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Lépi : Un cas palpable d’impunité sélective au Bénin
Publié le mercredi 19 novembre 2014   |  24 heures au Bénin




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La réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) au Bénin est devenue une histoire rocambolesque, qui montre à quel point l’injustice et l’impunité ont droit de cité dans un pays démocratique. Cet instrument moderne de développement a été réalisé sans difficulté dans plusieurs pays de la sous-région par des béninois. Mais au Bénin, il est devenu l’objet de la grande misère pour certains, source d’enrichissement pour d’autres et une épine bien enfoncée dans le talon d’Achille de la démocratie béninoise.

Aucune œuvre humaine n’est parfaite, mais si la classe politique béninoise était composée rien que d’abruties, cet outil de développement aurait connu le jour depuis plusieurs années. Malheureusement ce n’est pas le cas, puisque le concepteur du projet sera la première victime.

Auteur du premier document de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), sur initiative de l’ancien Chef d’état béninois,le président Mathieu Kérékou dont il a été d’ailleurs ministre, Alain François Adihou a été la toute première victime de la Lépi béninoise. Emprisonné à tort ou à raison, il a passé 1011 jours en prison avant d’être libéré sans procès. Pourtant, le document qu’il a élaboré traite des travaux préliminaires à effectuer avant la mise en œuvre effective de l’outil. Selon M. Adihou, jusqu’à sa libération, les raisons qui ont motivé sa mise en détention le laissent encore perplexe. Il était soupçonné de détournement sur les fonds qui devraient normalement servir à la mise en œuvre de la Lépi et qui s’élevaient à 6,22 milliards Fcfa. A l’époque, Alain Adihou avait rédigé un document de faisabilité de la Lépi et non de mise en œuvre de celle-ci.

Selon ses propos, le budget de ce document s’élevait à 811 millions dont [793 350 446->tel:793 350 446] Fcfa, ont été utilisés dans les règles de l’art, c’est-à-dire que les décaissements se déroulaient sous le contrôle du ministre des Finances d’alors, Cosme Sehlin. Son arrestation en novembre 2006 était une initiative du l’éxecutif, principalement, le ministre de la Justice d’alors, Abraham Zinzindohoué qui l’avait souligné au cours de l’une de ses sorties médiatiques. Il avait aussi précisé que la Lépi devait coûter environ 7,5 milliards.

Alain Adihou avait aussi rappelé au cours d’une intervention sur la télévision Canal 3 Tv Bénin, que le projet avait rencontré des résistances parce qu’elle n’arrangeait pas les intérêts de tous les acteurs politiques même ceux du gouvernement d’alors.

Et après, la Cps dépense 40 milliards pour une Lépi biaisée…

Alors que le concepteur du premier projet était en prison, par enchantement, le gouvernement décide de la réalisation de cet outil grâce au financement des Nations unies. Mais cette fois-ci le montant sera beaucoup plus élevé environ 40 milliards. A ce prix, on devait s’attendre à un instrument de qualité, sinon de très bonne qualité pour révolutionner les élections au Bénin et confondre le concepteur Alain Adihou. Ce sera le contraire. Tout d’abord, le processus tel qu’il avait été lancé à l’époque ne faisait pas l’unanimité de la classe politique. Malgré les dénonciations, la Commission politique de supervision (Cps) qui contrôlait le processus fonçait la tête baissée.

Le Président du Cps/LépiArifari Bako et ses collaborateurs qu’étaient Epiphane Quenum, Timothée Gbêdiga, Emile Ahossi, André Dassoundo et Tchocodo étaient persuadés, ils étaient très motivés. Soutenue par le gouvernement et le financement des Nations unies par l’entremise du Programme des nations unies pour le développement (Pnud), la Cps tente vaille que vaille d’avancer. Il fallait sortir un fichier électoral quelque soit sa qualité.

En ce moment-là, nous étions en avril 2010, les élections de 2011 (Présidentielles et législatives) approchaient à grands pas. Il fallait aussi préserver ses intérêts et si le fichier électoral pouvait être taillé sur mesure, pourquoi ne pas en profiter. Les intérêts n’étant pas les mêmes, Epiphane Quenum, Timothée Gbêdiga, Emile Ahossi et Tchocodo réalisent tardivement qu’ils étaient dans du faux. Et qu’il ne fallait pas continuer. Alors, ils démissionnent en bloc.

Parmi les raisons évoquées à l’époque celle-ci retenait plus l’attention : « … Nous députés membres de la Cps soussignés, refusant de nous associer à tout ce qui compromettrait les avancées démocratiques chèrement acquises et la paix dans notre pays, venons par la présente vous notifier notre démission de la Cps pour compter de ce jour lundi 05 avril 2010… » Ils ne sont pas prêts à s’associer à tout ce qui compromettrait les avancées démocratiques. Mais le plus courageux lui va s’accrocher en multipliant les stratégies.

Et le K.O. réveille tout le monde…

Le Président de la Cps Arifari Bako poursuit sa mission. Il faut à tout prix épuisé les 40 milliards. Mais aussi et surtout réaliser le fichier erroné à l’insu de la grande majorité. Ce qui a été fait. Puisque le fichier électoral a été réalisé pour un montant colossal d’environ 40 milliards. Un fichier qui servira juste à une élection présidentielle et législative alors que selon le concepteur du document, on devait se servir de cet instrument pour une période minimale de 10 ans. Les résultats de la présidentielle de 2011 réveillent la classe politique et des interrogations sont soulevées.

Les conclusions sont claires. Dans un pays comme le Bénin, où les regroupements ethniques influences fortement les élections, il n’est pas possible d’avoir un K.O. Il fallait donc auditer le fameux fichier électoral, le plus cher de l’Afrique pour comprendre. Les révélations sont troublantes. La Lépi n’a pas pris en compte toute la population béninoise et même son existence fait couler beaucoup d’encre.

Si Alain Adihou a passé plus de trois ans en prison pour avoir dépensé moins de 800 millions pour la réalisation des documents de faisabilité du projet, Arifari Bako et son équipe ne seront nullement inquiétés pour avoir livré un fichier électoral qui a coûté 40 milliards et dont la qualité soulève des doutes. C’est l’impunité sélective au Bénin. Mieux il a été promu. De député qu’il était, il est devenu ministre des affaires étrangères.


Le Cos/Lépi reprend la Lépi pour un coût réduit


La classe politique béninoise à l’unanimité reconnaît que la Lépi du ministre Arifari Bako est truquée. Il est donc incontestable de la corriger. Et pour le faire, un nouvel organe a vu le jour : le Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi (Cos/Lépi). Après état des lieux, sa mission est claire, sortir une version optimale de la Lépi. Selon les propos de son président Sacca Lafia, pour atteindre cet objectif, la Lépi a été reprise. « …Nous avons récupérés des éléments de ceux qui existaient pour la réalisation de la liste électorale permanente informatisée… »

Mais le drame est que Sacca Lafia et son équipe ont souffert et continue de souffrir pour sortir le fichier électorale consensuel qui prend en compte tous les béninois. Contrairement aux réalisateurs du faux fichier qui ont dilapidé 40 milliards, ceux qui ont décidé de sauver la démocratie béninoise pour que les élections puissent se dérouler à bonne date et dans la transparence sont privés de moyen. Estimée dans sa globalité à moins de 19 milliards, lafinalisation du fichier électoral traîne. Tout simplement parce que le même gouvernement qui a soutenu la réalisation du faux fichier trouve trop cher la liste électorale fiable et consensuelle en cours de finalisation.

On n’a plus besoin de trop réfléchir pour comprendre le comportement du gouvernement. Au-delà de l’impunité flagrante qui s’observe, la situation risque de se compliquer pour certains acteurs politiques.Tout d’abord, la réalisation d’une liste électorale permanente informatisée consensuelle pour un coût largement inférieur à celui déclaré par les auteurs de la liste biaisée pourrait les rattraper. Il faut donc les protéger en mettant en difficulté le Cos/Lépi. Mais aussi, une fois le fichier électoral corrigé, il ne sera plus possible d’en sortir de faux résultats électoraux.

Au regard de tout ceci, le Bénin aura un jour sa Liste électorale permanente informatisée ? On croise alors les doigts...


Marcel Houéto

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