Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Les engagements non tenus de Boni Yayi
Publié le jeudi 4 decembre 2014   |  24 heures au Bénin


Premier
© aCotonou.com par DR
Premier Forum sur le Développement Rural en Afrique
Jeudi 02 Mai 2013, Cotonou. Le Président Béninois Boni Yayi lance le Forum sur le Développement Rural en Afrique


 Vos outils




Le dernier mandat du Chef de l’Etat tire progressivement à sa fin. Dans seize mois, Boni Yayi va dire adieu au Palais de la Marina. Mais, ses deux mandats sont loin de faire l’unanimité aux yeux de l’opinion publique à cause des promesses non tenues.

Arrivé au pouvoir en 2006 avec l’engagement duchangement, le Président Boni Yayi a suscité beaucoup d’espoir au sein des populations béninoises. « Le changement n’adviendra pas dans la cité... s’il ne s’est opéré d’abord en vous. Si vous voulez changer l’avenir, changez-vous même, a déclaré le Chef de l’Etat, le 6 avril 2006, lors de son discours d’investiture à Porto-Novo.

Mais très tôt, la déception a commencé par gagner le rang, même au sein de ses fidèles défenseurs. Et du changement à la refondation, le pas a été très vite franchi sans qu’on ait eu le temps de faire le bilan du fameux programme dans lequel le Chef de l’Etat a berné tous les esprits.


Pour son premier quinquennat, Boni Yayi a promis, dans son projet de société, de faire du Bénin, un pays émergent. L’accent a été mis sur quatre volets majeurs.


D’abord, la qualité des ressources humaines. « Le capital humain sera donc fortement valorisé », a promis l’homme du changement.
Mais, malgré les efforts qui ont été faits dans les domaines de l’éducation et de la santé, il y a encore beaucoup de remous. Actuellement, plus de 15 000 salles de classes ne disposent pas d’enseignants. Le concept d’éducation pour tous bat toujours de l’aile.


Par rapport à la gouvernance concertée, le nouveau locataire du palais de la Marina a promis « réaliser un programme d’avenir autour des valeurs cardinales que sont le travail, la discipline, l’intégrité, l’obligation de résultat et l’obligation de rendre compte ».


Avec les nombreuses affaires et scandales qui ont terni l’image du chef de l’Etat et de sa gouvernance, la déception est à son comble. Pire, bon nombre de maires de la mouvance présidentielle sont impliqués dans des affaires de malversations et certains sont déjà sous mandat de dépôt.


Un accent particulier a été mis sur le développement de l’esprit d’entreprise, l’élargissement des opportunités de création de richesses et d’emplois pour stimuler et accroître le rythme de la croissance. Mais concernant ce volet, grande a été la déception des opérateurs économiques nationaux. C’est le cas de Patrice Talon, de Sébastien Ajavon, Samuel Dossou-Aworet et bien d’autres.


Leurs déboires avec le gouvernement les ont conduits à la fermeture de leurs entreprises, laissant plusieurs milliers de personnes au chômage. Le différend qui oppose ces investisseurs à l’Etat, va engendrer des dommages et intérêts dont l’incidence financière serait évaluée à des centaines de milliards de francs Cfa.


Le partenariat public-privé tant prôné par le président de la République pour bâtir une économie nationale est ainsi en panne.


Même le nouveau contrat social qui devrait être conclu avec les partenaires sociaux et le secteur privé pour une stabilité sociale permanente n’a pas connu un aboutissement heureux. Au contraire, la tension sociale s’est exacerbée avec des grèves dans tous les secteurs de l’Administration publique. Les syndicats ne manquent aucune occasion, à travers, conférences marches et sit-in, pour dénoncer la violation des libertés, la non-satisfaction de leurs revendications et les promesses sans lendemain du pouvoir.


Enfin, l’autre volet non moins important est la construction de nouvelles infrastructures en vue d’impulser une dynamique au processus du développement de l’Economie nationale. Sur ce plan, les réalisations ne sont pas des moindres mais beaucoup sont restées inachevées. Certains citoyens estiment que le Président Boni Yayi qui passe tout son temps à parcourir le pays en hélicoptère, ne connaît pas les souffrances qu’ils endurent sur les routes et pistes dégradées ou en chantier.


Malgré cela, le chef de l’Etat continue de procéder tous azimuts à la pose de première pierre et au lancement de nouveaux travaux.


L’aménagement de barrages hydroélectriques en vue de réduire la dépendance énergétique du pays est resté sur papier. Même les turbines à gaz de Maria-Gléta pour lesquelles l’Etat a investi plus de 45 milliards F Cfa, sont loin de combler les attentes, faute de gaz. Or, le chef de l’Etat, à son arrivée au pouvoir avait promis d’en finir avec le délestage en six (6) mois ! Huit (8) ans après cet engagement, la coupure intempestive de l’énergie électrique est toujours le lot quotidien des consommateurs.


« Si je suis élu… »


L’une des promesses non tenues par le président de la République est son engagement de faire de Porto-Novo, « une vraie capitale ».
La réalisation qui aurait pu sauver la face est la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. Ce bâtiment dans lequel plus de 14 milliards de francs Cfa ont été engloutis, constitue aujourd’hui le témoignage vivant d’un éléphant blanc à l’entrée de la ville-capitale. Plus de 5 milliards de francs Cfa seraient encore nécessaires pour l’achèvement des travaux. Sans oublier les milliards de francs Cfa de dommages et intérêts que réclament les entrepreneurs pour le différend qui les y oppose à l’Etat.


Par ailleurs, les dossiers du transfert du siège des autres institutions de la République à Porto-Novo sont rangés aux archives. La Haute autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac), le Conseil économique et social (Ces), le Haut conseil à la Gouvernance concertée (Hcgc) et autres institutions sont toujours mal logées ou en location à Cotonou.


Dans le scandale financier des structures illégales de placement d’argent, le Chef de l’Etat a promis de faire rembourser les épargnants de Icc-Services et consorts. Mais, une fois réélu, il n’a pu tenir cette promesse qu’il avait faite au stade de l’Amitié de Cotonou, sous les applaudissements du public.


« (…) Si je suis élu, je renforcerai le dispositif actuellement à pied d’œuvre afin de contraindre les structures illégales à restituer les fonds indument perçus. J’en ferai alors une grande priorité dès le début du deuxième mandat sollicité et je renforcerai le rôle de facilitateur du Gouvernement dans le dénouement de la crise des structures illégales de placement », a déclaré Boni Yayi, le 29 janvier 2011, lors de sa déclaration de candidature.


Quatre (4) ans bientôt après cet engagement, les deux cent mille (200 000) victimes de l’affaire Icc-Services et consorts attendent toujours d’entrer en possession de leur fonds dont le montant est estimé à plus de cent (100) milliards de francs Cfa.


Impunité et corruption


Au début de son dernier quinquennat, le chef de l’Etat a promis que « le Gouvernement doit démontrer sa ferme volonté politique
à poursuivre les réformes administratives et institutionnelles ». Un accent particulier a été mis sur l’audit organisationnel et fonctionnel de la Présidence de la République, des ministères et autres structures gestionnaires des fonds publics. Jusque-là, les résultats de ces audits ne sont pas rendus publics, donnant l’impression que tout va bien en matière de gouvernance administrative et financière. Or, Boni Yayi avait promis de lutter contre l’impunité, les et la corruption.


Dans le domaine judiciaire, tout n’est pas rose. La non-satisfaction des revendications des magistrats et autres auxiliaires de justice paralyse toujours l’appareil. Cette situation est loin de « le rendre
plus équitable, plus accessible et plus performant », comme le souhaite le chef de l’Etat.


Boni Yayi a aussi promis « imprimer à l’Administration publique une forte dimension éthique et apolitique pour en faire un vecteur de développement. » Mais, les syndicats des travailleurs et les Organisations de la Société civile ne manquent pas de tirer l’attention sur le régionalisme et la politisation de l’Administration publique.


Par ailleurs, la question du financement des partis politiques n’a pas été « définitivement réglée », comme l’a promis Boni Yayi.


Là où le bât blesse, ce sont les manœuvres du pouvoir tentant à réviser coûte que coûte la Loi fondamentale du pays. L’opposition et la Société civile accusent le chef de l’Etat de vouloir briguer un troisième mandat. Or, ce dernier avait déclaré que « le mandat que vous venez
de me renouveler est bel et bien le second et le tout dernier. » Tout le monde peine à croire en la sincérité de Boni Yayi, surtout que le projet de loi portant révision de la Constitution est toujours à l’ordre du jour à l’Assemblée.


En matière de promotion d’une agriculture moderne, le Président Boni Yayi n’a pas encore réussi son pari de mécaniser le secteur. Ses tentatives n’ont pas donné les résultats escomptés. Les machines importées dans le cadre de la mécanisation agricole sont toutes en panne. L’usine de montage de machine agricole de Ouidah n’est pas encore fonctionnelle.


Pour le moment, l’Economie nationale est encore basée sur la seule culture de rente, le coton. Là aussi, la filière est désorganisée surtout avec l’immixtion des pouvoirs publics. La production nationale de l’or blanc qui atteignait 600 000 tonnes au milieu des années 90, peine à atteindre 400 000 tonnes sous le régime du changement.


Par ailleurs, la production nationale continue d’être exportée à l’état brut, au lieu d’être transformée en vue de générer plus de valeur ajoutée et d’emplois et de revenus pour les populations.


Boni Yayi a promis de faire du Bénin un pays émergent et d’atteindre une croissance à deux chiffres. Mais, la croissance économique peine à dépasser 5% depuis des années.


La lutte engagée contre le trafic de l’essence (kpayo) n’a pas prospéré. Cette mesure visait à renflouer les caisses de l’Etat, à travers la Société nationale de Commercialisation des Produits pétroliers (Sonacop) et autres sociétés distributrices du secteur privé. Elle visait aussi à lutter contre les incendies et les accidents dus à ce commerce dangereux. Malheureusement, le gouvernement a dû abdiquer pour des raisons électoralistes. Aujourd’hui, la situation est telle qu’on aurait dit que l’Etat a concédé aux trafiquants, le monopole de la vente d’essence frelatée, au détriment du secteur formel. Du coup, beaucoup de stations-services ont fermé pour cause de mévente et de concurrence déloyale.


« Papa malheur »


Le Président a voulu d’une nouvelle application du principe de l’égalité entre l’homme et la femme « par la mise en œuvre d’une
parité absolue dans les fonctions électives pour une meilleure représentativité des femmes dans les fonctions de l’Etat. » Mais, force est de constater que le parti au pouvoir : les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), ne donne pas le bon exemple. Sur les positionnements pour les élections locales, municipales, communales, législatives et autres, ce sont les hommes qui occupent souvent les têtes de liste.


Le chef de l’Etat ne manque aucune occasion pour exprimer son amour pour la gent féminine.


« Mes chères mamans, vous êtes belles, je vous aime, je vous adore », clame-t-il souvent dans des discours. Il leur a promis 50% des postes ministériels. Mais actuellement, ce taux ne dépasse pas 15%, soit 4 ministres femmes sur 27.


Mais, là où la déception est à son comble, c’est la non-organisation des élections locales, communales et municipales depuis 2013. Cette situation est due au processus de correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Plus de dix milliards de francs Cfa sont déjà investis dans cette correction truffée d’irrégularités et d’insuffisances. Il est encore difficile de dire si le processus va aboutir à une liste fiable et consensuelle pour l’organisation de ces élections avant fin décembre 2014, comme l’a souhaité le président Boni Yayi.


Déçue des promesses non tenues du chef de l’Etat, le député et ex-ministre de la mouvance présidentielle Madame Claudine Prudencio traite désormais Boni Yayi de « Papa malheur ».


Boni Yayi a promis combler les attentes du peuple. Reste à savoir s’il pourra relever le défi d’ici à avril 2016.



Ignace FANOU

 Commentaires