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« J’aurais aimé des marches sur notre parlement… » dixit Lani Davo
Publié le vendredi 12 decembre 2014   |  24 heures au Bénin


Bernard
© Autre presse par DR
Bernard Lani DAVO, ancien député et ancien ministre


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Les membres de la classe politique du Bénin depuis 2013 se regardent en chiens de faïence. La raison réside dans la non-organisation des élections communales, municipales et locales à bonne date. L’opposition a montré son mécontentement à travers une vague de marches organisées le 10 et le 11 décembre dernier à Porto-Novo et à Cotonou. Bernard Lani DAVO, ancien député et ancien ministre a donné son point de vue sur l’impasse politique et électorale dans les colonnes de votre journal.





: Ces derniers temps on a constaté que l’opposition, la Plate forme et bien d’autres partis comme la RB et le PRD ont décidé d’aller dans la rue pour manifester leur mécontentement au sujet de la non organisation des élections. Deux marches ont eu lieu. Une marche à Porto-Novo le 10 décembre, et une autre à Cotonou le 11 Décembre. Quelles appréciations faites-vous de ces mouvements ?


Ecoutez ! Du point de vue général, je suis pour les marches. Je les soutiens, je les recommande mais pour défendre des revendications ou pour mener une lutte en vue d’obtenir une satisfaction par rapport à une revendication bien pensée et dont l’aboutissement peut être utile à notre peuple. Par rapport aux marches en cours, je ne suis pas contre mais je ne vois pas clairement l’aboutissement de ce combat là. J’aurais aimé que des marches soient organisées sur notre Parlement pour exiger que les députés revoient leurs copies en ce qui concerne le code électoral. Parce que, aujourd’hui tout ce qu’on dit, il faut qu’on réfléchisse et qu’on sache de quoi on parle. C’est vrai, on peut chercher à faire partir le Président de la République mais on n’en n’a pas besoin puisque par rapport à la Constitution c’est une obligation pour lui de finir ses deux mandats. Donc la question fondamentale aujourd’hui c’est de savoir ce qui bloque les élections.
Les élections sont bloquées parce que simplement on n’a pas la Lépi. On n’a pas la Lépi, mais depuis 1990 on a organisé plusieurs élections. Aucune de ces n’a été organisée sur la base d’une Lépi telle qu’on peut le lire dans l’esprit des acteurs. Notamment, la première loi que l’Hémicycle a votée au titre de la liste, il est simplement demandé aux citoyens d’aller s’inscrire pour faire le vote. Dans d’autres pays, parfois même les gens viennent avec leur carte d’identité pour faire le vote.


Nous avons l’ambition de réaliser une Lépi qui est un instrument technique et exemplaire pour l’organisation d’élections transparentes, crédibles et honnêtes. Mais nous n’avons pas encore réalisé cette Lépi parce que ou nous n’avons pas les moyens ou les moyens que nous avons, n’ont pas suffi pour terminer le travail qui est en cours. Moi mon souhait, c’est qu’on puisse achever l’établissement de cette Lépi. Mais au regard de la loi, puisque nous savions depuis des années, depuis 1990 qu’on a organisé les premières élections qu’il y a eu les alternances qu’il fallait, on devrait savoir que nous devons avoir la culture d’organiser les élections à bonne date. Mais, les marcheurs aujourd’hui parlent d’organisation d’élections à bonne date alors qu’avec les élections communales, municipales et locales on ne peut plus parler de bonne date.


Et à la date d’aujourd’hui, je ne suis pas sûr que les élections législatives se tiennent à bonne date parce que au regard de la Constitution on devrait organiser ces élections en période de saison sèche cela veut dire que d’ici 2 à 3 mois on devrait les organiser. Or aujourd’hui ce n’est pas possible. Mais lorsqu’on regarde et qu’on cherche, on découvre que c’est parce que le dernier code électoral, la loi qui sert à organiser les élections, ne comporte pas de dispositions pouvant nous permettre d’aller à ces échéances sans la Lépi. Il fallait que le Parlement revoie sa copie. Et moi j’aurais pu apprécier au lendemain de la promulgation du Code Electoral actuellement en vigueur que les députés qui ont été en minorité dans le cadre du vote de cette loi, puissent manifester leur mécontentement, puissent donner l’explication qu’il fallait au peuple pour montrer que cette loi ne serait pas applicable qu’on risque de ne pas tenir dans les délais ; cela n’a pas été le cas.


Et lorsqu’on étudie concrètement nos lois, un vrai dialogue politique ne peut se mener qu’au niveau des entités politiques qui animent la vie politique notamment tout au moins les partis politiques qui ont pu avoir un siège au Parlement et dans le dispositif réglementaire au niveau du Parlement, c’est les groupes parlementaires, la configuration politique du Parlement qui sert de base.


On aurait pu mener le débat à ce niveau. Maintenant, si les conclusions auxquelles on a abouti, le Président n’y accède pas, le Parlement a les moyens pour accomplir sa mission de contrôle au point de voir si in fine le Président n’accède pas, ça peut conduire à une violation de son serment. Parce que le Président, on a beau le critiquer, il a toujours alerté en disant je veux des élections à bonnes dates mais il les veut ces élections ! On peut imaginer qu’il n’a pas pris les dispositions idoines ; d’accord mais il nous appartient à nous autres de rester en éveil et de tirer la sonnette d’alarme. C’est ça qui fait que quand bien même je suis pour les marches que je soutiens, je dois les apprécier. Pour moi, c’est des marches qui s’inscrivent dans la célébration de l’anniversaire de notre Constitution qui est quant même une bonne Constitution même si elle mérite d’être toilettée, corrigée par rapport à certaines dispositions qui risquent de nous créer des problèmes.





On se rend compte que ces marches qui ont été organisées ont été suivies d’autres marches organisées dans le même temps par les partisans proches du pouvoir, les FCBE. Certains estiment que ce n’est pas opportun. Puisque ceux qui sont proches du pouvoir ont toujours marché. Pourquoi veulent-ils encore marcher comme les autres qui réclament l’organisation des élections ?


Moi je crois que quand il y a l’action, il y a la réaction. Je ne voudrais pas critiquer l’opportunité pour les uns et les autres de faire la marche. Mais je retiens que la marche est un instrument de combat, c’est une manière d’exprimer son mécontentement ou d’approuver un évènement. On peut marcher pour se réjouir ou on peut marcher pour exiger la réalisation de quelque chose. Et à ce titre, Je crois que autant la mouvance, autant l’opposition, c’est la preuve que notre démocratie est vivante et qu’il y a la liberté d’action, la liberté d’expression. C’est une bonne chose. Maintenant, aux uns et aux autres de voir si la raison qui les pousse à marcher est une raison digne.





Avec tous les problèmes que nous venons d’évoquer,le dialogue politique reste et demeure la seule solution qui peut nous tirer de l’ornière, de l’ennui des problèmes que nous avons dans le pays. Voilà qu’il y a trop de désaccord en ce qui concerne ce dialogue là entre les différents acteurs. Que peut-on faire pour que ce dialogue soit une réalité ?


Pour moi le dialogue est une chose obligatoire au niveau du foyer. Quand vous êtes appelé à vivre en communauté, il est bon que même si les choses marchent, il faut du dialogue pour que les actes que vous posez soient des actes consensuels. C’est juste pour avoir la paix, la sécurité et la bonne entente. Maintenant, le dialogue dont nous parlons, comme je l’ai dit tantôt, ce dialogue ne date pas d’aujourd’hui. Mais on veut dialoguer au sujet de quoi ?


Quels sont les problèmes que nous avons au juste ? C’est ce qui est un peu gênant. On peut aller à un dialogue ou répondre à un appel mais ne pas respecter ce qu’il dit. Lorsque dans le débat, je vois que d’un côté on parle de mauvaise foi, on ne cherche même pas à engager un quelconque dialogue, c’est là que je me demande si le peuple n’est pas pris en otage. Puisque aujourd’hui, ce n’est pas les paysans de ma région qui refusent d’aller à un dialogue. C’est plutôt les acteurs politiques. Donc la question, je crois que les acteurs politiques doivent chercher à mettre la balle à terre pour que même si un dialogue est proposé et que les conditions que les uns et les autres souhaitent ne soient pas réalisées, il faut d’abord commencer. Il faut s’asseoir avant de se coucher. Il faut chercher à comprendre quelle est l’action, qu’est ce qu’il faut poser comme acte pour débloquer la situation actuelle pour les élections qui sont toujours hypothéquées à mon avis.





Votre dernière préoccupation ?


Ma dernière préoccupation est qu’il faut tout faire pour que nous puissions organiser les élections législatives et présidentielles quoi que lointaines mais qui ne sont pas lointaines ; il faut tout faire pour organiser les élections législatives et présidentielles. Pour les communales, c’est aussi nécessaire puisqu’il y a une loi qui proroge sine die le mandat des maires. Je pense qu’on doit tout faire pour organiser ces élections surtout que sans les élections nous ne pouvons pas organiser l’alternance et ensuite nous devons nous rendre compte que depuis les 24 ans là on n’a jamais eu une Lépi comme ce que nous souhaitons maintenant. Pourtant dans ce pays, il y a des gens qui se sont alignés derrière leur candidat et on a compté.
Donc acceptons, battons-nous pour que nous puissions sur la base d’une liste, parce que rien ne prouve que la Lépi qui est là peut être acceptée par tous d‘ici 1, 2 ou 3 mois. Donc, il faut que chacun pense à accepter qu’on puisse avoir une liste pour organiser les prochaines échéances en attendant de parfaire cette liste et avoir à terme une Lépi que nous recherchons.




Propos recueillis par Euloge GANDAHO/Le Grand Matin

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