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À trop parler du régionalisme, on finira par faire exploser les régions...
Publié le jeudi 20 novembre 2014   |  24 heures au Bénin




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Voilà un pays tranquille, paisible, pacifique, dont l’architecture institutionnelle, sociologique, traditionnelle ne souffre d’aucune discrimination identitaire. Mais dont les enfants s’échinent tous les jours à rechercher des motifs de son implosion imaginaire en régions, sectes, religions et autres. Curieusement aucun des experts en " restauration de l’unité nationale" n’a pu indiquer la disposition constitutionnelle, le texte de loi ou la disposition réglementaire porteur de germe régionaliste. A l’exception peut-être de la tentative infructueuse de Ousmane Batoko visant à instaurer un système de quotas régionaux lors des recrutements à la fonction publique alors qu’il était ministre du Travail et de la Fonction publique dans le gouvernement Kérékou (2001-2006). Pire, aucun (expert en restauration de l’unité nationale) n’a pu dévoiler une initiative de révision constitutionnelle, de proposition de loi ou de règlement destiné à consolider la cohésion nationale prétendument en danger.

Un ressortissant de Dangbo n’a pas besoin d’un document administratif spécial pour s’acheter une maison à Banikoara. Pour convoler en justes noces avec une femme originaire de Djougou, un ressortissant de Kétou n’est soumis à aucune formalité particulière. Aucune jouissance de droit civique et politique n’est assujétie à la preuve de l’appartenance ethnique, religieuse ou linguistique. Pour circuler d’un arrondissement à un autre, d’un département à un autre ou d’une commune à une autre, le citoyen n’est astreint à l’observance d’aucune procédure spéciale. Le régionalisme dont pourrait souffrir le Bénin, par contre, réside plutôt dans l’activisme bruyant des unificateurs autoproclamés. A force de parcourir monts et vallées en insinuant partout qu’il existe un "régionalisme" récurrent dans le pays, on ne fait qu’exacerber les ressentiments individuels voire personnels qui a priori n’avaient aucune envergure nationale. A force donc de parler, de parler et de parler de ce régionalisme potentiel on finira vraiment par accoucher de quelque chose de monstrueux.

Il se déroule dans le pays une ubuesque représentation d’hypocrisie ambiante dans laquelle personne ne se reconnaît régionaliste mais tout le monde voit le régionalisme partout. Le mal serait là, latent, ambiant. Personne n’est régionaliste mais tout le monde le serait à la fois. On concentre beaucoup d’énergie autour de cette arlésienne pendant que les vrais défis admis de tous manquent d’autant de sollicitude. Cette frénésie fait partie d’un rituel traditionnel à l’approche de chaque élection présidentielle. Une bonne nouvelle cependant : toute la phraséologie à propos du régionalisme n’attend que la prestation de serment du 06 avril 2016 pour nous offrir un peu de répit jusqu’à sa prochaine saison, probablement peu avant 2021. Le concept se résout au nombre d’années passé au pouvoir par le ressortissant d’une région ou d’une autre. Les gars du sud pensent malicieusement qu’en tirant sur la corde sensible cela pourrait ramener un des leurs au pouvoir. Ceux du nord, de leur côté, espèrent secrètement le conserver pour longtemps encore. A malin...

On se demande si la discrimination au pouvoir ne concerne exclusivement que l’appartenance à une région. Pourquoi ne pas essayer de comptabiliser le nombre d’années que les musulmans ont passé à la présidence de la République par rapport aux chrétiens ? On pourrait aussi parler du sexisme récurrent qui prive la gent féminine de toute prétention vis-à-vis de la magistrature suprême depuis l’existence de l’Etat béninois. Ramener toutes les déviances de la gouvernance publique actuelle au régionalisme paraît être un de ces raccourcis très prisés des acteurs de la vie publique au Bénin. Si vraiment parler abondamment du régionalisme suffit à en guérir je leur propose alors plus que ces quelques plateaux médias, une assise nationale, un séminaire ou une tournée nationale sur la question. Je leur propose d’en discuter tous les jours dans des foras permanents, des assises nationales sans fin et des laboratoires d’idées par excellence que sont les partis politiques. Et là on ne bavarde pas inutilement ; il est possible de légiférer là, maintenant, tout de suite, notamment sur le financement des partis.

Entre les parlottes interminables et la loi sur le financement des partis, il faut choisir enfin....

Par Arimi Choubadé

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