graviter tous les autres astres. Pour n'entendre plus que sa propre voix. Pour se faire prisonnier de sa propre ombre. Pour se barricader dans la prison de l'idée qu'on est seul à se faire de soi-même.

Troisième facteur : le pouvoir de la rue. Il se trompe, celui qui prétendrait, tous les jours, faire lever le soleil de son seul cocorico. Il s'expose à l'usure du pouvoir et à l'ivresse de la force. C'est là le ventre mou de tous les autocrates. Ils sont si sûrs de leur force qu'ils ne savent plus que tout est relatif. Le fer est fort, pourtant le feu le fond. Le feu est fort, pourtant l'eau l'éteint. Et Jean-Paul Sartre de nous instruire : "Quand on se bat, on peut être battu" (Fin de citation). Nos hommes forts croient en la puissance de feu des armes acquises, du reste, avec l'argent du peuple. Mais rien n'arrête un peuple déterminé. Surtout quand il n'a plus que ses chaînes à perdre. C'est la grande leçon de la mémorable journée du 30 octobre 2014 à Ouagadougou.

Quatrième facteur : le réveil des caïmans. "La victoire, nous apprend un adage populaire, a plusieurs papas, mais la défaite est orpheline". Voilà l'idée qui sous-tend la lutte pour le pouvoir, depuis quelques jours, à Ouagadougou. Des militaires, sortis de leurs casernes, veulent récolter là où ils n'ont pas semé. Des civils, s'abritant derrière les armes des militaires, veulent assouvir leur soif de pouvoir. Parce que le pouvoir, sous tous les cieux, tire les prédateurs de leur sommeil et aiguise les appétits les plus voraces. Mais quelles que soient les acrobaties des uns, les contorsions des autres, la souveraineté est et restera au peuple. Que le pouvoir retourne à sa source.

Cinquième facteur : le réalisme de la communauté internationale. Blaise Compaoré, à s'illustrer comme médiateur dans toutes les crises qui ont agité les pays de la sous-région, a fini par s'identifier à la communauté internationale. Celle-ci, en s'engageant, comme elle le fait actuellement, à défendre une transition civile, lâche Blaise Compaoré. L'homme a perdu le pouvoir. Une page est véritablement tournée. La communauté internationale joue la carte de ses intérêts. Elle sait accorder ses pas au rythme nouveau du tam-tam. Cela s'appelle du réalisme. Comme on le voit, chacun, selon sa position et selon ses intérêts, joue sa partition. Que Dieu garde le Burkina Faso. La leçon de Ouagadougou doit inspirer l'Afrique entière.

Jérôme Carlos

La chronique du jour du 4 octobre 2014

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