Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article



 Titrologie



Le Matinal N° du 5/12/2014

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Économie

Grogne sur les prix des engrais et du coton graine : Comment les cotonculteurs ont été ruinés
Publié le vendredi 5 decembre 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le coton


 Vos outils




Le Conseil des ministres des mardi 25 et jeudi 27 novembre 2014, a fixé au lundi 1er décembre, le lancement de la campagne de commercialisation du coton graine 2014-2015. Alors que le communiqué d’invitation du Président Yayi Boni continuait de passer en bande défilante sur les écrans de télévision jusqu’au lundi dernier, le lancement a été discrètement reporté au vendredi 5 décembre 2014. Deuxième Echec.


Puisque rien ne se passera aujourd’hui à Kérou, lieu choisi pour l’événement. Et pour cause, les paysans rejettent toujours les prix des engrais et du coton graine proposés par le Gouvernement et refusent de faire les frais de l’incompétence et de l’amateurisme de la Sonapra.
Les paysans ne sont pas des fonctionnaires d’Etat. Voilà pourquoi nul ne trouve scandaleux que le prix auquel l’Etat leur vend les engrais s’accroisse de 80 francs par kg pendant que celui auquel le même Etat leur achète leur coton chute de 15 francs par kg. Lorsqu’en 2012 le gouvernement arrachait la filière des mains des privés, le prix de vente du kg d’engrais s’améliorait de 220 francs (11.000 francs le sac) à 200 francs (10.000 francs le sac). De son côté, le coton graine qui s’achetait aux producteurs à 250 francs le kg a été amélioré à 260 francs, soit une bonification de 10 francs. A cette époque, plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer la politique hasardeuse de Yayi Boni. Fort heureusement, les ventes de coton effectuées sur le marché international par la Sonapra en 2012-2013 à un prix moyen d’environ 880 francs, avaient permis de supporter les nouveaux prix homologués par le Conseil des ministres du mercredi 27 juin 2012 pour les engrais et le coton graine, avec une subvention accordée à hauteur de plus de 11 milliards. Le même Conseil des ministres du 27 juin 2012 responsabilisait clairement la Sonapra en ces termes : « Dans le souci d’une gestion optimale des intrants, le Conseil des ministres a donné des instructions au ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep) pour faire assurer un suivi rigoureux de la mise en place desdits intrants par les agents de la Sonapra en synergie d’actions avec les agents des Cecpa. Cette mesure vise à éviter le bradage des engrais et la déperdition des crédits. ».
La responsabilité de la Sonapra sur les exportations n’avait pas besoin d’être décrétée parce qu’allant de soi, en raison de son expérience. C’est pourquoi deux raisons justifient amplement la colère des paysans, à l’origine des reports incessants du lancement de la campagne 2014-2015.

Des raisons de la colère

Première raison, c’est que le gouvernement a attendu fin novembre 2014 pour annoncer les nouveaux prix, au moment où la production est prête à être récoltée. En 2012-2013, lesdits prix avaient été publiés en juin 2012, au moment des semis. Deuxième raison de la fronde paysanne, c’est que le Dg Sonapra a étalé son incompétence et son amateurisme dans le suivi des opportunités de placement du coton fibre.

En effet en 2012-2013, avec un prix moyen d’environ 880 francs pour le placement de la fibre sur le marché international, l’Etat a pu supporter un prix d’achat du coton graine de 265 francs le kg et un prix de vente des engrais à 10.000 francs le sac de 50 kg. Pour la campagne 2014-2015, la Sonapra pourrait largement trouver l’occasion et le temps de faire des placements anticipés à des prix avoisinant parfois les 1000 Francs Cfa ! Mais cette société ne l’a pas fait. A ces cours mondiaux, la filière coton aurait dégagé plus de bénéfices qu’en 2012-2013, même en maintenant stables le prix d’achat du coton graine et le prix des engrais.S’il est vrai que les autres pays de la sous-région ont fixé leur prix d’achat du coton graine à des niveaux ne dépassant pas les 250 francs, il faut reconnaître que pour la plupart, ils annoncent des bénéfices prévisionnels énormes vu qu’ils ont effectué leurs placements internationaux depuis janvier 2014 pour la saison 2014-2015 et même certains placements pour 2015-2016. Ces pays n’ont pas attendu le moment où les prix ont chuté en dessous de 700 francs pour aller sur le marché des ventes puisque les analyses de marchés annonçaient depuis plusieurs mois que les prix allaient chuter.

Par ailleurs, certaines indiscrétions émanant des milieux officiels s’indignent également des raisons pour lesquelles le Dg Sonapra, prétextant de l’indisponibilité de stocks de balles de fibres à livrer, aurait procédé à des annulations de ventes intéressantes sur la campagne 2013-2014 (parfois supérieures à 900 francs), au lieu de conserver ces contrats en reportant ses livraisons sur la campagne 2014-2015, comme il est de coutume en la matière. En effet, le report de ces ventes portant sur près de 20.000 tonnes auraient sans doute permis d’amortir aujourd’hui le choc induit par la dégringolade actuelle des prix et d’atténuer le déficit que le gouvernement souhaite compenser par la diminution des revenus des producteurs. Face à des responsabilités aussi clairement établies et qui mettent le Dg Bako en difficulté avec d’aussi importants manques à gagner, le gouvernement de Yayi Boni a fait le choix de sanctionner les cotonculteurs en les mettant devant le fait accompli : ramener le prix d’achat du coton graine à 250 francs, son niveau de 2012 et relever celui des engrais à 14.000 francs le sac contre 11.000 francs lorsque Yayi chassait Talon de la filière coton. Grâce à la Sonapra, le sort des cotonculteurs en est ainsi jeté !

A.T.

 Commentaires