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Le Matinal N° 4477 du 17/11/2014

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Walis Zoumarou à propos de la gestion de Yayi : « Il a posé des actes qui sont préjudiciables pour les intérêts du pays »
Publié le lundi 17 novembre 2014   |  Le Matinal




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Le député Walis Zoumarou, ancien ministre du gouvernement Soglo et membre de l’Alliance Abt, maîtrise bien les réalités politiques béninoises . Il était ce dimanche 16 novembre 2014, l’invité de l’émission "Cartes sur table" sur Océan Fm. Lépi, sécurité, élection, scandales sous Yayi Boni, harcèlement des opérateurs économiques, tout y passe. Walis Zoumarou n’a pas sa langue dans la poche. Lire l’entretien.


céan Fm : Honorable ! On a constaté que le gouvernement et le Cos-Lépi se tiraient dans les pattes. La nouvelle donne désormais, c’est que ce sont les militaires qui bloquent le Cos-Lépi. Votre avis.

Wallis Zoumarou : Le Cos-Lépi m’a toujours désarçonné dans sa position, puisqu’ils sont responsables de quelque chose et doivent prendre leurs responsabilités. Chaque fois, il y a toujours des motifs de justifications et d’excuses. Vraiment, est-ce qu’un béninois sérieux qui aime son pays va suivre le Cos-Lépi. Je crois que non. Je crois qu’on est actuellement dans le dilatoire. Entre le Cos-Lépi et le gouvernement qui dit la vérité ? Le Cos-Lépi a des responsabilités. Il n’a qu’à les assumer. Ils sont là. Ils ont un budget et, maintenant, ils disent qu’on n’a pas déployé les militaires. Ils le savaient à l’avance. Ils nous avaient annoncé, il y a une semaine à l’avance, que, le lundi qui suivra, les opérations démarreront. Pourquoi cela ne se fait pas et c’est aujourd’hui qu’ils le disent. Normalement, ils devraient le savoir plus tôt. Honnêtement, nous ne suivons pas le Cos-Lépi et on ne suit pas le gouvernement.
Pensez-vous que dans cette situation, il faut forcément jeter la pierre au Cos-Lépi ? Si le Cos, sur la base des promesses du gouvernement commence et que par la suite elles n’ont pas été honorées, est-ce qu’il faut jeter la pierre au Cos ?

Le Cos-Lépi est là à tourner en rond. Si leur mission n’avance pas, ils ont une possibilité, à savoir jeter l’éponge et refuser de suivre le gouvernement. Là, on verra qui est sérieux et qui ne l’est pas. Aujourd’hui, on fait un jeu de ping-pong. Qui est responsable ? En tout cas, moi, pour la correction de la Lépi, ce n’est pas le gouvernement que j’ai en face. J’ai le Cos-lépi. Nous, on interroge le Cos-Lépi. A charge pour lui de demander à celui qui l’a mandaté de lui donner les moyens pour atteindre la mission qu’on lui a assignée. Au niveau du Cos-Lépi, il y a une responsabilité qu’aucun citoyen sérieux ne peut nier. Pour moi, ils ne sont pas sérieux au sein du Cos-Lépi.
Mais le Cos-Lépi n’a pas les moyens qu’il faut

Mais, qui les oblige à être là. Dans ce pays, personne n’est responsable. Les gens s’asseyent quelque part, il y a des moyens pour manger, boire et dormir. Ils sont là et ne veulent pas bouger. Ils tournent en rond. Quand est-ce qu’on va savoir qui est responsable de quoi ? Soyons sérieux. Moi, je ne suis pas le Cos-Lépi jusqu’à présent.
Mais ceux qui sont actuellement au Cos-Lépi, ce sont des députés

Je ne refuse pas. Avec le ministre des Affaires étrangères, ils ont fait la même chose. Ils se sont enrichis et sont partis. Cela ne vous engage pas. S’ils veulent intenter une action en justice contre moi, je suis là.
Mais le travail a été fait quand même

Quel travail ? On est au niveau zéro et le Cos-Lépi dit qu’ils n’ont rien trouvé en venant. Encore qu’ils ne l’avaient pas dit. C’est maintenant qu’ils le disent dans les couloirs. Ils auraient dû le dire dès le départ. Qui peut croire le Cos-Lépi ? Moi, je crois moins le Cos-Lépi que le gouvernement.
C’est surprenant

Non ! On est dans un tourbillon et on tourne en rond. Je n’ai pas l’habitude de tourner en rond. Je veux une direction. Où est la direction aujourd’hui ? Le Cos-Lépi est là pour corriger les choses et, puis, on n’avance pas. Vous dites que c’est le gouvernement.
De manière concrète, que préconisez-vous ?

Je crois que le Cos-Lépi, s’il ne peut pas aller loin, qu’il laisse les choses.
A cette étape du processus, vous pensez que c’est possible ?

Les gens ont demandé au Cos-Lépi d’alléger la liste. Pourquoi le Cos-Lépi n’avait pas vu qu’on peut faire cela. Pourquoi c’est maintenant qu’ils le disent. Pourtant, ils ont des techniciens en leur sein. Même les lois qui sont prises, ce sont les techniciens qui les conçoivent. Mais le Cos a des techniciens en son sein. Que font ces techniciens qui sont grassement payés ? Ils sont là et ils ne veulent pas bouger. Ils veulent remplir les poches. On ne demande des comptes à personne. Le gouvernement a essayé une tentative pour essayer de voir clair. Vous avez vu quelque chose ? Personne. Comme tout le monde est corrompu, on ne voit qui est responsable de quoi. Le gouvernement et le Cos sont responsables. C’est un dilatoire. Si le Cos-Lépi veut se démarquer du gouvernement, ils n’ont qu’à jeter l’éponge. Quand on était là-bas, il ya des députés qui ont démissionné. Aujourd’hui, on ne les associe pas. Tout le monde est là, on tourne en rond, on mange, on multiplie les budgets.
Mais beaucoup dénoncent le fait que le gouvernement ne sort pas les moyens.

Moi, je ne suis pas pour cette démarche-là. Chacun, à son niveau, doit être responsable de quelque chose. Le gouvernement est responsable. Nous l’avons combattu dans tous les sens. Aujourd’hui, le gouvernement a donné des responsabilités au Cos-Lépi, mais qu’est-ce qu’il en a fait ? Moi, je ne vois pas. Aujourd’hui, on est dans un genre de manipulation. Ils ont dit qu’ils ont élaboré un budget. Mais est-ce qu’ils ont exécuté ce qu’ils ont prévu dans le budget ? Ils ont dit 13 milliards. On négocie avec eux, après c’est 9 milliards et ils sont d’accord. Tous les budgets se négocient. Pourquoi sont-ils d’accord ? Ils ont accepté 9 milliards, après ils changent d’avis. C’est un jeu de dupe auquel je ne suis pas preneur.
Mais il y a certains qui se sont démarqués

Mais qu’ils quittent. C’est le Cos-Lépi que j’accuse. Je n’accuse pas Sacca Lafia. Je dis qu’ils ne sont pas assez responsables et le jeu qu’ils font n’est pas responsable. Je serai dans le Cos que je serai sorti depuis longtemps.
Pensez-vous qu’on va revivre la situation d’il y a deux ans ? Ou bien, que la Lépi n’a servi à rien.

Notre Lépi, personne n’y croit. Comme je n’aime pas le KO, comme je n’aime pas toute entreprise qui finit par la honte, on devrait sommer le Cos-Lépi de poursuivre. On ne peut pas dire une autre alternative aujourd’hui. Quelle autre alternative crédible aujourd’hui ? Je ne vois pas. Sauf à continuer ou alléger. Mais Quenum a annoncé un certain nombre de choses. Quenum a dit qu’avec quelques milliards il est capable de le faire. Pourquoi on ne le sollicite pas ?
Mais, si Quenum pouvait faire la Lépi avec 6 milliard, il l’aurait fait.

Vous savez que c’est un gros montage. Vous n’avez jamais vu une Lépi avec 45 milliards dans un pays pauvre comme le Bénin. 45 milliards et on n’est pas au bout de nos peines. 45 milliards et 13 milliards, on ira à combien pour réaliser la Lépi ? Nous sommes dans une situation de prise en otage par le gouvernement parce que c’est lui qui a initié ce projet et c’est lui qui l’exécute. Et ensuite par ceux qui ont animé le Cos-Lépi depuis les premiers jusqu’à ceux qui sont là aujourd’hui. Ne nous laissons pas attendrir par ces gens-là qui viennent se plaindre et pleurnicher. Est-ce qu’un seul d’entre eux a dit aujourd’hui moi je ne prends pas mon argent parce qu’on n’avance pas ? Ce serait un acte de patriotisme. Mais les gens, sont là, ils veulent que cela dure le plus longtemps possible, qu’on augmente le budget, avoir des marchés. Ils veulent avoir 2 millions, 3 millions par mois en plus des émoluments qu’ils ont à l’Assemblée. Je pense que c’est trop facile. Je ne me fais pas prendre ce jeu-là.
Je me rends compte que vous vous en prenez à ces personnalités

Je m’en prends au Cos-Lépi. S’il est composé des gens qui n’assument pas leurs responsabilités, cela fait leur affaire.
La responsabilité première revient à l’Assemblée nationale qui les a choisis.

Mais il faut qu’on choisisse quand même des gens. L’Assemblée l’a fait honnêtement. C’est aux gens qu’on a choisis d’être assez responsables par rapport à la confiance qu’on leur fait. Quel est le crime des gens qui les ont choisis ? Non. Ils ont une présomption en disant que ces gens sont sérieux apparemment. Mais ces derniers s’asseyent et nous démontrent s’ils sont sérieux où s’ils ne sont pas. Je vois qu’aujourd’hui, s’ils retournent à l’Assemblée qu’on doit les choisir à nouveau, vous pensez qu’on va les prendre ? Ils ont démontré qu’ils ne sont pas capables et qu’ils ne sont pas sérieux.
Vous voulez dire qu’on s’est trompé ?

Oui, comme on s’est trompé en choisissant Yayi Boni.
Comment expliquez-vous que le gouvernement donne les ressources au Cos-Lépi au compte-gouttes et ce même gouvernement lance ses ministres dans tous les départements pour dire aux populations de s’inscrire sur les listes ?

On a confié une mission à Sacca Lafia et il estime qu’il est en train de travailler et qu’il est à telle étape. On ne peut plus dire maintenant qu’il n’y a rien du tout. Si c’est cela, alors, il faut les prendre et les jeter en prison. Si après les milliards qu’ils ont reçus, ils disent qu’il n’y a rien du tout, il en reste qu’à les juger.
Mais il y a une mission de vérification qui est allée contrôler leur gestion

Cela veut dire qu’il y a un travail. Donc, il faut continuer là-dessus. Moi, je suis allé me faire enregistrer de bonne foi. Mais je ne peux pas dire que cela n’existe pas. Au Cos-Lépi, il y a du sérieux. Le travail est en train de se faire, peut être en retard, peut être plus cher que prévu, peut être avec des malfaçons, mais quelque chose se fait. C’est pour cela que je pense, et cette fois, je pense que ceux qui sont là, doivent être suffisamment responsables. Quand ça ne marche pas, ils doivent s’en aller. S’ils sont là, on doit croire qu’ils sont en train de faire quelque chose.

Il y a de l’opportunisme. Le gouvernement fait de la publicité à grand frais. Ce n’est pas au ministre de fixer la date des élections. C’est peut-être une indication de ce que le gouvernement est en train de faire. Le moment viendra où l’on fixera une date. J’attends un décret. Même la Cena attend le décret. La sortie des ministres, ce sont des dépenses inutiles. On espère que, d’ici à un an, tout cela va finir. Il appartient donc au peuple de prendre ses responsabilités le moment venu, pour remercier ces gens-là qui nous gouvernent.
Le gouvernement mobilise la population sur le terrain pour aller s’enregistrer. Est-ce que l’Alliance Abt fait pareil ?

Nous sommes des responsables. Nous avons joué notre partition. A savoir, dire aux populations, sortez et allez vous enregistrer. Car, voter est un devoir. Cela nous coûte de l’argent, mais on le fait. Nous avons des équipes dans chaque arrondissement pour faire du porte à porte. Nous avons intérêt que les gens sortent. C’est d’abord le rôle du gouvernement et des acteurs impliqués, comme la Cour constitutionnelle. Tous ceux qui sont impliqués dans le processus de vote doivent appeler les populations à aller voter. Mais, ce que le gouvernement fait, c’est de la récupération. Le gouvernement est acculé, il ne peut dire qu’il n’y a pas d’argent pour faire les élections. Personne n’est dupe. Le dernier des Béninois ou le citoyen lambda n’est pas dupe non plus. Mais, cela ne va plus durer.
Au même moment, le gouvernement vous appelle au dialogue. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Il vaut mieux tard que jamais. C’est un peu trop tard. Ce gouvernement n’a aucun respect pour les partis politiques. Le seul parti qui est considéré. Ce sont les Fcbe. Ce sont eux-mêmes qui dansent, jouent le tam-tam et louent le chef. Malheureusement, avec l’exemple du Burkina, tout le monde tente de rentrer dans les rangs, avec des vestes de démocrates démodées et désuètes. Ils veulent maintenant passer pour des démocrates. Mais non ! Personne n’est dupe. C’est ce que je dénonce tantôt. Ce gouvernement fait de la récupération.
Est-ce que vous pensez que ce dialogue est nécessaire pour sortir de l’impasse ?

L’essence même de la démocratie, c’est dialoguer et échanger ; s’asseoir et mettre les problèmes sur la table et voir la meilleure façon de les résoudre. C’est cela être responsable. La démocratie a besoin d’un minimum de consensus.
D’aucuns estiment qu’il attendent la Lépi pour aller aux élections, d’autres recommandent une liste alternative.
Quelle est votre position sur la question ?

C’est trop tard de parler de liste alternative. La liste ad’hoc, c’est dépassé. Il vaut mieux suivre le travail du Cos/Lépi, et on verra. Moi, j’avais proposé, en son temps, qu’il y ait une liste ad’hoc. Mais, les gens n’ont pas voulu. Ils disent qu’il y a une jurisprudence de la Cour constitutionnelle. Et, qu’on ne peut pas aller aux élections sans la Lépi. Nous avons été pris à notre propre jeu. Donc, maintenant, on doit aller au bout. On doit continuer, malgré la voie longue et très onéreuse choisie par le Cos. Les élections mal faites, valent mieux que sans élection.
Est-ce qu’il faut continuer avec la Lépi ?

S’il y a un décalage d’un mois, ce n’est pas grave. Aujourd’hui, se mettre à faire une nouvelle liste, cela coûterait au moins 10 milliards de francs. Vous connaissez notre gouvernement. Par ailleurs, si cet argent existe, cela peut servir à autre chose. Soyons sérieux. Nous sommes un petit pays, où les élections coûtent plus cher.
Les élections coûtent cher, mais c’est la démocratie qui exige cela.

La démocratie doit aussi nourrir son homme. Si on doit prendre l’argent du pays pour organiser les élections et laisser les gens mourir de faim, cela n’est pas bien. Il faut aussi construire des écoles, des hôpitaux, des routes.
Concrètement, qu’est-ce que vous proposez ?

On continue avec le Cos. S’ils peuvent nous sortir une liste pour aller aux élections, c’est bien. Mais pourquoi, ils essaient de tout faire en contre temps ? C’est peut-être pour avoir des émoluments à la fin du mois. Plus longtemps que l’opération va durer, plus cela les avantagera. Non, le pays n’a pas que cela à faire. C’est pourquoi, je dis qu’il y a anguille sous roche.
Il y a la « loi Amoussou » qui propose des amendements au Code électoral, histoire d’aller vite.

Il y a du bon là-dedans. Mais, il faut continuer avec le travail du Cos. La classe politique doit s’asseoir pour discuter. Mais le gouvernement ne veut pas le dialogue. Le gouvernement ne veut pas dialoguer avec la classe politique. Mais qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? C’est au gouvernement d’organiser le dialogue.
Le Chef de l’Etat a quand même dit qu’il était prêt au dialogue

Il y a beaucoup de discriminations. Le candidat de l’Alliance Abt, n’a jamais été reçu par le Chef de l’Etat. Il a reçu l’Un et les autres. Ils ne lui ont pas écrit. On ne peut pas faire la démocratie en excluant les autres.
Comment expliquez-vous ce refus du Chef de l’Etat de profiter des conseils de Abdoulaye Bio Tchané ?

Il faut voir leur parcours. Ce sont des parcours antinomiques. Quand vous êtes le contraire de ce qu’il est, il ne peut pas vouloir vous rencontrer. Or, la démocratie, c’est la tolérance. C’est en additionnant les contraires qu’on obtient le positif. On exclut totalement celui qui ne vous ressemble pas.
Vous êtes proche de Abdoulaye Bio Tchané. Comment est-ce qu’il vit cette exclusion ?

Ce n’est pas lui qui est concerné. Nous les acteurs, nous vivons cela amèrement. Je suis aux premières lignes depuis le début du renouveau démocratique. J’ai assisté à toutes les réunions. Mais depuis que nous sommes avec Tchané, on nous exclut de tout. Malgré cela, nous faisons l’effort de discuter avec les autres forces politiques. Mais, quand on invite les autres au Palais, personne ne nous invite.
Pourquoi Abdoulaye Bio Tchané ne critique pas Yayi Boni ?

Cela n’est pas de son tempérament. Il a été son successeur à la Boad, Dieu seul sait qu’il avait mille raisons de le faire. Chacun a sa logique, chacun à sa morale. Il veut faire son travail. Quand il sera Chef de l’Etat, il ne va pas mettre le couteau sur la gorge de ses adversaires.
Sur le plan des affaires, le Chef de l’Etat ne respecte pas les décisions de justice. Quelle est votre appréciation sur la question ?

Ce que le Chef de l’Etat fait, c’est la conséquence de ses propres actes. Au début, il a posé des actes qui sont préjudiciables pour les intérêts du pays. C’est lui-même qui a signé les contrats avec ceux avec qui il n’est pas d’accord aujourd’hui. Il leur a accordé trop d’avantages. C’est maintenant qu’il s’en rend compte. Maintenant, il veut revenir en arrière. Cela ne sera pas facile. C’est pour cela qu’il y a des tiraillements. Maintenant, au lieu de procéder par la force, il devrait s’asseoir et négocier avec ces gens-là. Est-ce qu’il a fait cela. Il croit peut-être qu’avec la force, il peut triompher partout ? C’est quand il ne sera plus là que le problème va se poser. Le ver est dans le fruit. S’ils avaient fait de sérieux contrats , on n’en sera pas là aujourd’hui. Yayi Boni se plait, à tort, à dire qu’il est patriote, alors qu’il a plein de sales affaires sur les bras. Il y a Icc et consorts par exemple. Si on doit fouiller cette affaire, il ne va pas s’en sortir.
C’est le Chef de l’Etat, vous devez mesurer vos propos

Vous estimez que j’exagère ? Je parle plutôt des valeurs qu’un Chef de l’Etat doit incarner dans l’exercice de ses fonctions. Il y a eu tous les scandales que vous savez. Donc, le Chef de l’Etat ne peut plus se montrer comme le plus pur et le plus transparent.
La menace de la Ccja où le Bénin risque de payer 129 milliards. Il y a aussi l’affaire Epine dorsale portée devant la même juridiction. Est-ce que cela ne fait pas craindre le pire pour le pays ?

Ils étaient tous dans la même mouvance et s’entendaient très bien. On s’inquiétait pour le pays quand ils étaient ensemble. Ils ont essayé de tirer le maximum. Maintenant, nous n’allons pas les plaindre. Ils ne vont pas prendre le pays en otage comme ça. Moi, je ne fais pas ce combat-là.
Essayons de recentrer le débat sur les décisions de justice.

Je dis que si tout cela était sain, avec des appels d’offres réguliers, on n’en serait pas là. En ce moment-là, on pourrait pleurnicher avec Samuel Dossou. Mais, ce gouvernement fait tout dans le flou, dans l’obscurité totale. On ne peut donc pas donner un avis clair sur la question. Moi, je vois d’abord les intérêts du pays qui ont été massacrés par ces acteurs-là. Si les Béninois sont honnêtes, ils reconnaîtront que, tout le temps, Yayi Boni et son gouvernement n’ont pas préservé les intérêts du pays. Par exemple, le siège de l’Assemblée nationale. Il n’a toujours pas été construit. C’est révoltant. Soyons sérieux ! Pour moi, ce sont les intérêts du pays d’abord. Le gouvernement et les hommes d’affaires dont vous parlez ont été des complices joyeux. Ils méritent que le pays leur demande des comptes.

Nous sommes quand même en face d’un gouvernement composé de gens sérieux, des docteurs qui ne peuvent pas vendre le pays pour leur intérêt.

Ils sont sérieux ou corrompus. On a pourtant découragé le gouvernement quand il voulait vendre les usines de coton à Patrice Talon. Mais, après, le gouvernement est revenu sur sa décision, et l’a quand même fait. Ils ont vendu ces usines à vils prix. Qu’est-ce que vous voulez qu’on dise aujourd’hui ? En tant qu’acteur politique, je défends d’abord les intérêts du pays et les libertés. Ils ont dit dans ce pays d’aller marcher contre Talon. Moi, j’ai refusé, parce que je suis pour le respect des libertés individuelles. Ceux-là sont des complices.
Est-ce que ce refus de respecter les décisions de justice, n’est pas un parjure ?

Cela dépend de quel côté l’on se situe. Mon souhait, c’est que le pays ne soit pas pénalisé par la gourmandise des hommes d’affaires qui ont pris en otage le pays. Est-ce qu’on n’a pas brader les intérêts du pays dans le Pvi ? Soyons patriotes, et défendons les yeux fermés les intérêts du pays.
Personnellement, vous n’avez pas des affaires dans le pays ?

Je n’ai même pas un compte quelque part
Et votre épouse ?

Elle mène ses affaires depuis 40 ans. Elle est actionnaire dans les banques et elle a une pharmacie.
Récemment, elle a été citée parmi les ministrables.

C’est du dilatoire ! Tout cela a pour but de nous mettre en difficulté. C’est pour cela qu’elle est venue me voir pour me dire que c’est à cause de moi que le Chef de l’Etat ne l’a pas pris dans son gouvernement. Pour démentir, j’ai été à la télé, et j’ai écrit dans les journaux que ma femme et moi, nous sommes libres. Elle peut être dans la mouvance, comme l’opposition. Cela m’est égal. Mais, est-ce qu’après, elle a été prise ? Je ne suis pas un enfant. J’ai exercé des fonctions : plusieurs fois député, plusieurs fois Directeur de société. Donc, j’ai aujourd’hui la conscience libre.
Donc, elle aurait pu être ministre ?

Peut-être ministre de la Santé, puisqu’elle est docteur en pharmacie. Mais, dans le pays, on ne respecte plus rien. Elle aurait donc pu être nommée ministre des femmes. Si le gouvernement la nomme, c’est bien. Dans le cas contraire, ce n’est pas ma préoccupation.
Est-ce qu’elle est membre d’un parti ?

A la base, j’ai été Fcbe. C’est moi qui ai amené ma femme à faire campagne jusqu’aux os pour Yayi. Mais, très tôt, je me suis démarqué de ce qui se passe. Je suis parti. Ma femme voulait rester. Elle est restée.
Donc, elle est restée Fcbe ?

Plus personne n’est Fcbe aujourd’hui. Ni dans ma maison, ni ailleurs. Ceux qui sont là, se disent qu’il y a un peu de nourriture encore, donc nous allons rester jusqu’à la fin.
Abordons un autre sujet. La Police vient de lancer son opération « Coup de poing ». Quel regard portez-vous sur la sécurité ?

Je ne suis pas un spécialiste de la sécurité. Mon souhait est que le gouvernement nous garantisse plus de sécurité. Evidemment, il y une recrudescence de l’insécurité. On ne peut que s’en prendre au gouvernement. Ils ont un gros budget, ils doivent donc garantir notre sécurité. Que ce soit opération coup de massue ou coup de force, cela n’a pas d’importance. L’important, c’est la sécurité. Moi, j’ai choisi de vivre dans mon pays. J’aurais pu vivre en France ou en Côte d’ivoire. Mais, j’ai refusé la nationalité étrangère. Maintenant, je suis à la retraite. Je dois pouvoir être en paix chez moi.
Vous étiez membre du gouvernement Soglo, comment cela se passait à cette époque ?

On a responsabilisé les gens. On a confié la question aux spécialistes. Surtout, à l’époque, la hiérarchie était très respectée. On ne laisse pas les plus gradés pour responsabiliser les moins gradés. Il y avait aussi une éthique, une morale. Tout le monde cherche à s’enrichir, pourquoi pas le policier ? Les gens veulent devenir riches par tous les moyens. Ils vont voler les armes, pour braquer. Il faut que le sommet donne d’abord l’exemple de la vertu. L’insécurité est partout.

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